Les patates sautées de la grand-mère… (histoire vraie)

  • « Ah les patates sautées de ma grand mère. Quel délice, quelle merveille. Je ne les ai jamais retrouvées. Nulle part. Chez personne. SNIFF ! »
  • « Non Bibelot, en fait, elle les faisait dans une cocote en fonte, la noire, comme la tienne, sauf que sa cocote en fonte à elle devait avoir un truc en plus ».
  • « Peut-être que cela venait du poêle à bois ? »
  • « Ah Coraline, non, en fait, le secret, c’est que dès qu’elle se mettait à ses patates sautées, elle ne les lâchait pas du tout ».
  • « Le secret des PDT sautées c’est qu’il faut les retourner tout le temps, SNIF ».
  • « On reste à côté. On les retourne tout le temps, tout le temps, tout le temps, SNIF »
  • « Moi ? non, je n’ai jamais essayé ».
  • « Ah, les patates sautées de ma grand mère : SNIF, je ne les retrouverai jamais… »

Jean Poirotte. Mon père. Le chieur de service de temps à autre. Malgré tout le respect que je lui dois, il est également le roi de la mauvaise foi.

Un jour j’ai donc décidé de faire des patates sautées comme mon arrière grand mère. Qu’il en avait des trémolos dans la voix en en causant. C’était l’époque où j’habitais chez mes parents avec les filles, en attendant des jours meilleurs.

J’ai sorti la cocotte en fonte, pris les bonnes PDT que j’ai coupées dans la bonne taille, et j’ai tout fait rissoler en restant à côté. Pas un morceau de patate n’a été épargné par la cuisson, rien n’a attaché. J’ai remué la cocotte, j’ai fait rissoler les PDT dans la cocotte, bref, telle mon arrière grand mère, je n’ai pas lâché les patates un seul instant. Elles étaient admirablement dorées de tous les côtés, et moi je sentais la frite.

Sans oublier une pointe d’ail, le persil, le sel et le poivre (dont la seule évocation par Jean Poirotte vous donnerait l’envie de vous ouvrir les veines)

Et j’ai servi les patates aux filles et à ma mère, en gardant les plus croustillantes pour mon petit papa chéri.

Qui m’a déclaré que cela ressemblait fichtrement aux patates de sa grand mère (merci mon dieu).

Et précisé :

  • « Moi de toutes manières, je ne tiens pas aux patates sautées, je n’ai jamais apprécié les patates sautées spécialement, je préfère la purée« .

Réponse pensée mais non dite :

  • Parricide, marteau, scie circulaire, tronçonneuse, cocotte de fonte dans la tronche ou sur le crâne, patate en purée épaisse pour étouffer, et l’arrière grand mère solidaire, venant secouer ses chaînes patates quand il dort en faisant plein de bruit !

BREF ! Quand il a parlé APRES, du RIZ AU LAIT de sa mère, avec des trémolos dans la voix, nous lui avons fait de la colle avec maman, qui avait été soufflée par sa déclaration sur les patates sautées.

Manque de bol on tombait bien : c’était la colle de sa mère dont il avait la nostalgie. Et la compote de pommes allant avec. « Cramée » également. On a tout fait bien, comme sa mère le loupait, en voulant juste venger le coup des patates sautées…

Sinon, en ce qui concerne les patates sautées, du coup je suis la reine. Mais ne me parlez surtout pas de votre grand mère. SURTOUT PAS… D’ailleurs Jean Poirotte n’y fait plus jamais allusion depuis qu’il est de corvée pour faire les dites patates.

Faut pas charrier non plus.

J’ai failli oublier : la vie n’est qu’un long calvaire… (et la mauvaise foi de mon père est tout simplement admirable régulièrement, sauf qu’il ne l’admettra JAMAIS).