Le genou de Jean-Poirotte (chapitre UN *)

genouAvant toutes autres choses, il me faut vous préciser quelques autres petites choses…

Jean-Poirotte s’est illustré, outre son coeur et tout et tout depuis des années, en 2011, avec ses genoux (un genou mou, des genouxes mouxes).

Pour se faire, il a choisi la période de son anniversaire, en mars. Un beau matin il ne pouvait plus mettre les deux pieds par terre tellement il souffrait des genoux. Et sans genoux, vous essayerez de marcher…

Rien de vital me direz-vous et nous sommes nous dit, mais le fait était là, il fallait bien faire quelque chose autre que de lui dire « lève toi et marche », et le SAMU nous a envoyé une ambulance restreinte (pas de réanimation en vue) pour l’envoyer à l’hôpital.

Nous avons poireauté 3 5 H aux urgences avec Mrs Bibelot, pour apprendre que la mauvaise nouvelle était qu’il était normal qu’il souffre (chondrocalcinose), mais que la bonne était que cela se soignait. Il n’empêche qu’il a passé son anniversaire à l’hôpital et que ce n’était pas la première fois. A mon avis, c’était juste la troisième fois, mais si vous interrogez la famille, tout le monde, de bonne foi, vous dira que Jean Poirotte a passé ses 15 derniers anniversaires à l’hôpital.

Bref, une culture de liquide ponctionné avait été mise en route, il fallait attendre les résultats, RAS, et papa est sorti deux jours après son anniversaire, en gambadant comme un lapin marchant à peu près normalement, et en ingurgitant des médicaments qui lui coupaient l’appétit.

Il n’empêche qu’il souffrait toujours des genoux et qu’une rhumato lui a enfilé des infiltrations d’acide hyaluronique en lui promettant qu’après ils seraient comme neufs (les genoux), et comme cela n’était pas vrai, elle lui avait recollé des infiltrations tout court en se demandant sans doute comment se débarrasser d’un patient aussi chiant…

Donc le jour du départ, papa avait tenu à conduire un bon moment, avant de me refiler le volant, Mrs Bibelot enfin réduite au silence cramponnée à la poignée à l’arrière. On s’en fout quand elle est à l’arrière, on ne la voit pas…

J’ai fait la dernière partie du chemin, la plus chiante et la plus longue. Non sans avoir demandé le volant à plusieurs reprises dès le départ, car quand je ne conduis pas, j’ai peur, je m’emmerde et je ne supporte pas de voir ma mère cramponnée à sa poignée à l’avant. Comme je l’ai en ligne de mire, c’est pénible à voir, même si j’adore ma mère.

L’arrivée fut joyeuse, l’homme de l’art et sa femme nous attendaient, et tout semblait bien parti pour de bonnes vacances.

Le dimanche papa boitait bas et me fit part de son regret de ne pas m’avoir laissée conduire pendant tout le chemin. Il fallait qu’il souffre pour me déclarer cela, lui qui cède à regret le volant de SA voiture. Il incriminait une douleur très violente dans le genou droit, au fait qu’il avait écrasé l’accélérateur avec, et prédisait déjà qu’au retour, je conduirais de A à Z.

Le lundi il n’allait guère mieux, un genre de bosse souple lui ayant poussé sur le côté du genou (un champignon ?), que l’on avait envie de crever d’un coup d’épingle, et Mrs Bibelot appela un médecin conseillé par l’homme de l’art, pour une visite à domicile, Jean-Poirotte étant dans l’incapacité totale de descendre les escaliers menant au parking pour aller visiter la Faculté tout seul comme un grand, (même si je conduisais pour après la descente, ce qui lui aurait fait une belle jambe, c’est vraiment le cas de le dire…)

Le médecin se déclara débordé et débarqua de ce fait à 21 H 30.

D’un seul regard, il diagnostiqua une chondrocalcinose. C’était de sa partie vraiment parce qu’il est avant tout médecin du sport etc… Il avait amené tout ce qu’il fallait et procéda par ordre :

  • Désinfection
  • Désinfection
  • Désinfection
  • Ponction du liquide faisant bosse : environ 1/4 de litre. Liquide clair et typique d’après lui de la pathologie,
  • Puis, injection d’une infiltration classique
  • Puis déclaration de la somme à payer avec rédaction d’une ordonnance pour une éventuelle infiltration la semaine suivante, mais que ce ne serait sans doute pas la peine de la faire.

Le lendemain, Jean-Poirotte trottait comme un poulain fringant, tout content d’avoir été bien pris en charge.

Mais la vie n’est qu’un long calvaire…

* J’arrête de mettre des « part one or two » restons français (surtout que l’anglais et moi…)