Les aventurières… (1)

C’était l’époque où de sombres maléfices m’avaient amenée avec mes filles chez mes parents. Au départ c’était pour 3 mois, nous y sommes restées 4 ans…

Cette année là (la la la), j’avais les filles au mois d’août et Albert pour le mois de juillet (moins une semaine sur la fin). C’était un bel été plein de promenades en forêt, au cours desquelles les filles jouaient les aventurières (pour les aventures en forêt, ce sera un autre post).

Dans le jardin de mes parents « leur » cabane, apportée par le père Noël avant qu’Albert ne décide de cesser d’hiberner avec moi. Cette cabane de jardin classique, en pin, avait été déménagée, et ne servait pas à grand chose d’autres qu’aux enfants et c’était sa vocation première, mes parents ayant un immense sous-sol pour y ranger leur bordel de jardinage…

Et puis un bel après midi, idée de génie des filles « maman, on aimerait bien dormir dans la cabane jusqu’à la fin des vacances » « Siteupléééé ! ».

Pourquoi pas ? Rien à craindre vu la manière dont le terrain était clos, et vu la garde assidue que montait ma chienne, leur petite soeur…

Déménagement de 2 matelas de rab dans la dite cabane + 2 oreillers + couette. Dormir dans la cabane d’accord, mais façon « hôtel 2 étoiles ». Pour la première  et sans doute unique fois de leur vie, elles furent ravies de balayer, passer la serpillère, avant installation de la literie + une petite table de nuit pour bouteille d’eau et lampe de poche.

Ma mère optimiste, avait acheté plein de piles pour la dite lampe et jamais elles n’avaient manifesté un tel désir d’aller se coucher, ce qui fut fait à 22 H, la mère (moi), vérifiant que sa progéniture était bien installée.

A cet âge là, on se lève rarement la nuit pour aller faire un petit pipi, mais elles avaient tout de même accès au sous sol, où il y avait des toilettes…

0H00, je suis en train de lire tranquillement dans mon lit, fenêtre ouverte sur le jardin, quand des hurlements me font bondir et descendre l’escalier quatre à quatre. Mon père qui regardait la TV est en train de se lever pour aller voir, inutile, j’y vais.

Mes deux filles, se tenant dans les bras l’une de l’autre, étaient debout sur une souche, à hurler.

En me voyant arriver, le ton baisse.

  • On a entendu une grosse bête
  • On a vu une grosse bête (genre, les visiteurs)
  • On ne veut plus dormir dans la cabane…

Je récupère la couette, et direction la chambre que nous partageons, où elles s’endorment rapidement, vu que je leur intime l’ordre de se taire, la grosse bête allant fort probablement passer du hérisson à l’ours, puis au mammouth laineux…

C’était sans compter sur leur grand père qui partit à l’assaut dès le lendemain matin :

  • Ah elles sont belles les petites filles des bois !
  • Ah les aventurières du Rio Grande !
  • Debout sur la souche d’un tilleul à bramer comme jamais, et pourtant dieu qu’elles savent faire !
  • Ah comment qu’elles ont décabané les aventurières !
  • Décabaner ça n’existe pas papy (ton vexé)
  • Si, les iroquois employaient cette expression
  • Ah les iroquoises !
  • Elles ont entendu un ours fort probablement !
  • Ou pire !
  • Hi hi, voici les aventurières à la conquête de l’ouest
  • Vous préférez votre viande cuite ou cru pour le déjeuner les aventurières ?
  • Etc…

Piquées au vif et fort vexées de s’être fait traiter d’aventurières du Rio Grande HI HI, toute la journée, elles décidèrent de retenter l’aventure, mais avec une condition : que ma chienne ou celle de mes parents leur tienne compagnie.

Ma chienne n’était pas l’idéal, elle était effectivement capable de gueuler toute la nuit en entendant un hérisson dans le jardin, et allait s’étaler de tout son long sur le lit en leur mordillant les orteils pour avoir  plus de place. La chienne de mes parents fut donc mise à contribution. Plus petit gabarit, et plus trouillarde tu meurs. Elle était idéale pour RASSURER les filles, pendant que la mienne monterait vraiment la garde dans la maison.

La petite épagneul  n’avait jamais rêvé de dormir sur une couette. La deuxième nuit, se passa donc sans encombre, avec la « gardienne » (attention, chien trop gentil) ravie de dormir sur couverture pour protéger la couette : confort absolu.

Ma mère alla délivrer sa bête dès son petit lever, pendant que les filles pionçaient du sommeil du juste.

Elles passèrent tout le mois d’août dans la cabane, ravies d’avoir été à la hauteur de leurs souhaits. Et puis ça sentait bon dans la cabane, et puis elles pouvaient parlotter, et puis c’était super.

L’arrivée de la cousine pour le premier WE de septembre gâcha tout. Elle était moyennement décidée à dormir dans la cabane et passait son temps à allumer la lampe de poche pour en scruter les parois.

