Les coups de vieux…

Coup de vieux 2Avant toute chose, si quelqu’un sait comment faire partir le commentaire qui figure sur l’image d’illustration, alors qu’avant NON, qu’il n’hésite pas à se faire connaître ! (il aura droit à ma reconnaissance éternelle…)

Cet avis de recherche étant bien visible, je vais vous parler des coups de vieux, tels que je les entends (enfin, ressens…)

Il ne s’agit pas de la première ride, ou du premier cheveu blanc qui fait parfois hurler certaines jeunes femmes…

Non, c’est plus subtil…

  • BB a déjà un mois
  • BB rentre déjà à l’école
  • BB apprend déjà l’histoire
  • Donc au passage, BB vous demande si vous avez connu :
    Jules César et Vercingétorix
    Saint Louis
    Louis XI ?
    Louis XIV alors ? (ton plein d’espoir)
    Napoléon ? (n’y croit plus)
    Pour conclure en s’énervant : mais tu n’as connu personne !
  • BB vient d’avoir son bac
  • BB a quelqu’un dans sa vie
  • BB se marie
  • BB va être parent à son tour. D’ailleurs il ne vous demandera jamais votre avis sur rien de ce qui concerne l’élevage des enfants, vu que lui l’a été à une époque quasi néandertalienne…

Pendant que BB faisait tout cela, il y a eu d’autres trucs…

  • Alors que BB vous avait salement fait remarquer « à ton âge tu ne peux pas comprendre maman » ou un « à ton époque peut-être mais plus maintenant »…
  • Un vieux fichier s’est allumé quelque part, et 3 jours après votre 40ème anniversaire, vous recevez votre première proposition de convention obsèques ! A prix défiant toute concurrence évidemment, vous auriez tort de vous priver.
  • Parce que les propositions de convention obsèques vont se succéder année après année, en vous signalant que vu votre âge, maintenant les cotisations sont plus chères.
  • On commence à avoir les bras trop courts pour lire
  • Et aussi quelques couacs dans une articulation réputée dans la famille pour avoir flingué les vieux jours de tous vos ancêtres…
  • BB et sa soeur passant à la maison, se sont extasiés avec plein de nostalgie dans la voix : « oh une pièce de 2 F« 
  • 5 ans plus tard, votre neveu en visite, regarde votre collection de vieilles pièces et vous demande « c’est de la monnaie de quel pays tatie ? »
  • Est-ce que vous aviez le droit à un téléphone portable dès 12 ans vous ?
  • Comment ça ça n’existait pas ? (merde elle ne va pas pouvoir défendre ma cause auprès de maman…)
  • Et la télé couleur avec plein de chaines non plus ? Mon Dieu, ils ne pensaient pas que vous étiez si vieille…
  • Vos groupes préférés sont quasi inconnus des jeunes
  • ON vous suggère de ne plus mettre votre date de naissance sur votre CV, et de retirer le premier 1/3 de votre parcours professionnel.
  • Dans 10 ans, il faudra en retirer les 3/4…
  • Dans 15 ans, ce ne sera même plus la peine d’envoyer un CV.
  • La semaine qui suit vos 50 ans (décidément le temps passe), vous recevez un avis pour passer votre premier écrasage de seins entre deux plaques première mammographie (à renouveler tous les deux ans)
  • Et pour tout le monde, vu que je ne peux pas oublier le sexe masculin sur ce coup là, un test de dépistage du cancer colo-rectal avec le kit main libre qui va bien pour le faire tout(e) seul(e) chez vous, dans la joie et la bonne humeur naturellement
  • Dans le même temps, la convention obsèques fait un bond de plus vers la hausse.
  • Le banquier vous suggère de prendre une assurance vie sur les têtes de BB et de sa soeur…
  • Les plus jeunes commencent à vous parler systématiquement en haussant le ton alors que vous entendez parfaitement.
  • Le flic contrôle plusieurs fois le rapport entre la photographie sur votre permis de conduire passé à 18 ans, et votre visage
  • ETC…  ETC…

C’est cela le coup de vieux. Le jeune homme qui se lève dans le train pour vous laisser sa place, alors que visiblement vous ne pouvez plus être en cloque. Ce n’est pas un cheveu blanc qui peut parfaitement se teindre…

Ou bien le jeune homme qui se précipite dessus pour vous agresser, comme si vous n’aviez plus la tête de quelqu’un capable de se défendre, parce que vous assumez vos 15 cheveux blancs.

