Et mon contrat ? (c'est un comble tout de même !)

J’ai donc commencé dans ma nouvelle boîte le 18 août dernier, cela fera un mois aujourd’hui…

Mon patron avait été très clair, vu la peste que tout le monde avait supporté pendant 7 ans, il prendrait ses précautions. Donc il était verbalement prévu un CDD de 3 mois, éventuellement renouvelable une fois, avant le contrat définitif.

Il s’est inquiété de ce contrat toute ma première semaine, le cabinet comptable l’a adressé à la comptable le vendredi 22 août par mail, en fin de journée. Il m’a donc précisé « on se voit lundi à ce sujet, avec Bénédicte » (Bénédicte est la comptable à mi-temps, qui me change beaucoup de la grosse truie violette de chez Truchon, je demande pardon à toutes les truies du monde…).

La deuxième semaine se passe : rien. Je n’entends même plus le mot « contrat » de temps à autre, chuchoté à voix basse alors que j’ai une ouïe fine comme pas possible comme dirait Mrs Bibelot, comme la première semaine. Je m’intègre bien, ça se passe bien, j’ai un peu la tête qui explose par moment, mais bon, je tiens le rythme. De temps à autre on me fait une gentille remarque.

Depuis que je suis là, le patron est beaucoup moins nerveux, les hommes du SAV aussi, et l’ambiance est bonne (il paraît que l’autre était une fouteuse de merde et que l’ambiance n’était bonne que quand elle était en congés). On retrouve les papiers, il y a un suivi, bref, tout va bien.

Troisième semaine, toujours pas question du contrat. Hors, je le sais, la signature d’un contrat de travail n’est nullement une obligation. J’ai une feuille de paye attestant de ma date d’entrée, et par défaut, sans contrat, je suis embauchée en CDI avec une période d’essai de 1 mois (puisque mon embauche date d’août, à partir de septembre c’est un mois de plus pour cadres et non cadres) éventuellement renouvelable, si l’on me précise qu’on la renouvelle.

Ca fait beaucoup et la semaine dernière j’ai commencé à cogiter.

  1. Je me tais, je ne dis rien et je laisse faire. Le 18 septembre je ferai officiellement définitivement partie de la boîte et il serait éventuellement obligé de procéder à un licenciement pour se débarrasser de moi
  2. Il s’aperçoit que je suis embauchée définitivement, et il m’en veut à mort de m’être tue : il pourra me pourrir la vie
  3. Il sait très bien ce qui se passe, mais il me teste pour voir si je suis honnête et s’y prendra à la dernière minute

Je cogite tout le WE et le lundi matin je lui demande gentiment où en est ce fameux contrat, parce que la loi dit que blabla, et que l’échéance approche blabla. Le but pour moi n’est pas d’être embauchée à tout prix et de piéger mon patron (exact). Il sourit, et me dit qu’on se voit le soir même ou le lendemain.

La comptable ne comprend rien à ce que je lui raconte, pour elle je suis en CDD. Il a été signé quand le contrat ? Elle ne comprend toujours pas, elle a bien remis au patron un CDD, donc je suis en CDD (ne cherchez pas à comprendre, elle est très comptable et effectivement elle est gentille, mais il y a des domaines qui lui échappent un peu totalement).

Le lundi il s’éclipse sans que nous n’ayons réglé le « problème ». Le mardi matin, et là, c’est le comble tout de même, je le relance sur le sujet. Il sourit à nouveau mais ne sera pas là de la journée. Ni quasi pas du mercredi, pas du tout le jeudi… Il peut placer la séance contrat pendant ses courtes présences, mais non…

Je me retrouve le cul entre deux chaises car j’ai deux options :

  • Soit il est vraiment ringard sur le plan du droit du travail, ou envisage d’exiger de moi une signature anti-datée et là dire non me renverrait à la deuxième option « elle m’a piégé je la hais, je vais lui pourrir la vie ». D’un autre côté comme je lui ai parlé du problème, je pourrais lui rétorquer que je ne l’ai pas piégé du tout et que j’ai été vraiment TROP honnête.
  • Soit finalement il trouve que je fais parfaitement l’affaire, et il n’en a rien à faire de signer des contrats, lui qui déteste ce genre de papiers.

Je m’en ouvre à celle qui m’a pistonnée pour rentrer, le mardi 16, qui retient elle, la deuxième option « je fais parfaitement l’affaire ». Un technicien arrivant sur le coup pour le traditionnel 50ème café de la journée est OK avec elle : je fais parfaitement l’affaire et l’ambiance est changée depuis que je suis là, parce qu’une seule personne peut suffire à la pourrir. Si le boss avait des doutes, il ne prendrait pas de risques, le risque qu’après tout, je refuse de signer de l’anti-daté.

Il me précise que je n’ai plus à revenir dessus : mon honnêteté n’est pas à remettre en question, je ne vais pas cavaler derrière le patron en exigeant un CDD ! Ce serait le comble tout de même, alors que tout le monde rêve de décrocher un CDI. D’autant que ma période d’essai est terminée en plus !

Donc voilà, pas de contrat de signé, un mois aujourd’hui, pas de précision de renouvellement de période d’essai. Et la comptable qui n’y comprend toujours rien… Le droit du travail et elle, c’est comme l’anglais et moi, ça fait 5 au minimum.

Mais cela me met mal à l’aise. Parce que pour le CDI, il était question d’un autre salaire… Et que ça, il va falloir vraiment qu’on en cause…

PS : me voilà encore plus à l’aise, avec ceci, envoyé par une copine juriste !

Ce qu’il faut retenir

Lorsqu’un salarié est embauché dans le cadre d’un CDI à temps complet, l’employeur n’a pas l’obligation d’établir un contrat de travail écrit.

Toutefois, si l’employeur souhaite que le salarié effectue une période d’essai il faut :

Un contrat de travail écrit

Une clause indiquant que le salarié est soumis à une période d’essai et précisant la durée de cette période d’essai.

En l’absence de contrat écrit, on considère que le salarié n’est pas soumis à une période d’essai et qu’il est définitivement embauché. De ce fait, si l’employeur souhaite rompre le contrat, il devra respecter les règles du licenciement.

Arrêt de la chambre sociale de la cour de cassation du 16 mai 2007 n° 06-40805

On connaît les arrêts soc-cass, il a pu y en avoir d’autres… Et puis ce n’est pas pour rien que je patauge dans la semoule, car ma lettre d’intention précisait finalement (car je l’avais lue en diagonale il était simplement important pour moi de l’avoir) :

« Nous vous informons blabla… à partir du 18 août blabla… Il vous sera proposé un contrat à durée indéterminée, avec une période d’essai, au salaire envisagé ensemble »

Du coup comme je suis le cul entre deux chaises, je vous quitte, ce n’est pas confortable…

0 réponse sur “Et mon contrat ? (c'est un comble tout de même !)”

  1. Ne te prends pas le chou pour rien. Visiblement tu fais l’affaire et il a l’intention de te garder. De toutes façons, même avec un contrat, virer quelqu’un qui a moins de deux ans d’ancienneté c’est pas très compliqué. La meilleure garantie, c’est de bien faire ton boulot !

  2. bonjour, moi qui suis RRH, je te dis que tu n’as pas à t’inquiéter, tu es en CDI, il n’y a pas de soucis, si tu ne faisais pas l’affaire, ton contrat aurait été signé depuis longtemps. ne te bile pas inutilement !

  3. Bravo, vous venez juste d’apprendre comment engager un CDI tout en minorant son salaire …

    Un bon conseil (et je fais partie des Prudhomme côté patronal) tirez vous de cette boîte le plus rapidement possible ; qui roule ses salariés roule ses fournisseurs, ses clients, ses banquiers et cela finit toujours mal.

  4. Réponses en vrac !

    macaron : il a l’intention de me garder mais on signe quand même le CDD devant déboucher sur un CDI au bout de 3 mois. Ca a été confirmé ce soir…

    sophie-l : …il m’a confirmé que je faisais l’affaire, mais qu’un mois c’est trop court pour lui. L’autre s’était métamorphosée après sa période d’essai et vu son caractère, elle n’aurait pas tenu 3 mois….

    Guess Who : non, d’après tous les autres, il n’y a pas d’entourloupe. Mon patron me l’a confirmé ce soir en me précisant que mon salaire du CDI serait mentionné dans le CDD. Quant à un homme en place depuis 6 ans, il n’a jamais eu de contrat, mais est très bien payé. Mon patron ne ressemble pas à Truchon, il ne roule ni ses fournisseurs, ni ses clients, et tous ses salariés sont satisfaits…

    Sur ce, je referme donc cette page. Nous avions pris un engagement mutuel, et il sera donc, au bout du compte, tenu. Je n’allais pas refuser de signer le CDD et me le mettre à dos, histoire justement d’avoir un CDI non pas sous payé, mais pas à la hauteur du futur.

    Vu mon âge, pour lui c’est un engagement sur minimum 10 ans que nous prenons, et ça lui convient bien. Le seul dommage est de passer après une peste, d’où la méfiance…

  5. je ne savais pas tout ça. Tu m’apprends des choses ma chère Calpurnia.

    Pour ma part, j’ai eu mon contrat tout de suite. Avant même de commencer.

  6. Réponses en vrac !

    ophise : oui je sais que de l’avoir relancé à joué en ma faveur. Mais bon j’avais déjà la faveur de tout le monde, cela m’a été confirmé, alors…

    Caju : moi non plus je ne savais pas tout. Pour chez Truchon idem, contrat signé la veille de commencer pour le CDD et il avait tellement peur que je n’accepte pas le CDI au bout du compte qu’il me l’a fait signer avec 3 semaines d’avance…

  7. Idem… te prends pas trop la tête, c’est classique le coup du SCF (sans contrat fixe) et pour ce qui est de la rémunération, j’attendrais gentiment les 6 mois usuels et lui ferais un petit coucou en février pour en recauser (genre, CDI, ok, donc, ça roule, OK, donc ça se paie… si, si, si, toujours OK)

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