Alphonsine a eu 4 enfants…

Alphonsine_accoucheAlphonsine eut avec l’oncle Jules, 4 fils nés respectivement en 1911, 1912, 1913 et 1914, tous les quatre un 15 août. On admire la performance (et on plaint la ménagère…).

Lorsqu’elle eut connaissance de sa première grossesse, sa mère crut bon de la « prévenir » de ce qui l’attendait. Nausées, vomissements, enfler jusqu’à ressembler à une baleine, et enfin risquer sa vie pour accoucher. Le programme sympa que beaucoup de femmes connaissent ou ont connu.

Tante Alphonsine avait déjà été « avertie » de ce qui l’attendait d’horrible à partager son lit avec un homme. Elle n’avait rien remarqué d’horrible particulièrement, bien au contraire, mais n’avait jamais osé contrarier sa mère sur ce terrain là, de peur de passer pour une femme de mauvaise vie.

Elle avait entendu ça et là tout de même, qu’accoucher c’était l’horreur, la douleur, que cela pouvait durer des heures et des heures, que la mère pouvait mourir et le bébé aussi, et que le père parfois était prié de choisir entre la mère et l’enfant. Cela devait remonter le moral comme pas possible.

L’oncle Jules pour une fois prudent, lui affirma qu’il choisirait la mère bien sûr… Pas envie de manquer de sel jusqu’à l’accouchement, et en plus il tenait à sa petite puce.

En premier lieu, Alphonsine n’enfla pas particulièrement, comme beaucoup de crevettes de nature. C’est injuste mais les petites puces enflent parfois très peu, et les femmes « théoriquement » faites pour enfanter enflent elles, beaucoup. Juste le ventre et juste ce qu’il fallait. Elle marchait normalement (à noter, mon père repèrait une femme enceinte de dos à sa démarche…) et prit juste 6 kg pendant sa première grossesse. Tout le monde pronostiquait une fille, car elle « portait en avant ». Sinon elle pétait la forme, comme quoi ça existe. Elle avait un peu peur de la fin tout de même, toutes les femmes de son entourage se relayant pour lui raconter les pires horreurs, véridiques en plus. Il fallait qu’elle soit prête. Elle l’était. Elle écrivit son testament 30 jours avant l’échéance fatidique et fit jurer à l’oncle Jules que s’il reprenait femme après elle, il mangerait sans sel pour se rappeler d’elle…

On ne peut donc pas dire qu’elle était particulièrement préparée à un accouchement super. En plus elle lisait Freud, c’était une femme pervertie, et elle savait que le mental est important. Elle se préparait donc à accoucher dans la douleur, c’était écrit et raconté partout. Elle allait souffrir un martyr et peut-être même mourir. C’est à cela qu’elle se préparait : mourir dans la douleur pour avoir conçu l’enfant dans le plaisir (ça ne rigolait pas ce truc là). Donc le côté psychologique, exit sur ce coup là.

Le 15 août 1911, alors qu’elle devait accoucher finalement elle ne savait plus trop quand et le médecin non plus, vu qu’il la trouvait peu grosse pour une femme à terme,  elle se préparait pour la fête de sa mère (devinez comment elle s’appelait ?), se faisait belle, se poudrait un peu, se préparait pour une belle journée, quand elle ressentit une envie de faire pipi comme pas possible sur le coup de 12 H 30, alors que Jules commençait à lui signaler qu’elle allait être en retard comme de coutume, en allumant son cigare.

Elle avait bien remarqué que « la fille » lui appuyait sur la vessie depuis un moment, mais là, c’était à crever. Elle se précipita dans les toilettes. Jules en homme extravagant voulait les toilettes dans la maison et non pas dans le jardin, la population du village toute entière les regardait d’un sale oeil à cause de cela. C’est incroyable ce que certains peuvent être originaux !

