Un dîner presque parfait… (3)

80614996Je vais maintenant m’attaquer à une espèce un peu plus rare mais qui n’est pas en voie d’extinction pour autant :

Celui qui croyait que, ou qui ne voyait pas cela comme cela.

Celui là je l’enverrais faire le tour du monde avec juste une paire de tongs de rechange, comme cela il verrait les choses comme elles le sont réellement.

J’ai vu le cas de figure plusieurs fois :

Une RRRRRRRusse qui avait décidé de faire un repas typiquement RRRRRRusse, tel que ceux qu’elle avait dégustés en RRRRRRRussie, jusqu’à l’âge de 20 ans…

Ses invités avaient deviné en lisant le menu, qu’il s’agissait d’elle (vu son accent, vous l’aurez compris :-)).

Parce que quand vous recevez le menu, vous devez deviner qui vous invite. Pour le premier repas, les questions stupides sont :

  • A votre avis un homme ?
  • Une femme ?
  • De quel âge ?

Je ne vois pas ce que la cuisine a à voir avec le sexe ou l’âge, mais je dois me tromper, sauf qu’ils se plantent tous généralement.

Donc la malheureuse RRRRRRRRusse s’est donné un mal fou pour faire exactement les recettes qu’elle connaissait par coeur avec les bons ingrédients…

Pas de bol, parce qu’il y en avait deux qui n’ont pas apprécié du tout.

En effet :

  • Notez que je n’ai jamais mis les pieds en Russie…
  • Mais je ne vois pas du tout la cuisine russe comme cela…
  • Je suis très décu(e)
  • Du coup je suis obligé(e) de mettre une mauvaise note
  • La cuisine russe c’est caviar, blinis, zakouskis, chachlik, on n’a rien eu de tout ça, c’est nul.
  • Du coup je suis obligé(e) de mettre une mauvaise note.

On note nous, que la connerie règne sur tous les domaines, y compris donc, l’art culinaire.

La palme a été pour moi, à remettre aux invités d’une malheureuse chinoise qui avait décidé de faire manger chinois à ses hôtes.

Elle avait bien expliqué, en long, en large et en travers, que la cuisine chinoise que nous mangeons dans les restaurants chinois, n’en est pas vraiment voire même pas du tout. Que généralement il s’agit de recettes adaptées totalement au goût européen ou d’autres pays que la Chine (vietnamiennes, cambodgiennes, etc…) il n’y a rien eu à faire.

Elle aurait pissé dans un violon pour faire de la musique, en s’expliquant, que cela aurait fait le même effet (et en plus, nulle comme animation de faire de la musique comme cela).

  • Notez que je n’ai jamais mis les pieds en Chine, ni en extrême orient d’ailleurs…
  • Mais…
  • Pour moi ce n’est pas de la cuisine chinoise
  • Je n’ai pas du tout aimé ce repas qui pour moi n’avait rien de chinois
  • Je suis très déçu(e)
  • Je suis obligé(e) de mettre une mauvaise note…

Il y avait 4 convives ce soir là, qui méritaient d’aller réparer toutes les fissures éventuelles dans la grande muraille de Chine (en tongs en plus).

En mangeant local bien sûr.

Il ne faut pas faire ce que vous connaissez si vous êtes originaire d’un autre pays, mais ce que les autres imaginent comme cuisine locale pour ce pays.

Nuance. Ne confondez pas réalité et imagination…

Il y a une brésilienne et une mexicaine qui doivent s’en souvenir encore, mais je n’ai plus tous les détails en tête, sauf que la mexicaine n’avait pas fait de chili con carne… (honte à elle alors que les mexicains… notez que je ne suis jamais allée au Mexique mais à mon avis ils en mangent dès le petit déjeuner…)

Il serait intéressant d’ailleurs, de voir ce que nous pensons tous des cuisines non françaises, ce que sont nos a priori…

Car la vie n’est qu’un long calvaire…

Comment se faire un film…

femme-reveuse-copierJe crois que nous sommes tous un peu pareils, il y a un moment où l’on se fait un film, particulièrement lorsqu’un petit ou grand évènement va se produire dans notre vie.

Ceux qui prétendent le contraire sont des menteurs ! Personne ne lèvera la main en déclarant : pas moi votre honneur !

Cela va de la soirée où l’on va rencontrer l’homme ou la femme de sa vie, pour terminer cette merveilleuse soirée à écouter les radotages de tante Hortense, à la première journée de boulot où rien ne se passera comme on l’avait pensé. On rentre chez soi avec l’idée de s’ouvrir les veines (je sais c’est une obsession chez moi que de m’ouvrir les veines AVEC UN POST IT,  et ceux que ça dérange peuvent toujours m’écrire pour se faire envoyer chier direct avec ou sans post it, tronçonneuse ou pas. Pour les vrais chieurs j’ai le 16 de papa, ou le 24…)

Il y a eu le cas d’une copine qui correspondait via Meetic, avec un monsieur semblant parfaitement lui convenir sur le plan physique (à l’époque elle était très difficile et axée brun à tous prix, et a épousé l’inverse, c’est souvent cela).

