Famille, pas toujours facile… (3)

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Je décroche donc mon téléphone (façon de parler) et j’appelle la gendarmerie, sans m’imaginer une seule minute que j’ai été manipulée de manière magistrale…

L’homme que j’ai au téléphone demande des explications, il attend. Pourquoi est-ce moi qui me manifeste ? Pourquoi mon père ce héros au sourire si doux le cousin n’avait pas de nouvelles depuis au moins 9 ans ? (allez donc expliquer que le mort avait un caractère de merde…)  Pourquoi n’appelle-t-il pas lui-même (il est aphone, c’est la seule réponse qui me soit venue à l’esprit), bref, l’appel se prolonge.

Il prend note de tout. S’il y a eu abus de faiblesse, c’est le notaire chargé de la succession qui va pouvoir faire enquête auprès des banques, et après seulement, ils interviendront pour enquête. Pour le décès, le constat a été fait par le médecin du SAMU, très pointilleux, et s’il avait eu le moindre doute, ils auraient été alertés immédiatement : « nous sommes souvent obligés d’intervenir pour rien ».

Il termine en me disant que « de toutes façons, ils y passent cet après midi ». Je ne note pas le « de toutes façons » qui me reviendra trop tard, et je donne les coordonnées des petits cousins les plus proches géographiquement parlant : Sissi et son frère.

Je raccroche, la conscience sereine.

J’avais tort…

Je ne savais pas encore tout, et je ne m’étais pas renseignée suffisamment, car le soir, j’ai Sissi au téléphone, et là, la poire blette (moi), va tomber sur le sol…

  • Tu as fait du propre !
  • Oui les gendarmes sont venus, il y avait le maire aussi !
  • Les pauvres braves gens ont été mis à la porte immédiatement !
  • Juste le temps pour eux de faire leurs valises !
  • Sous surveillance en plus !
  • Des scellées ont été mises sur la maison !
  • On n’a jamais demandé cela !
  • Je te conseille de ne pas venir à l’enterrement ni ton père et ta mère, car cela va être très mal vu par les braves gens, vous ne serez pas les bienvenus, et cela risque de très mal se passer !
  • Flanqués à la porte comme cela !
  • C’est une honte !
  • C’est de ta faute !
  • Le maire m’a dit que c’était la procédure, mais je suis certaine que non, tu es allée trop loin !
  • Tu as porté plainte ou quoi ? (par téléphone ???)
  • Ils ont prétendu que Marc leur avait donné la maison : JE LE SAVAIS, mais tu n’en as pas tenu compte !
  • ETC…

J’ai beau lui expliquer que je ne n’ai fait que prendre des renseignements, elle continue sa litanie, en boucle. Je me décompose lentement, j’ai les jambes qui flageolent, une boule dans la gorge. Je n’ai rien fait de mal.

Elle reconnait qu’elle m’a demandé d’appeler la gendarmerie, mais pas pour que les braves gens soient flanqués à la porte. C’est bien pour cela qu’elle avait pris RV pour le 2 février…

Et les scellées, ça le fait les scellées ? je suis contente de moi ? Concernant des questions qu’on lui a posées (car les gendarmes lui ont demandé de se déplacer illico sur les lieux du crime comme témoin), elle a bien été obligée de dire que pour des papiers éventuels, elle n’était au courant de rien, n’ayant pas vu son petit cousin depuis 3 ans ! JE lui ai flanqué la HONTE, même si sa mère elle, s’occupait de loin de Marc !

A la fin de la conversation (enfin de son monologue en boucle, elle n’écoute rien de ce que je réponds), je comprends que je risque ma vie si je me déplace à l’enterrement, car « les autres » (les braves gens) ont la haine à mon égard.

Je suis une salope, alors du coup, je finis par raccrocher totalement effondrée.

  • Je pleure de stupéfaction, de rage, de colère, de l’injustice qui m’est faite.
  • Depuis toute petite, depuis une méchante institutrice, je suis totalement démunie devant l’injustice.
  • J’ai été manipulée, je me suis laissée manipuler.
  • Delphine qui a toujours des antennes, m’appelle au moment où je suffoque de larmes et d’indignation : « c’est quoi cette pouffiasse maman, qui te prend des RV sans te demander ton avis, et veut t’empêcher d’aller à l’enterrement ? » etc…

Fort heureusement, j’ai le soutien des parents, de ma soeur qui s’indigne, des taties qui s’indignent également.

Le vendredi, je réalise que le lundi après midi, à l’heure de l’enterrement, j’ai un RV téléphonique avec ma conseillère Pôle emploi.

