L’évolution des méthodes éducatives et de l’élevage du chiard ! (part 1)

56800768Halte là qui vive ! loin de moi l’idée de dire « qu’avant c’était mieux » (ça me gonfle toujours, pourquoi qu’on n’en serait pas encore au sesterce et à la voie romaine en parlant latin le gallo-romain ? ).

Je souhaite simplement parler de « mode ». Ce n’est pas mon genre ici, donc vous ne saurez pas si je préfère la chaussette parfumée au reblochon ou au munster.

Pour l’éducation, la prise en charge de notre premier né (et des autres), il y a des modes, comme pour le reste.

Quand mes grands mères accouchaient, on ne se posait pas la question : on mettait le chiard au sein. Tout le monde le faisait, c’était réputé pour retarder une prochaine conception (ça marche ou pas…), pour être économique et sain.

De même les enfants étaient propres très très tôt. N’existaient pas les changes miracles que « même mouillés ils sont secs », et quand on se coltine à la lessiveuse 6 x 7 x 2 couches en tissu à laver, cela motive pour que l’enfant soit propre le plus tôt possible.

On pesait le gamin avant et après la tétée pour savoir s’il avait bien mangé son compte, et s’il pleurait encore la nuit passé 3 mois, le médecin de famille se penchait sur le problème.

Quand je suis née, on décourageait les mères à allaiter. Un biberon c’était tout simple, inutile de peser avant et après, on savait qu’il fallait que le gosse termine son bib. Ma mère s’est faite mal voir parce qu’elle voulait allaiter cette emmerdeuse, et qu’il fallait donc me peser avant et après…

Celle qui n’est toujours pas comme les autres, a débuté une anorexie du nourrisson relativement tôt. Et tout le monde de dire à maman que son lait était « mauvais », car c’était encore la grande mode du biberon, que c’était de « sa faute » si son enfant n’en voulait pas. Il fallut un pédiatre intelligent pour lui dire que le plus mauvais lait de la plus mauvaise mère, serait toujours meilleur qu’un lait de vache (le lait maternisé, c’est du lait de vache). Par contre pour ma soeur, par d’horaires stricts, c’était à la demande…

Puis vinrent les autres, pour lesquels maman s’accrocha à l’allaitement, sans se laisser poursuivre par le diktat du biberon tellement pratique pour le personnel de la maternité qui gardait mère et enfant 10 jours…

Quand j’ai accouché de Pulchérie, les avis étaient partagés : pour ou contre l’allaitement. J’étais pour. Là par contre, la loi avait changé, c’était « à la demande », on ne pesait plus avant et après, personne ne s’emmerdait, sauf la mère.

Car Pulchérie a eu une caractéristique assez rare pour un nourrisson. Elle dormait 12 H d’affilée par jour. Sauf que c’était le jour. Elle s’endormait à 8 H du matin pour se réveiller à 20 H, les poumons toujours en bon état, et l’estomac vide (évidemment), alors que mes seins étaient au bord de l’explosion.

Rentrée à la maison j’étais livide de fatigue et maman m’apporta, contre l’avis de la faculté, la balance qui lui avait servi 4 fois. J’ai pu constater que l’héritière à poumons, s’endormait d’un air repus, après n’avoir ingurgité que 20 grammes : la moitié du repas requis. D’où son réveil 1 H 30 après, en hurlant qu’elle mourait de faim. Et cela durait jusqu’à 8 H du matin.

Avec Albert nous avons donc fait subir à cette petite, les pires sévices pour qu’elle se réveille au plus tard 10 minutes après avoir pris seulement 20 grammes.

  • Bisous bisous ma chérie
  • Petite caresse sur la joue
  • Les petits pieds sont chatouilleux.

Car elle avait aussi une autre caractéristique assez rare : elle était in-ré-veillable ! Elle pouvait passer sa visite chez le pédiatre sans ouvrir un oeil… Au bout d’un moment, elle décida de prendre ses 40 grammes pour qu’on lui fiche la paix. Le rototo était conséquent, mais nous étions prêts à tout, même à faire insonoriser l’appartement pour épargner les voisins.

Sauf qu’elle mangeait toujours la nuit (6 fois) pour dormir 12 H le jour.

Problème à régler : Jour/Nuit.

Avec Delphine je n’ai pas eu de problème, elle a compris tout de suite qu’il fallait becqueter tout ce qui lui tombait dans la bouche tout de suite et sans attendre une heure prochaine, a fait sa première nuit à 12 jours, et à 3 semaines a décidé de se passer toute seule à 5 tétées par jour (non sans inquiétude de ma part, parce que malgré le « à la demande », on parlait de 6 tétées minimum), on ne sait jamais, dès fois qu’aux 6 obligatoires elle ne vienne à manquer…

J’ai pu constater avec la fille de ma soeur que personne ne s’emmerdait plus pour rien : tétée toujours à la demande, et en cas de déficience de la mère que là, on culpabilisait, on ne faisait plus chauffer le biberon, il fallait le donner à température ambiante. Chacun sait que le sein donne du lait à température ambiante. J’étais médusée, une fois de plus, fort heureusement, ma soeur (quelle chieuse !) exigeait tout de même que l’on chauffe le biberon de sa fille !

Pour le passage Jour/nuit (enfin Nuit/jour) de Pulchérie, je vous expliquerai comment que seul le knout permet de résoudre le problème…

La vie n’étant qu’un long calvaire…

Comment exploiter utilement nos enfants… (4)

Estelle Sainte marie 01Delphine s’était donc mise d’elle-même à 5 tétées par jour et l’heure c’était l’heure. Je n’ai plus exactement en tête les horaires, mais je suis certaine d’une chose : il y avait une tétée à 17 H (cela doit être cela, la dernière tétée vers 21 H 30, avant celle du matin 7 H 30) (Delphine s’étant réservé deux tétées séparées de deux heures seulement, au cas où qu’il y aurait la guerre).

Et le sénateur maire était en retard…

Pulchérie se tenait tranquille, n’ayant plus de vomito(ti ?) réguliers, l’appendice enlevé, mais était encore sous antibiotique vu la péritonite qu’elle venait de faire.

Delphine dormait, tout se passait donc bien dans la salle d’attente… Continuer la lecture de « Comment exploiter utilement nos enfants… (4) »

La vache à lait…

allaitementJe ne vais pas vous parler des automobilistes ou des contribuables pas du tout riches…

Encore que comme vaches à lait, ils se posent là…

Il y a pas mal de temps, un article de la Mère Joie sur l’allaitement et le lactarium a ranimé en moi de tendres souvenirs…

J’ai allaité mes deux filles par désir et même besoin profond, me heurtant pour l’ainée à des consignes données qui ne me convenaient pas trop, préférant donc suivre les conseils de Mrs Bibelot qui avait allaité 4 fois.

Pour mes deux filles, à la fin de la montée de lait, à la tombée de la nuit du troisième jour, quand on y voit plus clair,  j’étais transformée en représentation vivante de ce qu’il ne faut surtout pas demander à un chirurgien qui vous propose d’augmenter la taille de vos seins.

Je pouvais poser mon menton dessus, cela résume bien le truc. Surtout que mes seins, à la base, ce sont des oeufs sur le plat…

Avec Pulchérie, le démarrage s’est fait un peu lentement, malgré la quantité de lait qui finissait par se répandre dans le lit. Pour Delphine qui a trouvé le mode d’emploi du truc tout de suite, j’étais un peu soulagée mais pas top.

J’ai donc demandé une tireuse pour me soulager un peu, que l’on m’a refusée, suivant le principe que le corps fabrique le lait qui a été bu (ou tiré, enfin bref, évacué, enfin, OUF !), et que donc, le soulagement ne serait que temporaire sans amélioration en vue…

Là mon corps s’imaginait sans doute que j’avais eu des triplés, et la production ne baissait pas, malgré l’ardeur de Delphine qui parfois donnait l’impression qu’elle allait s’étouffer en tétant, semblant savoir d’instinct qu’une guerre carence puisse être  en vue et qu’il fallait VRAIMENT faire le plein A CHAQUE FOIS.

