Les incontournables des films américains (1)…

A force de regarder des vieux (!) films, il y a des personnalités qui finissent par nous sauter aux yeux. Ce sont les incontournables des films américains. Là je vous le fais un peu en vrac, mais promis, je vais creuser…

  • Il y a souvent un « foutu bordel d’enfoiré de tête de mule » (la rivière avec Mel Gibson dans le rôle de l’enfoiré qui veut garder sa ferme et son maïs malgré les débordements de la fichue bordel d’enfoirée de rivière). Sinon c’est juste une fichue tête de mule (JFK mais la tête de mule étant procureur, on oublie le reste du vocabulaire). La tête de mule est très importante dans l’inconscient collectif américain. Eventuellement on peut avoir une fichue tête de pioche, mais cela finira mal si ce n’est pas une fichue bordel d’enfoirée de tête de pioche. Les femmes ne sont jamais des fichues têtes de mules, juste des chieuses ou des emmerdeuses de première mais il faut y revenir. C’est très psychologique.
  • Il y a souvent un fichu alcoolique. Ca peut être le flic qui va se rédempter à l’évian en sauvant des tas d’innocents, rôle dans lequel Bruce Willis a fait très fort avec des tas de films. Sinon c’est le cow boy héroïque, ou le shérif, c’est mieux. C’est dingue comme dans les westerns ils peuvent se castagner complètement bourrés en trouvant cela super drôle, avant d’aller dégommer les méchants sans que la gueule de bois ne perturbe leur vision et sans les faire trembler. Pour le flic alcoolique il a des excuses : il a perdu sa femme, ou il va la perdre ou il est en train de la perdre. Dans le dernier cas le suspense reste intact : sauvera-t-il son couple en sauvant son foie et éventuellement New York ? Ou bien va-t-il y rester en laissant une veuve finalement inconsolable ?
  • Il y a le chien. Variable d’ailleurs. Il y a le chien qui compense l’absence d’enfant et au sujet duquel les maîtres forcément divorcés se disputent, avant de se rabibocher en ayant sauvé le monde (« Alerte »). Sinon le clebard théoriquement enragé au début, sauve en fait toute la famille de l’incendie/attaque des rats/avalanche. Là encore : suspense. Le chien gravement blessé mais sauvé in extremis accompagnera toute la famille en boitant pendant une trentaine d’année, ou bien il mourra juste au moment où son maître comprend enfin qu’il est le meilleur des toutous. Dans tous les cas, ça fini avec des mouchoirs. Le pire étant l’histoire de ce vagabond qui a sauvé tout le monde, mais a choppé la rage et que son maître doit abattre, les larmes aux yeux et le fusil braqué on ne sait où. Ca marche toujours.
  • Outre la fichue tête de mule, il y a le mec complètement déjanté mais le meilleur du monde dans sa spécialité, qui officie avec des aussi déjantés que lui chacun dans un genre différent (obsédé sexuel, alcoolique, père qui ne voit plus son gosse depuis le divorce, gros mangeur, faible psychiquement). L’équipe bien entendu sera malgré les avis de la CIA, embauchée pour pulvériser un vilain astéroïde en se poilant pendant l’entraînement, au hasard. Ils mourront pour la moitié dans la joie, reviendront sauveurs de l’humanité pour l’autre moitié. Le plus déjanté de l’équipe : le chef, se sacrifiera pour sauver l’humanité et son équipe. On ne peut s’empêcher de l’admirer, sauf que se sacrifiant ou non, de toutes manières il était condamné (« Armaggedon » est un chef d’oeuvre du genre).
  • Il y a la tête brûlée, le casse cou, le risque tout, celui qui ne doute de rien. Il a bien raison, parce qu’il sera l’homme le plus vite du monde, un des premiers astronautes, un des premiers à dépasser en apnée les 12000 mètres dans le pacifique (« l’étoffe des héros » « Abyss »). Tout ceci en mâchant du chewing gum du début du film au générique de fin. Cela implique d’ailleurs d’embaucher un acteur à la mâchoire développée pour faire crédible.
  • Ce qui se corse c’est le mélange des genres. La fichue tête de mule bordel, peut boulotter du chewing gum tout en l’arrosant avec du gin sans tonic, en demandant à l’emmerdeuse de service des nouvelles du clebs et en envisageant à la fin de la bouteille de gin, de donner sa vie pour l’humanité en plongeant lui à 20000 mètres (on attend…).
  • Ils ont néanmoins en commun un vocabulaire non châtié. Ils se retrouvent « la queue à l’air », ils se font « enculer », on leur « troue le cul » et ça putain de bordel de merde, on va le leur payer parce qu’ils ne sont pas des tapettes putain !

Quand on voit le méchant on peut se tirer : il ne fera pas sauter le monde, loupera le casse du siècle, ne fera pas sauter le pont trop loin, et n’aura pas la peau du chien, parce que le héros viril est là bordel ! Les héros sont généralement dopés aux amphétamines et très musclés, même s’ils boivent. Chez eux, le whisky élimine la bière zut alors !

Sinon il est à souligner que quand on voit un môme se pointer, généralement dans les films américains, le gamin est infernal. Il dit non à tout, ne prend jamais une claque que l’on serait tenté de lui donner, pulvérise tout, désobéit systématiquement à tous les ordres, boulotte n’importe quoi en pillant le frigo, promène le chat par la queue, crève les pneus du héros, parle d’une voix nasillarde, ce qui n’empêche pas le commandant de bord de l’inviter à visiter le cockpit.

Prochain épisode : les femmes, et même les emmerdeuses… Et puis je pense que les militaires méritent une mention spéciale… Ceci sans oublier les phrases qui tuent, j’essaye de rester lucide…