Alors là, je vais être obligée de dire les choses comme elles l’étaient. Tante Alphonsine voulu s’asseoir sur le siège des toilettes (à l’intérieur de la maison, une honte), et ressentit quelque chose de curieux. De l’eau coulait d’elle, mais ce n’était pas de… Elle prit du papier et sentit qu’il se passait un truc anormal en s’essuyant. Effectivement il se passait quelque chose. La tête du bébé était en train de sortir. Elle était sortie !

J’imagine sa position et sa panique « Jules !!!!! » hurla-t-elle, « c’est le bébé qui est en train de sortir !!!! ».

L’oncle Jules qui fumait son cigare tranquille réalisa qu’il n’y avait pas d’eau à bouillir. Sa femme délirait très probablement… Dans les récits qu’il connaissait (par coeur, bien sûr), on faisait bouillir de l’eau en grande quantité, et des femmes envahissaient la maison. Un bébé ne nait pas en l’absence d’eau bouillante et de troupeau de femelles glapissant.

« Jules au secours, il est sorti tout entier, j’ai peur de le faire tomber, il glisse ! »

Jules nonchalant se dirigea vers les toilettes pour trouver sa femme dans une posture difficile, un truc gigotant et vagissant vaguement, à la main, éructant « une serviette ! vite ! ». Il n’eut que le temps d’aller chercher un drap ou autre chose (non, un drap) pour que la mère y dépose ce qui était en fait un garçon qu’il emporta dans la chambre après être allé chercher des ciseaux pour couper le cordon (finalement un sécateur…) avec la mine de la poule qui a couvé une clef anglaise et ne sait pas quoi en faire.

Pendant ce temps là, Alphonsine se pansa comme elle le put, rejoignit sa chambre pour s’affaler dans son lit et exigea du père pétrifié qu’il appelle au moins sa mère ou une voisine « enfin fait quelque chose chéri, tu verrais ta tête ! ». Ceci en récupérant le nourrisson même pas braillard et en parfaite santé apparemment, entortillé dans un drap de 120 pour le prendre contre elle, ne sentant pas le fils en sécurité à proximité de son père.

Les voisines et la mère accoururent au cri de ralliement de Jules. Il fut convenu qu’il était tout bonnement scandaleux d’accoucher aussi facilement, sans aucune douleur préliminaire. Le médecin arriva en même temps que le placenta et pu tout de même procéder à la délivrance et constater que mère et enfant se portaient très bien. Il n’avait jamais vu cela, il devait le revoir 3 fois…

Tante Alphonsine accoucha les 3 autres fois dans les toilettes également (et toujours un 15 août). Elle avait apprit, elle, par contre, vers la fin, à partir équipée de serviettes, langes, et tout et tout, quand elle se rendait dans les sanitaires trop petits pour un stockage tout bête. Parce que Jules se fit avoir à chaque fois. Car le malheureux était toujours présent et pour cause (jour férié oblige), et incrédule face au « Jules ! c’est le bébé ! ».

Pour le quatrième il était quelque part dans le nord de la France, suite à la mobilisation générale, et c’est sa belle mère qui se fit avoir sur ce coup là… Sauf qu’elle, tomba carrément dans les pommes…

Alphonsine expliqua à Mrs Morgan que l’accouchement ce n’est rien du tout, du pipeau, du n’importe quoi, « n’écoute pas les autres femmes ma chérie, c’est de la comédie… ». Elle ne chiait même pas une pastèque, elle avait juste envie de faire pipi… Et encore, c’était sans douleur.

Mrs Morgan, ma mère, moi-même, avons cru dur comme fer que le gène serait arrivé jusqu’à nous. Nous étions programmées pour accoucher dans les toilettes et sans douleur…

T’en foutrais moi du gène aléatoire… et de l’importance du psychisme sur le corps…

L'anniversaire de mon "filleul" (réédition du 5 août 2009)

nouveau-neUN AN DEJA ! Et il marche, sourit toujours, et est bien plus mignon que le jour de sa naissance où il m’a flanqué la trouille de ma vie…

Seule cette introduction en « gras » n’est pas d’origine…

Je voulais vous en causer du mois d’août. L’occasion est trop belle, je vais le faire mais pas comme c’était prévu.

Dans ma cage d’escalier nous ne sommes que 3 appartements occupés sur 9. Tous les autres sont partis, même le vieux con d’en dessous.

Ne restent que mes nouveaux voisins de pallier avec leur petite Marion qui semble bien turbulente, ceux du dernier étage dont la dame devait accoucher le 19 août, et votre sorcière et son chat noir.17 H, coups de sonnette affolés. Quand on sonne dring dring dring dring, c’est soit pressé/urgent, soit quelqu’un qui pense que vous êtes sourd.

Je n’ouvre jamais sans demander de quoi qu’il s’agit. C’est le voisin, du dessus de chez madame Vampire, qui crie au secours…

J’ouvre. D’ordinaire cet homme charmant est noir, là il est gris clair…

  • Ma femme accouche, ma femme accouche ! Vous vous y connaissez en accouchement ?

Heu, je sais pousser en montrant mon kiki à 7 personnes dont un peintre égaré dans la salle d’accouchement, mais mon savoir s’arrête là.

  • Vous avez appelé les pompiers ?
  • Quels pompiers ?
  • Les pompiers… Le 18
  • Venez vite, venez vite, ma femme accouche.

Je le suis dans les escaliers.  Pendant qu’il appelle frénétiquement le 18 sa femme git sur un magnifique canapé blanc, qui apparemment ne va pas le rester longtemps. Elle souffle comme un phoque et me voit arriver telle le messie.

  • Perte des eaux il y a 1 H… contractions… 2 minutes… peux pas bouger…Faites quelque chose ! (ou est la tronçonneuse pour la césarienne ?)

Les pompiers ne peuvent pas être là avant 20/25 minutes minimum, mais ont rassuré le papa : pour un premier il faut le temps. Et puis si une voisine est là, elle va pouvoir aider, c’est bien connu, toutes les femmes s’y connaissent en accouchements.

  • « Essayez un médecin » que je dis, mal aimable, en le voyant toujours gris clair, tourner en rond, qu’on dirait Diabolos qui se prépare à se coucher

Il essaye, aucun n’est joignable, tous les répondeurs renvoient vers le même médecin qui ne peut pas être là avant 2 bonnes heures. Faudrait emmener la mère aux urgences dit-il au père de plus en plus clair. Pour qu’elle accouche dans ma voiture sans doute, son mari n’a qu’une camionnette de société…

Et là, elle précise qu’elle ne bougera pas, parce qu’elle sent que la tête est déjà fortement engagée. Elle est assise donc sur le canapé (blanc), vêtue d’un grand Tshirt, les jambes posées sur la table basse, écartées, donc je vois très bien qu’elle a gardé sa culotte et je sens qu’il va falloir la lui retirer… Elle est dans une bonne position théoriquement mais…

Je transpire. Déjà qu’il fait une chaleur pas possible.

Le père me demande s’il doit mettre de l’eau à chauffer (faut vraiment arrêter avec le coup de l’eau chaude), je lui demande d’aller chercher des serviettes de toilette propres, beaucoup, une cuvette, des ciseaux, du désinfectant, d’ôter la culotte de sa femme en la cisaillant avec une paire de ciseaux puisqu’elle ne peut pas bouger, et je vais me laver les mains dans la cuisine, en les passant au  moment du rinçage à l’eau de javel, verte de trouille : ça en fait des couleurs !!!

Pourvu qu’elle se trompe et que l’enfant attende au moins les pompiers. Mais comment on fait ? J’essaye de me souvenir du chapitre destiné à Albert « comment faire face à un accouchement inopiné » (j’en ai toujours ricané après coup) dans mon premier livre sur la grossesse, mais mes méninges se mélangent les pinceaux. En plus j’ai mal au ventre moi aussi, par solidarité sans doute.