M’en fous, j’irai. Je remue ciel et terre pour obtenir un bulletin de décès (envoyé par mail par la mairie concernée, avec précision de la date et heure des obsèques). J’ai contacté Pôle emploi : dès que j’ai les justificatifs je n’ai qu’à rappeler, même le lundi matin, pour annuler avec motif, ce RV.

M’en fous, j’irai. Dois-je prendre une arme ? Où trouver un gilet pare balles ou arme blanche ?

Nous irons. ILS verront si le cousin Marc n’avait pas de famille.

  • Mes parents
  • Mes deux tantes + un concubin
  • Mon frère
  • Moi
  • Nous sommes en force par rapport à l’autre côté de la famille de Marc. Eux ne sont que 3…

On s’en fout, on ira. Papa n’était pas très chaud, vu qu’ une messe en plein hiver dans une église forcément pas chauffée, c’est un coup à attraper la mort. De l’enterrement du père de Marc, nous avions été 5 à rapporter une bronchite carabinée (il faisait moins 10, moins 5 dans l’église).

Mais comme il ne sera pas le bienvenu, et bien il ira. Déguisé en Inuit s’il le faut, mais il sera là. Sissi il s’en tape, et ce n’est pas une merdeuse qui va lui dicter ce qu’il doit faire.

Et tout le monde sera autour de moi pour me protéger d’une agression éventuelle.

Ne rigolez pas, j’y vais parce que je n’ai rien fait de mal, que j’ai ma conscience pour moi, que c’est pour moi un devoir, mais des braves gens qui dépouillent un malade, et bien, ça me fout les jetons…

Le « de toutes façons » et « c’est la procédure » me reviendront le vendredi soir. Après enquête et coup de fil à une amie avocate, je sais que je n’ai vraiment rien fait de mal.

Le maire, ayant eu connaissance du décès le mercredi matin, sachant que le mort n’avait pas d’héritier direct, se devait, avec la gendarmerie, d’aller mettre des scellées sur la maison et d’en éjecter les occupants qui n’avaient pas lieu d’y être, car ils n’étaient pas héritiers réservataires ou potentiels et n’avaient rien dans les mains pour prouver qu’ils étaient là de droit…

Mais la vie n’est qu’un long calvaire.

Le prochain que je ne connais que vaguement qui me demande un service, je lui pète un genou…

Famille, pas toujours facile… (2)

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Mardi 22 janvier, Mrs Bibelot me téléphone.

  • « Nous venons d’apprendre par Catherine (la femme du neveu de la tante Yéyette, mort lui, il y a 3 ans), la mort de Marc.
  • « Il y a une histoire invraisemblable, je te raconterai ».
  • Ca ne pouvait pas attendre que je vienne pour le thé du jour…
  • Elle raccroche sauvagement comme de coutume, pour ne pas me laisser le temps de lui répondre en devant prétendre que la communication est mauvaise (elle devient sourde, et refuse de l’admettre).

J’apprends donc que :

  • Le cousin Marc est mort.
  • Ce qui est ballot c’est que nous ne savions même pas qu’il était malade. Sinon papa aurait fait tout de même le déplacement et nous avec, malgré le prix du carburant et du téléphone
  • Qu’il y avait d’installés chez lui, son auxiliaire de vie, son mari, leur fille plus des neveux, une vraie tribu.
  • Qui avaient changé les serrures, le bip du portail.
  • Que pour la famille du côté Yéyette il fallait téléphoner pour demander l’autorisation de venir voir Marc.
  • Visites qui étaient parfois refusées, et qui se déroulaient toujours en leur présence : impossible de discuter avec Marc en tête à tête.

Maman sympa, a refilé mon numéro à Catherine qui se souvient très bien de moi, et qui m’appelle le soir même.

Le discours est assez incohérent. Et comme je n’ai pas choisi l’option « furoncle », je l’écoute.

  • Ce sont des braves gens mais…
  • Comme ils sont musulmans, le pauvre Marc est privé de cochon depuis 6 ans lui qui adorait la charcuterie et autres…
  • Ma pauvre, il était d’une maigreur effrayante.
  • Pourtant quand je suis allée le voir le 2 janvier, il a dévoré TOUTE la galette des rois que j’avais apportée. Une galette pour 6. Les autres n’étaient pas contents.
  • D’ailleurs à chaque fois que j’y allais avec gâteaux ou autres, il mangeait très bien !
  • Ce sont des braves gens mais…
  • Ils m’ont interdit de lui servir du champagne, pourtant il m’a dit « oh il y a tellement longtemps que je n’en ai pas bu »
  • Ce sont des braves gens mais…
  • On se demande qui finance les travaux de leur maison
  • Si la voisine ne m’avait pas prévenue qu’elle avait vu le SAMU, je n’aurais même pas su qu’il était mort, tu te rends compte (oui)
  • Ils ont déclaré au SAMU qu’il n’avait pas de famille, tu te rends compte ? (toujours oui)
  • Ils avaient tout préparé pour des obsèques civiles, et m’ont dit de ne m’occuper de rien…
  • Je pense que Marc leur a donné sa maison, que nous ne pourrons jamais y remettre les pieds…

