Le retour de Maritza 2011 (Acte Un)

EndoraAvec tous nos soucis, nous aurions pu zapper le retour annuel de Maritza, mais fort heureusement elle a pensé à téléphoner pour nous prévenir qu’elle arriverait le lundi 18 octobre.

Si elle nous rendait visite au printemps et si nous étions adeptes du grand nettoyage, ses retours pourraient rimer avec « détergent », mais non, elle revient en automne.

Et les sanglots longs des violons de l’automne…

Comme le 18 octobre (joyeux anniversaire Albert!) tombait un mardi, nous étions mal barrées, d’autant que dans le combiné, Maritza s’obstinait à nous préciser « à lundi » et « oui j’arrive le 18 ».

Maman s’était dit que cette visite allait lui changer les idées, mais je ne sais pas pourquoi, elle et moi étions légèrement irritables à cette époque là (papa lui, squattait le service de réanimation…). Et nous avions décidé que le « tu es sûre ? » ne passerait pas cette année…

  • Ah mon dieu ton aînée, déjà 30 ans, tu es sûre ?
  • Ah ton frère, 50 cette année, tu es sûre ?
  • 8 petits enfants Bibelot, tu es sûre ?
  • Tu sais faire les crêpes, tu es sûre ?
  • Etc… (et je suis sûre…)

Le lundi, point de Maritza joignable à son hôtel dans Paris, dont l’hôtesse fort aimable nous précisa que la Suissesse ne repartait que le lendemain, mardi.

Et je suis sûre. Et également qu’elle a débarqué le mardi 18, fort heureuse de nous retrouver, et nous également.

Maritza toujours égale à elle-même, s’est installée dans la chambre verte (et j’en suis sûre), vu que moi je squatte la rose depuis notre retour de la Grande Motte.

Puis elle a demandé à maman si elle avait une cuite de prévue pour les jours à venir, avant de nous préciser qu’il s’agissait d’une lessive.

Parce que, Suisse d’adoption et de nationalité, Maritza a retrouvé ses expressions suisses tout en gardant ses anglicismes nombreux.

Et je suis sûre. Et également qu’il faut suivre, car les conversations ne sont pas toujours évidentes…

Bref, en fin de journée, nous avions déjà eu droit à de nombreux « tu es sûre ? » et maman est passée à l’attaque…

Il faut dire que nous avons été aidées sur ce coup là, par une histoire qu’elle venait de nous raconter, concernant une ex amie à elle qui l’avait traitée de menteuse.

Maritza est capable de tout :

  • Avoir Interpol à ses trousses
  • Se marier deux fois avec le même anglais
  • Enterrer les cendres de sa belle-mère dans une lande protégée
  • Se faire refouler à la frontière anglaise à cause du révolver d’ordonnance de son père (ou de son premier mari, il nous restait à mettre au point pas mal de détails, et en apprendre de nouveaux)
  • Piétiner son passeport anglais (c’est fou ce qu’elle a eu comme nationalités changeantes, si l’on suit bien), sous l’oeil flegmatique d’un britannique salarié par Interpol en le traitant de sale con (en anglais dans le texte d’origine, mais je n’ai pas retenu)
  • Voyager pendant 15 ans avec les cendres de sa mère
  • Etc…

Mais elle est incapable de mentir. Elle est d’une franchise extraordinaire, qui lui a souvent joué des tours, et même un pieux mensonge, elle ne sait pas faire…

Alors la traiter de menteuse…

Bref, elle était désormais fâchée avec cette amie. Puis, comme nous discutions bouffe, parce qu’il ne faut pas oublier qu’elle est végétarienne, maman a eu droit, concernant un plat qu’elle allait faire le lendemain, à un « tu es sûre ? » alors qu’elle précisait qu’il n’y aurait pas de viande dedans.

  • Maritza, je suis sûre, et je suis sûre aussi que c’est un tic de langage chez toi, de dire cela tout le temps.
  • Tu es sûre ?
  • La preuve ! Comme le monsieur de cet après midi, qui t’a déclaré avoir 91 ans, et à qui tu as demandé s’il en était sûr…
  • Oui, mais il ne les faisait pas…
  • Ce n’est pas une raison… Tu dis cela tout le temps, c’est agaçant !
  • Tu es s…. ?

Sadiquement, j’en ai rajouté une couche, en lui disant qu’à chaque fois qu’elle nous assenait son fameux « tu es sûre ? », c’était comme si elle nous traitait de menteuses.

Honte à elle ! Elle est devenue toute rouge…

Et croyez le ou non, mais pendant les deux semaines de son séjour, nous n’avons plus eu droit à son apostrophe favorite…

Si je suis sort ?

Tout à fait saure…

0 réponse sur “Le retour de Maritza 2011 (Acte Un)”

  1. Cela aura vallu la peine de lui dit alors ! Si seulement tout pouvait se régler aussi facilement… Car je suis sûre qu’elle vous en aura fait voir d’autre…

  2. moi j’ai une copine qui répond toujours « c’est ça ». C’est agaçant, et quand on lui fait remarquer elle dit ne pas s’en rendre compte, ce que je veux bien croire…

  3. Il y a des tics de langage… Ici nombre de Luxembourgeois ponctuent leur propos de « voilà » (en français dans le texte, quand tout le reste est en luxembourgeois); les frontaliers ou expats Belges, c’est plutôt « allez ». :+)

      1. Ils parlent, en fonction de leur interlocuteur, français, allemand ou luxembourgeois.
        Les phrases en luxembourgeois sont émaillées de mots français (« voilà », « ta g… », « put… »), prononcés avec un accent marqué. Les mêmes mots prononcés quand ils parlent français ne sont pas dits de la même façon, c’est très amusant à entendre. :+)

  4. La dernière fois que j’ai été confrontée au « tu es sûre? » à répétition, c’était avec un petit garçon à qui je donnais des cours particuliers. Autant Maritza, qui ne fait pas exprès, est agaçante, autant un gamin qui fait ça juste pour voir à quel moment exactement j’allais lui en mettre une (j’avais pas le droit, c’était pas le mien) ou me tirer en claquant la porte (j’allais pas abandonner, j’ai un chat à nourrir), apporte un fort potentiel de pétage de câble. J’avoue m’être souvent visualisée en train de le lancer par la fenêtre sans l’ouvrir, en braillant que oui, la gravité ça existe, je suis sûre, petit jocrisse.
    Finalement, à l’aide de menaces et d’une bonne louche de sadisme, j’en suis venue à bout.
    Mais vous ne pouviez sans doute pas mettre Maritza au coin…

    1. Comme je te plains !
      Parce que parfois, en flanquer une, ça fait un bien fou !!!
      Heureusement pour nous, Maritza a été guérie du jour au lendemain, en sachant qu’elle nous traitait de menteuses !

      1. Honnêtement, si j’avais fait un coup comme ça à n’importe qui quand j’étais gamine, je m’en serais pris une. La mère du monstre concerné m’a juste dit « oui, il fait pareil avec moi. Il est taquin, hein? »
        Me suis pas sentie aidée, sur ce coup là…

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