Elle ne semble pas souffrir plus que ça cette emmerdeuse, je la vois reprendre son souffle après une sacrée contraction, et je soulève sa chemise de nuit, pour risquer un oeil. Pas l’habitude de fréquenter les femmes en leur zieutant le kiki. Je peux vous assurer que vous pouvez vous en passer, vous ne perdez rien.

Putain de bordel de merde, je vois confusément quelque chose. Elle n’a pas tort, cela doit être le haut du crâne de l’enfant ou alors elle a le kiki mal foutu. Elle pousse en plus et ça se précise. C’est bien la tête, elle va sortir, elle va sortir, je passe du désinfectant qui ne me semble pas poser de problèmes d’allergies éventuelles,  avec du coton, comme je peux, dans le secteur incriminé, en me demandant quel crime j’ai commis dans une vie antérieure, pour mériter cela.

Un grand boum derrière moi, c’est le mari qui n’est même plus gris qui vient de tomber dans les pommes… Heureusement j’ai toutes les serviettes de toilette de la maison à ma portée, je les dispose un peu partout, et je me demande comment procéder, quand tout à coup après un grand coup de « poussez madame » que même pas j’aurais osé dire, la tête sort complètement, et du sang aussi, du sang partout, maman j’ai peur.

Au même moment l’interphone sonne, enfin les pompiers, et l’autre par terre qui est incapable d’aller ouvrir la porte d’entrée et de préciser qui il est (à mon avis il ne le sait plus, j’aurais dû me méfier quand il m’a dit « quels pompiers »).

Le choix est cornélien. La tête est sortie, théoriquement je devrais tirer dessus (pourquoi est-ce lui et non pas moi qui est dans les pommes ?). Et si je lui arrachais la tête (au BB)  ? je serais inculpée d’infanticide volontaire.

Je sais tout de même, qu’à la prochaine contraction, si elle continue à pousser avec cette ardeur, l’enfant va sortir totalement même si on ne tire pas la tête.

Et tomber par terre si je suis en train d’ouvrir aux pompiers.

Je choisis l’option « je tiens la tête, mais je ne tire pas », et la mère me précise « allez leur ouvrir, je vais tenter de me retenir »… T’en foutrais moi, quand on accouche en quasi moins d’une heure, tu parles qu’elle va se retenir…

5 secondes pour ouvrir aux pompiers en glapissant « dernier étage à gauche en sortant de l’ascenseur », et voici le chiard qui sort et que je récupère. C’est gluant, c’est plein de sang, c’est merveilleux.

Je pose l’enfant sur le ventre de sa mère. Couper le cordon, plutôt mourir, d’ailleurs on ne sait jamais, s’il avait des problèmes respiratoires… Mais non, il ne crie pas mais sa petite cage thoracique bouge un peu. Il commence sa respiration doucement.

Les pompiers débarquent donc. Deux pour s’occuper du père (toujours dans les pommes), le médecin qui coupe le cordon, enveloppe l’enfant (un garçon) dans un linge stérile, avant de procéder à la délivrance (j’avais bien fait de prévoir une cuvette).

Moi j’ai la bloblotte, je pleure. D’émotion (une naissance même de petit chat, me fait pleurer), et de peur rétrospective : et si… et si… et si…

Il y a donc une pompière qui s’occupe aussi de moi, le médecin qui me félicite après s’être occupé de la mère que l’on va embarquer avec son môme à la maternité la plus proche et qui m’a embrassée de reconnaissance et demandé si je voulais bien être la marraine. Le père reprend conscience, apparemment il ne s’est pas blessé, mais il va faire un petit passage aux urgences (je peux certifier qu’il ne s’est cogné la tête sur rien).

Il a suffisamment reprit ses esprits pour me proposer un coup à boire.