C’est au choix…

La vie n’est qu’un long calvaire…

Les filles, bougez vous le cul… (réédition)

Bon, alors, je sais que la visite annuelle chez le gynéco, n’a rien de réjouissant loin de là… Vous n’en voyez finalement pas l’utilité malgré les campagnes de prévention toutes plus loupées les unes que les autres. Et vous essayez de passer à une fois tous les 2 ans, voire une fois tous les 3 ans. Ceci aidées par la SS (LA SECU !) en déficit, qui trouve sans doute que payer pour soigner c’est moins cher que pour la prévention, la vraie. Parce qu’un frottis tous les 2 ou 3 ans, comme prôné par elle, c’est insuffisant.

Ayant constaté que les jeunes femmes deviennent de plus en plus réticentes et imprudentes, je vais donc vous raconter pourquoi c’est utile, désagréable mais obligatoire. Vous allez comprendre pourquoi il vaut mieux perdre 1/2 H par an (allez, 1 H avec l’attente !) pour s’éviter des années de désagrément. Ce qui suit est 100 % authentique et non exagéré.

  • 1988 (j’avais 30 ans) lors de ma visite ANNUELLE chez la gynéco, j’avais une mycose donc, aucun frottis n’a été effectué. Elle m’a précisé de revenir dans 3 mois, mais vous pensez bien que je ne l’ai pas écoutée, j’avais effectué ma corvée, juste 6 mois après mon dernier frottis, j’avais le temps…
  • 1989, Albert me quitte en me laissant encore une mycose. J’avais autre chose à faire que d’aller me faire trifouiller le kiki par une femme pourtant charmante et psychologue.
  • 1990 : le frottis est fait et chez moi c’est la totale, le col est mal orienté, ça prend un temps fou. Allez savoir pourquoi j’oublie le frottis dans mon sac. J’ai 32 ans, cet examen c’est de la daube et je le jette.
  • 1991 : je me pousse chez une nouvelle gynéco qui procède au prélèvement obligatoire. J’ai beau avoir accouché 2 fois, c’est toujours une épreuve, avec un utérus rétroversé, un col qui se balade, et la haine de la position sur la table. La nouvelle est sympa, elle essaye de me détendre en faisant de l’humour, sauf que je ne suis pas en position pour avoir envie de sourire. Je poste le frottis.
  • 1991 : le téléphone sonne. Un dimanche. C’est la gynéco. Elle a reçu les résultats de mon frottis. Ca ne va pas du tout. Elle m’attend demain lundi de toute urgence. Je balise.
  • 1991 : entre le dimanche 11 H 30 et le RV du lundi 18 H 30, on a le temps de baliser et le sommeil devient une option. Un rat s’est installé dans mon estomac et m’empêche de manger et de vivre normalement.
  • 1991, mars : le lundi 18 H 30. Mon frottis n’est même plus au stade III. J’ai un cancer du col. « In situ » certes, mais un cancer. (Fin 1987, tout était parfait, nomination « I » (classement changé depuis)). Bel et bien un cancer qui s’est installé en largement moins de 4 ans. Elle ne pèse pas ses mots, elle sait que si elle minimise trop je peux zapper ce qu’il faut faire (elle me l’avouera après : beaucoup de femmes zappent si l’on minimise et se font traiter trop tard). Elle m’a pris RV chez un spécialiste, à Paris. Elle m’explique gentiment qu’il est encore largement temps, que tout se passera bien, et ce que l’on va me faire. J’en frémis d’horreur et j’ai toujours un rat qui me bouffe l’estomac.
  • 1991 : je pleure. J’espère encore avoir un troisième enfant. Pulchérie a 10 ans, Delphine 7. Que vont devenir mes petites puces si je dois mourir de cette saloperie ? Leur vision d’elles pleurant à mon enterrement m’empêche de dormir.
  • 1991 : je pleure toujours. Je viens de passer la porte d’un service de « cancérologie féminine ». C’est écrit en gros. Le professeur me demande si j’ai eu un choc affectif important au cours des 3 années précédentes. J’apprendrais bien plus tard que cela a un impact. De toutes manières je ne peux lui dire que « oui » (merci Albert !). Il reste dubitatif, parce que je suis négative aux papillomachintruc-chose et autres, contre lesquels il y a un vaccin désormais (je ne dis pas que c’est du pipeau), et retient l’option « choc affectif ».
  • 1991 : le professeur est ce qu’il est, et surtout pas aimable. Il m’aboie de retirer ma culotte pour la biopsie, parce que je l’avais gardée pour monter sur la table, précise à l’infirmière : « passez-moi une pince à biopsie, et pas comme tout à l’heure, une qui coupe ». Avant de faire la biopsie, sans me demander mon avis, il fait défiler 7 internes pour leur montrer l’état de mon col (il ne voit rien), qu’un col ça peut avoir une drôle de tête (le mien regarde vers la droite), et comment que l’on colore un col pour voir la lésion (qui est là, regardez bien…).
