J'adore le latin…

Surtout depuis que je n’en fais plus…

Mrs Bibelot avait fait « ses deux bacs » (il y en avait deux à l’époque et l’on rentrait glorieusement en « philo ») avec latin-grec comme options principales. Il n’était pas question que je coupe au latin, malgré ma mine peu enthousiaste.

Elle voulait faire médecine et tout le monde lui avait dit que pour faire médecine il fallait savoir le latin (pour dépister pasteurella pestis, c’était n’importe quoi, mais tout le monde y croyait)… Elle a donc galéré comme pas possible en PCB (Physique, Chimie, Biologie, à son époque) avant de débuter ses études en fréquentant le quartier latin, car il lui fallait se mettre à niveau par rapport à ceux qui avaient fait « moderne » (pas de latin et surtout pas de grec, mais ce qui était nécessaire et lui manquait).

Elle traduisait Homère dans le texte. Tout se perd un jour à ne pas le pratiquer et elle a quasi oublié son grec (elle s’est plantée dernièrement sur une définition de mots croisés sadiques où il faut mettre la case noire soi-même, mais j’y reviendrai…)… Pour le latin elle était vraiment chiante donc elle n’a pas eu vraiment l’occasion de perdre la main, via moi, ma soeur cadette, et Pulchérie qui ADORAIT le latin…

Oui, Pulchérie adorait le latin qu’elle n’a abandonné qu’en terminale pour se consacrer à ses maths chéries (oui c’est ma fille…). Elle adorait en effet également les maths et particulièrement le théorème de machingore, la physique quantique et les équations au 16ème degré (j’ai mis au monde une enfant anormale, je le réalise tout juste). Tout cela pour finir comme designer chez X très coté… Elle adorait à tel point le latin qu’elle n’arrêtait pas de nous faire des citations latines à une certaine époque. D’où la riposte fameuse (dans la famille), de Delphine exaspérée qui lui lança un beau jour « va dans le métro Satanas » !

Donc Mrs Bibelot m’obligea à prendre « latin » en option… J’étais contre, les déclinaisons je ne percutais pas vraiment et ces salauds de latins en avaient des tas. Elle m’a refait le coup avec l’allemand et là encore des déclinaisons, quasi les mêmes mais quand on n’aime pas le café, on n’aime pas le café… C’est le truc que je ne supportais pas. Je ne supporte d’ailleurs toujours pas, je n’arrive pas à décliner dans ma tête spontanément, autre chose que des conneries… (nominatif, vocatif, accusatif, génitif, datif, ablatif, poil au pif)

Mais j’adore l’éthymologie, et là, forcément le latin me rattrape. Le grec aussi d’ailleurs. S’il ne fallait pas apprendre un nouvel alphabet à mon âge, je m’y mettrais bien, en plus ils étaient normaux, ils ne déclinaient pas eux…

J’adore lire que la « manipule » était un morceau d’armée de 10 hommes, donc, facile à « manipuler » (d’où l’expression), qu’être « légion » c’est forcément beaucoup, que le grand égout de Rome s’appelait « cloaqua maxima », que le triomphe était une fête, gloire maximum pour celui qui avait vaincu ou fait quelque chose qui en valait la peine : c’était la récompense maximum à Rome, que décimer vient de la punition la plus dure dans l’armée : la décimation à l’unité qui a reculé : on prend un homme sur 10 et on les exécute tous coupable ou non… et j’en passe.

Malgré ma haine du latin en bas âge (11 ans), j’ai par contre toujours adoré l’histoire de Rome, Romulus et Remus, et les citations, petites histoires, ou réflexions sages :

  • « Si tu veux la paix, prépare la guerre’ (ci vis pacem para belum) (que me cita Mrs Bibelot quand adolescente je croyais que la guerre était là parce que la France peaufinait son capital bombe A et H) : qui est toujours resté d’actualité

  • Je préfère être le premier dans ce village que le second dans Rome- JC  (Jules César, pas Jésus Christ !)

