Mais qu'est-ce que vous allez foutre à Berlin ? (Berlin part 1)

berlinBerlin pour moi, c’est la capitale du Reich, la  bataille de Berlin, la chute du Reich, la dernière guerre mondiale, la capitulation de l’Allemagne, l’église du souvenir, un champ de ruines…

Soyons justes, c’est aussi pour moi le mur, le sort des Berlinois pendant cette bataille meurtrière (la plus meurtrière de la seconde guerre mondiale), et toujours le sort des civils après la capitulation (et particulièrementcelui des Berlinoises).

Je sais, je date. Elevée dans le souvenir de 14/18 et de 39/45 par des ascendants ayant connu ces deux guerres ou la dernière, pour moi longtemps, l’Allemagne a été l’ennemi héréditaire ayant détrôné l’Autriche et l’Angleterre. Berlin n’est donc pas pour moi une destination touristique du tout.

Je sais, c’est stupide, mais bon, on ne se refait pas et on ne refait pas son éducation. En ce qui me concerne elle était germanophobe, ce qui m’a empêché d’apprendre mes déclinaisons (ce qui choquait quasi tous mes ancêtres, et mes parents ne poussaient pas trop à la roue, pourquoi ne pas m’avoir fait Espagnol en deuxième langue ?…)

Inutile de venir me dire que c’est CON, je le sais !

Aussi quand Delphine l’été dernier m’a fait part de ses projets de vacances avec gendre n° 2 : une semaine à Berlin, puis une semaine à Lisbonne, la seule chose que j’ai trouvé à dire c’est « mais qu’est-ce que vous allez foutre à Berlin » (ouais je sais, j’cause pas beau…)

Indignation de ma progéniture. Berlin est une ville fantastique en ce qui concerne l’art (et gendre n° 2 est un artiste), une ville magnifique parait-il, et je ne suis qu’une ignorante (pas faux).

Je culpabilisais en raccrochant le téléphone, avec l’impression d’avoir fait une gaffe monumentale (où est la caméra cachée ?), et puis le lendemain, discutant des vacances avec les parents (la Grande Motte était déjà prévue pour septembre), ils me demandent les projets des filles : NY pour Pulchérie et puis…

  • « Mais qu’est-ce qu’ils vont foutre à Berlin ? » (je vous passe le « mais qu’est-ce qu’ils vont foutre à NY ?, car pour NY il n’y a pas de suite pour l’instant)

Je me suis sentie moins seule. Puis vint le dimanche où les deux jeunes étaient présents. Ma soeur était là, moins marquée que moi par les souvenirs de famille (nous avons 11 ans d’écart), le problème des vacances fut posé et elle y alla de sa petite remarque elle aussi :

  • « Mais qu’est-ce que vous allez foutre à Berlin ? »

Ils y sont partis, résignés devant tant d’ignorance, et en sont revenus enchantés. Tellement d’ailleurs qu’ils viennent d’aller y passer 6 jour, là, tout tout dernièrement, ce qui vaut son post n° 2 (pour l’instant, car j’ai l’impression que je vais souvent me poser la question :).

Mais que diable sont-ils allés foutre à Berlin ?

Je constate d’ailleurs que depuis mes 15 ans, le langage familial s’est considérablement dégradé, le mien y compris…

0 réponse sur “Mais qu'est-ce que vous allez foutre à Berlin ? (Berlin part 1)”

  1. Bon, comment dire… la saison est trèèèès mal choisie (on se pèle, en Prusse, asteure…)
    Personnellement, je n’aime pas tellement Berlin (trop cosmopolitokitsch pour mon goût), et j’y suis allée du temps de la DDR, (pfff je suis vieille !!!) mais c’est une ville intéressante, avec des musées passionnants, une vie nocturne intense. Je comprends qu’on veuille y aller pour des vacances, mais jamais je n’irais y vivre, par exemple !

    1. Ils ne m’ont pas précisé pour le froid…
      Mais c’est une ville qui les a séduits pour ce que tu dis, et aussi pour une impression de pacifisme régnant qui les a marqués…

  2. mon commentaire prête à confusion, à ce que je constate : je suis allée à Berlin avant la chute du mur – et bien après !