Je déteste le cognac, 17 H 25 c’est un peu tôt pour l’apéro, mais j’ai bu mon verre de cognac sous l’oeil hilare du médecin (qui m’avait demandé si je devais ou non conduire) et je suis redescendue chez moi escortée, pour réaliser qu’heureusement j’étais en train de bloguer avec un très très long Tshirt, parce que moi, j’étais totalement sans culotte…

Moralité : copulation en novembre à proscrire car = accouchement en août, au moment où la France semble être rescapée d’une attaque nucléaire ou d’un sale virus. Je ne critique pas les pompiers qui étaient déjà sur un accouchement de jumeaux prématurés, mais ne pouvoir trouver personne pour aider, franchement, faut pas charrier…

Et autre moralité : le canapé en tissu blanc c’est à proscrire si vous souhaitez vous reproduire…

Encore autre moralité : comme me l’a dit le père avant de perdre son si peu : ne pas trop se fier aux dates soi-disant exactes à la minute près… Car la dernière fois que j’avais croisé la mère, elle ressemblait réellement à une montgolfière en pleine ascension et que j’avais du mal à croire qu’elle tiendrait encore 15 jours…

MAIS : la vie n‘est qu’un long calvaire

Naissance en boulet de canon (part 2)

nouveau-ne3Suite à mes mésaventures de sage femme improvisée et complètement traumatisée (maintenant la famille m’appelle « la sage femme sans culotte »), j’ai contacté Marie Laure pour qu’elle me rappelle sa mésaventure à elle, remontant à 20 ans.

A l’époque j’avais hurlé de rire, elle pas… Mais vous pourrez le constater, elle a fait beaucoup mieux que moi, même en portant une culotte qui ne lui a été d’aucun secours…

Elle m’a donc gentiment fait un mail en me re-racontant son aventure, et en me précisant qu’elle me faisait confiance pour l’humour car elle, elle ne sait pas faire (cette aventure l’a totalement traumatisée !).

Je l’ai donc appelée et nous en avons discuté entre choses et autres (3 heures), et curieusement, en en parlant, elle a pu se souvenir des détails qui l’avaient le plus frappée finalement… Je précise qu’elle est mère de 4 enfants dont des triplés… Et qu’elle m’autorise à raconter après, son accouchement des triplés qui lui a laissé LUI un bon souvenir… D’où les 3 heures tout de même, soyons honnêtes, plutôt 4, les forfaits illimités c’est le pied, ce sont les batteries du téléphone qui craquent les premières…. Oui parce que finalement nous avons papoté pendant 5 heures…

Mois d’août, la France est déserte, Marie Laure jardine, elle adore, son jardin est immense (et terrifiant pour une personne comme moi).

Arrive sa voisine, en cloque jusqu’à l’occiput, qui marche les jambes écartées.

  • « Marie Laure, clinique, contractions, sensations curieuses, au secours, j’ai perdu les eaux, voiture en panne »

Marie Laure a chié sa première pastèque en 72 H (comme moi avec Pulchérie), ses triplés en 12 H, elle se sent ZEN. Bon il est vrai qu’on nous dit de partir à la maternité dès la perte des eaux (enfin à notre époque c’était une consigne absolue), mais pour elle, il n’y a pas d’urgence. Comme moi dans aucun cas elle n’a perdu les eaux, cela lui semble curieux comme concept (moi pour les deux filles on m’a percé la poche quasi au dernier moment, pour elle avec les triplés, c’est vachement plus rigolo, donc, vous repasserez…)

Elle range sa binette, sans imaginer à quoi ressemblera la sienne dans 32 minutes très exactement. Fort heureusement, elle aurait pu se suicider avec (la binette).

La voisine (primipare) assise sur la margelle du puits, fait la respiration du petit chien, et Marie Laure lui précise que c’est du pipeau en allant chercher son sac à main et ses clefs de voiture (à l’époque le portable n’existait même pas).

Inconsciente légèrement, elle fait monter la voisine à coté d’elle, au lieu de la lourder à l’arrière ou dans le coffre. La voisine pose ses pieds sur le tableau de bord, les pattes écartées et continue à souffler.

Et voici Marie Laure en route vers la clinique.

Manque de bol, personne n’y a pensé, c’est jour de marché, encombrements maximum malgré le mois d’août.

Tout à coup, la voisine, pousse un hurlement à faire fuir Dracula : « Il se passe quelque chose, je ne peux pas rester assise comme ça, arrête toi ! la tête est en train de sortir »

En plein milieu de la place du marché où tout le monde tourne en cherchant en vain, une place. La clinique est à 250 mètres à vol d’oiseau, mais Marie Laure n’a qu’une voiture.

Un peu inquiète tout de même, elle pile en mettant en route les warnings…

Elle recule le siège passager au maximum et elle, risque un doigt en s’excusant un peu, car elle est mal placée pour jeter un regard… Merde, elle sent confusément quelque chose. Elle risque 3 doigts : pas de doute, la tête commence à sortir.

Et la voisine qui invoque la vierge Marie ! quand on accouche il y a peut-être une sainte plus efficace ? (la signaler à l’audience, merci !)

Vl’a deux motards qui viennent voir ce qu’elle fout en plein milieu de la place du marché à bloquer la circulation. Elle se sent rassurée, elle a tort.

Car si le premier voit tout de suite où est le problème, le second en comprenant, lui dégueule son petit déjeuner copieux, sur ses pompes neuves Minelli qu’elle a payé la peau des fesses en vendant ses haricots à des prix prohibitifs à ses voisins.

Le premier l’aide à mettre la mère en position (le kiki vers la sortie de la voiture) et lui assure qu’il sait faire. Enfin qu’il a apprit à faire, enfin qu’il espère se souvenir. Marie Laure se sent soudain très seule, quand sous ses yeux héberlurés, la tête du bébé sort complètement : la mère prévoyante, n’avait pas mis de culotte…

En discutant de la chose nous avons réalisé que nous avions eu de la chance : et si cela avait été un siège, on aurait fait comment en voyant un cul se pointer au milieu du kiki ?

Elle, sait qu’on tire dessus (la tête)  pour accélérer le processus. Elle se lance avec inconscience. Elle attrape la tête, tire dessus, avec l’impression qu’elle va se retrouver avec la tête dans les mains, le reste restant coincé. Et puis tout à coup le motard intervient :

  • « Faites pivoter la tête, le môme est coincé » (mais il n’intervient aucunement).

Marie Laure tente de faire pivoter la tête, en tirant pour rien, paniquée totalement, pendant que celui qui a dégueulé écarte les curieux. Circulez, y’a rien à voir. Ben si.. Et tout à coup, l’enfant vient. Trop rapidement. En fait il n’était pas coincé il attendait la prochaine contraction. Elle le tient du coup par le cou, et ne sait pas quoi en faire…

C’est le motard  qui n’a dégueulé sur personne qui interviendra enfin pour poser le bébé sur la maman qui remercie la vierge Marie, en se posant  THE QUESTION : »on le couvre avec quoi, avant d’aller à la clinique ? ».

Rien pour couper le cordon, l’enfant semble prendre sa respiration naturellement, et Marie Laure n’a qu’une solution : retirer son Tshirt devant toute la place du marché, pour couvrir l’enfant, et reprendre le volant, en soutien gorge, escortée par l’équivalent de la garde républicaine qui lui ouvre la voie, tout de même.

Malgré les félicitations du jury (les urgences), elle ne s’en est jamais remise…

De quoi ?

  • Une paire de chaussures neuves et de prix : flinguée
  • Un Tshirt de marque : idem
  • Avoir montré quelques petits bourrelets cachés par le Tshirt, en le retirant, à toute la place du marché, dont madame Irma sa voisine si cancanière…
  • Avoir déambulé dans une clinique en soutif, avant qu’une infirmière ne lui propose une blouse bleue en faux tissu.
  • Avoir roulé avec l’immonde blouse bleue pour rentrer chez elle.

Pour le reste finalement elle se souvient juste du « le môme et coincé » mais qu’elle a réussi à le décoincer. Du coup elle s’est demandée si elle n’allait pas faire serrurier…

Dès le début de la vie, c’est un long calvaire…