Les purges…

Belle_m_re

On découvre un jour avec affliction que chaque famille a la ou les siennes. Je parle des purges. De ceux qui nous pompent l’air à défaut de nous pomper le sang (le fisc s’en charge, je cherche toujours les vampires avec espoir….). J’en ai connu de magnifiques spécimens, et la liste sera non exhaustive…  Bien évidemment, vous aurez le droit de parler de vos purges à vous, je suis là pour ça…

Je parle donc des purges. Jadis c’était une bête potion à prendre pour avoir les idées et le sang clairs, plus moins de vers, etc… Maintenant la fréquentation assidue des purges a tendance à nous donner un teint blême, une voix rauque, à nous pourrir la vie de tous les jours et à nous donner de la mauvaise humeur. Limite à les fréquenter on devient pas fréquentable…

La purge en règle générale, vit sa vie tranquillement, avec une bonne conscience que rien n’ébranle jamais. Elle a ses trucs à elle pour pourrir la vie des autres autour d’elle, avec toujours aussi bonne conscience.

La purge a toujours bonne conscience d’ailleurs, c’est son truc à elle (ou à lui, ne soyons pas sexiste !)

  • Genre « je répète tout ». Déformé, amplifié, exagéré, inventé même, mal géré, mensonger, c’est mieux. On a dit devant elle que l’on trouvait que Nicolas avait eu une drôle d’idée de choisir sa voiture couleur savora/caca d’oie immonde. Nicolas saura bientôt que tout le monde pense qu’il a globalement un goût de chiotte. Moralité Nicolas blessé fait la tronche à tout le monde, sauf à la purge qui glapit dans le téléphone (parce que la purge glapit souvent) que c’est bien fait pour notre tronche et qu’on n’a qu’à pas dire du mal des gens. Reste à savoir ce qu’est « dire du mal des gens ».

  • La purge fait les commissions, sans qu’on le lui ait demandé. Le furoncle était championne du monde pour me dire « taloup m’a fait remarquer l’autre jour qu’elle n’avait jamais vu Pulchérie avec la robe qu’elle lui a offerte ». Possible. Pulchérie était la reine des taches… J’ai toujours en travers le « moi non plus je n’ai jamais vu sa fille avec la robe que je lui ai achetée », que je n’ai pas prononcé. Généralement, en faisant les commissions, la purge est bien blessante. Elle vous prend en traître pendant que vous épluchez les patates en vous demandant si elle ne va pas devenir aphone un jour,en tous cas à un moment fatal où votre répartie est coincée quelque part entre le talon gauche et le fémur…

  • La purge sait tout mieux que tout le monde et fait donc la morale à tout le monde. Quand elle est lancée sur la clope, la mutuelle et les impôts à qui vous versez généreusement 10 % supplémentaires facilement gagnés et que c’est n’importe quoi, même une alerte nucléaire ne lui fermera pas sa grande gueule

  • La purge sait encore tout mieux que tout le monde. Tante Hortense était la reine de la recette miracle et rien à discuter c’était comme ça et pas autrement parce qu’elle était la plus âgée. L’acné se soigne avec de l’eau bouillie et salée. On ne discute pas. Les dermatologues : tous des cons…

  • La purge fait la gueule pour pas grand chose (reste à savoir ce qu’est « pas grand chose »). Elle est championne du monde du boudage de téléphone, msn ou E-Mail. Quelle que soit la raison, c’est une chose que je ne supporte pas : les gens qui font la gueule (moi je ne fais pas la gueule, je laisse les autres la faire : nuance (et tout le monde ne tient pas aussi longtemps que moi… je suis bourrée de défauts…).

  • La purge adore déclencher une émeute ou des disputes dans la famille, pour mieux réconcilier tout le monde après, au son de « heureusement que j’étais là« . C’était la spécialité de la belle-mère du furoncle, qui passait son temps à brouiller ses 3 enfants pour les réconcilier devant une fricassée de poule (certes excellente)

  • La purge farfouille dans vos tiroirs et ré-organise le rangement de vos petites culottes…

La purge a des avantages à ne pas négliger. Généralement elle peut faire garde du corps avec brio et maestria. Ces deux mecs sont indispensables quand ce n’est pas le tout, mais qu’on fait chier tout le monde y compris les méchants voleurs…

C’est donc tante Hortense, un hasard sans doute… purge bien avant la guerre de 14/18 au cours de laquelle elle perdit son fiancé, ce qui lui donna des excuses pour l’être encore plus jusqu’à ses presque 100 ans … Mon grand-père ne parlait pas de purge d’ailleurs, mais de bourrique (à mon avis ça se vaut), avec tout le respect qu’il lui devait.

Donc tante Hortense, à vélo entre la gare de je ne sais plus où et son domicile, un soir d’hiver. Elle avait la trentaine, la grande guerre était passée par là. Franchement fallait pas la faire chier avant la guerre, alors après, je ne vous raconte pas…

Un homme se précipite d’un fossé avec l’intention visible de lui piquer son sac à main voire pire… Or le pire, impossible à imaginer pour tante Hortense, vierge elle était née, vierge elle se devait de mourir un jour puisqu’il était mort. Qu’elle soit caissière au Lido n’avait rien à voir, ce mec n’avait rien à foutre là.

  • D’abord elle a commencé par essayer de l’éborgner en faisant tournoyer le dit sac à main. Il s’en est pris un coup dans l’oeil : bien fait !

  • Pendant qu’il se tenait l’oeil, elle a bien garé son sac et lui a flanqué un upercut qui l’a envoyé au tapis (on le plaindrait presque)

  • Elle est remonté sur son vélo et lui a roulé volontairement sur une jambe, en espérant l’estropier définitiement.

  • Elle arrive chez elle : fichtre diante ! (on causait bien à l’époque) : elle a perdu son porte monnaie (normalement rangé dans un jupon)

  • Elle remonte sur son vélo et retourne sur les lieux du crime et ça il fallait le faire à l’époque. Le vilain v(i)oleur n’était plus là, mais le porte monnaie si : en plein milieu de la route… Elle a pu rentrer chez elle tranquille… Et la conscience nette. Elle avait pris un pistolet de son père et qui sonnerait le glas, elle s’en foutait totalement, car elle savait tirer…

Ca c’est de la purge où je ne m’y connais point… Car elle était capable de pomper l’air de tout le monde autant que des méchants voleurs…

Elle l’a fait jusqu’à la fin de sa vie…

La vie n’est qu’un long calvaire…