P comme Parent d’élève 2ème

Parents_d__l_ves

J’ai bien sûr déjà abordé le sujet… Un beau jour, on cesse d’être une personne ordinaire, on devient parent d’élève. Dur dur.

Ce soir en allant à la pharmacie, je me suis remémorée une lutte dont j’avais oublié l’existence. Une lutte contre des bestioles immondes que rapportent (parfois) nos chères têtes blondes, brunes ou rousses.

Devant moi donc, une femme achetant le nécessaire absolu anti poux. Oui vous avez bien lu : poux hiboux cailloux genoux. Lotion, shampoing, peigne électrique qui paraît-il les tue direct quand on le passe dans les cheveux. Elle a laissé une somme rondelette au pharmacien ravi.

Quand que j’étais petite (la préhistoire je vous dis), une fois par mois une infirmière venait à l’école inspecter toutes les têtes. L’enfant porteur était immédiatement traité et ne pouvait revenir qu’après une visite de contrôle attestant qu’il était exempt de bestioles. Maintenant au non de la non exclusion, ce genre de pratique est interdite.

J’ai eu la chance et mes frères et soeurs avec moi, de ne pas avoir de « tête à poux ». Comme il y en a qui attirent ou repoussent les moustiques, les aoûtats ou autres bestioles, il y aurait ou non des têtes à poux.

Hélas, mes deux filles rentraient dans cette catégorie. Têtes attirant les poux, Delphine attirant en plus les moustiques (le meilleur anti moustiques que j’ai eu à la maison, depuis qu’elle est partie ils me repiquent), Pulchérie étant boudés par les moustiques mais cible de prédilection pour les aoûtats. J’étais prête à accepter cette fatalité, mais certains parents non. A tel point que certains au son de « mon enfant est propre », ne regardent jamais la tête du leur quand un mot est affiché style « attention, les poux sont de retour ». Mon ex méchante belle soeur était de ce style et le furoncle en son absence dû traiter ses deux enfants infestés par les bestioles : elle se refusait même à regarder si…

Pulchérie revint du CP un beau soir en se grattant la tête. Examen rapide et consternation. 3 bestioles minuscules se balladant dans son cuir chevelu. Direction la pharmacie pour acheter tout ce qu’il faut, désinfection en règle, lavage de tout ce qu’il se doit, et désinfection préventive de Delphine.

Cela dura tout le CP. On me déroulait le tapis rouge à la pharmacie au son de « si les autres parents ne traitent pas ça ne sert quasi à rien… » La maitresse a qui je signalais honnêtement le problème me rétorqua un beau jour, d’un air excédé que j’étais la seule à me plaindre. Forcément cela venait de moi et d’une hygiène douteuse…

Sortie de fin d’année, j’accompagne les trésors. Dans la classe de Pulchérie, une petite Valentine dont les cheveux jusqu’aux genoux faisaient l’admiration de tous. Une autre maman et moi avions sympathisé et réuni nos deux groupes pour n’en faire qu’un (et passé notre journée à compter jusqu’à 12). Nous avons donc remarqué toutes les deux que la petite Valentine passait son temps à se gratter. La tête, les épaules, le dos, les cuisses. Là, l’autre me signale à voix basse, comme honteuse qu’elle a passé son année à traiter sa fille contre les poux, sans oser en parler, s’étant faite rembarrer la première fois par la maîtresse… Je découvre donc que je n’étais pas la seule…

Nous soulevons la splendide chevelure de la gamine. Elle grouillait de poux. Des poux adultes. Je ne pensais pas que cela pouvait devenir aussi gros, n’ayant trucidé chez Pulchérie que des bébés et des lentes. La gamine était couverte de piqûres dans le dos, sur les épaules, partout où ses cheveux la touchaient. La rage nous prend et nous appelons la maîtresse en train de contempler les ours polaires au zoo de Vincennes. Cris horrifiés de cette dernière quand elle découvre le carnage, et l’autre maman et moi en train de lui signaler qu’elle ferait mieux de réfléchir dans l’avenir quand on lui signale des poux, avant d’envoyer bouler la mère qui se plaint. Car celle qui se plaint est celle qui traite en vain…

Le temps passe, jusqu’au CM2 et là, rebelotte dès la rentrée. En plus, Pulchérie qui dort avec sa soeur, l’infeste à chaque fois. Je signale à l’instit, un vieux de la vieille qui passe une annonce. Il voit bien lui, que certains se grattent et que certains parents haussent les épaules quand il le signale discrètement. Et on traite, on traite, on se ruine en produits, en lessives, en insecticide (faut tout désinfecter). En plus, certains produits deviennent inefficaces. J’ai récupéré des « vivants » après un temps de pause de lotion multiplié par 4… Jusqu’au jour ou deux mamans et moi demandons à l’instit de frapper un grand coup. Ras le bol de traiter nos gamines (les produits irritent Pulchérie qui en a des croutes sur la tête, une de ses copines aussi), de chercher le produit miracle. En fait une multitude de parents se plaignent régulièrement.

Il passe donc une annonce bidon comme quoi, devant les plaintes répétées de certains parents las de traiter leurs enfants alors que d’autres ne font visiblement rien, il va procéder lui-même à l’inspection de toutes les têtes et demander l’apport d’une infirmière pour cette inspection qui aura lieu jeudi (c’était un mardi)… Bien évidemment c’était faux, aucune infirmière ne se serait déplacée, comme au bon vieux temps…

La pharmacie du village a été dévalisée, mais l’épidémie a été stoppée net en mars (il était temps)… Le pharmacien nous déclara que certaines étaient venues, l’air pincée lui demander la totale pour le caz-où… avec un gosse se grattant frénétiquement… Mais elles n’avaient pas regardé bien sûr : comme ma connasse de belle soeur, leurs enfants ne pouvaient pas avoir de poux…

C’est LA lutte qui m’a le plus horripilée et le plus ruinée au cours de ma carrière de parente d’élèves (Delphine ayant eu ses épidémies également une fois sa soeur partie au collège où elle ne récolta plus rien)

Désolée si certains pensent que leurs enfants ne peuvent pas avoir de poux parce qu’ils sont propres : ce style d’invasion n’a rien à voir avec la propreté, et ce ne sont pas forcément les mieux tenus qui sont porteurs…

Je vous quitte, du coup ça me gratte…

Ah oui j’oubliais : la vie n’est qu’un long calvaire…