Halloween 2011

Halloween_droit_devant_57210813Quand que j’étais petite, on ne parlait jamais d’Halloween, fête américaine soi-disant par excellence,  qui nous est en fait revenue (je dis bien revenue car c’est une fête celte à l’origine, que les irlandais nombreux ont exportée là-bas).

Truc à fric ! N’importe quoi ! Ras le bol des USA ! voila ce que l’on entend…

Ce soir il y aura-t-il des enfants dans les rues ? Il paraît que l’an passé, ils demandaient du fric à défaut de bonbons,  et que c’était donc, vraiment du commercial à tout crin. « Des bonbons ou je te jette un sort » c’était périmé…

Halloween, ce n’était pas le nom que lui donnait les anciens, les miens, les vôtres, les nôtres, en, cette veille de la Toussaint, que beaucoup confondent avec la fête des morts qui a lieu le 2 novembre. La Toussaint, c’est la fête de tous les saints, de tout le monde. Et c’était une vraie fête.

Il aura fallu un 11 novembre et des millions de morts, pour faire du 1er novembre une fête triste… Et du chrysanthème, en Europe, la fleur de la mort.

J’ai connu assez de grands parents et d’arrières grands parents. Bien avant qu’Halloween ne débarque chez nous, ils en parlaient de cette fête du 31 octobre au soir.

  • Pour éviter la venue des esprits on allumait une bougie qui ne devait pas s’éteindre d’un coup de vent, ce qui aurait porté malheur, à poser sur la parfois unique fenêtre donnant sur la rue.
  • Alors pour ne pas qu’elle s’éteigne, on la mettait dans un légume ou un fruit découpé : rave, betterave, potiron, grosse pomme, qu’importe. Le légume ou fruit était creusé soigneusement, et laissait apparaître deux yeux et un sourire. Les esprits sont tristes, ils n’aiment qu’on leur rappelle l’origine de leur chagrin, il faut leur sourire. Ou bien, ce sourire était destiné à faire fuir les esprits chagrins : aucun de mes ancêtres ne se souvenait du vrai du vrai du légume découpé avec un sourire…
  • La maîtresse de maison mettait dans une assiette à la disposition des esprits, quelques gâteaux au miel, quelques caramels maison, des douceurs sortant de l’ordinaire. Chez les plus pauvres, on sacrifiait des châtaignes grillées.
  • Et les enfants se déguisaient en esprits ou fantômes pour aller tout manger. Et les parents faisaient semblant de ne pas savoir que les enfants avaient quitté la maison en douce, pour rentrer à minuit, heure où les vrais esprits risquaient vraiment de se manifester.

Ils portaient des galoches, des sabots, rarement des chaussures de cuir. Ils portaient leur blouse de tous les jours, leur tablier, et un mauvais manteau. Et pour faire l’esprit, rien ne valait le vieux drap refilé par l’aïeule s’amusant à l’avance, et dans lequel on avait découpé de quoi voir clair… Que de fantômes alentours…

Ils étaient du siècle d’avant le mien, ou bien nés pendant la grande guerre ou juste après, ils étaient d’un autre millénaire (comme moi, si j’y songe…). De cette tradition, ils parlaient tous avec nostalgie, parce que tout se perdait pour eux, quand j’étais petite… Et qu’ils trouvaient dommage que leurs arrières petits enfants ou petits enfants, ne se déguisent pas en fantôme pour aller prendre des friandises partout, en faisant faussement peur à la maîtresse de maison…

Témoignages du Béri, de Bretagne, d’Alsace, du Vaucluse, de Savoie, d’un peu partout sauf du nord, parce que je n’ai pas d’ancêtres du nord.

Alors c’est un peu en pensant à eux que j’allumerai avec Mrs Bibelot, une bougie sur une fenêtre ce soir…

Même si les gosses ne passeront pas, parce que la maison de mes parents est au fond d’une ruelle…

Ce que je trouve dommage c’est la tradition qui s’est perdue, qui est revenue via une poussée « consommation » et finit donc par être méprisée en ayant perdu son sens profond que la majorité a oublié.

C’était la tradition d’une vraie/fausse crainte des esprits, une complicité parents/enfants ignorée par les enfants, un lien qui durait depuis longtemps, venu des Celtes. C’était une tradition qui avait défié le christianisme et dieu sait qu’il était risqué de défier l’église à certaines époques. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la Toussaint a été instaurée le 1er novembre, pour faire oublier la fête des esprits.

Dommage simplement que nous ne puissions pas fêter les esprits la nuit où l’on change d’heure.

Quel meilleur moment pour eux que de sortir à la 25ème heure ?

Cette heure de plus… Cette heure faite pour eux… Nous l’avons eue le WE dernier.

Et eux, nos ancêtres qui peut-être souhaitent faire un petit tour sur terre ce soir, que leur a-t-on laissé ?

Des slogans.

La vie n’est qu’un long calvaire…

14 réponses sur “Halloween 2011”

  1. Chère sorcière, j’ai cru comprendre que nous étions à peu près du même âge et je plussoie sur cette tradition.
    Mon arrière-grand-mère née en 1875 en Bretagne ornait son jardin de betteraves creusées enluminées en cette veille de Toussaint. Je ne crois pas qu’elle continuait en 1969 quand elle est morte à l’âge assez exceptionnel à l’époque de 94 ans!
    Pour elle aussi la tradition s’en était allée.

  2. Oh oui merci pour ce témoignage passionnant; ça semble tellement « évident », raconté comme ça!

    La 25ème heure, brrrrrrrrr, m’en vais me cacher sous les draps, j’ai peur mwa!!!! ;))

  3. Merci, merci!!!!!!! L’année prochaine, je (re)mets cette tradition en marche pour ma fille!! Elle a découvert Halloween cette année et a bien aimé, mais si on rajoute cela c’est carrément mieux!!!!!
    Et merci ++ pour l’Histoire!!!

  4. Je n’ai pas d’ancêtres du nord non plus, mais en lisant un livre de Jacques Duquesne sur Saint Eloi (oui, celui de Dagobert), qui fut évêque de Noyon, l’auteur relate une étrange légende sur la fondation de Dunkerque où le saint met au pas un géant nommé…Allowyn.

    1. Je la note celle-là…
      J’adore ces petits détails qui expliquent beaucoup de choses.
      Et je vote pour refaire de cette fête, une fête celte, donc, française.

  5. Eh bien moi je suis du Nord, et j’ai toujours fêté Halloween (du haut de mes 25 ans). Et ce parce que ma mère le fêtait, et que mon arrière-grand-oncle, né en 1900 nous a toujours raconté ses aventures pour chiper les friandises et creuser les betteraves…
    Merci donc pour cette article, car lorsque je tente de convaincre mes amis du bien fondé de cette célébration, peu d’entre eux sont convaincus.

    1. Certainement que cette fête portait un autre nom…
      Dommage qu’elle soit perçue uniquement comme une fête commerciale !
      Merci de ton témoignage également !

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