  • 1991 : je ne suis pas en état de protester devant le défilé des internes qui vérifient qu’en colorant un col, on peut voir une petite tache suspecte. Si je proteste j’ai peur que le professeur X ne me loupe avec la pince à biopsie qui théoriquement coupe. Je dois être honnête, je n’ai rien senti de désagréable, à part mes jambes qui tremblaient vu la position que je devais tenir, juste un vague chatouillement qui lui a permis de m’assurer que je n’étais pas douillette, contrairement à ce que j’avais dit. Mais bon, grâce au défilé des internes, l’examen et le prélèvement ont pris 1 H 30… Et je sais qu’il aurait dû me demander ma permission…
  • 1991 : un lundi : professeur X au téléphone. C’est bien un cancer « in situ ». Il m’opère la semaine prochaine. Finalement non, il a de la place jeudi.
  • 1991 : je pleure. S’il ne laisse pas de temps passer, c’est que c’est grave. Tout le monde me ment. Je regarde mes filles innocentes en me disant que je vais les rendre orphelines. Je regarde mes parents chez lesquels je vis, qui affichent pour moi un optimisme forcément faux. Ils savent… Ils doivent s’inquiéter dans mon dos. Toujours un sommeil fragmenté, des cauchemars, la trouille.
  • 1991 : je suis à l’hôpital et je suis opérée demain. On va me retirer le bout de col qui est envahi par du « in situ ». Je pleure. Et si j’allais rester sur la table ? Et si je ne guérissais pas ? Et si je n’allais plus pouvoir faire une petite soeur aux filles ? (cela a été le cas)… Une infirmière sympa essaye de me remonter en vain le moral, et de guerre lasse me refile un comprimé pour dormir, mon cul.
  • 1991 : je me réveille. J’ai mal. On ne m’a rien dit sur le déroulement de l’opération. J’ai un ballon dans l’utérus pour éviter qu’il ne se rétracte sur le curetage qui a été fait (quel curetage ? Pourquoi ?) et un genre de sonde « pompe à vélo » qui me sort de… Je le découvre avec terreur en allant faire mon premier petit pipi. Bonjour l’hygiène d’ailleurs, mais le professeur désagréable à qui je le précise avec aigreur, me déclare qu’il est au courant et qu’il se bat en vain (et il se bat contre lui-même qui n’informe pas ses patientes ?)
  • 1991 : visite post opératoire après biopsie du morceau retiré, 2 semaines après l’opération. 2 semaines de joie et de sérénité bien sûr… Le professeur X me précise qu’il m’a retiré 2 cm à l’intérieur du col, gros comme un haricot vert. Comme il ne précise pas s’il s’agit d’un mange tout ou d’un extra fin, j’ai l’impression d’être mutilée. Les examens sont formels : il est repassé en zone saine, la biopsie de l’endomètre s’est révélée normale (d’où le curetage). Pour lui TVB, il me rend à ma gynéco, d’autant plus que je l’ai consulté non en privé (à prix prohibitif) mais en prix public. Je peux reprendre une vie de nonne normale, tout est rentré dans l’ordre, sauf que…
  • 1991 : j’ai droit à un frottis tous les 3 mois. J’y vais ponctuellement, en regrettant amèrement les années où j’ai zappé ce fichu frottis, le moment où l’on aurait pu voir que les choses commençaient à se gâter. Le moment où l’on aurait pu faire moins lourd que ce que j’ai subi, le pire étant l’attente des résultats. J’ai toujours cette peur au ventre de l’attente des résultats, aujourd’hui plus rapides. Et puis je vis désormais le soulagement de voir l’enveloppe du laboratoire : quand ça merde, on ne nous envoie pas les résultats, c’est le médecin qui téléphone. Et ça rassure de l’avoir en ligne un dimanche…
  • 1993 : je passe à un frottis tous les 6 mois, puis en 1995, à un frottis tous les 9 mois. Nouvelle gynéco à nouveau qui me précise que c’était limite quand on m’a opérée…
  • 2001 : 10 ans se sont passés depuis l’opération, je peux passer à un frottis tous les ans. Tout continue à aller bien. Des frottis de rêve… (les résultats…)
  • 2006 : les résultats sont toujours excellents. Le docteur Acromion m’assure avec certitude que là, je peux passer sans risques à 1 frottis tous les 2 ans. Parce que je n’ai plus 33 ans. Parce que mes hormones se calment. Parce que le cancer du col, contrairement à ce que l’on pense, frappe les jeunes femmes de préférence.

