Le restau sur les champs… (2)

Nous n’avions particulièrement pas prévu que Pulchérie, munie de son CD de Ace of Base et ayant digéré sa glace, n’avait qu’une hâte : rentrer. Exit le restaurant, notre vrai plaisir du jour avec ma mère. Elle s’en foutait complètement du restaurant. Delphine moins, qui n’avait pas décidé de faire limite anorexique.

Elle a commencé (Pulchérie bien sûr) à chipoter devant les menus que nous contemplions avec toujours l’idée d’aller chez Lééééonnn. Là elle a carrément crisé car :

  • Ces salauds cuisinent le lapin avec de la bièèèèère

  • J’aime paaaaaas les moules

  • Et j’aime paaaaaaas les frites

  • Le reste Beuuuuurk… Etc…

Elle nous a fait un caca nerveux sur le trottoir. Tentation de la baffe à lui dévisser la tête, mais devant le public qu’il peut y avoir sur les Champs, ça la fout mal (de quoi se mêlent les autres, je vous le demande, une claque n’a jamais tué personne). Elle le sentait parfaitement et en a rajouté une couche pour nous trouver LE restaurant idéal (pour elle)…

Nous y sommes rentrées non convaincues. Un restau sur les Champs qui n’a pas un péquin à table à 19 H 30, c’est forcément louche. Nous ignorions débuter une grande aventure culinaire et que les aventuriers n’ont que ce qu’ils méritent : des merdes en général et seulement, parfois la gloire (je vous rappelle que Christophe Colomb cherchait les Indes et ne les a pas trouvées, et que du coup on ne lui a accordé que la Colombie, ce qui est consternavrant). (Comme toujours je m’égare)

Une superbe blonde à l’entrée, trônant derrière son téléphone et sa caisse, nous a demandé si nous venions dîner. Bonne question vu l’heure. Elle faisait très distinguée, jusqu’à ce que nous l’entendions décrocher son téléphone.

  • Ouais, l’Elysée Marrant j’écoute

  • Ouais, c’est pour dîner ?

  • OK je note, s’lut ! M’ouais, c’est noté.

Dommage, je ne peux pas vous retransmettre le ton. Sachez toutefois qu’Arletty avec son atmosphère, à côté d’elle, faisait très distinguée…

Nous commandons, Pulchérie ayant l’ordre de se décider rapidement vu qu’elle nous a entraînées dans un piège. Ma mère et moi commençons à nous demander pourquoi on ne lui a pas flanqué une baffe à lui dévisser la tête devant tout le monde, pour aller chez Lééééonnnn ! (Pulchérie on va chez Léon, c’est comme ça et pas autrement, ah mais !)

  • Première arrivée de plat : premier loupé, ce n’est pas ce que Mrs Bibelot a commandé. Le serveur l’air aigre, vérifie et confirme : ils se sont trompés de table (quelle autre table a du monde ?). Elle ne veut pas manger son plat quand même (aucune excuse) ? Non ? Quelle emmerdeuse (il l’a pensé tellement fort qu’on l’a entendu)

  • Arrive mon plat alors que les filles ont pris le menu enfant (je vous rappelle qu’elles détestaient le steack haché et les frites, et ont donc pris jambon grillé/purée c’est top à payer au restaurant). Moi j’ai pris des coquilles Saint Jacques. J’adore, normalement. Mais là, elles baignent dans une sorte de gelée suspecte. Pendant que Mrs Bibelot attend sa langue sauce piquante en lieu et place de la cervelle aux épinards précédemment apportée, nous testons mon plat. Elle trouve : c’est du riz qui a cuit dans la sauce et pris cette consistance gélatineuse. Ma mère est le Dr House de la cuisine.

  • Aimable, comme toujours, mais toujours prête à déraper dans le style emmerdeuse qui tue, j’appelle le serveur qui me confirme : c’est bien du riz qui, au lieu d’être présenté à part, est cuit directement dans la sauce avec le reste. Il me précise fièrement « c’est une spécialité du chef »

  • Et moi toujours aimable, je lui rétorque « et bien le chef ferait bien de changer de spécialité » (je sais que les filles s’en souviennent…).

  • J’ai commandé des coquilles St Jacques, j’ai eu des coquilles St Jaques, de quoi puis-je me plaindre ? On se le demande car :
  • Mrs Bibelot renonce à faire changer les rognons apportés en lieu et place de sa langue sauce piquante (ça tombe bien, elle aime les rognons) depuis le temps qu’elle attend. Mais on ne va pas faire tous les plats non plus…

  • Delphine pas du tout difficile, renâcle devant son jambon grillé/purée, ce qui est un comble car c’est son plat préféré. Pulchérie la boucle. On en profite, c’est tellement rare. Elle doit sentir venir le coup de Sirroccccco qui l’attend dans la voiture… Du coup elle avale le jambon et la purée et se dévoue pour terminer celui de sa soeur (quelle abnégation !)