Le soir où elle avait RV avec lui, c’est simple, elle allait rencontrer Richard Gere dans Pretty Woman. Elle avait pris sa journée, avait fait beauté de partout, remis son appartement à neuf (au cazou), et pris une petite petite trousse de toilette dans son sac (toujours au cazou).

Elle s’était fait tout un cinéma de cette rencontre, se préparait à guetter l’homme poivre et sel en blouson de cuir et jean, au sourire ravageur, et a pris la fuite devant la créature de Frankeinstein en blouson éculé de chasseur, jean montrant la raie des fesses (c’est d’un sexy) et air très con. Elle pleurait en rentrant chez elle.

Là il vient de m’arriver un truc similaire : la situation où l’on se fait un film.

Allant voir mon père à la clinique, j’avais vu une banderole « grande journée du recrutement le 19 novembre à Coignière, de 9 H 30 à 17 H » et évidemment je m’étais promis d’y aller.

  • Il va y avoir un monde fou, prévoir des chaussures confortables et néanmoins élégantes, pour piétiner pendant des heures
  • Trouver la tenue ad hoc, qui fasse crédible et me laisse jouer les quinquagénaires en pleine forme
  • Prévoir une bouteille d’eau
  • M’imaginer en train de distribuer plein de CV à des recruteurs en attente de LA parfaite secrétaire (nombre prévu : 20)
  • M’imaginer en train de discuter de mon parcours professionnel avec plusieurs recruteurs. Aller voir sur Internet comment éviter les questions pièges.
  • Partir le coeur battant, pour une fois levée à une heure raisonnable, m’imaginant en train de téléphoner à papa « c’est bon, j’ai plusieurs bonnes pistes », puis à tous mes proches, le lundi qui suivra, en criant « youpee ».
  • Divin.

Donc, le film était parfait.

  • Partir en toute confiance, parfaitement vêtue, sobrement, mais ne faisant pas trop âgée (hein ?).
  • Trouver une place pour me garer tout de suite (louche).
  • Rentrer dans une grande salle qui semble un peu vide
  • Me faire remettre un questionnaire de satisfaction
  • Repérer le pôle emploi pour signaler que le site merde depuis qu’il a été remis « à neuf » le WE précédent, m’entendre dire qu’ils sont tristement au courant, et indiquer ma recherche
  • Contempler avec joie la mine tristounette de la conseillère. Ici on recrute (armée de terre et gendarmerie excepté, mais j’ai passé l’âge) essentiellement tout sauf une assistante de direction, une secrétaire, une assistante tout court, voire même une reine de la frappe. Si je savais trancher dans le lard, je pourrais peut-être me proposer pour les nombreux bouchers demandés par les grandes surfaces mais, je ne me vois pas décarcasser un boeuf…
  • Me faire harponner par deux marques différentes et concurrentes, de produits de beauté, mal placées car en face l’une de l’autre. Les deux recruteuses se fusillant du regard.
  • Seul petit dièse de la journée : déclarer que oui, je connais les produits, utilisés parfois par mes filles.
  • M’entendre dire que parfois les très jeunes adolescentes ont ces produits par des mères de copines.
  • Ouf, je ne fais pas vieille peau. J’ai deux très jeunes adolescentes et non pas une fille qui a 1/4 de siècle, et l’autre plus proche de la trentaine que de la vingtaine (les fiiiillles pardonnez moi !)
  • Mais non, je ne souhaite pas pour l’instant faire réunion style Tup pour la première marque ou du porte à porte pour la seconde marque.
  • Me retrouver à la table de sortie avec 4 quadragénaires morts de rire en remplissant leurs bulletins de satisfaction. Nous sommes tous d’accords (puisqu’ils me comptent parmi eux, j’ai 10 ans de moins d’un coup) : ça manque de sociétés, mauvaise signalisation (fallait pas louper la banderole), serait à faire une fois par mois, prévoir de petits stands pour de petites entreprises, ne pas s’axer que sur les grandes marques, faire préciser leur recherche aux employeurs potentiels (pour une grosse boîte, ils ne cherchaient que des chauffeurs livreurs…)
  • « MON DIEU dit l’une des deux femme, QUEL FILM je m’étais fait de cette journée du recrutement ! »

Et moi donc…

Temps passé : 42 minutes dont 10 à discuter avec la conseillère Pôle Emploi très sympathique.

Mais la vie n’est qu’un long calvaire, et souvent un très mauvais film…