Le genou de Jean-Poirotte (chapitre deux avec une digression)

curry-dagneauDonc le mardi, Jean-Poirotte trottait comme un lapin, ou ce que vous voulez d’ailleurs, il s’en fichait, et nous avec, pourvu que cela trotte, gambade, etc…

Le mercredi cela pouvait encore aller et le soir, l’homme de l’art et son épouse devaient venir dîner, donc, il y avait eu débat acharné concernant le menu, ce qui prouvait que mon père allait nettement mieux.

La femme de l’art trancha en préférant un curry d’agneau à des rognons sauce madère, et j’ai eu droit à l’éternelle histoire de mes parents en cuisine… (courage, fuyons…)

Tout était acheté, mais ce n’est pas le tout, vers 17 H, cela urgeait… (au cas où qu’on crève de faim, le ragout n’étant pas cuit, ce qui n’est jamais arrivé, à ma connaissance, mais on n’est jamais trop prudent…).

Dans ces cas là, je reste dans mon coin, je ne pipe mot. J’avais d’ailleurs un Fred Vargas à terminer donc, tous les alibis possibles pour échapper à la chose : la préparation du curry d’agneau. Comptez environ 5 minutes entre chaque réplique :

  • Bibelot ? Comment tu fais pour ton curry d’agneau ?
  • Laisse, je vais m’en occuper… (Mrs Bibelot plongée dans ses sudokus)
  • Pour l’agneau tu fais comment ?
  • Je le fais dorer à la cocotte mais laisse, je vais le faire…
  • Tu mets de l’oignon ou pas ?
  • Oui, mais quand la viande est quasi dorée, mais je vais le faire.
  • Et quand l’oignon et l’agneau sont grillés tu fais quoi ?
  • Je farine, mais je vais le faire…
  • Et quand c’est fariné tu fais quoi ?
  • Je rajoute du bouillon de volaille ou de boeuf, mais je vais le faire…
  • Et après ?
  • Bah, je rajoute le curry et je laisse mijoter à feu doux, mais je vais le faire…
  • Et de l’ail tu en mets ou pas ?
  • Eventuellement… Je vais le faire si tu t’occupes de l’ail…
  • Et tu laisses mijoter combien de temps ?
  • Un bon moment, mais je vais le faire je te dis !!!

Sudokus terminés. Mrs Bibelot se lève pour préparer SON ragout.

  • Ah mais tu as tout fait ? Je t’avais dit que j’allais m’en occuper !!!!
  • Oh quel caractère, tu devrais être contente !
  • Non, quand je dis que je m’en occupe, c’est que je m’en occupe.
  • Trop tard…

Alors là, rendons justice à mon père. Comme maman perd son audition de jour en jour depuis 3 ans, refuse de l’admettre et fait chier tout le monde à faire répéter tout le temps, il profite vicieusement de cette perte d’audition pour faire ce qui lui chante, vu qu’elle n’entend rien de ce qu’il fourbanse dans la cuisine.

Il aurait tort de se priver.

J’en fais autant…

(Le curry d’agneau était délicieux, mais bon, je pense que la prochaine fois, elle mettra la viande sous clefs…)

La vie n’est qu’un long calvaire…

0 réponse sur “Le genou de Jean-Poirotte (chapitre deux avec une digression)”

  1. Alors là, bravo. Judicieux.
    j’aurais cru que le genou allait à nouveau faire défaut, mais non.
    Il était question de curry et on s’en est tenu au curry, bravo.

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