Des trucs de filles…

56715772ATTENTION, planquez vous TOUTES quand la chair de votre chair, votre progéniture féminine dit :

  • Je peux te coiffer ? (la réponse est oui, j’adore qu’on me tripote les cheveux), tu vas voir je ne vais pas te rater (effectivement vu le résultat on peut dire qu’elle ne m’a pas ratée, Dracula lui même serait parti en courant et sans besoin d’ail) : en fait on se retrouve avec 4 couettes débiles et il faudrait sortir comme ça !

  • J’peux m’épiler ? C’est quand que la température de la cire est bonne ? l’épilacire fonctionne plein tube et elle a déjà une brulure 3ème degré

  • C’est vrai que l’huile d’olive c’est bon pour les cheveux ? je peux prendre ton huile de chez fauchon à la truffe ? Non ? Trop tard

  • Comment ça je parle mal ? Précises que je cause pas comme il faut, que j’cause pas beau cé koi ce dikat du bien koser ?

  • Bouges pas, je vais te mettre de la crème sur les jambes (un pot de Nivéa foutu). Et on ne bouge pas vu que l’autre est en train de ne pas nous rater. On se retrouve avec les jambes grasses à mort ce qui nous rappelle qu’il faudrait que l’on perde un peu de gras

  • Cette chambre manque de décoration (je vais y remédier j’ai trois posters de Titanic et de la colle à papier)

  • Ce papier peint est immonde ! tu es certaine que c’est nous qui l’avons choisi ? On va le recouvrir de posters

  • Ce jaune dans la cuisine c’est moche, tu n’aimes pas le vert ? On te prépare une surprise pour ton anniversaire

  • Tu crois en la magie blanche ? ELLE y croit

  • Tu peux m’expliquer comment tu as vu la mort de Senna dans les cartes ? Elle va me piquer mon tarot (et elle l’a fait, je ne l’ai jamais retrouvé, et un tarot CA NE SE TOUCHE PAS PAR D’AUTRES, et la mort de SENNA a été mon grand moment de voyance)

  • J’ai un poilt sur le menton c’est normal ? (adieu ma pince à épiler)

  • Je n’ai pas de vagin tu m’as loupée (elle a essayé le tampax au mieux, ou bien son copan et elle… au pire)

  • J’ai fais des plantations, surprise !!!! (ne touche pas c’est un sort magie blanche  pour rencontrer l’amour et tes plantes de bourges peuvent crever)

  • Je t’aime ma petite maman chérie, ma mouth adorée (qu’a-t-elle fait comme connerie ?)

  • Il va sortir par où le bébé ? (vous expliquez longuement, vous faites lire le livre qui va avec l’âge et l’ainée se pointe à la maternité, admire la petite soeur, et pose votre main sur votre ventre en posant LA question « ben il est où le bébé ? Echec total d’une éducation réfléchie)

  • Tu n’as pas des jumelles ? (non, elle piquera celles de son grand père pour admirer le voisin du fond en prétextant s’être éprise des martins pêcheurs)

  • C’est quoi un martin pêcheur ? (elle me prend pour une conne)

  • Tu en as des affaires ! (adieu mes T shirts préférés)

  • Tu te sers de cette poudre ? (non, je l’avais achetée comme collector pour la revendre, mais comme tu l’as ouverte…)

  • Je suis désolée mais… (je vais t’annoncer que j’ai définitivement ruiné le lave linge et l’épilacire, que la peinture s’est renversée sur le sol de la cuisine, etc… MA MAMAN ADOREE QUE J’AIME TANT…)

  • Je suis désolée mais… De toutes façons ce sera TOUJOURS une mauvaise nouvelle, surtout pour VOUS…

C’est sans fin en fait. La vie n’est qu’un long calvaire…

Peintre, et vocation contrariée… (les artistes sont des incompris !)

chapelle-sixtine-vocationQuand que j’étais petite il y a longtemps, j’avais une âme d’artiste.

J’adorais les couleurs, ça, vous le savez déjà. (ICI) (Si cela marche…)

(A priori, cela marche, Dieu bénisse l’Amérique Sainte Pulchérie)

A l’époque (et en avant la Madeleine pour certains), la majorité des papiers peints n’avaient pas le fini vernissé qu’ils peuvent avoir maintenant, et n’étaient pas lessivables.

Lorsque nous habitions notre grand ensemble, au départ, mes parents avaient réservé la chambre donnant sur du calme « aux enfants », et avaient pris l’autre, moins calme, donnant sur la rue.

