Exaspération… (part 1)

femme-en-colere-exasperationPour ceux qui ont suivi, nous en avons bavé (lui compris) lors de l’hospitalisation de Jean-Poirotte du 2 novembre au 24 décembre 2009.

Il était sorti avec une légère insuffisance rénale à surveiller, l’avertissement qu’il lui restait des végétations accrochées au coeur, qui en cas de détachement pouvaient provoquer une embolie pulmonaire, et un taux de potassium trop élevé à surveiller également et éventuellement à traiter s’il persistait.

Dans un premier temps Jean-Poirotte a bien consulté le médecin régulièrement (pour ça il ne renâcle pas), procédé à ses analyses, et Acromion devant un taux de potassium trop élevé s’incrustant, l’a mis sous traitement.

Lui dire de consulter immédiatement en cas d’oedeme c’est visualiser théoriquement mon père avec une bulle au dessus de la tête « cause toujours ». Idem pour Mrs Bibelot. Lui demander de surveiller un peu son mari, revient au résultat que j’obtenais quand je disais « les filles allez ranger votre chambre ». Deuxième bulle au dessus de la tête « cause toujours ».

C’est déjà bien assez barbant de prendre des médicaments deux fois par jour, de s’obliger à boire de l’eau en suffisance (troublée par du sirop de menthe glaciale), de subir une prise de sang par mois.

Limite c’est pire que l’hospitalisation, tout le monde sait ça. Mais bon, Jean-Poirotte était discipliné, et déterminé réellement à se faire suivre.

Sauf que…

  • J – 10, je  viens prendre mon thé quotidien avec Mrs Bibelot. Mon père se lève de sa sieste quotidienne et je le trouve curieusement bouffi.
  • Je le lui fais remarquer avec diplomatie
  • Ma mère : « cause toujours mais non, c’est parce qu’il vient de se lever »
  • Mon père : « cause toujours : je viens de me voir dans la glace, tu te fais des idées ».
  • Jour après jour je trouve que le phénomène s’accentue mais j’obtiens toujours la même réponse (cause toujours), même quand je suggère une consultation avant le prochain RV prévu.
  • Je rentre chez moi, jour après jour exaspérée. Le déni m’énerve. Qu’ils aient peur c’est une chose. Ne rien faire ne conduira à rien de bon, au mieux une hospitalisation qui peut peut-être être évitée, au pire…
  • Vendredi 30 avril ma mère me téléphone. Jean-Poirotte ne se sent pas bien. Il a passé sa nuit oppressé avec des difficultés respiratoires, il a une barre dans la poitrine et s’essouffle pour faire 3 pas.
  • « Appelle le SAMU » (je pense immédiatement, à l’embolie pulmonaire, à rien d’autre car je ne suis pas médecin)
  • « Ton père ne veut pas ». « On termine de déjeuner et je l’emmène à la clinique X (qui l’a tiré d’affaire) »
  • « APPELLE LE SAMU ! » (Putain De Bordel De Merde)
  • « Non, ton père ne veut pas, et puis je ne vois pas ce qu’ils pourront faire » (tout le monde sait que le SAMU est une sombre daube inutile, payée inutilement par l’argent du contribuable, même s’il a sauvé la vie de papa une fois)
  • « J’ARRIVE !« 

Je raccroche, échevelée, énervée, inquiète, pas lavée (mon bain était en train de couler) et je saute dans mes fringues avec une violence inouïe. Diabolos devant mon comportement n’ose même pas me faire remarquer qu’il n’a pas trop de croquettes (si le plat ne déborde pas, il craint la famine). Le temps de prendre mon portable, le chargeur, mon manuel de survie et je file telle un pet sur une toile cirée…

Ma soeur m’appelle : elle aussi fait le pet sur la toile cirée, et nous devons nous retrouver chez les parents dans un délai très bref,  toutes les deux divinement coiffées. Mon père oppressé et un peu pâle (et en plein oedeme, ça saute aux yeux comme un coup de pied aux fesses), refuse que l’on appelle le SAMU. Il n’a rien de grave, finalement il se sent très bien…

J’ai poussé ma gueulante 3 minutes avant l’arrivée de ma soeur, elle en fait autant à son tour « Mais enfin, vous ne vous rendez pas compte ? Et si tu fais un malaise pendant que maman t’emmène (20 km), elle fait quoi ? vous faites quoi ? ».

J’appelle le SAMU. Les parents capitulent. Il ne se sent pas si bien que ça, elle a peur.

Arrivée d’abord comme toujours, des pompiers qui précèdent ou accompagnent le SAMU. Ils sont 4 et procèdent à l’interrogatoire du suspect qui se débat, mais inutilement, car ma soeur ou moi sommes tour à tour présentes pendant que maman prépare une petite valise « en cas d’hospitalisation », pour répondre en cas de mauvaise foi.