  3. Eh bien chère gentille sorcière, tout tout comme toi, même génération (même que quand on débouche une bouteille j’entends le : encore une que les b* n’auront pas de la bouche de mes grands parents – qui ne sont plus là), habitant sur la côte atlantique et ne pouvant donc ignorer les blockaus qui me serrent le coeur, je ne pourrai me rendre à Berlin. J’aimerai quand même dépasser mes préjugés et y aller au moins un we (une semaine ce serait trop long). A suivre…

    1. Le fameux « encore une que les b*ches n’auront pas » mon père le dit encore parfois.
      Il est vrai que ce sont des préjugés, mais comme tu dis, il est parfois difficile de les dépasser !

  4. ah oui… « encore une que les b* n’auront pas !  » j’ai entendu ça aussi !
    et tu penses, chez nous à Dunkerque ! le point le plus meurtri de la carte de France , les pensées germanophobes étaient exacerbées ! surtout chez ma mère qui, petite fille a dû « évacuer » et qui avait une peur panique des allemands …
    mon père, fils de commerçants a toujours été moins atteint pas ce courant, il discutait avec de jeunes allemands qui venaient cuire leur pain au fournil ( réquisition, la boulangerie était en face de la Kommandantur (ortho?) ) qui expliquaient qu’ils n’avaient pas le choix, qu’eux aussi étaient victimes de cette guerre .
    ma mère disait avec mépris à mon père  » tout le monde disait que vous étiez des collabos  » (ce qui était faux e précise )
    mais moi je suis sortie indemne de tout ça , j’ai été dans une section « allemand première langue  » parce que c’était à l’époque les section allemand/latin qui avaient le meilleur niveau , donc échanges linguistiques etc… mes fils ont fait de nombreux séjours eux aussi , l’an dernier nous avons accueilli une jeune munichoise pdt 2 semaines et filsaîné est allé chez elle , et le mois prochain c’est le tour de junior …
    donc moi ça ne me gène pas qu’on puisse aller en vacances à Berlin !
    Et chez nous, Jean Bart sur la place principale brandit son sabre en direction de l’Angleterre pour nous rappeler que l’ennemi héréditaire c’est l’Angleterre … et quand on voit comment ça se passe pour l’Europe, on lui fait confiance !

    1. Comme quoi, tout est possible.
      Moi j’ai fait allemand 2ème langue en trainant les pieds, et ça ne réjouissait personne de m’entendre réciter mes leçons…
      J’ai fait un court séjour à Munich et ses alentours, j’ai trouvé ce que j’ai vu de l’Allemagne (en car) joli, mais Berlin c’est Berlin quoi…

  5. J’y ai habité du temps du mur, j’y habite de nouveau depuis 5 ans et j’y trouve ce qu’on ne trouve plus beaucoup à Paris, liberté, créativité, bonne humeur (même si en ce moment le froid et le ciel gris permanent mine les gens)

  6. Je crois qu’il y a quand même des phénomènes de mode concernant les destinations touristiques. Moi aussi, depuis 1 ou 2 ans, j’ai entendu le plus grand bien , ( souvent de la part de jeunes, d’ailleurs)sur cette ville, qui malgré tout ne me tente pas plus que ça.

    Si je devais partir là ou ça caille encore pas mal ( oui, j’suis comme toi, je cause pas beau!! ;-)), je préfererais encore retourner à Bruges ou Amsterdam…mais, peut être suis-je dans l’erreur.

    A suivre… avec l’épisode 2 de ton récit…

    1. Idem pour moi, si je devais aller me les geler quelque part (les pieds), je préfèrerais retourner à Amstardam ou à Stockholm.
      Pas Berlin même si on en dit beaucoup de bien…

  7. Ville atypique, cosmopolite et qui offre peu de points communs avec les autres villes allemandes. J’y avais été la première fois avec mon père qui y avait été prisonnier de guerre pour la simple raison qu’il m’avait fait apprendre « la langue de l’ennemi » et que je parlais cette langue.

    C’était avant la chute du mur, et nous avions passé une journée à Berlin Est, ce qui m’a dégoûté du communisme à tout jamais, même si celui-ci ne m’avait jamais attiré.

    J’y suis retourné après 1989, avec des amis allemands, car voyez vous, la « langue des ennemis » s’est transformée en « langue des amis », car j’en compte de précieux dans ce pays là.

    1. Je comprends tout à fait.
      Je ne suis pas anti allemande, je ne suis plus à considérer l’Allemagne comme l’ennemi désigné.
      Mais Berlin, non, ça ne me tente pas du tout !

