L'ingrédient indispensable du film catastrophe…

Couple_et_disputesUne sciatique mal venue m’ayant clouée sur mon canapé (on échoue où on peut) pour plusieurs jours en 2006, j’ai été dans l’obligation de me refaire quelques vieux films. Enfin certains avaient 10 ans, voire même 15, c’est dire les niaiseries que je peux regarder. Et puis j’ai pris ce qui me tombait sous la main (transformé en équerre, on se déplace comme on peut)

J’avais sous le coude quelques films catastrophes et autres, tous américains, et il m’est apparu, à les visionner les uns après les autres, qu’il y a un ingrédient quasi indispensable pour réussir un film catastrophe.

C’est le couple qui :
ne s’entend pas – plus – en instance de séparation – déjà séparé – divorcé.

Sans cet ingrédient miracle comme le coriandre dans les champignons à la grecque, le film sera un échec.

  • Le couple ne s’entend plus, mais rapport à un enfant forcément difficile (vu l’ambiance familiale), reste ensemble (« Le jour d’après » où le père est tout le temps barré aux pôles d’où une certaine lassitude de l’épouse, la garce !). On sent dès le début que cela va craquer de toutes manières, sauf catastrophe annoncée qui sauvera le ménage en ruinant la planète.

  • Le couple est déjà séparé. L’homme vit sous l’eau (« Abyss ») ou à la recherche d’une tornade (« Twister »).

  • Le couple est divorcé. Il se partage la garde des chiens quand il n’y a pas de mômes (« Alerte »), non sans disputes l’un n’étant pas là comme prévu pour prendre les fauves quand c’est sa semaine, et vice versa (pour faire plausible on choisi la race « terre-neuve » nettement plus chiante à véhiculer quand ce n’est pas prévu, que le « basset ». Et en plus ils sont plusieurs (au moins deux), c’est mieux)

  • N’ayant pas non plus revu 42 films, je m’arrête là.

Une catastrophe va leur tomber dessus : une glaciation accélérée, un typhon, une tempête, un sale virus, liste non exhaustive. Bien évidemment au cours de cette catastrophe, le couple sera héroïque. L’un d’eux sauvera le monde (lequel ????) voire même leur association qui leur fait prendre conscience qu’ils ont eu tort de se disputer pour des histoires de chaussettes sales et de lavabo non rincé (on n’ose imaginer le héros ne rabaissant pas la lunette des toilettes ou l’héroïne souffrant d’un syndrome pré-menstruel…).

Dans pas mal de cas, le couple travaillait ensemble avant de ne plus s’entendre (« twister » où ils se retrouvent, l’un courant après l’autre qui court après des tornades, pour lui faire signer les papiers du divorce le remariage urgeant), (« Abyss » où il dirige la station sous-marine qu’elle a conçue). Leur non entente reste un mystère qui ne sera pas élucidé (à moins de se rabattre sur les hypothèses ci-dessus). Ce n’est pas important d’ailleurs, ce qui est important c’est de savoir si :

  • Ils vont se réconcilier

  • S’ils vont au moins faire crac crac une fois avant « the end » ou tout au moins s’embrasser laissant présager que…

  • Si l’un des deux va sauver l’autre tout finissant bien.

  • Si l’un des deux sauvera l’autre en y laissant sa vie, mais ce n’est pas grave parce qu’au dernier moment il s’entendra dire « je t’aime ». N’empêche qu’on est émus et qu’on se demande si le survivant n’ira pas s’enfermer dans un monastère tibétain pour digérer la chose (trop tard).

  • Si à eux deux ils vont résoudre le problème trouver le secret de la méchante tornade ou le remède à cette grippe aviaire, voire remonter à la surface sans respecter les paliers de décompression indemnes… (bon là d’accord il y a l’intervention des extra-terrestres, mais c’est un autre débat, je parlerai des extra-terrestres un autre jour)

Le suspense du film réside là. On sait bien que le volcan (merde, le nom du film m’échappe…) va sauter, que la tornade va passer, que le virus va sévir, que la station va couler, la glaciation s’installer. Ce qui compte c’est l’héroïsme comme dans « le jour d’après » où le père si peu présent, et pour une fois qu’il est là, est obligé de rallier New York avec deux potes pour sauver son fils coincé dans une bibliothèque. On ne se demande pas s’il va y arriver : il y arrivera. Ce que l’on se demande c’est comment sa femme prendra la chose (plutôt bien : ouf !, elle n’a pas attendu de coup de fil pendant tout le film pour rien) et combien d’états il aura parcouru au bout du compte, avec un traineau et des skis de fond, en semant des cadavres partout (oui les deux potes n’arriveront pas, c’est écrit d’avance, les meilleurs potes du héros se sacrifient toujours pour lui, c’est comme ça).

Dans « Alerte » Dustin Hoffman se bat vraiment pour sauver son ex avant tout, donc il piste tous les singes qui passent, avec un flair infaillible. Dans « Abyss » c’est à qui se sacrifiera pour l’autre (je me noie, non toi, non moi mon amour, heureusement que tu es là, etc…).

C’est ce qui rend la catastrophe émouvante : de voir que le pire nous rend meilleurs. Surtout dans la stricte légitimité car je ne sais pas si vous avez remarqué, mais dans les films américains, le couple qui ne s’entend plus, est toujours marié (ou l’a été, d’où remariage en vue) : on ne concubine pas aux USA.

Je serais complètement perdue si au départ d’un film comme cela, je ne pouvais pas repérer les héros à leurs disputes (souvent au téléphone d’ailleurs au début, pour brouiller les pistes (« qui c’est ? – Ce doit être son mari – t’es sûr ?- Oui c’est dans le résumé du film »)).

Ma sciatique ayant cessé, j’ai arrêté les films catastrophes que je regarde désormais de temps à autres, pour me distraire. Je ne peux donc pas vous faire un compte rendu plus complet sur TOUS les couples à disputes des films catastrophes.

Il y a aussi dans d’autres films, le couple non marié qui s’engueule dès la première rencontre : on peut prédire à coup sûr un mariage pour la fin…

Mais c’est une autre histoire…

(Evidemment c’est une réédition de 2006, j’avais complètement oublié avoir écrit cet article, et les vacances, n’est-ce pas, entre le 14 juillet et le 15 août, entrainent chez moi une envie de réédition)…

La vie n’est qu’un long calvaire (pour vous surtout…)