Et que donne une toute petite araignée grosse comme l’ongle du petit doigt, grossie X fois par une lampe de poche ? Ca donne une tarentule. Au moins.

Chienne de garde ou pas, ce soir là, ce sont les 3 cousines que nous avons retrouvées debout sur la souche, se serrant les unes contre les autres, en criant « au secours, à l’aide, PITIE ! »

Terminé la cabane…

Mais bon, Pulchérie et Delphine pouvaient tenir la tête bien droite, face à leur grand père qui ne se moquait plus d’elles : elles avaient été des aventurières même si le Rio Grande c’était loin, et c’était leur cousine qui avait tout gâché !

NA !

Allo mamannnnn ! (bobo) (part 1 sur l’infini…)

femme et souris

Je commençais à 8 H 30 chez Truchon. 8 H 31 un beau matin, le téléphone sonne, je repère immédiatement le numéro de portable de Delphine qui s’affiche sur l’écran de super téléphone de super maman.

Diantre, il y a urgence vu cette heure matinale et l’amour de cette même heure matinale que ma progéniture tient de moi. Mon coeur se serre et manque un battement (à force, on m’aura).

  • Alloooo mamannnnn !
  • Oui ma puce ??? (ma chérie, mon amour, la chair de ma chair…)
  • Yé ma pas va hi ! snif snif !
  • Respire ma chérie, je ne comprends pas ce que tu me dis
  • Yé ma pas va hi ! snif snif !
  • Arrête de pleurer et respire ! (NDD !)
  • Viiii ! (sanglots) Ma-mamannnnn !
  • Mon coeur se serre à nouveau. C’est grave !
  • Qu’y a-t-il ma chérie ?
  • OUIIINNNNN ! et resnif !
  • Qu’y a-t-il ma chérie ? Respire, voila, tu respire, parle po-sé-ment (on peut toujours rêver)
  • Mamannnnn ! Y’A UNE SOURIS DANS MA CHAMBRE ! (21 ans, toutes ses dents, sauf les dents de sagesse, je me suis mal concentrée pendant la conception, non, c’est la faute d’Albert)
  • Quoi ?
  • Je l’ai vu rentrer hier soir vers 1H (donc ce matin, quand je vous le disais que mes filles sont comme moi, à veiller jusqu’à pas d’heure pour être comateuses le matin…), elle s’est réfugiée sous l’armoire ! (quelle idée d’avoir une armoire dans une chambre de bonne !, salauds de propriétaires exploiteurs d’étudiants diants diants)
  • J’ai passé ma nuit à la chercher partout, j’ai tout rangé (c’est déjà ça), j’ai tout mis en hauteur, je n’ai pas pu dormir parce qu’elle allait courir sur moi si je m’endormais, c’est obligé. Mamannnn, j’ai peuuuuur !…
  • Elle doit toujours être sous l’armoiiiiiire, j’ai peuuuur ! Je ne la vois pas elle s’est planquée ! (salope de souris !)
  • Que puis-je faire ma chérie ? Je suis à Trappes, AU BOULOT, et toi à Paris…
  • (Sa soeur habite en face, de l’autre côté de la rue et gendre n° 1 n’a rien du tueur de souris implacable, cela sera prouvé plus tard (ICI)… Je sens pourtant qu’il risque de passer un mauvais quart d’heure)
  • Pulchérie et Vianney sont réveillés ?
  • Nonnnnnnn ! je guette leur fenêtre depuis 5 H, ils dorment toujouuuuurs !
  • (Les monstres !)
  • Mamannnnn, je suis sûre que la souris est toujours làààààààà ! Maman, au secours j’ai peuuuur !
  • (Qu’est ce que cela va être quand elle va accoucher…, d’un autre côté elle peut nous chier sa pastèque avec le sourire, l’hérédité étant étrange…)
  • « C’est mimi ma chérie une petite souris… Tu m’aurais parlé d’une mygale j’aurais appelé les pompiers, mais là… Je ne sais pas quoi faire… »
  • « COMPTEZ SUR VOTRE MERE, TIENS, EN CAS DE BESOIN ! »
  • SCHLARK !
  • Personne n’a plus entendu parler de la bête du Gévaudan immonde, cela a toujours été cela de pris…
  • D’un autre côté, je précise qu’en mère inquiète, s’il avait été question d’une mygale, je serais partie dare dare pour terrasser le monstre, j’aurais appelé les pompiers. SI ! Mais bon, si le monstre avait été une mygale, Delphine évanouie n’aurait pas pu me téléphoner, alors on ne saura jamais ce qui aurait pu se passer…
  • Théoriquement tout de même, je suis une héroïne (au téléphone)

La vie n’est qu’un long calvaire, je n’arrête pas de vous le dire, et personne ne me croit…