La copine qui vous raconte de supers trucs…

T_l_phoneJe n’en ai que peu à avoir traversé ma vie ou la partageant toujours, mais elles (ils c’est plus rare) sont redoutables. Elles vous racontent leur vie comme si vous saviez tout sur elle alors que c’est faux et vous êtes priés de suivre, puisque forcément vous avez tout suivi depuis le début (un jour où elle vous a téléphoné alors que vous suiviez un polar à la TV, sans avoir posé la question indispensable à mon sens « est-ce que je te dérange ? »).

Et pourtant je suis bavarde.

Malgré ce travers je ne bavarde de choses et d’autres qu’avec ceux qui connaissent forcément ces choses et autres.

Hors d’autres, tiennent pour acquis que vous savez forcément de qui ils parlent, ce qui est totalement faux.

A une certaine époque après la défection d’Albert, quand je décrochais mon téléphone c’était pour tomber forcément sur Agnès une fois sur deux. J’aimais beaucoup Agnès qui était la femme d’un ami d’Albert qui avait été révolté par la manière dont il m’avait plaquée et qui avait décidé de choisir un camp (personne ne le lui demandait, mais je dois avouer honteusement que j’ai été ravie qu’il choisisse le mien…). Elle me téléphonait pour me remonter le moral. Je branchais le magnétoscope sur mode « enregistrement » et j’envoyais les filles me chercher le nécessaire à ongles quand elles n’étaient pas déjà couchées…

Car Agnès était capable de me tenir au téléphone pendant 2 ou 3 heures (c’est elle qui appelait). En me parlant de personnes parfois qui ne m’évoquaient  jamais rien… Je me disais donc qu’elle avait dû m’en parler un jour où j’étais dans le cirage chagrin le plus absolu ou un peu distraite (au bout de 2 heures on peut) et que j’allais la vexer en lui demandant « qui c’est ? ». En fait j’avais non seulement peur de la vexer, mais qu’elle ne réponde avec précision, ce qui était sa spécialité. Avec elle les précisions pouvaient prendre 4 heures, donc j’évitais (j’espère qu’on me comprend sur ce coup là…).

Je l’ai donc écouté discourir de « Madame Chiche », sans jamais comprendre de qui il s’agissait, ni de son mari d’ailleurs (Monsieur Chiche), pendant quasi des années… J’ai cru comprendre vaguement que Monsieur Schmurtz qui revenait régulièrement dans la conversation était un vague voisin (ou un cousin de son mari, va savoir, mais un emmerdeur ça c’est certain). Il y avait toujours un moment où tout en me faisant les ongles, j’arrivais à la faire dévier sur la famille d’Albert et en avant pour la mise à mort (là je suivais).

Fatalement elle en revenait à Madame Chiche (qui diable était-ce ?) ou à sa famille, malgré mon chagrin (ou mon ennui). Je n’ai jamais sû combien elle avait de frère et soeurs : je m’embrouillais dès qu’elle prononçait un prénom et au mot « maman », je me hérissais comme une poule scancalisée parce que l’oeuf est coincé… Après 15 ans de fréquentations et coups de téléphone, je n’ai jamais réussi à visualiser les frères et soeurs donc, ni même sur la fin si sa mère était toujours vivante. C’est grave docteur ? Elle les mélangeait tellement allègrement avec les chiches, les schmurtz et les dupont, sans préciser « mon frère, ma soeur » ou le prénom, que je m’y perdais fatalement, alors qu’elle savait, elle, très bien de qui elle parlait (enfin je l’espère)

Quand elle évoquait ses gosses ça allait : je suivais bien, je connaissais le prénom. Tout fut gâché le jour où sa fille se trouva un jules portant le même nom que son frère…  Adieu la terre ferme… J’étais paumée à mort (et lequel des deux est ambulancier déjà ?)…

J’ai eu une collègue de la même matière chez mon avocat tordu… Elle me parlait de truc et machin, et trucmuche comme si je savais de qui il s’agissait… Son ami Edouard « celui qui est marié avec une pétasse » (précieuse indication), sa copine Nathalie « celle qui est mariée avec un connard » (ah oui je vois qui c’est) (macache). Elle avait passé un super WE avec Edouard et Nathalie et le barbecue était sympa (je ne savais pas de quoi elle causait et j’avais du pain sur la planche, merci Martine). C’est elle qui m’a infligé en film un mariage où elle me disait « ça c’est truc », « ça c’est le père du marié », etc… Rien à battre et deux heures de perdues à contempler de farpaits inconnus dont elle m’avait forcément parlé mais…

Je ne veux pas plagier Florence Foresti avec les gosses, mais arrêtez de nous parler de vos copains ou de votre voisin, ou de n’importe qui comme si nous savions forcément de qui il s’agit : on ne sait pas alors on s’en fout !!!! Ou alors vérifiez qu’on sait, donnez d’amusantes précisions et tout ira bien !

Téléphoniquement parlant (voire même autrement), la vie n’est qu’un long calvaire…

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