Nous les femmes et les enquêtes (part 3)

Espionne_3_a0006_000364a_copierQuand on veut savoir, on veut savoir… Inutile de se voiler la face se dit un beau jour ma copine Sophaline qui s’était soi-disant fait brûler les cheveux avec une permanente ratée par la pétasse d’Albert.

La voici un beau jour débarquant à la maison (je zonais chez mes parents). Ce n’est pas le tout, mais son mec lui semble plus que louche, enfin tout au moins son comportement. Il en aurait une autre (ou deux) sur le feu que cela ne lui semblerait pas extraordinaire…

Pas de problème, on va enquêter

L’enquête débute mince. Pas de téléphone à piéger, pas de minitel à consulter (enfin si, mais il est sur liste rouge). Tous les soirs l’innocent traverse juste le village pour aller faire des travaux payés au noir chez de multiples personnes, qu’il dit pour expliquer son absence. Moralité il consacre à Sophaline une soirée par semaine. Pour un début d’histoire c’est pauvre, ça fait louche.

Seule solution : une filature à 1 ou 2. Pas de portable pour communiquer par contre et pas de talkie walkies non plus (c’était rigolo ces trucs, enfin les vrais de vrais)… Je propose ma voiture à Sophaline + une perruque avec laquelle les filles se déguisent régulièrement. En cherchant bien on trouve des lunettes super top ne modifiant pas la vision dans les collections de Mrs Bibelot.

Oui… Mais non. Elle se dégonfle. Elle est persuadée qu’il va la reconnaître en zieutant son rétroviseur. Hors rien qu’avec la perruque faudrait être voyant extra lucide pour savoir que c’est elle. Avec les lunettes en plus, c’est encore pire, même ses parents ne la reconnaitraient pas…

Ce n’est pas grave, je vais m’y coller, pour la remercier du fait qu’elle ne soit jamais allée se faire louper une permanente chez la pétasse d’Albert mais attestera du contraire devant un jury, tout en racontant super bien l’histoire aux filles. Rusée, je ne vais pas prendre ma voiture que l’autre doit connaître vaguement, mais piquer celle de Jean Poirotte qui s’insurge : c’est quoi ces conneries ?

Quand il me voit débarquer avec la perruque et les lunettes pour lui prendre « les papiers afférents à la conduite du véhicule » et lui demander où sont ses jumelles, il frôle un cactus dans le myocarde. « Ma fille est folle ! » (pas faux). Ma mère se marre, mes filles aussi, sauf Pulchérie qui se précipite pour remettre les jumelles à leur place (faut suivre), Sophaline rigole nettement moins mais bon, j’y vais pour une bonne cause… Je la retrouve chez elle après la filature.

Voici l’innocent qui passe avec sa voiture, à l’heure dite. Je démarre derrière lui, je le suis. Mais bon à force de le suivre il va remarquer quelque chose. Je décide donc de le suivre en le précédant. Ca vous la coupe hein ? Sur une nationale c’est possible, surtout avec un respectueux du code de la route (il avait au moins une qualité). Je suis devant lui et il met son clignotant à droite, je fais de même. Il prévient qu’il va tourner à gauche : idem. Limite il se demande pourquoi il me suit. Comme je le précède en tout incognito, il ne se doute de rien, le malheureux. Quand je vois ma tronche dans le rétro avec la perruque brune courte et frisée et les lunettes rondes et gigantesques, je me fais peur. Le rétro ne s’est pas cassé : c’est un miracle.

Dernier clignotant vers la gauche, je fais de même et je m’engage… dans une impasse. Il est cuit ou bien moi… Il va venir cogner au carreau en me demandant pourquoi je m’obstine à le précéder… Il a reconnu la voiture de Jean-Poirotte et donc moi également malgré mon déguisement à faire fuir mon chat.

Je vais au bout de l’impasse, je me gare, et je descend discrètement avec ma perruque et mes lunettes pour aller zieuter là où qu’il s’est arrêté. Une femme l’attend et les voici en train de se bécotter comme deux aspirateurs dans la véranda (mauvaise nouvelle à apprendre à Sophaline, et puis en plus le genre ventouses, ça m’a toujours énervée, je ne sais pas pourquoi).

Je gare ma voiture dans le bon sens (le sens départ) et j’attends. C’est ça une planque. Je plains les flics. Je grille cigarette sur cigarette et j’ai faim. Bon ça va c’est un rapide, 1H 30 après il ressort et je reprends ma filature. Au passage, je pourrais peut-être savoir où il habite, car il reste très mystérieux sur son adresse…

800 mètres plus loin, nouvelle maison dans une rue peu fréquentée. Il se gare. Je reste derrière ce coup ci, bien à l’abri de son regard. Idem que précédemment, je descend discrètement pour suprendre une nouvelle séance « aspirateur ». Il a de la santé ce mec là, et merde il n’habite pas là. Quel salaud… Je ne vais pas attendre plus longtemps, je rentre faire mon rapport. J’ai noté les adresses. Sophaline délègue une autre copine le lendemain pour aller relever les noms sur les boîtes aux lettres, le minitel va jouer avec une 4ème copine (quand je vous le dis que c’est une conspiration…)

Pauvre garçon. Il n’a jamais compris pourquoi il s’était pris un petit larousse dans la tronche au son de « et Catherine, c’est qui Catherine ? Et Julienne, c’est qui Julienne ? » (y’avait les prénoms dans le minitel !)

Comme la curiosité est un vilain défaut, nous avons sû, peu de temps après, que Julienne et Catherine l’avaient lourdé également suite à une dénonciation anonyme. Sur ce coup là je suis innocente comme l’agneau qui vient de naître. Il me fallait encore m’occuper du cas d’Albert…

Finalement elle a fait ce qu’elle a voulu après son enquête et ses résultats.

Ah pour les innocents qui traînent on sait aussi décrypter les relevés de cartes bleues, les n° de téléphone enregistés sur les portables, et j’en passe (on ne va pas tout vous dire non plus).

Une femme c’est pour les RG, point barre…

2 réponses sur “Nous les femmes et les enquêtes (part 3)”

  1. wahouuuu !!! il faut quand mème oser le faire …et quel talent !!! perruque, lunettes !!! fabuleux !!!!

  2. Donc toujours se méfier de la voiture qui précéde c’est peut etre un piége…au 1er feu rouge, il faut descendre et lui arracher sa perruque…

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