Nous les femmes en enquête… (4)

Espionne_4_a0006_000364aA l’époque nous étions 4 copines célibataires. Enfin si l’on peut dire : 3 divorcées, 1 veuve, le tout à 33 ans… Nous sortions régulièrement et nous recevions les unes chez les autres. Se rajoutait à notre petit groupe d’esseulées désespérant de sortir du célibat, une autre copine mariée avec à notre avis un connard, qui lui laissait du temps pour sortir de temps à autre avec nous. Un dîner de filles il n’y a que cela de vrai…

Un samedi soir où le dîner avait lieu chez moi les filles étant chez leur père, terminant le claquos qui tue obligatoire à chacun de nos dîners, Géraldine nous fit part de ses inquiétudes concernant son Gégé que nous détestions toutes. Sans savoir pourquoi d’ailleurs, on ne le sentait pas ce mec là.

Tout en terminant la bouteille de vin avec le claquos (tu n’as pas une autre bouteille ? Je peux rester dormir là…) elle nous apprit que Gégé rentrait de plus en plus tard. Soi-disant du travail urgent à terminer. Sauf qu’il sentait la clope à plein nez et ne fumait pas. Il fréquentait d’après elle des endroits forcément louches (après 1/2 bouteille, le moindre bar/tabac était louche pour elle).

Questions de rigueur :

  • Tu lui as fait les poches ?

  • Tu as vérifié son relevé carte bleue ?

  • Tu as espionné un peu son téléphone portable ? (un des tous premiers, un truc immense, avec une antenne à sortir et une manivelle pour recharger la batterie… :-))

  • Tu as vérifié s’il avait des cheveux inhabituels sur son veston ? Ou dans son caleçon ? Ben quoi ? Pourquoi tu me flanques un coup de coude dans les côtes ?…

  • Il a changé ses habitudes ? D’after shave ? d’eau de toilette ? Il a des capotes dans son porte-feuille ?

  • Ce n’est pas grave on va enquêter !!!

Seule chose dont elle était certaine, il allait régulièrement au bowling les soirs où il rentrait très tard. D’où l’odeur de la cigarette et le fait qu’un soir il soit rentré avec des chaussures dépareillées. Elle avait trouvé un ticket bowling dans une poche, mais après lavage, donc, nom du bowling illisible.

Aïe : des bowlings dans les environs, il y en a quelques uns : 4. Et le XY nous connaît toutes, et nos voitures avec… A ce moment là, seules deux d’entre nous possèdent un téléphone portable (avec manivelle et antenne à sortir) et je ne fais pas partie des deux, inutile de le préciser.

Le suivre : impossible, on serait tout de suite repérées. Ne reste qu’à aller planquer à côté d’un bowling en surveillant son arrivée éventuelle et son départ. La principale intéressée ne peut faire qu’une chose : QG chez elle, rassembler les appels, les répercuter comme elle peut (le moyen âge je vous dis).

On se partage les bowlings après être parties en repérage. Deux ont une cabine téléphonique à la sortie, ce sont donc celles qui ont un portable toujours antique, qui prendront les deux autres. Avec ordre de faire compte rendu au QG de manière régulière, afin que les autres ne planquent pas pour rien. Le QG peut appeler les cabines : au moyen âge c’était possible.

Il a fallu que cela tombe sur moi. Vieux réflexe pour quand je sortirais de voiture pour téléphoner, parce que j’ai la chance d’avoir une cabine : j’ai mis la perruque désormais fameuse, et les lunettes qui le sont tout autant. Je me suis fait un look Hippie à tomber raide : si Gégé me reconnaît d’un regard il méritera une médaille. Je gare ma voiture derrière un 78 tonnes et je me mets à surveiller l’entrée du bowling assise sur un muret, me fondant dans la haie (une fleur parmi les fleurs, mais clopant à mort, les planques sont redoutables pour les poumons).

J’attends. Nous attendons toutes, chacune devant un bowling qui lui est propre. C’est bien beau la camaraderie, mais les soirées sont encore frisquettes et je me pèle. Le 78 tonnes m’empêche de rester bien au chaud dans ma voiture aisément repérable par cet imbécile de Gégé d’où la planque derrière.

Merde le voila. Seul ? Vous plaisantez ! Avec à son bras une blonde pulpeuse qui le dévore des yeux (la pauvre !). Elle va être contente Géraldine à qui il a toujours assuré qu’il préférait les brunes et qui s’en choppe des croûtes sur le crâne pour être brun corbeau*.

Il rentre ou pas ? C’est bientôt fini cette séance aspirateur sous mes yeux z’éblouis (une manie !) ? Faut que je prévienne les autres via le QG qu’elles peuvent quitter leur planque. Ce que je fais quand le coupable rentre enfin. Géraldine affronte bien la nouvelle. Elle prévient donc les autres et me rappelle dans la cabine comme convenu, pour me dire ce que je dois faire. Je fais juste un peu tarte hippie très en retard pour son époque, à attendre dans la cabine qu’elle sonne…

Je ne bouge pas est la consigne, Lucie va venir me rejoindre. On peut être utiles à deux pour suivre éventuellement la fille, lui, le reste de la clientèle du bowling aussi, pourquoi pas ? Lucie récupère juste un portable pour elle, un pour moi en cas d’urgence, et arrive (elle avait eu la chance elle aussi de bénéficier d’une cabine) : ça sonne, bougez pas, c’est pour moi !

J’attends. On aurait pu attendre longtemps d’ailleurs, parce qu’elle ne m’avait pas reconnue assise sur mon muret, en brune frisée à cheveux court et grosses lunettes rondes. Remarquez qu’elle n’est pas mal non plus. Elle a mis une Djellaba et un simili tchador avec un pantalon ample et des babouches. Nous nous reconnaissons finalement au son de : « ah c’est toi, je ne t’avais pas reconnue ».

Tête du garçon nous voyant entrer, surtout devant Lucie résolument voilée qui zieute comme elle peut la piste où Gégé s’éclate avec sa blonde. Stupéfaction du garçon quand elle lui commande une pina Colada, puis une autre, et pioche dans le saucisson apéro, oubliant totalement que sapée comme elle l’est elle ne boit pas d’alcool et ne mange pas de porc, théoriquement… Moi vu mon look, j’étonne moins avec mon Malibu orange.

23 H… Nous sommes à l’eau. Gégé semble vouloir partir, nous le suivons. Inutile de vous dire qu’il n’a aucun soupçon en passant devant nous. Théoriquement il rentre chez lui (en retard, on l’aura compris), donc, soit, elle a sa voiture, soit il la raccompagne.

Trop simple qu’il l’a raccompagne : on aurait eu juste à noter l’adresse. Là nous notons juste le n° de plaque d’immatriculation de la blonde, après les avoir suivi sans éveiller de soupçons…

Ce n’est pas un problème pour Sophaline qui était aussi dans ce coup là mais pas au bon bowling : elle a un pote à la gendarmerie, qui en échange de son âme accepte de lui trouver à qui appartient la voiture. Je ne sais plus quel bobard elle lui avait servi, mais il avait fait l’affaire.

Donc voiloù le nom, et l’adresse de la belle.

Et d’autres planques à venir pour prendre Gégé en flagrant délit… Ce qui ne manqua point d’arriver, vous vous en doutez…

* Vous vous souvenez du film ???? (moi oui…)

8 réponses sur “Nous les femmes en enquête… (4)”

  1. Comme Cathy, comment plus qu’un seul épisode? C’est que je me régale à lire tous ces épisodes….-mieux qu’en film, du vrai vécu!-
    Tu le racontes vraiment très bien, bravo!;)

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