La voisine folle dingo (encore une histoire de voisins)…

femme-horrifiee-2Quand j’ai emménagé dans mon appartement en 1995 (comme le temps passe), j’étais la petite nouvelle, en ce qui concerne ma cage d’escalier et celle d’en face.

Tous les autres occupaient les lieux depuis l’origine de la résidence : 1964, donc des jeunes couples devenus retraités, ou des veuves…

Venait juste d’arriver ma voisine de pallier, puis m’ont suivi le vieux con d’en dessous et sa femme, et en face d’eux, une femme qui n’est restée que 5 ans.

Il me faut vous préciser que ma vendeuse, pour payer son impôt sur la fortune cette année là (là là), avait été obligée de vendre 4 appartements, ne lui restait plus, la pauvre, outre la quasi totalité des appartements de l’autre escalier et une partie de ceux de l’immeuble d’en face, que sa grande propriété, soit un hameau voisin (la maison de maître, deux fermes et 300 hectares allant avec les fermes).

Je l’ai déjà raconté, arrivant avec deux adolescentes, j’ai été assez mal vue dans cette résidence pour personnes âgées, et puis le temps a passé. Maintenant il y a plein de jeunes qui mettent la révolution pendant l’AG annuelle.

Ne restent de l’ancienne génération que la voisine d’en face dernier étage et ses voisins d’en dessous. Désormais pour les jeunes je fais partie des vieux, arrivant en troisième position dans l’ordre d’arrivée.

Les voisins du 3ème étaient très mal vus des autres, 6 mois par an (vu qu’ils en passent 6 à Nice où il ont un superbe appartement) et j’ai compris rapidement pourquoi, le troisième jour où je me suis pointée chez moi pour vider des cartons alors que papa me posait mon papier peint (je m’étais occupée de la peinture de la cuisine avec Pulchérie).

Une odeur atroce d’alcool à brûler régnait dans tout l’escalier. J’ai donc appris qu’elle passait tout son appartement + les rampes de l’escalier (5 étages) + l’ascenseur à l’alcool à brûler, 3 fois par semaine.

C’est un jour en regardant une émission sur la secte du temple solaire que j’ai eu un déclic, ainsi que plusieurs autres voisins (puisque tout passer à l’alcool à brûler 3 fois par semaine fait partie du « contrat ») mais elle avait cessé de le faire.

Car nous, les nouveaux arrivants, étions peu disposés à nous laisser empuantir de la sorte, et que rapidement il a été question de porter plainte. Puis quelqu’un l’a portée cette plainte, le flics se sont déplacés à la bonne heure pour la trouver en train d’opérer à 6 H 30. Je précise que l’odeur était tellement tenace qu’elle s’insinuait dans TOUS les appartements;

Quant à ma voisine d’en face, elle n’en pouvait plus de l’autre commençant à passer l’aspirateur à 6 H du matin. Leur voisine du dessus ne leur disant plus bonjour depuis longtemps avait cessé de leur faire des réflexions, et jubilait de nous voir nous révolter contre le diktat de l’alcool à brûler…

Le temps a donc passé, et plus d’alcool à brûler, les flics ayant dû être fermes. Elle a toujours le regard illuminé de ceux qui voient la vierge chaque jour dans le micro ondes, ne répond jamais aux saluts. Son mari serait plutôt charmant lui, et de plus très américain-dans-les-films avec sa femme. Quand ils partent faire des courses ou autres, elle attend au pied des marches, son mari arrive avec la voiture (garée dans un garage), descend, lui ouvre la portière passager, attend qu’elle s’installe et referme la porte lui-même… Idem pour le retour : elle ne sait pas ouvrir une portière.

Ils m’amusent toujours, mais avant-hier soir, là, j’ai carrément pété un câble.

Mon ordinateur est dans l’entrée à l’endroit qui va bien, et j’entendis tout à coup comme un frottement suspect qui se prolongeait. Comme quelqu’un qui essaye de se déplacer silencieusement, pose l’oreille à votre porte, etc…

Je ne fais pas dans la parano, mais mes nouveaux voisins d’en dessous ont une fâcheuse tendance à ouvrir via leur interphone, à un peu n’importe qui, et deux fois nous avons eu droit à deux types louches auxquels nous avons claqué la porte au nez…

J’ouvre donc ma porte, et j’ai manqué tomber par terre de saisissement.

