Nous les femmes, en enquête… (1)

Espionne_1_200556821_001_copierLà je suis tellement énervée par plein de trucs que je réédite.

D’ailleurs ce sont les ouacances (dans ma zone et c’est comme ça et ce n’est pas moi qui décide des zones…), et je l’ai toujours dit ! pendant les vacances, c’est réédition…

Il y a un fait établi qui me surprend toujours : c’est que les enquêteurs ne soient pas plus féminins que masculins.

Farpaitement. J’ai testé. Vous mettez 3 ou 4 copines ensembles pour enquêter sur le traitre, l’adultère, le menteur ou l’escroc : c’est simple, il est cuit, à plus ou moins brève échéance. Déjà qu’une femme seule est redoutable…

Un exemple comme ça, au hasard. Je savais qu’Albert avait une nana. Ben oui, les filles étaient revenues innocemment de WE en me signalant que « papa était avec une copine« . Tu parles que je la voyais bien la copine, qui, comble de l’indécence s’appelait comme moi (je suis donc résolument contre l’analyse du caractère d’après le prénom, mon horrible ex belle soeur s’appelant également comme moi (une amie à moi aussi d’ailleurs qui n’a rien d’horrible, comme quoi cette analyse est de la daube, mais je m’égare tout en le pensant fortement…).

Bref il me fallait savoir qui était cette salope femme, car j’avais des indices précis sur le fait qu’elle ait été à l’origine de la séparation (grâce à la copine qui vous raconte de supers trucs mais là faut trois plombes pour préciser le contexte).

Je voulais juste faire chier Albert et j’ai parfaitement réussi (ah mais !).

Attention, le plan mérite d’être détaillé et remis dans son contexte. 1989 : pas de téléphone portable, pas d’internet, juste un minitel (que je n’avais pas) et un des tous premiers téléphones sans fil qui fonctionnait quand ça lui chantait.

Les filles ont interdiction formelle de révéler l’histoire à leur père sous peine d’être définitivement déshéritées (je PEUX faire Raymond et Huguette à moi toute seule !)

Marrez-vous donc.

  • Albert prenait au début de notre séparation juste après son départ ses filles chaque mercredi après-midi pour me les ramener à 17 H pétantes.

  • Le mercredi suivant la révélation de la copine, je décide d’aller faire des courses et de rentrer en retard. Oui. Parce que si je suis bien en retard, il va fatalement appeler l’autre pour lui indiquer qu’il sera en retard également (CQFD, ne cherchez pas les mecs c’est un raisonnement de femme, mais qui fonctionne toujours).

  • Je débranche le téléphone normal (qui ne mémorise pas le dernier appel) que je planque dans la réserve à bois, pour ne laisser en évidence que le sans fil qui lui mémorise le dernier appel.

  • Je rentre avec 1 H 1/2 de retard. Albert est furieux.

  • Dès qu’il est parti en glissant tel un prout sur une toile cirée, je demande aux filles s’il a téléphoné. Réponse positive. Il a appelé quelqu’un pour dire que l’emmerdeuse était en retard et qu’il fallait reporter la séance ciné.

  • L’emmerdeuse remet en service le téléphone normal et va rebrancher l’autre ailleurs. Là, le gag. Peur que le n° ne se perde : il faut enregistrer le n° effectué. Hors il ne s’affiche pas, à l’époque ce n’était pas prévu. Je mets en route mon enregistreur de cassettes tatie c’est quoi une cassette ? et je fais bis.

  • L’enregistreur enregistre le n° en train de se composer. Soit une série de bips. Je raccroche avant que la communication ne se déclenche. 10 fois de suite.

  • Ma soeur rentre. On fait dîner les filles, on les couche après leur avoir fait prendre du sirop maillet, et nous voici en train d’écouter l’enregistrement et de compter les bips. Oui, pour un 3 cela faisait bip bip bip, pour un 7 bip bip bip bip bip bip bip, etc… C’était ultra rapide, je ne sais pas combien de fois nous avons écouté les bips en n’étant pas d’accords « c’est un 3 ? » « non moi j’entends 4 bips ».

  • N° dûment noté à 22 H après 1 H 30 à écouter les bips et les compter

  • J’ai donc un numéro et un prénom. C’est vague. Je sais que la copine est coiffeuse. Sans savoir où. Je pense qu’Albert aurait bien aimé que j’appelle tous les salons du secteur en demandant Coraline. Manque de bol, le n° noté correspond à Paris et j’appelle ma belle soeur, la première femme de mon frère, celle qui un jour s’est planquée dans un placard. Elle a un minitel. A elle de chercher un salon de coiffure qui corresponde au numéro.

  • Elle rappelle à 23 H 45 : ça y’est, elle a le nom du salon, celui de sa gérante et propriétaire (dont le prénom est bien similaire au mien), l’adresse et tout. On peut aller péter la gueule à cette salope qui habite juste à côté du père Lachaise et jeter le cadavre par dessus le mur.