  • Pour le dessert, elles n’ont plus faim. Elles veulent bien une glace, mais alors une boule seulement alors que 3 sont prévues par coupe. Je demande si l’on peut servir une boule à chacune et compter juste un dessert. On me répond sèchement « ouiiiiiii »

  • Mrs Bibelot et moi ne prenons rien, non merci, j’ai le riz gélatineux qui me plombe l’estomac et elle, commence à se débattre avec ses rognons. Il y a des luttes de ce genre qui peuvent perdurer plusieurs jours. Le garçon insiste, du coup nos précisions ne le satisfont pas.

  • La jolie blonde répond toujours au téléphone, de plus en plus mal aimable et de plus en plus mal embouchée. Le restaurant est complet, elle ne peut prendre personne (????)

  • L’addition arrive. Moment historique. J’arrive à faire rayer pour Mrs Bibelot « langue sauce piquante + rognons » et je rouspète pour les desserts. Pour chaque fille on a compté un dessert complet (donc 6 boules au lieu de 2). On m’a rajouté des cafés non bus (car jamais commandés) et pour moi un supplément pour le riz.

  • J’arrive à faire descendre l’addition en menaçant de faire un scandale. Delphine est toute pâle (pas de scandale, pas de scandale… petite mère)

  • De guerre lasse, je paye, et nous quittons cet endroit maudit où nous avons si mal mangé, pour si cher.

  • Et Pulchérie se prend le coup de Sirrrroccco dans la voiture.

  • Son grand père nous demandera le lendemain pourquoi nous ne lui avons pas flanqué une claque à lui dévisser la tête avant de rentrer chez Léééonnnnn (2 fois moins cher en prenant la totale et nous savons que nous nous serions régalée, enfin moi la fois où je suis allée chez Léon, je me suis régalée)

Bonne question…

On ne flanque pas une claque à une emmerdeuse sur les champs Elysées…

Car la vie n’est qu’un long calvaire…

Puisque c'est comme ça, je retiens ma respiration jusqu'à ce qu'il m'arrive quelque chose…

je-retiens-ma-respiration-bis1

Ne voulant pas usurpiller un titre à ma méchante (qui m’a bien fait rire ICI), j’ai poussé l’abnégation jusqu’à relire « Astérix en Hispanie » et les autres d’ailleurs au passage, mon abnégation n’ayant pas de limites…

Il faut dire que dans la famille, la culture « Astérix », « Gaston » « Frankin » est très forte, avec, pour l’ancienne génération celle de « Lucky Luke » en plus, que les filles n’ont jamais lu sans savoir ce qu’elles perdent, mais je ne perds pas espoir…

Pour constater que le sale gosse « mon nom c’est Périclès mais dans la famille on m’appelle pépé », se contente de retenir sa respiration, ce qui revient au même me direz-vous (par rapport au titre de ma méchante).

En bref, de A à Z le sale môme emmerde tout le monde, les romains, les gaulois, et pourrit le voyage qui doit le ramener chez lui avec de bêtes histoires de menus. Hilarant.

Ce qui est moins hilarant, c’est le chantage du même style que nous infligent certains proches, moins proches, collègues…Si seulement ils pouvaient retenir leur respiration jusqu’à se dégonfler d’eux même au lieu de penser ou dire bien fort, en nous gonflant, nous :

Au hasard :

  • Puisque c’est comme ça je ne parle plus (si seulement c’était vrai, sauf que du coup elle ne décroche plus le téléphone non plus !)
  • Puisque c’est comme ça je ne mangerai pas de dessert (on s’en fout, sauf qu’à 40 ans c’est vraiment gamin)
  • Puisque vous vous ne m’avez pas laissé une part du dessert (dont le chieur (chieuse) ne voulait pas), je rentre chez moi à pied, et c’est sensé nous faire de la peine, ou peur, ou je ne sais trop quoi qu’il (elle) fasse 3 km à pied ???
  • Puisque c’est comme ça je m’en vais (on s’en fout, sauf si c’est le plombier après avoir démonté la chasse d’eau sans l’avoir remontée)
  • Puisque c’est comme ça je ne touche plus à l’ordinateur (quelle heureuse initiative venant trop tard, elle a téléchargé un virus)
  • Puisque c’est comme ça, je ne viens pas déjeuner avec vous (c’est cela, boude !)
  • Puisque c’est comme ça… GNAGNAGNA
  • Il est à noter que pour des choses importantes, par exemple des problèmes de linge sale qui n’est pas dans le panier ad hoc, la mère ou épouse indigne se contente de dire « je ne lave plus le linge qui n’est pas dans le panier », sans retenir sa respiration…

Fort heureusement pour les adeptes du « puisque c’est comme ça » le ridicule n’a jamais tué personne.