  8. J’avoue comprendre cette appréhension à connaître cette ville.
    J’y suis arrivé un jour de décembre, quittant 25 ° au Maroc, pour un – 20 ° sibérien ! Pour moi, cette ville où j’ai vécu 5 ans est une mémoire historique qui m’a fait comprendre la géopolitique et la fragilité de nos existences.
    J’y ai vécu la construction du mur, la guerre froide, les rotations d’avion toutes les 5 minutes pour contourner le blocus routier de la ville, la visite des criminels de guerre nazis par mon père, aumônier militaire, les passages à l’Est par Check Point Charlie pour soutenir les paroisses huguenotes…
    J’ai vécu cette période par procuration, étant encore très jeune.
    J’y suis retourné en 72, une ville grandement changée, l’afflux des alternatifs et jeunes artistes étant dispensés de service militaire s’ils s’installaient à Berlin avait profondément modifié l’ambiance, ouvrant des squats dans les quartiers populaires. Avec en prime un magnifique concert de Pink Floyd.
    Un de mes fils y est allé l’été dernier, photographe, je crois que le foisonnement culturel est ce que cherchent les jeunes dans cette ville.
    Moi, j’en ai la nostalgie d’une enfance heureuse, et d’y avoir cotoyé l’histoire.

  9. Pour une fois (et bien que je lise et apprécie votre blog) je vais laisser un commentaire ; je suis de votre génération, mes parents ont donc connu l’occupation et s’exprimaient en termes peu choisis pour qualifier nos voisins d’Outre-Rhin.
    J’ai pourtant fait allemand deuxième langue, mes trois enfants ont fait allemand première ou deuxième langue et il faut bien que ma mère s’y fasse… son unique petite-fille après un master en allemand vit en Allemagne avec un Allemand.
    Parfois je me dis que c’est dans les gènes familiaux, il y a déjà trois membres de ma famille très restreinte qui vivent et travaillent en Allemagne…ce qui pour des Bretons n’est pas la porte à côté.
    Et je comprends bien l’envie d’aller visiter Berlin : mes deux aînés l’ont fait malgré les 24 h (à l’aller et au retour) du voyage en bus et ont adoré cette ville 8 fois plus étendue que Paris.

    1. Les choses évoluent, et fort heureusement !
      Par contre le coup de l’allemand première langue m’a toujours un peu agacé, car c’est tout de même avec l’anglais que l’on peut s’exprimer un peu partout…
      Mais sinon, pour Berlin, je ne suis toujours pas convaincue
      🙂

  10. @Prunelle: juste une remarque sur cette chère Education Nationale: je ne sais pas si c’est toujours le cas à Dunkerque, mais en Lorraine, encore aujourd’hui l’option « Allemand 1ère langue » est un passage obligé si on veut aller dans une classe de bon niveau… Je n’y vis plus, mais mon père et mes cousins sont passés par là… résultat ils sont nuls en anglais! (ben oui, si on l’apprend pas en 1ère langue, ça devient très très dur… et qu’on aille pas me dire « l’allemand ça donne les bases pour apprendre l’anglais, ça sera plus facile après! » 1 c’est archi-faux, 2 si l’anglais est si important, pourquoi le passer en 2ème position?)
    Et même si je ne renie pas le poids de l’allemand dans ces régions, l’anglais, c’est quand même plus important…

    Cela dit, je ne dirais pas non à quelques jours de vacances en Allemagne (même si je ne parle pas un mot d’allemand, ils savent parler anglais, EUX…)

    1. Je suis tout à fait d’accord avec toi !
      Le principal du collège des filles s’opposait à l’Allemand première langue et tentait de décourager les parents… Malgré tout, il y a toujours UNE classe d’Allemand première langue (paraît-il)…

  11. PS: j’adore cette constance familiale dans les expressions, c’est là qu’on comprend le sens d' »héritage culturel »… 😉

  12. j’ai fait Allemand 1ere langue parce que soit disant, c’était les meilleurs classes, mouais bof, aujourd’hui il me reste très peu de vocabulaire, c’est une langue que je n’ai jamais aimé apprendre (peut-être que la terreur de prof que j’avais au lycée y est pour quelque chose) et à choisir entre 4 jours à Londres ou 4 jours à Berlin, je vote Londres sans conteste ; mais je me dit que quand même il serait sympa d’aller visiter Berlin au moins une fois…après Londres ;o)

Répondre à Alizée Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *