Les filles, leur mère, et le sapin de Noël…

Fille_et_sapin_356801110Quand les filles étaient petites, je profitais lâchement de leur séjour à l’école pour aller acheter puis faire le sapin toute seule comme une grande. Je gardais les autres décorations à faire avec elles… Quoique…

Pulchérie étant du 18 décembre (elle ne me le reprochera jamais assez, comme si mon souhait le plus ardent n’était pas qu’elle naisse le 15 quand tout à commencé, mais bon, d’accord, cela restait proche de Noël), je faisais le sapin juste avant. J’en prenais un vrai, et il fallait qu’il tienne jusqu’à l’arrivée des rois mages…

Et puis un jour elles ont été assez grandes (!) pour participer à la fête (la mise en place du sapin), et en avant pour l’étripage, les crêpages de chignon, les « je te hais » « pas plus que moi d’abord ». Et gnagnagna… Paix sur terre…

La chose se déroulait de la manière suivante.

  • J’allais acheter le sapin.
    Première année dans l’appart : sapin simple qui ruina la moquette avec ses aiguilles.
    L’année suivante sapin en pot que je pensais replanter dans le jardin des parents, que j’arrosais tous les jours matin et soir et qui ruina la moquette avec ses aiguilles.
    Année suivante : Nordman qui ne perdait pas ses aiguilles, mais s’effondra un beau jour comme un soufflé, à démoraliser n’importe qui.
    Année suivante : Nordman en pot qui s’effondra également avec juste 5 jours d’écart avec son prédécesseur.
    C’est un choc de rentrer chez soi pour retrouver le sapin les branches touchant terre… J’en avais marre, et profitais des soldes de janvier pour acheter un faux sapin faisant bien son effet (je reste difficile là-dessus). Et puis ce faux sapin, cela en ferait un de moins à sacrifier en fin d’année les années suivantes (voir Phobee dans Friends…)

  • Nous remontions de la cave les cartons relatifs à la décoration du sapin et de l’appartement + la crèche

  • Nous passions 2 heures à monter le sapin et mettre les branches en bon ordre pour qu’il fasse vrai.

  • Nous passions 2 heures à démêler les guirlandes électriques alors qu’elles avaient été bien rangées (les caves sont pleines de trolls qui viennent mettre le bazar dans vos cartons) et à les tester pour changer d’éventuelles ampoules.

  • Nous étions prêtes à vivre un grand moment de l’année, et effectivement cela l’était.

Voici le déroulement de l’opération, généralement un samedi (il faut le dimanche pour s’en remettre)  :

  • Je mets un CD de chants de Noël : ça met dans une ambiance de calme, de paix, de sérénité, dans l’ambiance de Noël.

  • Pulchérie commence à disposer mes instruments de musique dorés en les répartissant bien partout comme il faut, pendant que Delphine s’occupe exclusivement d’une façade du sapin en la surchargeant bien (la façade) avec des guirlandes à l’ancienne destinées à décorer le reste de l’appartement mais surtout pas le sapin (j’ai toujours privilégié les cheveux d’ange dorés).

  • Pulchérie rouspète que sa soeur n’a aucun goût. Première claque, première boule  « que tu vas avaler tu m’entends ! » – « t’arrête ou je te ligote t’étrangle avec une guirlande ! » – « maman ! elle m’a donné un coup de pied » – « même pas vrai d’abord, ce n’est qu’une menteuse ! »

  • Maman (donc moi) défait tout ce qui n’a pas été fait par elle au son de « si c’est pour vous entendre vous disputer, je préfère le faire lundi toute seule ! »

  • Pulchérie piaille que ses instruments de musique ont été disposés symétriquement, au mm près.

  • C’est bien possible, mais j’irais bien cultiver du chou de Bruxelle en Egypte…

  • Delphine part s’affaler sur le canapé en pleurant « j’en ai marre de vous deux, je ne m’occupe pas de ce sapin qui sera moche de toutes manières et snif ! » pendant que le CD entame « Noël Blanc »

  • Pulchérie vérifie que les boules rouges, dorées, vertes, sont bien réparties équitablement autour du sapin. Je lui fais remarquer qu’il y a un endroit que personne ne verra jamais, dans l’angle du mur. Le CD attaque « Minuit chrétien ».

  • Elle s’en fiche, et puisque c’est comme ça je n’ai qu’à terminer toute seule, et je me débrouille pour entortiller les guirlandes électriques de manière équitable avec une boudeuse dans le canapé et une boudeuse dans le fauteuil, qui se bouchent les oreilles pour ne pas entendre mes : « l’année prochaine je le ferai toute seule pendant que vous serez au collège/lycée » (« la fac »/ »la maternité »).

  • Tous les soirs à venir jusqu’à l’arrivée des rois mages (voire même après, vu que le sapin ne risque pas de perdre ses aiguilles) : « qu’il est beau notre sapin maman ! » « ah il est super beau notre sapin ! » roi des forêts que j’aime ta verdure/parure.