D’autant que le « puisque c’est comme ça« , suit généralement une réflexion anodine et souvent parfaitement justifiée que les adeptes ont amplement cherchée.

Exemple : Albert critique tout et tout le monde. Faut pas faire comme ci, t’aurais dû faire comme ça, moi j’aurais procédé autrement. Après avoir critiqué sa femme,  son père, sa mère, ses frères et ses soeurs sans avoir de marteau, il s’entend demander par un(e) « mal luné(e) » (d’après lui) « tu ne peux pas arrêter de critiquer tout le monde ? » ou déclarer « ferme ta gueule tu fais chier ».

Ben puisque c’est comme ça (puisqu’on le critique alors qu’il passe son temps à ça) il retient sa respiration, ou il s’en va, ou il se prive de dessert, ou il met des coups de pied dans sa voiture (bien fait pour elle !)

C’est la collègue touche à tout qui n’y connait rien mais veut apprendre, sans surtout prendre de leçons. Tendez-lui le mode d’emploi de Word en 580 pages avec un sourire même pas ironique et elle se sent immédiatement en dessous de tout (ce qu’elle est effectivement, ne sachant même pas changer de police ou justifier à droite, ne parlons pas de lui faire faire un tableau ou de passer de « portrait » en « paysage »).

Comme elle ne demandera pas comment faire et ne lira pas les 580 pages, ce que personne ne lui demande, mais juste de consulter le bon chapitre au cazou, elle se connecte sur internet pour se renseigner et paf, chope un cheval de Troie. Puisque c’est comme ça, elle retient sa respiration, mais comme personne ne le remarque, elle ne touchera plus à l’ordi qu’un flingue sur la tempe. Personne ne se cotise pour offrir à Truchon un flingue, on n’est jamais trop prudent… A nous les merdes pendant qu’elle se fait les ongles…

C’est la critiqueuse à tout va au boulot, qui passe la moitié de son temps à décortiquer les tenues, parfums, couleurs de rouges à lèvres et maquillages des autres pour critiquer avec une autre critiqueuse : « tu as vu, elle a mis les mêmes boucles d’oreille qu’hier ». Pour se prendre dans la tronche un jour une remarque cinglante « ton vernis est écaillé », parce qu’évidemment, personne ne la loupe.

Ben puisque c’est comme ça, elle ne vous cause plus et retient sa respiration en passant devant votre bureau. A l’autre critiqueuse elle cause toujours par contre et on attend en vain qu’elle s’étouffe dans sa connerie.

Il y a celui qui a le gosier en pente, de celle qu’on ne veut surtout jamais, jamais avoir à remonter en vélo, qui observe les verres de tout le monde, et remarque bien ce que l’on boit ce jour là on l’on n’a pas à prendre sa voiture. Et qui prend très mal le « tu ferais mieux de surveiller tes verres à toi ».

Ben puisque c’est comme ça il ne boira plus, il vous emmerde tous, à pied, à cheval et en voiture. Enfin non, pas en voiture, parce qu’on lui a confisqué ses clefs… Et que puisque c’est comme ça, sa femme en ayant marre, il couchera à l’hôtel du cul tourné ce soir.

Il y a le patron caractériel qui s’imagine que tout le monde glande dans la boîte à 45 H par semaine sans être payé plus,  et que puisque c’est comme ça, il va espionner toutes les boîtes mails, et est donc obligé d’y passer ses nuits. Du coup il a une tronche de linceul et au bout de 3 jours l’énergie d’une moule sur son rocher. Ca ne le décourage pas, il fait bosser l’informaticien pour faire tout transférer chez lui et travailler la nuit de son lit. Sa femme est ravie et… (voir ci-dessus). Tout cela pour s’apercevoir qu’il n’y a pas que lui qui bosse. Par contre il n’y a que lui qui fait chier le monde, mais ça, il ne le reconnaîtra jamais parce que si un cadre supérieur lui en fait la remarque il retient sa respiration.

Mais tout ça finalement, ce sont leurs problèmes…

La vie n’est qu’un long calvaire, et si je n’ai pas au moins 40 commentaires, je retiens ma respiration moi aussi, après tout, j’aurais tort de me priver…

DIABOLOS RESPIRE, NE T’OCCUPE PAS DE MON BLOG, TU AS DES CROQUETTES !!!

Petite info de Miss Julie qui peut être utile : ICI