La maternitude…

La_maternitude_53329075Pour Pulchérie, je pensais avoir été une mère atroce. Pas pour elle hein, pour les autres…

J’avais tout le temps peur pour elle et j’avais mes raisons (j’y reviendrai). Au secours maman tout le temps… Mais…

Par exemple à la maternité, on m’avait mis la chieuse en puissance (oh combien !) dans un berceau transparent avec l’avis « je suis petit et fragile, seuls mon papa et ma maman ont le droit de me prendre« . Cause toujours… Si le père pouvait la prendre, tout le monde le pouvait, il apportait autant de microbes que les autres le papa… Et vu l’endroit par lequel passe l’enfant pour naître, c’est normal qu’il soit immunisé… J’avais lu plein de livres en plus, et je savais qu’un nourrisson est protégé par les anti-corps de sa mère pendant un mois après la naissance. S’il était au sein, aussi longtemps qu’il se serait (et elle l’était après une lutte corps et biens contre la maternité, j’y reviendrais également).

Donc à la maternité, tout le monde pouvait prendre cette enfant dans ses bras. Jean Poirotte s’empara d’elle le soir de sa naissance sous l’oeil horrifié d’une sage femme que Mrs Bibelot renvoya dans ses 15 mètres parce qu’elle attendait son tour…

Le lendemain, un samedi, tout le monde défila, c’est simple j’ai une photo de tout le monde avec la petite dans les bras !

  • Mon père

  • Ma mère

  • Mon frère et ma soeur (sans marteau je précise)

  • Sa copine de l’époque, ma belle soeur (ex, mais on se cause toujours)

  • Moi un coup : elle avait fait un couac !

  • Mon grand père

  • Son arrière arrière grand tante (tante Hortense)

  • Le père

  • La belle soeur

  • Le beau frère

  • Leur fille

  • Et j’en passe.

Vous n’allez pas le croire : Pulchérie a survécu à tous ces bras mercenaires et ces microbes atroces qui l’attendaient pour la terrasser (d’ailleurs elle va très bien, je confirme).

Ma belle soeur en cloque de la cousiiiiine et nous annonçant qu’elle allait accoucher dans la maternité de rêve. Pour elle c’était quand le môme est dans un endroit soi-disant stérilisé et isolé de sa mère (moi rien que la vue de la chambre de rêve me donnait envie de foutre le camp). Un truc très américain dans le style. On regarde le chiard derrière une glace car la chambre du dit chiard est isolée de celle de la mère avec baie vitrée obligatoire.

Puis elle acheva tout le monde en nous déclarant qu’elle n’était pas d’accord avec le fait que Pulchérie ait été dans les bras de tout le monde (dont les siens) et que du coup, sa fille (on savait ce que c’était), n’irait dans les bras de personne….

On pensait qu’elle nous faisait le coup classique de Trafalgar de la femme en cloque qu’il ne faut surtout pas contrarier sinon elle va faire serial killeuse, mais cela se précisa après la césarienne…

  • La môme était bien dans un berceau transparent dans une pièce théoriquement isolée de sa mère, derrière une vitre

  • Interdiction de se pencher au dessus du berceau sous peine de briser la glace (z’aviez qu’à lire plus haut).

  • La prendre dans les bras ? Vous rigolez vous ? Faut ouvrir la porte, les microbes vont s’engouffrer…

Nous étions à la fois ravis et frustrés. Le Hic fut de voir l’album photo quelques mois plus tard. Parce qu’il y avait des photos de la petite dans :

  • Les bras de son père (jusque là c’est normal)

  • Les bras de la mère de la belle soeur (là c’était moins normal vu que la mère du papa n’avait pas eu le droit)

  • Les bras du père de la belle soeur (idem avec Jean Poirotte qui en mourait d’envie)

  • Les bras de la femme du patron de mon frère…

  • Les bras de la future marraine, alors qu’Albert Parrain présumé n’avait pas eu le droit de la regarder autrement qu’au travers une vitre…

Il y a eu comme un couac général dans la famille. Et la sensation que mon frère n’avait pas apprécié, mais qu’il avait subi… Qui s’est confirmée plus tard lors de la séparation… Mais bon sur ce coup là il a fait solidaire avec sa femme et je pense que cela lui a coûté…

Ma belle soeur était tombée en maternitude… J’appelle ça comme cela. Les femmes qui en font trop, qui en rajoutent une couche, qui ont souffert plus que les autres et dont les enfants sont plus fragiles que les autres… Qui font tout bien et vous pas (pour Delphine qui s’intercalait entre la cousiiiiine et son frère, elle me fit la morale « ne laisse pas tout le monde la prendre » Ben si, et même la grande soeur, et je fais ce que je veux d’abord…. (Delphine est toujours vivante et en bonne santé je confirme…)

Effectivement parfois, plus fragiles que les autres, certains enfants sont (ça sonne bien non ?). A l’abri des microbes ils ne développent pas leurs défenses immunitaires. Séparés de leur mère dès leur naissance, ils n’apprennent pas ce je ne sais comment définir qui les rendra sociables…

Elle a persisté et signé pour le second, s’est un peu relâchée sur le troisième (que j’ai pu manipuler et bisouter parce que j’étais déléguée à la photo et qu’elle s’était absentée pour aller voir les aînés : le chiard a survécu à mes microbes (il est en parfaite santé, je confirme…)

N’empêche qu’il leur manque toujours à ces bayous peut-être, d’être passés de bras en bras à l’heure où ils connaissaient le monde, à leur grande surprise.

Je me trompe peut-être. Mais entre la maternité et la maternitude, je trouve qu’il y a un fossé. Finalement pour Pulchérie j’étais dans la maternité (tremblante), et ma belle soeur était dans la maternitude… Comme ces femmes qui marchent sur la route fières derrière leur landeau, alors qu’il y a un trottoir magnifique qui les attend…

De toutes façons, quel que soit le clan, la vie n’est qu’un long calvaire (surtout quand on a des chiards à gérer…)

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