J’ai finalement (attendant en vain une tireuse)  vu débarquer à l’aube du 5ème jour, quand on n’y voit plus clair du tout, les 3 obstétriciens de la clinique qui avaient besoin de lait.

Par pour eux, je vous rassure immédiatement, pour un petit prématuré qui ne tolérait pas le lait maternisé et  dont la mère restait désespérément sèche.

On m’a donc proposé une tireuse (OUF !), ou bien d’allaiter l’enfançon moi-même. Je n’avais rien contre le fait d’allaiter un autre enfant, mais sa mère étant bien portante, il me semblait préférable qu’elle donne elle-même le biberon rempli de mon lait, à son rejeton. C’était mon point de vue et je le partageais totalement.

J’ai donc exigé réclamé accepté une tireuse.

La livraison eut lieu dans l’heure suivante, la faculté n’en ayant subitement plus rien à foutre de la hauteur de ma production. Pire, ils m’ont dépêché une femme du lactarium de Versailles, qui est venue m’encourager à continuer à donner mon lait après ma sortie de la maternité (à l’époque c’était 8 jours de séjour minimum, mais 10 c’était mieux).

Enfin, non, à le vendre. S’il s’agit d’un don aujourd’hui, en 1984, le lait maternel était acheté par le lactarium à hauteur de 90 F le litre, tout de même.

Les contraintes étaient légères quoique : tirer mon surplus après le passage de ma petite gourmande, via une « tireuse » qui me faisait songer au sort des vaches, mais me soulageait tout de même. Sauf qu’après ma petite gourmande, il me fallait essayer de m’aseptiser un maximum et que je trouvais cela très chiant.

Après chaque grattage tirage je mettais mon surplus non écrémé au congélateur, la tireuse donnant directement sur un biberon stérilisé.

3 fois par semaine, un homme charmant m’apportait des biberons de rechange et emportait ma production 100 % bio.

Et pendant ce temps là, Albert faisait les comptes.

  • 90 F le litre, en admettant que j’arrive à un litre par jour, cela permettrait de changer la literie et le buffet dans 3 mois
  • 90 le litre, en admettant que j’arrive à un litre et demi par jour, cela permettrait de changer la voiture dans un an
  • 90 F le litre, en admettant que j’arrive à 2 litres par jour, Delphine étant déjà passée au steack haché, je puisse maintenir la cadence pendant encore un bon moment, et on pourrait s’acheter une belle voiture, le lait bio maternel n’étant pas imposable…

Aux 4 mois de Delphine j’ai arrêté la tireuse, envisageant de la sevrer deux mois plus tard. Ma production s’est très rapidement adaptée, et le sevrage deux mois plus tard s’est parfaitement passé, étalé sur 4 semaines parce que je ne voulais pas traumatiser l’enfant.

Je n’ai eu comme déboire, vu ma production, qu’un engorgement se présentant comme une clémentine dans le sein gauche, bien évidemment un dimanche matin sinon-ce-n’est-pas-rigolo…

Et pourtant, j’avais sevré vraiment petit à petit… En commençant par stopper le tirage du superflu…

Bref ! Albert a vu la tireuse quitter l’appartement avec les larmes aux yeux, et tous les jours, quand il voyait son héritière téter encore avec application, je voyais bien une infecte machine à calculer réglée sur « perte sèche » s’afficher au dessus de sa tête.

A 90 F le litre, songez donc, nous aurions peut-être pu acheter une villa grandiose en bord de mer, dans le midi de la France… Un jour…

Mais bon, je n’avais pas de rêves fous. Et puis Albert a été désolé d’apprendre qu’ayant supporté la corvée de la tireuse et de la désinfection maximum à chaque tétée,  j’estimais que le chèque de 1590 F que j’ai reçu un beau jour, m’appartenait à moi seule et qu’il attendrait pour payer des enjoliveurs à la R5 (les hommes ont de curieuses priorités).

C’est peut-être à cause de ces 90 F le litre qu’il m’a quittée un jour. Parce que franchement, j’ai vraiment gaspillé à cette occasion là…

Allez savoir…

La vie n’est qu’un long calvaire…