Cette femme, toujours très élégante et chignonbananée à mort, se promène chez elle exclusivement en robe de chambre courte. Je le sais, ayant plusieurs fois eu l’occasion d’aller sonner chez ces voisins pour une alerte quelconque.

Quand j’ouvre ma porte, j’ai l’escalier qui part direct de la gauche, et remonte donc, normal, vers l’étage supérieur.

Et là que vois-je ?

Dans l’escalier, à genoux, en train de passer la serpillère ?

Madame Langlais, enfin plus exactement son cul…

Enfin c’est ce qui m’est sauté aux yeux comme un coup de pied aux fesses.

Car la voisine, en robe de chambre et donc, sans rien en dessous, avait décidé de passer la serpillère dans l’escalier, malgré les objurgations de son mari que j’entendais « enfin ma chérie la femme de ménage passe demain, et nous ne prenons jamais l’escalier ».

Il ne pouvait pas me voir, et j’étais tétanisée par une vision d’horreur. Heureusement que ce n’était pas lui qui passait la serpillère dans cette tenue, car le spectacle aurait été grandiose !

Absorbée par son travail, elle ne m’avait même pas entendu ouvrir la porte, et j’ai attendu quelques minutes, admirant le spectacle qui ne s’arrangeait pas au fur et à mesure qu’elle descendait et que sa robe de chambre lui remontait dans le dos. J’attendais de voir si mes voisins de pallier allaient arriver. Là, Blaise, aurait eu de bonnes raisons de pleurer…

Puis j’ai refermé ma porte, sans discrétion, en pleurant moi, de rire…

Pas pour rien que celle du dernier la surnomme la folle dingo.

Je ne sais pas si elle est allée jusqu’à faire le hall. Si oui, certains rentrant chez eux, auront eu droit à un spectacle inhabituel, et si c’est le cas, je ne vais pas tarder à le savoir…

Bree Van de Kamp, le cul à l’air, en train de faire le travail de la femme de ménage…

Fort heureusement, on ne voit pas cela tous les jours…

La vie n’est qu’un long calvaire…

L'emmerdeuse maniaque…

Elle peut toucher n’importe qui, n’importe quand, croiser notre route un beau jour pour quelques temps, ou bien exister depuis toujours dans notre vie, et ça c’est le pire. C’est l’emmerdeuse maniaque, emmerdeuse parce que maniaque.

A côté d’elle la Bree de Desperate houswives n’est qu’une vulgaire souillon mal organisée. L’emmerdeuse maniaque voit de ses yeux les microbes et les virus, le moindre grain de poussière, la tache microscopique sur la moquette. Elle renifle avec allégresse le parfum de l’eau de javel et du détartrant à WC, hume la lessive d’un air pincé et l’assouplissant également. Etendre son linge la met en transes, le repassage aux anges, et rien ne la détend plus que de dégrivrer son congélateur.

Elle fait la fortune des marchands de produits d’entretien et a un placard spécial pour tout, placard immense dans lequel certaines seraient ravies de pouvoir ranger leurs nombreuses paires de chaussures. La dernière vraie droguerie du secteur survit grâce à ses achats compulsifs et on y lui déroule un tapis rouge. A la vue d’un tout nouveau produit, ses yeux s’exhorbitent, et elle ne dort pas de la nuit après avoir vu la publicité qui vante les mérite du truc qui enlève même les taches qui ne se voient pas : sa bête noire. Elle sera la première au magasin le lendemain pour en prendre 10 flacons. Et elle est la seule personne de votre connaissance à ourler à l’ancienne ses chiffrons, quand elle se décide à réutiliser un vieux drap usé. L’idée d’ailleurs que vous, vous vous contentez de le déchirer (le drap) au lieu de le découper avec des ciseaux et un mètre de couturière pour que cela soit bien droit, pourrait la faire s’évanouir.

Elle sait tout sur tout ce qu’il convient de savoir pour que tout soit propre, impeccable, comme neuf. Les mites se sont refilé le mot pour ne pas venir chez elle, c’est dire son pouvoir. Le mot « détachant » lui rend tout son allant qui rime également avec « détergeant ».