Arrivée du SAMU : 5 personnes. Le médecin m’interroge moi, pendant que 2 personnes s’occupent, l’une d’un électrocardiogramme et l’autre de lui prélever des flacons de sang pendant qu’un autre surveille un masque respiratoire et un ballon. Face au Vampire, Jean-Poirotte se crispe un peu, ma soeur le soutient moralement, et je fais l’historique au médecin du SAMU, à sa demande depuis l’infarctus de 1983… (Ma mère est toujours dans sa valise qui ne peut pas attendre 10 minutes…)

On lui apporte régulièrement des tracés de l’ECG. Je le vois bien prendre des notes, et je l’interroge, mais il est aussi bavard qu’une pierre tombale. Une hospitalisation est nécessaire finit-il par me dire, lassé par mes questions, reste à savoir si la clinique où il est suivi pourra l’accueillir. La réponse tombe au bout de 10 minutes : c’est oui, il est attendu par un réanimateur et aux urgences avant.

Et voici l’embarquement de mon pauvre papa, ligoté par les perfs multiples et les banderilles permettant le relevé ECG en continu. Ma soeur embarque ma mère incapable de conduire…

Moi je reste comme une conne avec la mission d’avertir tout le monde, pour attendre des nouvelles… Un après midi de rêve en vue…

Inquiète mais toujours exaspérée tout de même par ce refus de voir les choses en face. Avoir peur de l’hospitalisation je peux le comprendre, mais se cacher des symptômes qui s’accentuent et peuvent y mener tout droit, je trouve cela stupide. D’un autre côté, je ne sais pas comment je serai dans 20 ans…

Je pense à ce moment là, qu’une consultation 10 jours plus tôt aurait peut-être rendu inutile tout ce tintouin.

La suite me prouvera que j’avais raison.

Mais la vie n’est qu’un long calvaire…

0 réponse sur “Exaspération… (part 1)”

  1. Eh bien ! Quelle histoire !!! J’espère que les nouvelles sont bonnes ou en tout cas pas trop mauvaises.

    Sinon, j’ai beaucoup ri sur l’image du pet sur le toile cirée. Immense !!!

    Mia de TERRA LATINA 😉

    1. Ah ça, glisser ou s’en aller comme un pet sur une toile cirée, c’était une expression couramment employée par mon grand père maternel.
      Sinon oui, les nouvelles ne sont pas trop mauvaises en tenant compte que les médecins sont aussi bavards qu’une pierre tombale…

    1. Avec toutes les frayeurs qu’il a déjà eues, il ne faut pas rêver, aussitôt rentré chez lui, aussitôt oublié…
      Je pense que ma mère a été plus sensible a posteriori à mes avertissements…

  2. Difficile d’accepter que le contrôle du corps nous échappe, d’accepter que la machine s’enraye, et puis la façon dont on est traité à l’hôpital ne donne pas envie d’y aller ! Je comprends ça moi qui me bat depuis une semaine pour ne pas y aller ! J’espère que ton papa va vite se remettre et que vous allez pouvoir vous consacrer en famille aux préparatifs du mariage !

    1. L’hôpital ne réjouit jamais personne, encore qu’il ne se soit jamais plaint d’avoir été mal traité.
      Accepter, c’est peut-être difficile, mais nier des symptômes INVALIDANTS c’est autre chose.
      Et si tu as besoin d’être hospitalisée, n’attends pas trop…

  3. Bon courage à toute la famille, j’espère quel es nouvelles vont vite être rassurantes.

    Pfff après les gosses les parents… Ben on n’est pas sorti de l’auberge moi je dis… 😉

    1. Pour les filles actuellement je suis à peu près tranquille (difficile de taper en touchant du bois).
      Mais il y a 7 ans lors de la première très longue hospitalisation de papa, j’étais en plein dans l’âge de la stéréo…
      Les mômes, les parents, jamais tranquille quand le téléphone sonne…

  4. J’espère que le tout ira bien et que sa santé s’en remettra vite ! Nos parents sont souvent comme ça, je regarde les miens et ils font pas mal la même chose quand c’est le temps de consulter… Est-ce une histoire de génération ???

    1. J’ai l’impression que nos parents effectivement attendent au maximum pour consulter.
      Peut-être ont-ils eu une mauvaise image de la médecine jadis, je cherche à comprendre.
      Dans ce cas précis sans la médecine moderne il y a longtemps que mon père ne serait plus là…

  5. Ah ! Ces parents ! Pourtant ils sont deux ! De ce côté ma mère aurait tout de même surveillé mon père et aurait réagi ! Par contre pour elle ! Pfft ! En ce moment elle a mal au articulations (impossible de lever le bras, même pour soulever un verre) et refus d’aller voir le médecin ! Elle prétend qu’il va lui dire « c’est la vieillesse rien à faire ». C’est bien connu les vieux, on les soigne pas !

    1. Maman scinde bien les problèmes : dermato elle consulte par exemple, car elle a régulièrement des trucs moches à se faire enlever. Par contre je ne sais pas depuis combien de temps elle n’a pas fait faire une petite révision par Acromion…

  6. Eh ben, j’en ai raté, des événements! J’espère que finalement ça c’est arrangé (vu les articles paru ensuite, je suppose que oui), je vais me précipiter sur la suite dès que j’aurai envoyé ça!
    Quant à la frustration des parents qui refusent de voir la réalité (médicale) en face, on en a eu malheureusement l’expérience dans ma famille… si mon grand-père avait écouté ma mère et fait ce p***n de test, certes désagréable mais sans commune mesure avec ce qui a suivi, il serait encore en vie aujourd’hui… Ce n’est pas faute d’avoir été prévenu pourtant… Je ne sais pas comment j’aurais réagi à ta place ou à celle de ma mère…

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