La chambre d’enfants était ornée d’un magnifique papier peint avec mes favoris de Disney sur fond bleu pâle. Quand on mouillait le papier les couleurs ressortaient beaucoup mieux, c’était plus joli.

Comme nous n’avions pas le droit d’emmener une cuvette d’eau et une éponge dans la chambre (on se demande bien pourquoi), nous faisions ce que beaucoup d’enfants ont fait pendant longtemps : nous mouillions le papier avec nos langues.

D’où sans doutes l’expression « lécher les murs »… Ca nous occupait pas mal, pendant ce temps là nous ne faisions pas d’autres conneries.

Mes parents qui avaient fait de même avant nous (ils nous l’ont avoué des années plus tard), s’opposaient malgré tout à ce que nous fassions ressortir les couleur. Nous parler d’auréoles disgracieuses qui restaient une fois le papier sec, c’était comme pisser dans un violon pour faire de la musique : totalement vain.

Le problème fut partiellement résolu avec un changement de chambres : les gosses au sommeil de plomb sur la rue, et les parents au sommeil moins de plomb, sur le calme. Les Disney et leurs auréoles furent recouverts d’un papier neutre et lessivable, alors que nous nous contentions d’un papier assez moche dans l’autre chambre. Le truc de base, livré avec l’appartement neuf…

Jaunasse avec des dessins vaguement blancs qui ne ressemblaient à rien. En léchant le jaune devenait plus vif mais c’était insuffisant.

D’où l’idée un jour de faire des dessins sur les murs. L’ampleur de la tâche proportionnelle à la taille des murs, ne nous fit pas peur, et armés de nos trois boîtes de crayons de couleur, nous avons commencé des chefs d’oeuvre, pour nous décourager rapidement.

3 maisons, 3 soleils, 3 prairies plus tard, il devint évident que nous allions manquer de temps pour orner TOUS les murs.

Ma soeur et mon frère décidèrent de gribouiller dans leur coin, et moi dans le mien, parce que j’étais l’aînée et que mes gribouillages étaient plus jolis que les leurs.

Ils se contentaient de grands coup de crayons rapides, pendant que de mon côté je faisais de magnifiques circonvolutions, cercles croisés et gribouillages réfléchis, dans lesquels apparaissaient fugitivement des animaux fantastiques dont j’avais l’idée de les colorier entièrement, après…

Après quoi, je n’en sais rien, mais après, ça c’était sûr. J’avais repéré un chat à 5 pattes, 2 dragons et trois dinosaures, et j’ai commencé à remplir le chat avec le crayon violet quand tout à coup, bruit de pas dans le couloir et la voix de maman qui nous a tétanisés (je l’entends encore)

  • Que faites vous les enfants ? je ne vous entends pas ! (bonne question, toujours aller voir quand on n’entend pas les enfants…)
  • Ouverture de la porte
  • KRIKITU : AH MON DIEU !

Confiscation des boîtes de crayons de couleur. Mercuriale et privation de dessert pour deux jours.

En rentrant le soir, papa alla contempler les dégâts en dissimulant (nous l’avons su trop tard), une véritable envie de rire. A mes propos indignés, parce qu’on éduquait tout de même les enfants à l’époque, un peu mieux qu’aujourd’hui, et que l’on essayait déjà de nous cultiver, il rétorqua que le pape n’avait pas du tout l’intention de faire repeindre à nouveau la chapelle sixtine et que ce vaste projet devait sortir de mon cerveau illico presto.

Et qu’en plus, les dragons n’existaient pas plus que les chats à cinq pattes (consternation).

Une enquête fut ouverte pour savoir qui avait eu l’idée saugrenue de me montrer les fresques de Michel Ange, en précisant qu’elles avaient bien besoin d’être restaurées (ce qui fut fait, des années après). Mon grand père paternel plaida coupable en précisant qu’il faut savoir vivre dangereusement, et qu’une vocation est une vocation.

Du coup, les boîtes de peintures furent supprimées également, nous ne pouvions plus nous en servir que dans la cuisine (lessivable), sous les yeux de maman en train de repasser.

Comme pour moi c’était la Chapelle Sixtine ou rien, j’ai renoncé à la peinture.

Et je n’ai appris que bien longtemps après, avec mes deux filles, à quel point il est parfois difficile de garder son sérieux et prendre un air sévère devant certaines conneries de gosses.

Quand nous avons déménagé longtemps après, les gribouillis étaient toujours en place, un peu pâlis par le temps…

La vie n’est qu’un long calvaire…