Oui… Il est magnifique… Un coup de bol qu’il ne soit jamais passé par la fenêtre et les filles avec… Et qui s’occupait de l’allumer pas trop tôt et de l’éteindre pas trop tard le sapin (et les autres guirlandes électriques), rapport aux économies d’énergie ? Qui ?

S’il m’avait fallu compter sur les filles, tout aurait brûlé toute la nuit… Voire même toute la journée, en notre absence…

La vie n’est qu’un long calvaire…

Le sapin 2012…

Sapin de NoëlIl y a plusieurs années que je ne remonte plus le sapin de ma cave, et que je ne fais plus de décorations chez moi (l’illustration vous donnera une petite idée de ce que j’aime…)

L’année dernière, nous savions avec maman que papa sortirait de sa maison de convalescence le 23 décembre, et il nous fallait nous occuper des décorations de la grande maison seules (lui il aime bien s’en occuper).

Les filles devant passer Noël avec nous, j’avais suggéré d’apporter mes décorations personnelles, pour qu’elles retrouvent la magie de leur adolescence, et maman avait accepté avec joie.

Elle avait acheté le sapin, et m’avait laissée me démerder avec les guirlandes électriques (emmêlées comme d’habitude), et le reste, en faisant ses sudokus et mots fléchés du jour.

J’étais contente de moi, et assez nostalgique en regardant le zoli sapin. Delphine qui savait que j’avais ressorti mes décorations, avait juste dit « oh c’est super !!! » et les deux soeurs en arrivant le 24, avaient un peu ondulé de la toiture en regardant mes vieilles décorations qui leur rappelaient tellement de souvenirs…

Comme j’avais tout fait à l’aller, j’ai tout défait au retour en ramenant mes décorations chez moi (avec un stage dans la voiture, mais la manière dont je traite ce que je mets dans ma voiture mérite un post exclusif, rappelez moi de le faire).

Cette année, j’ai été mobilisée pour aller acheter le foie gras avec maman, et le sapin.

  • « Tu nous aideras à le faire ce sapin », m’a-t-elle dit dans la voiture au retour, « pour moi maintenant c’est une vraie corvée » (mon « si c’est une corvée, pourquoi acheter un sapin » venant bien évidemment trop tard).
  • J’ai compris pourquoi « la corvée » le lendemain, en montant chercher avec elle les décorations rangées dans le grenier, dans environ 15 petits cartons + des boîtes en plastique pour les guirlandes électriques bien évidemment emmêlées alors qu’elles avaient été bien rangées deux ans plus tôt.
  • Rien que de descendre l’ensemble des décorations est LA corvée du jour.
  • Certaines décorations ont 50 ans. Elle ne peut se résoudre à les jeter quand elles sont vraiment devenues bien moches, mais ne veut pas les accrocher non plus. Donc il faut trier.
  • Trier en gros, ne pas croire qu’elle mettra dans une boîte les décorations à ne surtout pas utiliser (donc descendre du grenier). Elles seront remises en vrac avec le reste… après…
  • Papa étant là, il s’en mêle.
  • Son sens de la décoration n’étant pas exactement celui de Mrs Bibelot, ils se boutiquent 10 minutes dans la cuisine, avant que papa ne se mette à réparer les éventuelles guirlandes en panne (prévoyante, maman il y a 10 ans, à dû acheter environ une centaine d’ampoules de rechange, mais il faut les retrouver, ne croyez pas qu’elle les rangerait avec les guirlandes, ce serait trop simple).
  • Là, connaissant le processus pour l’avoir vécu avec mes filles, je ne touche plus à rien, je n’accroche rien, je me contente de dire de temps à autres, mais je le fais exprès « moi à ta place… »
  • Je récolte donc de l’un ou l’autre un regard noir.
  • On me demande tout de même de m’occuper de tel truc, un peu trop en hauteur, mais c’est vraiment pour me faire plaisir
  • Je rentre donc chez moi après avoir accroché 3 boules et l’étoile en haut du sapin.

Le lendemain quand j’arrive, on allume le sapin :

  • Il est beau hein notre sapin ? Et tu as vu nos guirlandes ?

Tout est farpait, conforme aux années précédentes, car petites disputes ou pas, ils finissent toujours par reprendre l’idée de départ d’il y a 11 ans, quand ils ont changé de maison.

Concernant les décorations extérieures, on se demande comment le tamaris peut survivre à tous ces faux cadeaux, et les fenêtres à toutes ces boules et guirlandes qui sont vraiment festives.

Ils adorent leur maison, mais la précédente était vraiment idéale pour avoir le premier prix des décorations, premier prix qu’ils avaient toujours. Je n’ai hélas pas de photos, mais cette maison était idéale pour les fleurs l’été, et la décoration de Noël…

Là ils sont dans le fond d’une petite ruelle et personne ne peut voir leurs efforts.

C’est immuable, comme le foie gras qui est toujours moins bon que celui de l’année précédente…

Car la vie n’est qu’un long calvaire.

Je poste juste avant la fin du monde, on n’est jamais trop prudent 🙂