Maintenant, tous les deux ans, tout va toujours bien, mais je ne zappe plus du tout cet examen, même si je l’appréhende avec toujours un petit pincement au coeur dans l’attente des résultats.

Alors les filles, bougez vous le cul pour aller le poser sur la froide table du gynéco, respirez bien fort, pensez qu’il ne s’agit que de quelques minutes désagréables par an dans votre vie, à passer…

A zapper le minimum de désagrément, on ne sait jamais ce que l’on se réserve.

Alors, les filles, et les miennes comprises hein ? n’oubliez pas le frottis !

Il peut vous sauvez la vie, votre descendance future, votre sérénité, et votre joie de vivre…

Les filles bougez vous le cul (c'est le cas de le dire)…

Bon, alors, je sais que la visite annuelle chez le gynéco (tous les deux ans pour ma méchante qui a avoué sur son blog son forfait, Delphine on n’en parle même pas…), n’a rien de réjouissant loin de là, sauf pour quelques pervers, curieusement tous mâles… Vous n’en voyez finalement pas l’utilité malgré les campagnes de prévention toutes plus loupées les unes que les autres. Et vous essayez de passer à une fois tous les 2 ans, voire une fois tous les 3 ans. Ceci aidées par la SS (LA SECU !) en déficit, qui trouve sans doute que payer pour soigner c’est moins cher que pour la prévention, la vraie. Parce qu’un frottis tous les 2 ou 3 ans, comme prôné par elle, c’est insuffisant.

Je vais donc vous raconter pourquoi c’est utile, désagréable mais obligatoire. Vous allez comprendre pourquoi il vaut mieux perdre 1/2 H par an (allez, 1 H avec l’attente !) pour s’éviter des années de désagrément. Ce qui suit est 100 % authentique et non exagéré.

