Le mariage de Pulchérie (6/?)

Endora

Le nouveau petit bois me déconcerte quelque peu quand je rentre de la Grande Motte. Une brèche a été faite dans les épines noires, effectivement ce bois est plus agréable que l’autre, mais… Quel boulot.

Il faut éliminer les ronciers qui ont prospéré pendant plus de 20 ans (alors que dans le petit bois de mamie il n’y en a quasiment pas, because manque de lumière), aplanir le terrain aux endroits stratégiques. En ce qui concerne les ronciers, c’est digne de « la belle au bois dormant » et à mon avis le dessinateur avait dû en éradiquer contre mauvaise fortune bon coeur et s’est bien vengé…

Le débroussaillage, je n’en parle même pas, c’est ce qu’il va falloir faire en premier pour accéder au fond du terrain…

Pulchérie fait ses plans, ses calculs, mais on commence mollo… Début octobre le 26 juin semble loin. Pourtant il va falloir franchir l’hiver et des périodes où il sera impossible d’aller dans le bois.

Puchérie déclare la guerre aux ronces. Certaines ont un pied gros comme son poignet, et grimpent jusqu’en haut des arbres : qu’importe, elle a leur peau. Gendres n° 1 et 2 s’attaquent eux, au sol pour éliminer les arbrisseaux inutiles et qui de toutes manières sont étouffés par les ronces. Le temps passant, l’urgence apparaît de s’activer beaucoup plus, et à plus nombreux, quand la neige est enfin fondue. Il faut notamment niveler chaque zone de la fête, et les garçons s’y collent avec une énergie et une efficacité dignes d’un passé de cultivateur à l’ancienne (avant l’invention du motoculteur entre autres).

Evidemment je profite de cette période pour faire mon intéressante me ruiner au cours de crises de somnambulisme (qui réapparait, mais c’est une autre histoire) :

  • L’épaule gauche (6 semaines)
  • Le ventre
  • Deux côtes dont une flottante dont on se demande à quoi elles servent (les côtes flottantes)

De toutes manières quand je ne somnambulise pas, mon dos, héritage de papa (on le remercie), se rappelle à mon bon souvenir. Je ne suis pas d’une grande aide, sauf pour un truc.

MON TRUC :

Faire du feu…

Pour brûler ce qui est coupé et arraché. Mon instinct de vestale se réveille dès qu’est prononcée la phrase fatale « ce n’est pas le tout, mais il va falloir brûler au fur et à mesure ». Ma mère a des instincts de pyromane qu’elle assouvit dans son jardin, elle hésite avec les ronciers qu’elle déteste également, mais ne pourra évidemment pas résister à son désir d’entretenir avec prudence, le feu du dimanche…

Une guerre va bientôt éclater. Les futurs mariés ont délimité les zones (repas, danse, petit salon, traiteur, etc), qui sont donc nivelées, et Pulchérie tient absolument à conserver un petit rosier sauvage qui fera une petite séparation entre le coin « repas », et le coin « dont l’attribution change tout le temps ».

Or, ce rosier est également envahi par les ronces et ma mère chaque dimanche depuis février, s’insurge, sécateur à la main, coupée dans son élan par sa petite fille « non mamie, là on ne touche à rien »…

Tous les dimanches, Mrs Bibelot lorgne en douce le roncier, toujours armée de son arme favorite anti ronces, en suivant du coin de l’oeil sa petite fille. Pulchérie pas si folle, n’est jamais bien loin, elle connaît sa grand mère.

Je ne prends pas position. Surtout pas. D’autant que j’ai droit à chaque thé quotidien au « il faudrait vraiment éradiquer ce roncier »… Je crains fort qu’elle n’aille un jour, dans le dos de tout le monde, accomplir son forfait au son après de « quelles ronces ? »

Quand le roncier par ma mère en douce aura été terrassé, du chou en Finlande je m’en irai planter…