Là je l’interromps : on ne donne pas un bien immobilier comme ça, il faut passer chez le notaire, et en théorie, l’article 909 du code civil que j’ai consulté en rentrant de chez les parents  dispose : (après tout, consultez-le, sinon cet article va faire 1 km)…

Je lui demande si elle pense qu’il y aurait eu « abus de faiblesse ». Ce sont des braves gens, mais oui… Comme j’ai l’air de connaître certains trucs en droit, Sissi va m’appeler le lendemain.

Sissi me tient le même discours contradictoire que sa mère. Certes, Marc n’était pas marrant, mais les braves gens étaient payés et cher, pour s’occuper de lui. Oui il pourrait y avoir eu abus de faiblesse, et non, on n’a jamais alerté personne, concernant un manque de soin, ou de nourriture. Il voulait finir ses jours chez lui, ces braves gens c’était l’aubaine. Oui il était maigre, mais non, il ne semblait pas manquer d’appétit. Que devons-nous faire ?

Je lui suggère de se renseigner. Le cousin Marc dépend de la gendarmerie de Rambouillet, il y a soupçon d’abus de faiblesse, il avait du bien, a-t-il été dépouillé ? Peuvent-ils enquêter à ce sujet ou y a-t-il une autre marche à suivre ?

  • Ils ont dû se servir, ils avaient des procurations à la banque, le code de la CB…
  • J’ai contacté les pompes funèbres, il n’est pas question qu’il soit enterré comme un païen, il était croyant,
  • Et gnagnagna.
  • Elle se débat depuis le matin où elle a fait bloquer les comptes en banque (tout de même).
  • Demander quoi à la gendarmerie ? S’ils sont habilités à faire une enquête concernant les biens de Marc, un éventuel abus de faiblesse, le fait que les braves gens se soient servis… Ah oui ce n’est pas bête (elle est sourde ou quoi ?)
  • On va voir.

Le lendemain matin (jeudi), elle m’appelle, en me précisant d’un ton péremptoire que :

  • Elle a pris RV avec les braves gens pour le samedi 2 février, pour moi, afin que je l’accompagne dans la maison de Marc pour trier les papiers, vu qu’elle sent que je m’y entends mieux qu’elle (ce qui n’est pas difficile)
  • A 10 H du matin.
  • Je lui précise qu’à 10 H du matin cela ne va pas être possible. Même si mon sommeil et son décalage s’améliorent, c’est l’heure où je me lève (ça je ne le lui dit pas, je lui dis simplement que je ne suis pas libre le samedi matin. Après tout, j’ai bien le droit d’avoir un des amants).
  • Ah oui mais l’après midi, elle n’est pas libre elle, donc il faut que je note ce RV, qui est impératif.
  • Je lui réponds que je ne garantis rien, et qu’on en reparlera. En me demandant tout de même de quel droit elle ME prend un rendez-vous sans me consulter.
  • Puis elle termine en me demandant si je peux appeler la gendarmerie, car elle n’a pas le temps. Après avoir bien sûr demandé à mon père, s’il accepte que je le représente.
  • Jean-Poirotte accepte immédiatement, il est même prêt à me payer pour que j’appelle la gendarmerie à sa place (j’aurais dû dire oui)
  • Parce que lui aussi trouve, vu qu’il a rappelé Catherine pour avoir plus de détails, qu’il y a pas mal de choses qui clochent dans le dossier.
  • Mais vu son amour du téléphone, il était presque en train de me rédiger une procuration…
  • Je rappelle Sissi pour lui dire que je me charge du coup de fil à la gendarmerie, mais que je ne suis ni avocate, ni notaire, il ne faut pas se tromper de personne. Avoir fait des études de droit et travaillé pour un avocat (tordu), ne fait pas de moi une personne particulièrement compétente (par compte je suis championne sur Internet pour trouver les informations qui m’intéressent). En plus les lois changent tout le temps…

Et là, vous allez comprendre tout de suite pourquoi je regrette de n’avoir pas pris l’option furoncle. Moi je suis dans la catégorie poire pas blette mais c’est limite…

La vie n’est qu’un long calvaire, vous aurez la suite demain…