  • La roche tarpéïenne n’est pas loin du capitole (à traduire, c’est la question piège du post)

  • N’oublie jamais que tu n’es qu’un homme (à celui qui avait mérité son « triomphe »)

  • Ils ont vécu (pour ne pas dire : ils sont morts : on vient de les trucider)

  • Mieux vaut laisser s’enfuir un coupable que de condamner un innocent

  • Il faut rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu (à vous de juger)

  • Il faut détruire Carthage (Delenda est Cartago) pour le rabâchage ! Ah oui les filles Caton était atteint de radotage bien avant moi, qui commençait tous ses discours par cette phrase et les terminait par la même (mais il a eu, je le pense, plus de résultats que moi… car il n’était pas question de pince à épiler. Mais c’est tout de même à force de l’entendre déclarer « il faut détruire Carthage, que le sénat s’est résolu à faire quelque chose). L’horreur de la chose étant que Carthage a été effectivement totalement détruite, mais que je ne reverrai jamais mes chères pinces à épiler…

Donc régulièrement je m’y colle (au latin et à l’histoire de Rome), en restant complètement nulle sur l’histoire concernant « de Napoléon à 1958 ». C’est simple moi c’est : l’Egypte (ancienne bien sûr), l’histoire de Rome, le moyen âge, la guerre de 100 ans, la renaissance, la révolution et très vaguement, de loin, Napoléon… La deuxième guerre mondiale est une exception parce qu’on m’en a beaucoup parlé dans mon enfance…

Je suis aussi anormale que Pulchérie qui adorait ses maths, en adorant mon latin… Mais j’ai du mal… Avec l’âge la capacité d’apprentissage n’est plus la même qu’à 12 ou 13 ans (c’est là que l’on est con, et on ne le sait même pas)

La vie n’est qu’un long calvaire quand on veut se mettre finalement, à décliner (rosa, rosa, rosam…)

Trop tard ma vieille, t’es trop vieille !

15 réponses sur “J'adore le latin…”

  1. Intéressant ! Je n’ai pas aimé le latin non plus ! Je trouve ton intérêt intéressant (oui je sais bizarre comme phrase !). Perso je suis une adepte de la mythologie grecque, là aussi on trouve des tas de références qu’on utilise encore ! Par exemple les « pénates » chargés de la garde du foyer et plus particulièrement des biens et du garde-manger. On s’aperçoit que des tas d’expressions ont des origines dans la mythologie ! Pas seulement grecque, bien sûr mais aussi romaine !

  2. Ah, le latin… Le dada de ma prof de francais de l’epoque qui insistait pour que je le prenne en option, et moi qui refusait farouchement… parce que les cours etaient entre midi et heudex, et que j’y tenais, a ma pause dejeuner (poil dans la main, en latin, on dit ca comment?).

    Par contre je n’ai pas eu gain de cause contre la Reine mere qui insistait pour que je prenne Teuton en deuxieme langue vivante (mais Mamaman, je suis bikingue espagnol, laisse-moi prendre espangol, ca me fera des points en plus au bac). Nenni ma fille… Mamaman a revtu pour l’occasion son armure de Commandeur, et j’ai eu droit aux cours d’allemand.

    Ce dont je me felicite aujourd’hui, puisque j’ai fini par partir vivre au pays des Strudel. Et parce que ces diableries germaniques m’aident bien dans mon apprentissage du russe.

    Toutes ces circonvolutions, Calpurnia, pour t’encourager a te mettre au grec si vraiment tu en as envie: l’alphabet cyrillique est tres simple a apprendre, il suffit « juste » de s’y mettre. Il n’y a guere que six lettres de plus qu’en alphabet latin. Et comme c’est de la phonetique, une fois que tu associes un son avec une lettre, tu peux lire et ecrire. Ensuite, les sonorites ne sont pas si differentes des sonorites latines (je parle pour le russe, je parle a peine trois mots de grec). Ma prof de russe me disait que le ruse est une langue latine, d’ailleurs.
    Et, comme en gym, une fois que tu connais l’exercice tu arrives a faire ta choregraphie(mmm, l’image est boiteuse…).

