Jour de lessive… (part 1 sur la lessive)

Lessives_part_1_10075817

Sa mère le lui a dit et répété à Alphonsine : la lessive le mardi… Elle fera donc sa lessive le mardi. La petite lessive s’entend, celle du quotidien, la « grande lessive » étant programmée une fois l’an.

Alphonsine est pourvue d’une lessiveuse dernier modèle, d’une brosse et d’une planche à battre le linge. Elle a de la chance : il y a l’eau courante chez elle. Froide bien sur, mais bon, elle n’est pas obligée de se rendre au lavoir qui est à 200 mètres de chez elle, autrement qu’une fois l’an, ce qui fait d’elle une pimbêche pour certaines qui vont au lavoir chaque semaine que dieu leur inflige.

Le lundi soir, elle met le linge vaguement humidifié dans la lessiveuse à l’étage 0. A l’étage 1, un genre de panier à couscous dans lequel elle met de la cendre de bois (religieusement recueillie du fourneau jour après jour). A l’étage 2 qu’elle remplit d’eau, le goutte à goutte.

Toute la nuit, le goutte à goutte va jouer, diluant l’eau dans la cendre et noyant le linge. Elle appelait cela mettre le linge « à couler ».

Le mardi matin, Jules parti, elle fait chauffer un bon coup, récupère le linge, regarde ce qui est blanc de blanc ou non, et empoigne sa planche à laver, sa brosse, et un savon à la potasse qui lui esquinte les mains. Elle frotte chaque tache, elle récure. Elle bat le linge pour l’essorer entre chaque opération (rinçages multiples, mais il faut faire attention : l’eau coûte cher).

Dernier rinçage (avec, si c’est du blanc un peu de bleu en boule pour faire plus joli et plus blanc) : aller étendre. Quand il fait beau, comme pour nous : que du bonheur à aller dans le jardin. Quand c’est l’hiver, elle étend devant la cheminée qu’elle fait flamber comme pas possible, en allant chaque heure retourner le linge, le changer de place, pour que tout soit sec pour le soir.

Elle plie tout soigneusement… Parce qu’après il va falloir tout repasser. Et comme le deuxième s’agite déjà dans son ventre, le mercredi c’est également lessive : de couches… En France, le service de nettoyage de couches n’existe pas encore, comme aux USA… Comme elle est enceinte à nouveau elle n’a pas de problèmes avec la lessive mensuelle qui a mortifié tant de femmes en ville. A rincer et rincer jusqu’à ce qu’aucune trace suspecte ne puisse révéler dans le caniveau qu’il se passait quelque chose dans la maison (la mère ou la fille ?). Cette lessive mensuelle qui poussait les femmes au lavoir à des heures pas possibles, quand elles savaient qu’elles seraient seules…

Le jeudi c’est repassage… Avec le fer qui chauffe sur ce que l’on appelle à l’époque « le fourneau », dernier modèle, que lui a acheté Louis. Elle approche le fer de sa joue pour vérifier qu’il est à la bonne température. Elle en a trois de fers : deux qui chauffent constamment sur la plaque du fourneau et un qu’elle remplit de braises… Elle n’a le choix qu’entre le repassage très chaud, et le plus rare : un peu de lingerie ou de vêtements à elle en plus fragile : soie ou cachemire. L’infroissable n’existe pas… Elle apprend très vite à repérer la bonne température pour soie ou cachemire… Pour les cols de Jules, amidonage obligatoire…

J’ai connu cela chez mon arrière grand mère. Le fourneau à charbon ou à bois à allumer tous les matins. Avec une réserve pour avoir de l’eau chaude, le four dont sortaient des tartes extraordinaires, un dernier tiroir en bas pour garder un plat au chaud…

En ce qui concerne la lessive, je déteste franchement vider le lave linge et étendre… Et vous ???

Une grosse pensée pour ce qui était la vie de ces femmes. Et Alphonsine ne « travaillait pas ». D’autres si…

La vie n’est qu’un long calvaire…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *