"Des grives aux loups", "Les palombes ne passeront plus"

Je n’avais pas lu ces deux livres depuis combien de temps ? 15 ans. L’envie frénétique de les relire m’a prise il y a 3 semaines. Jean Poirotte et Mrs Bibelot en ont décidé de ranger leurs bibliothèques pour me les retrouver (souhaitez leur bon courage pour le rangement total, le nombre de livres qu’ils ont est inimaginable, un peu comme chez moi, mais avec 20 ans de plus… et en comptant que je leur emprunte de la lecture que je n’achète donc pas).

Les deux livres sont retrouvés, avec le 3ème tome, que je n’ai jamais lu. Je déteste quand le personnage principal change, j’ai le droit d’être une lectrice emmerdante.

Je ne sais pas au fond pourquoi j’aime ce livre, les deux tomes n’en formant qu’un. J’ai toujours aimé les histoires sentant bon le terroir.

Bien sûr je n’aimerais pas avoir vécu la vie des héros telle qu’il l’on vécue. C’est l’histoire de l’amour de la terre avant tout, et de ce qu’elle produit, des animaux d’élevage, qui ne laissent aucun WE, c’est l’histoire d’une vie qui va de soi, sans révolte contre sa condition qui est le propre de ceux qui côtoient la nature sans révolte. Cette condition est celle d’une certaine résignation face à certains évènements que l’homme ne maîtrise pas. Celui qui cultive la terre peut toujours être victime du gel précoce, de la grêle, de la pluie trop longue, des attaques de parasites. Il se résigne et se bat année après année.

C’est l’histoire d’un couple qui s’aime jusqu’au bout.

C’est l’histoire de la mort du patriarcat pressenti dès le début de l’histoire, mais affirmé par le passage de la guerre de 14/18. Avec cette guerre, c’est également un changement de mentalité, et une façon d’aborder cette horrible guerre.

C’est l’histoire de la fin d’une époque où une ferme de 10 hectares pouvait vivre d’elle-même. C’est l’histoire de la mort de l’agriculture dans un pays agricole, malgré ceux qui se battent.

C’est une histoire à lire pour comprendre ce qui a pu se passer dans le monde agricole, entre 1900 et maintenant.

Et à méditer… Parce qu’il y a beaucoup à y réfléchir. Nous avons baissé tous nos quotas, nous payons nos agriculteurs pour laisser en friche… Jusqu’au jour, et c’est déjà maintenant, où l’on se rendra compte que pour ne plus dépendre des autres, il faudra du temps…

Cette crise, qui se vit dans ce livre, nous la vivons encore, vraiment, aujourd’hui…

Le style est coulé, agréable à lire, les personnages attachants, et l’auteur sait vraiment de quoi il parle car son premier livre a été « j’ai choisi la terre »…

Claude Michelet : pour vivre ou revivre les souvenirs du passé de nos grands-parents et arrières-grands parents…