C’est la personne chez laquelle on préfère ne pas être reçu trop souvent. Un geste malencontreux, on déplace la télécommande de la TV d’1 cm et on se sent mal à l’aise : elle risque de le voir. On pose mal le verre sur le repose verre et une goutte d’eau se dépose sans grâce sur la table basse : c’est le drame. Une peluche du pull angora noir se dépose sur son canapé blanc et elle va passer le reste du temps à nous suivre, un truc adhésif à la main pour nous dé-pelucher. De toutes manières, on sent qu’on dérange.

Le pire c’est quand on lui rend l’invitation. Si elle habite loin et que l’on est obligé de l’héberger (à contre-coeur) c’est le pompon.

On a briqué tout bien comme il faut (pour nous) en prenant 2 RTT et en priant Albert d’en faire autant. La maison ou l’appartement reluit, la moquette a l’air neuve, le calcaire a été terrassé, le frigo ressemble à une publicité, la cuisine à un laboratoire et on serait presque tenté d’accrocher un sens interdit sur la porte des WC tellement si beaux et si bien parfumés.

Elle débarque avec une énorme valise : elle ne dort que dans ses draps à elle et ses taies d’oreiller, dûment lavés avec la seule lessive valable à laquelle elle rajoute des sachets de tout : anti-tache, anti dégorgeant à couleur, anti mites, et rincés avec le seul assouplissant correct et on ne discute pas. Avec une grimace elle a pu constater la dernière fois que vous n’étiez pas en possession du bon assouplissant, maintenant, elle se méfie.

Dans la foulée elle a pris également ses serviettes de toilettes pour les mêmes raisons que les draps, mais également son PQ parce que le vôtre gratte, même si c’est de l’ultra doux de chez garnier. Le temps qu’elle aille poser ses affaires dans sa chambre, elle a redressé tous les cadres d’un doigt expert et trouve un prétexte pour inspecter le réfrigérateur au cas où vous y auriez déposé volontairement la listériose, après avoir remis tout de même un coup de balais dans les toilettes puis rincé longuement le lavabo.

A la façon dont elle regarde les nombreuses télécommandes que vous avez oubliées sur la table basse, vous comprenez mortifiée qu’elles ne sont pas disposées correctement, pile poile dans la zone réservée à la TV sur la table, chacune à 0,5 cm de distance, alignées vers le bas. Son regard n’arrête de se poser sur la seule petite tache indélébile sur la moquette que pour se poser sur votre bibliothèque.

Car vous classez vos livres par genre. Hors les livres, pour elle, cela se range par ordre décroissant de taille. Du coup sa vision se brouille, car elle est tout de même obligée de laisser vos livres tranquilles. Mais elle est grandement perturbée et perd le fil de la conversation, obsédée par les bouquins, et en perd même son vocabulaire, vu qu’elle vous raconte sa dernière visite chez le vétérinaire en lieu et place du médecin généraliste.

Vous avez lavé et relavé la vaisselle, tout bien essuyé la verrerie après passage au vinaigre blanc, mais las, il reste une microscopique marque de calcaire et c’est forcément pour elle. Là, son regard devient à la fois triomphant et écrasant : vous êtes nulle(ls), crados, désorganisés, et elle le sait bien elle, qu’il n’y a qu’elle qui sait.

Vous aurez donc droit au fameux couplet sur le mélange détonnant eau de javel/vinaigre blanc/détartrant/acide chlorhydrique/bicarbonate de soude, qui a fait sa célébrité sur le plan de la propreté et lui ruine probablement les bronches quand elle vérifie que cela sent bon le propre. Après elle vous expliquera comment on cire des chaussures et qu’il faut nettoyer certaines parties derrière les chiottes et le lavabo, avec une vieille brosse à dent pour être sûr de bien tout avoir.

Un jour elle ré-inventera la nitro-glycérine, ou bien fera la découverte d’un nouvel explosif révolutionnaire à force de mélanger ses fioles, et vous ne pourrez vous empêcher, le jour de l’enterrement, à l’église d’aller gratter les quelques gouttes de cire qui sont tombées sur son cercueil, et au cimetière d’y passer un dernier coup de chiffon anti poussières, sous les regards consternés de tous les membres de la famille qui ne pensaient pas que c’était contagieux…