Le dernier jour du séjour (1) (le retour de Maritza)

EndoraPour le dimanche 24 octobre, Mrs Bibelot et Jean Poirotte avaient invité tatie chérie et ma soeur (Mrs Vésicule). Maritza cela ne se loupe pas.

Attention, n’allez pas vous méprendre : Maritza est une femme intelligente et cultivée. Elle a  gardé une grande naïveté enfantine, elle a un caractère de cochon dans la vie de tous les jours (sauf chez mes parents où forcément elle se retient, mais quand elle raconte ses démêlés conjugaux on sent bien que…), et surtout, à aller de pays en pays, elle a perdu beaucoup de repères qui nous semblent normaux.

De plus elle est restée bornée sur certains principes qui lui ont été inculqués par sa mère (qui n’était pas un cadeau), car on peut être borné et intelligent malgré tout.

Pour la littérature et le cinéma, on ne peut pas l’avoir, elle est extraordinaire, et cela lui fait un point commun avec Jean Poirotte : elle est championne en westerns et les adore. Pour les livres, avec Mrs Bibelot ou moi-même, elle est très à son aise.

Pour l’imagination également, elle est très forte, et avec ce qu’elle a vécu, elle devrait écrire un roman, sans avoir besoin d’enjoliver les choses. Sauf que… Nous découvrons années après années qu’elle nous a parfois caché des choses importantes, surtout concernant ses relations avec Trevor, qui reste finalement l’amour de sa vie.

Oui Maritza nous a caché des choses importantes, ou menti un-petit-peu, non pour enjoliver les choses (qui se suffisent à elles-mêmes) mais au contraire pour les minimiser. Le problème étant qu’un jour ou l’autre elle se coupe, et que nous devons reprendre sa biographie depuis le début…

J’ai découvert avec tristesse lors de ce séjour 2010 que son inquiétude pour mon épaule, la santé en général, la dépression en particulier, était un exutoire à sa propre peur de mourir, de souffrir, de devenir impotente et grabataire. Elle a eu un cancer du sein, n’est pas encore dans le champ du « guérie », et a vu trop de personnes décliner pour être sereine.

Elle a donc pour de multiples raisons :

  • la vie si difficile pour « les pauvres » en Angleterre où la vie y est, d’après elle et c’est très certainement vrai, au dessous de ce que nous pouvons imaginer (de quoi se plaignent les français, ceci dit par elle sans acrimonie, mais l’anglais ne fait pas grève lui, donc on l’écoute moins…),
  • un service de santé que, s’il est plus bâtard et mal foutu tu vis dans un pays sous développé,
  • l’éloignement de son fils et de sa fille,
  • le caractère anglais qu’elle ne supporte plus,

décidé de retourner en Suisse dont elle a toujours la nationalité, et qui lui paye sa rente mensuelle, et va la prendre en charge de manière plus agréable et moins coûteuse, dans une résidence pour personnes pré-âgées encore valides (la distinction se fait chez eux), avec un service de santé top. Près de ses enfants qui plus est.

Quitter la Cornouailles, c’est quitter Trevor, nous l’avons bien compris finalement, même si elle le nie farouchement (la lande est magnifique…), l’amour de ses 16 ans, un amour tumultueux qui aura marqué sa vie, au travers de multiples aventures, deux mariages et deux divorces, de nombreuses séparations et retrouvailles. Ce genre d’amour de merde qui vous flanque une vie en l’air…

Non ce n’est pas la lande qui va lui manquer, mais elle se dit que finalement elle était retournée se remarier avec Trevor pour finir ses jours là-bas en toute sérénité, que c’est loupé depuis plus de 4 ans, et qu’après avoir pour une dernière fois traversé la Manche, il y a de gros risques pour qu’elle ne le revoie jamais.

Il ne veut plus la voir régulièrement, mais elle le sait pas loin, et puis allez savoir, comme il change d’avis à son sujet de temps à autres et accepte ses visites tout à coup, il pourrait bien l’épouser pour la troisième fois et ENFIN la laisser veuve (et sans doute, l’esprit tranquille même si plein de regrets…)

Quitter la lande, c’est quitter quelque part sa jeunesse, et elle retourne donc à Genève en février prochain, avec l’impression d’aller se réfugier dans un mouroir.

Sauf que Maritza a de la ressource, et tout plein de projets…

0 réponse sur “Le dernier jour du séjour (1) (le retour de Maritza)”

  1. Tout d’un coup, ça me rend toute triste. C’est pas très joyeux de se résoudre à vieillir loin de celui qu’on aime pour des raisons matérielles et familiales (je ne lui jette pas la pierre, Trevor est juste un péteux indécis qui bousille la vie de son entourage…).

    1. Oui cette fois ci, malgré les adjectifs dont elle qualifie Trevor, nous avons bien senti qu’il restait plus que très important pour elle, et que cela lui pourri la vie…

  2. Et bien je lui souhaite une bonne vie en suite, à Maritza, et qu’elle oublie Trevor ! De toutes façons elle aura toujours les moyens de voyager, non ?
    nb : tu as tout à fait raison, on peut être intelligent et borné !

    1. Non elle n’aura pas vraiment de gros moyens, mais elle trouvera bien à se débrouiller.
      Oublier Trevor, cela sera difficile, de 16 à 70 ans tout de même, elle a toujours pensé à lui à défaut d’être avec lui.
      Et oui, on peut être intelligent et borné, c’est même fréquent!

  3. Je disais hier à mon amie d’enfance qu’en lisant ton billet, j’avais pris conscience d’une chose…
    Que si je ne me libérais pas maintenant du « péteux indécis » (quote La souris en goguette) après qui je soupire depuis, ouh… cinq ans? (et qui est le roi de la valse-hésitation, un coup oui, un coup non, un coup tu es merveilleuse, un coup non l’amour c’est pas pour moi), la situation pouvait bien traîner en longueur et moi me retrouver dans la peau de Maritza d’ici quelques décennies… Ca secoue. Et c’est positif.
    Merci!

    1. Si sa malheureuse expérience peut profiter à d’autres, au moins c’est un point positif effectivement.
      En amour on a le tort de s’accrocher, en écoutant trop l’adage « on ne maîtrise pas son coeur ».
      Si, on peut toujours partir en courant ou couper les ponts, même si cela fait mal sur le coup…
      J’espère qu’un jour tu pourras me dire que ta prise de conscience a eu un effet bénéfique sur ta vie…

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