La visite de Peter… Emotion et émotion…

85594814Avec ou sans SMS, Peter est bel et bien venu faire son petit pèlerinage. Qui est-il ? Un mécano, fils de mécano, petit fils de mécano, arrière petit fils de mécanos chez Bugatti. Et chez Bugatti, comme chez Delage, Robert Benoist reste une figure emblématique, une légende.

RV pris donc au cimetière. Avec une ponctualité hallucinante (RV pris vers 11 H), à faire tomber raide Trucmuche, Peter a téléphoné à 10 H 59 pétantes, pour me faire part de son arrivée.

Je l’ai trouvé devant le cimetière, en grande conversation avec Mrs Bibelot toujours passionnée par l’histoire familiale. Elle s’était dit sans se tromper que les anglais sont généralement très ponctuels, et finalement, était venue l’attendre. Je n’ai donc pas eu l’occasion de me planquer derrière le deuxième pilier ou une pierre tombale, et c’est bien dommage…

Salutations, sympathie immédiate. Peter est l’anglais type, plein d’humour (j’adore l’angleterre et les anglais, même s’ils cuisinent à la sauce à la menthe et demandent à recevoir des SMS), cultivé, agréable, flegmatique. Malheureusement pour lui, il tombait des cordes, ce qui ne semblait pas le dépayser de trop, et il conduisait une Bugatti de 1924 (idem à celle que j’ai mise en illustration), démarrant à la manivelle et faisant un bruit d’enfer !

On ne passe pas inaperçu avec une telle voiture, les hommes passant dans le secteur sont venus jeter un coup d’oeil et poser des questions.

Tout en nous rendant vers le cénotaphe de Robert, Peter nous a expliqué son périple en France au volant de sa voiture : 4000 km en 3 semaines, à s’arrêter partout où il était question de circuits, d’anciens coureurs célèbres ET de résistance. Compagnon 27 est un ami à lui qui le suit virtuellement depuis son départ, et m’a dégotée via mon blog, d’où la rencontre.

Il s’est recueilli quelques instants, a pris une photo, puis nous l’avons emmené voir la maison de son héros du jour, non sans appréhension car elle n’est pas visible de la route.

Le portail était ouvert, nous avons remonté le chemin de terre, pour constater que la propriété a été coupée en 2 (en fait 2/3 1/3) et nous avons sonné à la maison que Peter regardait avec émotion.

Une dame charmante nous a ouvert. Ravie de faire notre connaissance, connaissant bien l’histoire de Robert Benoist. Nous avons senti immédiatement chez elle une certaine tristesse. Elle nous a fait entrer, proposé du café, puis est allée chercher une cassette d’un film documentaire tourné en parti chez elle (en ce qui concerne l’interview de la fille de Robert), concernant Robert Benoist et William Grover-Williams, qu’elle nous a proposée immédiatement pour visionnage et copie éventuelle.

Mrs Bibelot était un peu sciée : jamais elle n’aurait confiée cette cassette à de parfaits inconnus. Peter prenait des photos de la maison et la dame que maman ne connaissait pas, nous a révélé que depuis la mort de son mari (10 ans), elle ne vivait plus qu’à moitié, se contentant de peindre, ne sortant jamais. Notre visite semblait lui faire vraiment plaisir, et le prêt de la cassette n’était pas anodin « comme cela j’aurais le plaisir de vous offrir le thé quand vous viendrez me la rapporter ». Mon coeur s’est un peu serré. Cette solitude et cet accueil chaleureux… Il en faut moins pour alerter  mon coeur d’artichaud.

Avec finesse, Peter  a laissé ses coordonnées à la dame et pris les siennes pour son retour un jour prochain, après nous avoir photographiées toutes les 3 avec la voiture (je crains le pire, en photo je ressemble à une guenon défigurée…). Puis il est reparti sous la pluie, avec courage (pas de toit pour la voiture), car son ferry l’attendait à 16 H. La dame nous a vus partir avec regret.

Qu’elle n’ait aucune crainte : nous reviendrons lui ramener sa cassette. Et je sens déjà que ma mère, plus proche de cette femme que moi, en âge, va se faire un devoir de la sortir de chez elle, avec les prétextes fallacieux qu’elle sait utiliser avec maestria.

La visite de Peter qui reviendra, a donc été l’occasion de beaucoup d’émotions (maman qui a connu Robert, n’en parle jamais sans tristesse), mais de celles qui font du bien, de celles qui redonnent la foi en quelque chose de valable…

Quant à la cassette « le réseau des racing-drivers », production Taxi SARL, dont le contenu a été diffusé sur « planète », elle est introuvable dans le commerce (et la maison de production avec d’ailleurs, celle de Montréal n’ayant rien à voir). Nous allons donc en faire faire une copie.

J’ai adoré ce documentaire mettant en scène des personnages d’exception, dont malheureusement la fin fut plus que tragique, et découvrir ce personnage de légende dans ma famille, autrement que sur une photographie le figeant. C’est vrai qu’il était beau, qu’il avait du courage, du charme, un sourire sublime et paraît-il, tous les témoignages concordent : un calme extraordinaire. Ses compagnons également et il est dommage qu’ils tombent dans l’oubli du temps qui passe…

0 réponse sur “La visite de Peter… Emotion et émotion…”

  1. C’est formidable ! Quelle chance d’avoir rencontré cet anglais et quel bon souvenir ! Par contre je n’ai pas bien compris la dame de la maison ! Elle était prévenue de votre visite ? Et pourquoi Mrs Bibelot et toi n’étiez jamais allé la voir avant ?

    1. Oui c’était extraordinaire ! La dame n’était pas prévenue (pas trouvée dans les pages blanches, vive internet), nous y sommes allées au pif.
      Pourquoi pas plus tôt ? Parce que ceux d’avant lâchaient systématiquement les chiens pour que personne ne rentre. Ca les emmerdait grave que ce lieu soit un peu un lieu de pèlerinage (de moins en moins d’ailleurs).
      Donc, double formidable découverte…

    1. Très rare, je m’en doute un peu. Très très chère je n’y avais pas songé. Je m’étais bien demandé pourquoi il déambulait dans le cimetière avec sa manivelle et non pas ses clefs (parce qu’il n’y a pas de clefs…). Moteur impec sans doute : il n’est pas mécano pour rien !
      Et j’ajoute qu’elle est comme neuve, sauf les sièges qui ont vécu une sacrée vie.
      Et génial c’est le mot !
      Sinon, vu ta remarque sur les voitures : les premiers à acheter la propriété à la fille de Robert, se sont empressés de démolir les 2 bugatti qui encombraient le garage, en râlant qu’on leur avait laissé de vieilles merdes. Pour revendre de la tôle démolie au poids…
      Mon grand père l’a sû trop tard : il était vert !!!

  2. Détruire des Bugatti ! Mais franchement elles méritaient un procès ! C’est là qu’on se dit que c’est dommage de ne pas avoir de sous ! Tu imagines le nombre de propriétés qui n’auraient pas quitté nos familles ! Et le nombre de Bugatti !

    1. Tu sais j’ai eu une copine très « voiture », qui a compris longtemps après la valeur que pouvait avoir la vieille voiture de son grand-père qui avait pourri dans une grange et avait servi de nichoir pour les poules !
      Il y a des personnes qui ne se posent aucune question devant « des vieilleries » !

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