  • 1988 (j’avais 30 ans) lors de ma visite ANNUELLE chez la gynéco, j’avais une mycose donc, aucun frottis n’a été effectué. Elle m’a précisé de revenir dans 3 mois, mais vous pensez bien que je ne l’ai pas écoutée, j’avais effectué ma corvée, juste 6 mois après mon dernier frottis, j’avais le temps…
  • 1989, Albert me quitte en me laissant encore une mycose. J’avais autre chose à faire que d’aller me faire trifouiller le kiki par une femme pourtant charmante et psychologue.
  • 1990 : le frottis est fait et chez moi c’est la totale, le col est mal orienté, ça prend un temps fou. Allez savoir pourquoi j’oublie le frottis dans mon sac. J’ai 32 ans, cet examen c’est de la daube et je le jette.
  • 1991 : je me pousse chez une nouvelle gynéco qui procède au prélèvement obligatoire. J’ai beau avoir accouché 2 fois, c’est toujours une épreuve, avec un utérus rétroversé, un col qui se balade, et la haine de la position sur la table. La nouvelle est sympa, elle essaye de me détendre en faisant de l’humour, sauf que je ne suis pas en position pour avoir envie de sourire. Je poste le frottis.
  • 1991 : le téléphone sonne. Un dimanche. C’est la gynéco. Elle a reçu les résultats de mon frottis. Ca ne va pas du tout. Elle m’attend demain lundi de toute urgence. Je balise.
  • 1991 : entre le dimanche 11 H 30 et le RV du lundi 18 H 30, on a le temps de baliser et le sommeil devient une option. Un rat s’est installé dans mon estomac et m’empêche de manger et de vivre normalement.
  • 1991, mars : le lundi 18 H 30. Mon frottis n’est même plus au stade III. J’ai un cancer du col. « In situ » certes, mais un cancer. (Fin 1987, tout était parfait, nomination « I » (classement changé depuis)). Bel et bien un cancer qui s’est installé en largement moins de 4 ans. Elle ne pèse pas ses mots, elle sait que si elle minimise trop je peux zapper ce qu’il faut faire (elle me l’avouera après : beaucoup de femmes zappent si l’on minimise et se font traiter trop tard). Elle m’a pris RV chez un spécialiste, à Paris. Elle m’explique gentiment qu’il est encore largement temps, que tout se passera bien, et ce que l’on va me faire. J’en frémis d’horreur et j’ai toujours un rat qui me bouffe l’estomac.
  • 1991 : je pleure. J’espère encore avoir un troisième enfant. Pulchérie a 10 ans, Delphine 7. Que vont devenir mes petites puces si je dois mourir de cette saloperie ? Leur vision d’elles pleurant à mon enterrement m’empêche de dormir.
  • 1991 : je pleure toujours. Je viens de passer la porte d’un service de « cancérologie féminine ». C’est écrit en gros. Le professeur me demande si j’ai eu un choc affectif important au cours des 3 années précédentes. J’apprendrais bien plus tard que cela a un impact. De toutes manières je ne peux lui dire que « oui » (merci Albert !). Il reste dubitatif, parce que je suis négative aux papillomachintruc-chose et autres, contre lesquels il y a un vaccin désormais (je ne dis pas que c’est du pipeau), et retient l’option « choc affectif ».
  • 1991 : le professeur est ce qu’il est, et surtout pas aimable. Il m’aboie de retirer ma culotte pour la biopsie, parce que je l’avais gardée pour monter sur la table, précise à l’infirmière : « passez-moi une pince à biopsie, et pas comme tout à l’heure, une qui coupe ». Avant de faire la biopsie, sans me demander mon avis, il fait défiler 7 internes pour leur montrer l’état de mon col (il ne voit rien), qu’un col ça peut avoir une drôle de tête (le mien regarde vers la droite), et comment que l’on colore un col pour voir la lésion (qui est là, regardez bien…).
  • 1991 : je ne suis pas en état de protester devant le défilé des internes qui vérifient qu’en colorant un col, on peut voir une petite tache suspecte. Si je proteste j’ai peur que le professeur X ne me loupe avec la pince à biopsie qui théoriquement coupe. Je dois être honnête, je n’ai rien senti de désagréable, à part mes jambes qui tremblaient vu la position que je devais tenir, juste un vague chatouillement qui lui a permis de m’assurer que je n’étais pas douillette, contrairement à ce que j’avais dit. Mais bon, grâce au défilé des internes, l’examen et le prélèvement ont pris 1 H 30… Et je sais qu’il aurait dû me demander ma permission…
  • 1991 : un lundi : professeur X au téléphone. C’est bien un cancer « in situ ». Il m’opère la semaine prochaine. Finalement non, il a de la place jeudi.