  3. D’accord avec Princesse Strudel, l’alphabet grec, ce n’est pas le plus compliqué.
    Mais en grec, il y a aussi des déclinaisons. Moins qu’en latin, mais quand même.

    J’ai adoré le grec alors que je détestais le latin.
    Je trouvais les textes beaucoup plus intéressants : pas de récits guerriers, mais de la philosophie.
    Je n’avais pas du tout l’impression d’étudier une langue « morte ».
    Et puis le prof était passionné et aurait fait aimer sa langue au pire des cancres.

    Il existe des livres pour « grands débutants » adultes.
    Si tu as envie, lance-toi !!!

  4. Allemand, latin, grec, j’ai fait les trois…mais c’est curieux, moi je me souviens bien des récits guerriers en grec (l’Iliade, puis l’Odyssée, ça marque).
    J’aimais bien les trois, mais c’est l’allemand qui est resté le mieux ancré (sachant que je suis allée vivre là bas, c’est médiocrement étonnant)
    Et les déclinaisons grecques ne sont pas plus simples que les latines (leurs conjugaisons sont carrément pires).

  5. Bien sur que tout ce qu’on utilise a une origine dans le latin, le Grec..l’histoire…Toutes nos expressions, nos mots, nos coutumes viennent du passé… une vraie lapalissade ;-)..mais qu’il est bon de rappeler…

    S’interesser un minimum à notre histoire est donc comprendre notre quotidien pour une bonne partie…

    La différence c’est que les mots et expressions que nos académiciens ajoutent à notre époque à notre dictionnaire, découlent du langage djeuns ou du francoaméricain… un peu dommage..

    Pour autant le Latin est et restera pour moi du latin, même si Brel m’a un peu réconcilié avec 😉

  6. j’ai adoré le grec et les maths, j’approuve Molivabelle, les textes grecs sont beaucoup plus amusants que les textes latins. il y a trois déclinaisons en grec mais la troisième est pleine de cas particuliers ; les conjugaisons sont amusantes aussi ; et il y a des similitudes de construction des adjectifs entre le grec et l’allemand, c’est passionnant.
    si je peux me permettre, rendre à César ce qui est à César, etc., c’est Jésus qui dit çà !
    je suis retournée à la fac à 42 ans parce que j’étais au chômage, je t’assure que les capacités d’apprentissage ne s’envolent pas comme çà !
    et l’alphabet grec est différent de l’alphabet cyrillique, il n’y a que 24 lettres dont tu connais sûrement la plupart, mathématiques et physique obligent.

  7. J’ai jamais compris pourquoi de par de là le passé on forçait les gens à apprendre des langues quasi mortes… Pourquoi pas l’anglais et l’espagnol ? Cela aurait été vachement plus utile quand on y pense… Bien sûr la religion voulait défendre le français et cela n’aurait jamais passé… Comme bien d’autre chose elle nous a bloqué cette foutu religion :os et pourtant on ne peut pas complètement la haire car elle nous a servit aussi…

  8. J’ai fait 6 ans de latin et 5 de grec (on attendait d’avoir bien assimilé le fonctionnement des déclinaisons et conjugaisons latines avant d’attaquer le grec en 2ème année) et j’ai adoré ça.
    Je ne remercierai jamais assez mes parents de n’avoir pas suivi les recommandations du conseiller PMS pour qui j’étais « juste bonne à aller en section professionnelle » (j’avais foiré – exprès ! – les tests d’orientation scolaire parce que je trouvais les questions débiles) et qui m’ont mise en section latin-grec « à l’essai ». Essai concluant, puisque j’ai été première de classe tout au long de mes 6 années d’humanités.
    Je suis devenue traductrice et le fait d’avoir appris ces langues dites mortes m’a beaucoup aidée pour l’apprentissage d’autres langues. Quel plaisir aussi de pouvoir décrypter l’étymologie des mots et, partant, de déjouer les pièges de l’orthographe !

  9. Réponses en vrac !

    ophise : p’tête ben oui…

    Louisianne : j’adore la mythologie grecque également. As-tu lu les mémoires de Zeus de Maurice Druon (2 tomes) ? C’est LE livre à lire !

    Princesse Strudel : J’ai détesté l’allemand autant que le latin, parce qu’on me les avait imposés. Moralité, je ne fichais rien. Et j’ai trop de trucs à faire pour me consacrer à un truc de plus. Je vais par contre faire de temps à autre des promenades sur les sites d’éthymologie. J’adore !

    Molivabelle : ah ils déclinaient aussi les grecs ? Ca me coupe direct dans un vague élan… 🙂

    Nita : oui les grecs ne manquaient pas de récits guerriers… Quant aux déclinaisons… Je préfère ne pas en parler plus 🙂

    Marie : on a effectivement tendance à faire entrer de nouveaux mots ou de nouvelles expressions un peu vite, qui seront peut-être rapidement « dépassées »

    Marie-Christine : ouiiii je connais quelques lettres, mais je n’étais ni math, ni physique… En fait j’ai toujours été très très français, histoire surtout. Quant à la citation généralement elle est donnée en latin, pas en hébreu si je me souviens bien de mes pages roses de petite fille que j’aimais dévorer…

    Vladyk : mais cet apprentissages de langues mortes aide certains pour les découvertes archéologiques. De là à obliger il y a un gouffre ! Et la messe en latin, cela a duré. C’était pratique : les non instruits ne comprenaient rien à ce qui se disait…

    mariebruxelles : tu es l’exemple même qu’il faut le faire par goût, et non pas contraint et forcé. Une chose m’énervait : le latin va t’aider à améliorer ton français. Je trouvais plus logique de ne pas faire de latin et de faire 2 H de français de plus par semaine…

  10. « Elle voulait faire médecine et tout le monde lui avait dit que pour faire médecine il fallait savoir le latin. » A l’époque de Molière, oui !
    Le latin, que de souvenirs, essentiellement consignés sur des pompes.
    Mortel la guerre des Gaules, et le « De viris illustribus urbis Romae… »
    Autrement pour l’éthymologie je suis d’accord, il y a encore de beaux restes.

  11. HAAAAAAAAAA moi qui fais une pause étude pour venir visiter ton blog.. voilà que tu nous parles du sujet de mon examen d’après demain !! le latin est partout, il veut ma peau..
    Ca forcément, en faisant des études de philologie romane je devais me douter que du latin, j’allais m’en manger à toutes les sauces, pardon, déclinaisons…
    j’adore ça mais LUI ne m’aime pas… quand je suis persuadée, glorieuse, d’avoir réussi à traduire une phrase, cette perfide se révèle être l’opposé de ce que je viens de traduire !!
    Je suis sûre qu’elle le fait exprès !!

  12. Réponses en vrac !

    Marcus : dans la jeunesse de Mrs Bibelot, on prétendait encore qu’il fallait faire du latin avant médecine. Quant à moi, j’étais de tellement mauvaise volonté que je n’ai pas, comme elle, traduit la guerre des gaules dans le texte. Moi c’est l’éthymologie qui m’intéresse !

    Unutma : désolée d’avoir perturbé ta pause et donc, merde pour demain !

  13. J’ai bien ri, tiens! Moi aussi j’ai « faitlatin », option « obligée par les parents » et allemand en suivant, beurk et rebeurk, dont il ne m’est rien resté, la honte!
    Finalement ce qui est intéressant, c’est vrai, c’est de retrouver ce qui fait nos racines, et comme j’ai la chance d’habiter dans une région pleine de souvenirs romains (et hop une petite ville antique en ruine, et crac, des canalisations romaines dans le potager)j’aime l’histoire romaine; et puis il y a de quoi faire!
    D’ailleurs, delenda est Cartago, n’empêche que les romains tout vengeurs qu’ils étaient, ça ne les pas empêchés de reconstruire par dessus, et toc!
    Bon, il fait toujours aussi gelé chez toi? Bon courage!

  14. Filo : tu es du midi ? Ah les ruines romaines et « le travail de romain »… Notre tour parisienne tiendra-t-elle aussi longtemps que leur pont du Gard, de leurs arènes un peu partout ?
    Ah ces romains! Mais merde au latin imposé tout de même…

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