L'adieu au vide-ordures… (2)

Vide ordureCeci s’était passé à 9 H 30, j’ai fait mon petit calcul pour appeler madame Van Den Connasse à 12 H 30 pile pour lui demander « ce qu’ils foutaient » (en plus poli tout de même, mais l’esprit y était…)

Elle était bel et bien en train de manger (chic) et je lui ai précisé que j’aimerais bien me laver, vu qu’en attendant je n’avais pas osé le faire (je vais prendre ma douche, le téléphone sonne ou la porte d’entrée, au choix, c’est obligé, et puis là ils devaient revenir au bout d’une heure, donc j’étais toujours sur le qui-vive…)

Elle m’a précisé qu’ils avaient eu des problèmes avec certains vides-ordures (déjà condamnés par les propriétaires) et qu’ils ne seraient pas chez moi avant 15 H

J’ai répondu « non 14 H, parce qu’à 15 H j’ai un RV important que je ne peux pas remettre » (et la taille de mon nez reste normale).

Donc à 14 H, j’ai vu arriver les deux bras cassés, madame VDC  ayant également autre chose à faire sans doute mais leur ayant donné la consigne de commencer par moi, sans doute de peur que je ne sature sa messagerie de portable… (ou que je finisse par lui rouler dessus, un jour…).

Ils avaient découpé des morceaux de placo dans le hall avec force bruits, morceaux destinés à combler l’ouverture béante (que je regardais parfois d’un air inquiet : et si un rat allait sortir de là ?)

Naturellement, le morceau ne s’adaptait pas au trou-dans-la-gaine, ils l’ont donc retaillé, en en foutant bien partout dans ma cuisine. La taille n’était toujours pas bonne, car un peu trop petite pour le haut, et trop large pour le bas.

Cela ne les a pas dérangé du tout, ils ont mis en place le morceau (avec 2 mm dépassant en bas sur 1 cm), ils ont barbouillé du ciment à prise rapide tout autour du morceau de placo, en insistant bien sur le haut, pour que l’air ne passe pas (tout de même), et surtout pour que le morceau ne bascule pas dans la gaine.

Ils n’ont rien lissé du tout, ils ont bien tartiné le ciment à prise rapide, avec un plaisir évident, puis  ils m’ont dit « au revoir madame et à bientôt » (comment ça à bientôt ?).

Et là, après avoir balayé, j’ai pu contempler le chef d’oeuvre.

Gendre n° 2 artiste peintre refusera de peindre par dessus et de signer ce truc immonde parce qu’en aucune manière, on ne pourra faire passer cela pour de l’art nouveau, contemporain, d’avant garde ou même d’arrière garde !

Et même si j’ai vaguement en tête de repeindre ma cuisine (si je trouve au bord de la route de la peinture jaune + de la peinture  blanche spéciale plafond), je ne sais pas trop comment faire pour que l’emplacement de l’ancien vide-ordures devienne invisible.

Apercevant Madame Van Den Connasse le lendemain, et alors qu’elle essayait de se défiler en faisant celle qui ne m’avait pas vue, j’ai klaxonné bien fort et elle a bien été obligée de venir me voir.

  • Je lui ai signalé que les deux bras cassés avaient travaillé comme des cochons et que c’était une honte.
  • Elle m’a répondu que « brut de décoffrage » était ce qui était prévu dans le devis. Et que c’était pour tout le monde pareil.
  • Je lui ai sorti le devis que j’avais pris avec moi en lui soulignant que « non » et que du coup, c’est tout de même avec le syndic que j’allais débattre du remboursement de ce qui m’était dû à savoir : deux facturations de trop + la différence entre le devis initial et le brut de décoffrage.
  • Elle m’a rétorqué qu’avec une meuleuse il y en avait pour 5 minutes pour tout bien lisser.
  • « Ah, une meuleuse, cet engin que tout le monde possède et donton se sert au moins une fois par semaine ? »
  • Elle est devenue toute rouge : je vous le dis, un jour elle va se faire mal. Moi j’attends tranquillement qu’elle explose…
  • « Bah, vous n’avez qu’à mettre un poster par dessus ». Au dessus du lave linge, et à gauche du four, c’est l’endroit idéal…

Je suis partie sans lui rouler dessus, mais c’est parce que je suis victime de 2012 ans de civilisation judéo-chrétienne (tu ne tueras point)

Je ne savais pas tout.

Les copropriétaires qui avaient déjà condamné leurs vides-ordures (et il y a beaucoup de nouveaux depuis 2 ans) et carrelé par dessus la gaine ont vu leur carrelage sauter. Chez eux aussi, c’est divin. Parce qu’ils ne peuvent pas remettre le carrelage (foutu), même après meulage avec l’engin que tout le monde possède et dont l’utilisation est hebdomadaire.

Soi-disant qu’il fallait mettre du placo anti-feu (petite je croyais que le tifeu était un matériau particulier), d’où la démolition pour « on défait tout et on recommence ».

Je ne vous raconte pas l’ambiance le samedi qui a suivi, dans le hall comme d’habitude, ma voisine du dessus qui avait fait refaire intégralement sa cuisine 2 mois avant, en pleurait presque… Parce qu’en plus elle n’était pas là, avait laissé ses clefs à qui de droit, et était rentrée le soir pour constater le carnage…

Après examen, un connaisseur a dit que c’était du placo tout bête qui avait été mis, et qu’on nous prenait pour des cons.

Quand j’ai rétorqué « on nous prend toujours comme des cons, on rouspète après alors qu’on ne se déplace même pas pour l’AG », il y a eu un silence gêné…

Le bilan c’est que toutes les cuisines ont une plaie immonde, même les neuves, et que finalement certains commencent à se dire que se déplacer pour l’AG, c’est peut-être utile… Il va falloir par contre en faire avancer la date, car généralement c’est prévu pendant les grandes vacances, à une époque où il y a beaucoup d’absents…

Sinon le syndic en cas d’urgence, a une prédilection pour le samedi matin, alors qu’il y a beaucoup d’absents également. Du temps du syndic bénévole, l’AG avait lieu un jeudi soir, hors vacances scolaires… (mais ça c’était avant…)

Depuis le bouchage des vides-ordures on ne voit plus Madame Van Den Connasse.

Parce qu’il y a eu aussi un problème avec le chauffage, mais c’est une autre histoire…

La vie n’est qu’un long calvaire…