  • 1991 : je pleure. S’il ne laisse pas de temps passer, c’est que c’est grave. Tout le monde me ment. Je regarde mes filles innocentes en me disant que je vais les rendre orphelines. Je regarde mes parents chez lesquels je vis, qui affichent pour moi un optimisme forcément faux. Ils savent… Ils doivent s’inquiéter dans mon dos. Toujours un sommeil fragmenté, des cauchemars, la trouille.
  • 1991 : je suis à l’hôpital et je suis opérée demain. On va me retirer le bout de col qui est envahi par du « in situ ». Je pleure. Et si j’allais rester sur la table ? Et si je ne guérissais pas ? Et si je n’allais plus pouvoir faire une petite soeur aux filles ? (cela a été le cas)… Une infirmière sympa essaye de me remonter en vain le moral, et de guerre lasse me refile un comprimé pour dormir, mon cul.
  • 1991 : je me réveille. J’ai mal. On ne m’a rien dit sur le déroulement de l’opération. J’ai un ballon dans l’utérus pour éviter qu’il ne se rétracte sur le curetage qui a été fait (quel curetage ? Pourquoi ?) et un genre de sonde « pompe à vélo » qui me sort de… Je le découvre avec terreur en allant faire mon premier petit pipi. Bonjour l’hygiène d’ailleurs, mais le professeur désagréable à qui je le précise avec aigreur, me déclare qu’il est au courant et qu’il se bat en vain (et il se bat contre lui-même qui n’informe pas ses patientes ?)
  • 1991 : visite post opératoire après biopsie du morceau retiré, 2 semaines après l’opération. 2 semaines de joie et de sérénité bien sûr… Le professeur X me précise qu’il m’a retiré 2 cm à l’intérieur du col, gros comme un haricot vert. Comme il ne précise pas s’il s’agit d’un mange tout ou d’un extra fin, j’ai l’impression d’être mutilée. Les examens sont formels : il est repassé en zone saine, la biopsie de l’endomètre s’est révélée normale (d’où le curetage). Pour lui TVB, il me rend à ma gynéco, d’autant plus que je l’ai consulté non en privé (à prix prohibitif) mais en prix public. Je peux reprendre une vie de nonne normale, tout est rentré dans l’ordre, sauf que…
  • 1991 : j’ai droit à un frottis tous les 3 mois. J’y vais ponctuellement, en regrettant amèrement les années où j’ai zappé ce fichu frottis, le moment où l’on aurait pu voir que les choses commençaient à se gâter. Le moment où l’on aurait pu faire moins lourd que ce que j’ai subi, le pire étant l’attente des résultats. J’ai toujours cette peur au ventre de l’attente des résultats, aujourd’hui plus rapides. Et puis je vis désormais le soulagement de voir l’enveloppe du laboratoire : quand ça merde, on ne nous envoie pas les résultats, c’est le médecin qui téléphone. Et ça rassure de l’avoir en ligne un dimanche…
  • 1993 : je passe à un frottis tous les 6 mois, puis en 1995, à un frottis tous les 9 mois. Nouvelle gynéco à nouveau qui me précise que c’était limite quand on m’a opérée…
  • 2001 : 10 ans se sont passés depuis l’opération, je peux passer à un frottis tous les ans. Tout continue à aller bien. Des frottis de rêve… (les résultats…)
  • 2006 : les résultats sont toujours excellents. Le docteur Acromion m’assure avec certitude que là, je peux passer sans risques à 1 frottis tous les 2 ans. Parce que je n’ai plus 33 ans. Parce que mes hormones se calment. Parce que le cancer du col, contrairement à ce que l’on pense, frappe les jeunes femmes de préférence.
  • 2008 : le temps revient du frottis… Bien sûr je déteste cet examen et j’irai à reculons, après avoir pris un anxyolitique. Mais cet examen m’a jadis sauvé la vie, voyez-vous. Au stade galopant où j’en étais, j’étais bonne 2 ans plus tard au plus, pour un cancer invasif, beaucoup plus difficile, voire impossible à guérir. Devant mes résultats passés, le Dr Acromion me l’a confirmé.

Alors les filles, bougez vous le cul pour aller le poser sur la froide table du gynéco, respirez bien fort, pensez qu’il ne s’agit que de 20 minutes désagréables par an dans votre vie, à passer…

A zapper le minimum de désagrément, on ne sait jamais ce que l’on se réserve. Et je sais que ce troisième enfant que je n’ai pas pu avoir, c’est le morceau de col que l’on m’a retiré qui me l’a probablement interdit…

Alors, les filles, et les miennes comprises hein ? n’oubliez pas le frottis !

Il peut vous sauvez la vie, votre descendance future, votre sérénité, et votre joie de vivre…

PS : ce post sera réédité régulièrement, de manière à ce que, en ayant tellement marre, vous veniez me dire que bon, c’est fait. (Ophise ne te sens pas spécialement visée…). Epargnez moi l’envoi du scan des résultats, je vous croirai sur parole (sauf mes filles, mais ça se règle à part…)