  • Je garde sous le coude le nom et le numéro de téléphone et je vais me coucher toute contente, ma soeur aussi (il ne nous faut pas grand chose)

  • Je décide d’attendre mon heure…

Donc j’attends, pour une femme c’est un principe de base, on devrait nous l’apprendre dès la maternelle. Fatalement Albert va faire un pas de travers. Ce qu’il ne manque pas de faire un samedi de début juin où il vient chercher sa progéniture et part en oubliant les robes. Petites robes indispensables pour une fête de famille.

Je décroche donc mon téléphone, pensant qu’il repartait de chez moi pour aller récupérer sa belle, et j’appelle chez elle…

  • Oui bonjour, excusez moi de vous déranger (quelle hypocrite !!!) je suis la femme d’Albert et il y a un problème

  • Il a oublié les toilettes de ses filles et comme je pense qu’en revenant de Paris il va repasser devant chez nous (enfin à 500 mètres), il faudrait qu’il s’arrête pour prendre les petites robes, elles vont être malheureuses sans…

  • Vous êtes la femme d’Albert ?

  • Ouiiiiiiiii !

  • Mais il ne repasse pas me chercher (je vais tout savoir) et d’ailleurs comment avez-vous…

  • Merci de faire la commission (et raccrochage sauvage).

Retour d’Albert le dimanche soir, ramenant sa progéniture, la bave aux lèvres.

  • J’exige tu m’entends, j’exige que tu me dise comment tu as su qui elle était et son numéro de téléphone !

  • Moi tout sourire : tu exige ce que tu veux, mais tu ne sauras RIEN tu m’entends ? RIEN (tout en pensant « pauvre con, tu ne connais pas les femmes »)

Claquement de porte. Les filles redescendent après avoir faussement fait semblant de se coucher. Ma soeur est morte de rire sur le canapé.

  • Maman, comment tu as su ? Ils n’ont parlé que de ça hier soir et dans la voiture ce soir !

  • Mes chéries (que je vous explique…) je paye tout simplement un monsieur qui suit votre père partout. C’est votre arrière grand père qui m’a donné les sous… C’est comme cela que j’ai su qui c’était… (oh la menteuse !)

Message reçu et transmis (c’était fait pour), je ne vous raconte pas les ruses d’Albert par la suite (se croyant suivi), et le résultat du détective privé aux trousses du coupable… Mais siiiiiii, je vous raconterai comment qu’un commando de copines peut battre les RG…

La vie n’est pas toujours un long calvaire : parfois on se marre bien…

Et sinon pour tous les problèmes qui m’occupent, la vie n’est qu’un long calvaire…

0 réponse sur “Nous les femmes, en enquête… (1)”

  1. Oh my god vous avez réellement compter le nombre de bips !? :os ça devait être toute une soirée bien arrossée pour en arriver à une telle détermination pour trouver le numéro fatidique ;o)

    1. Non ce n’était pas une soirée arrosée, nous étions concentrées à compter les bips….
      Combien de fois, je l’ignore, mais cela nous a pris du temps !

  2. Rhaaaa je m’étrangle ^^ As-tu vu un film pas du tout récent – je ne me souviens plus du titre – une comédie où après enquête finement menée , la légitime fait incursion dans la parfumerie tenue par la maîtresse de son mari, jouée par Dominique Lavanant inénarrable ! Elle commence par lui faire sortir à peu près toute la boutique sous le prétexte d’essayer des produits de maquillage, ( on voit le sourire commercial de Lavanant- parfumeuse se crisper de plus en plus) , puis la légitime éternue violemment dans une boîte de poudre ( enfarinage complet de Lavanant qui commence à comprendre qu’y a un os….) pour finir par saccager intégralement la boutique à coups de parapluie en lui dévoilant qui elle est, dans une crise de colère culte . Je ne sais plus quelle actrice jouait la légitime mais vu ton talent et tes ressources indéniables je t’imagine assez bien dans le rôle :-).
    Assez génial d’avoir prétendu à tes filles que tu faisais filer leur père hi hi hi ….. et le comptage des bips toute la soirée…. Vous avez dû quand même bien vous marrer ta sœur et toi.

    1. C’est dans « la Boum », c’est Brigitte Fossey qui fout le boxon, et sa grand-mère qui vient achever l’histoire 🙂
      Pour mes filles, autant se servir des propensions de nos chers petits à tout répéter…

      1. Oui c’est ça: la Boum!…. en effet c’est la grand mère indigne qui achève le carnage, me souvenais plus 🙂

  3. Je suis sûre que vous racontez ça à n’importe quel service d’espionnage, vous êtes engagée direct! (mais soyez prudente quand même. Si vous croisez un vieux beau qui veut une vodka martini, partez en courant).
    Et j’imagine qu’Albert a dû bien vous en faire voir pour que vous en arriviez là (d’accord, j’ai ri en imaginant sa tête, à la fin)

    1. Je ne pense pas être embauchée direct : j’ai déjà publié cet article, il y a un moment, et personne ne s’est manifesté…
      Et OUI, Albert avait poussé le bouchon un peu trop loin…
      Je suis gentille mais rien n’est plus indigeste qu’une poire blette…

  4. Trop forte, bravo, j’adore et j’adhère!
    J’ai, moi aussi, eu l’occasion de jouer au détective privé au sein de mon ex-couple et je reconnais le bonheur, voire la jouissance, que leur tête toute déconfite nous procure.

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