Mon troisième accouchement… (à mon âge est-ce bien raisonnable ?)

J_ai_arr_t__de_fumer_53328815Vous ne le saviez pas hein, pour le troisième…

Moi non plus il y a 3 mois je n’en savais rien du tout de ce troisième accouchement qui se passe dans la douleur.

L’accouchement de :

La cigarette

J’avais pris ma décision, et mine de rien je peux être assez têtue et déterminée, sans être bornée, n’exagérons rien.

J’avais donc décidé d’arrêter et j’avais pris mes précautions en diminuant petit à petit, pour, le pensais-je, me sevrer moins difficilement.

J’avais tort (de penser que ce serait moins difficile).

La lutte que l’on engage pour faire cesser la dépendance au tabac peut s’avérer aussi difficile, parait-il, pour une personne qui fume 5 cigarettes par jour depuis 20 ans, que celle qui fume 5 paquets depuis le même temps.

Et si je parle d’accouchement, c’est parce que je peux toujours, presque 31 ans après, vous faire un minute par minute de la mise au monde de Pulchérie (72 heures), et 28 ans après de celle de Delphine (13 heures).

Depuis ma première visite chez le tabacologue, je peux vous faire un minute par minute de mon arrêt de la clope.

Dans 25 ans, quand j’aurais l’âge où je pourrais éventuellement recommencer, je pense que le minute par minute de mon sevrage sera encore bien ancré dans ma tête. D’où ma comparaison avec un accouchement qui marque forcément la vie d’une femme.

Evidemment, je vais vous épargner le plus gros, mais globalement on peut dire que…

  • On prend la décision et on commence à prévoir des stratégies* (ne plus fumer en conduisant, en lisant, etc…)
  • On prend RV avec qui peut vous aider (tabacologue gratuit dans consultation hospitalière si possible)
  • On regarde avec lui comment on va procéder
  • On arrive au jour J

Ce jour où l’on se lève en passant son temps à chercher machinalement partout, une cigarette allumée qui n’existe pas, en attendant le RV avec le tabacologue, pour l’ordonnance de patch ou autre.

En pensant naïvement qu’avec les 50 euros que la SS (la sécu !) vous rembourse par AN pour arrêter de fumer, vous allez vous en sortir.

(Chance extrême, la fin d’année calendaire approchant, en janvier j’aurais encore droit à 50 euros…).

  • Le jour J, j’ai craqué le soir, après le discours du tabacologue. Une cigarette, enfin deux, même ici, parfois, je me mens.
  • On trouve la cigarette dégueulasse et on se dit que finalement ça peut bien se terminer.
  • Le lendemain,on se colle un patch, et puis en attendant qu’il commence à agir (comptez 20 minutes), on gobe une pastille à la nicotine qui est dégueulasse, tout en cherchant toujours la cigarette allumée qui n’existe pas.
  • Puis on commence à voir des nains, cigarettes partout, en se demandant ce que fout le patch.
  • Puis chaque bruit renvoie au briquet, à l’allumette, au mégot que l’on écrase.

Personnellement (MOI JE), je me suis ruée sur les forums et j’ai béni internet, parce que là, on tombe sur des personnes qui sont passées par là et vous encouragent, idem sur FB (sauf que j’y ai peu d’amis, et parmi ceux-ci peu d’ex-fumeurs, mais merci tout de même à ceux qui sont venus m’encourager).

J’y ai appris d’ailleurs, ce qui est intéressant, qu’un patch peut vous servir 3 JOURS, à condition de bien le retirer le soir, de le poser avec délicatesse sur son disque d’origine et dans son emballage, et puis les deux jours suivant de le fixer avec du sparadrap, parce que le fabriquant le sait que cela diffuse toujours de la nicotine, et qu’il faut donc que le patch ne tienne pas tout seul pour que LUI gagne bien sa croûte…

Prendre des actions pour une courte durée dans toute fabrique de sparadrap prospère…

  • Cessant d’être ON, j’ai cherché des livres non fumeurs. Je lis en effet beaucoup depuis le mois d’août, car en lisant généralement je ne fume fumais pas. Mais rien de tel que de lire que le héros s’allume une cigarette pour tendre machinalement la main vers un paquet de clopes (qui est rangé en haut d’un placard et que du coup que l’on risque sa vie à grimper sur une chaise pour l’attraper).
  • Eh bien vous allez rire, même dans « autant en emporte le vent » il y a du tabac…
  • Je me suis donc rabattue sur tout ce qui précède la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb… (heureusement j’ai de quoi faire…)
  • Les séries TV et les films sont redoutables également. Rien que la vision d’un panneau « interdiction du fumer » déclenche le réflexe de tendre la main vers un paquet de clopes qui a été finalement descendu du placard pour être plus accessible, au cas ou ce serait : une clope ou le suicide (mais qui n’est pas à portée de main non plus…).
  • Le seul film totalement non fumeur auquel je pensais était « les 4 filles du Dr March », mais on risque de se lasser (et puis à mon avis il y a bien un moment où un homme fume). Il y a « la guerre du feu » aussi, mais bon, là aussi on peut se lasser… Je regarde donc la TV d’un oeil torve et si je repère un héros fumeur, je zappe sur « la vie des cafards » « les trous noirs » « le temps existe-t-il vraiment ? (bonne question) » etc, sur Arte
  • J + 8 : je craque. Une cigarette vers 23 H
  • J + 9 : je tiens le coup
  • J + 10 : je craque. Une cigarette à 0H00 (c’est un signe…)
  • Car, problème, si je n’ai pas remis les pieds dans un bureau de tabac, j’ai retrouvé un paquet neuf dans le fond de mon sac (mais l’état de mon sac à main fera l’objet d’un post exclusif, si j’y pense)…
  • Là nous sommes à J + 11, j’ai du mal à y croire, le temps s’est étiré, j’ai l’impression que je souffre depuis déjà 2 mois, et je sens que je vais craquer.
  • Encore juste une, le soir, monsieur le bourreau…
  • Psy chérie ne m’aide pas trop sur ce coup là, car elle estime que deux ou trois mois avec UNE, le SOIR, en décalant l’heure de la prise, serait un moyen de tenir vraiment toute la journée « cette cigarette serait celle qui vous permet de tenir toute la journée »…
  • Pour passer à une un jour sur deux, puis un jour sur trois, etc.
  • A moins que le fait (c’est fréquent) de s’en accorder une par jour, fasse qu’on ne la prenne pas : tout est compliqué dans la tête… Quand on a l’esprit de contradiction, on se contrarie soi-même…
  • Et le jour où l’on arrête de compter les jours et ce qu’il reste dans le dernier paquet, et bien le sevrage est terminé.
  • Donc les stratégies du départ, j’étais assisse dessus depuis le début et je ne m’en rendais même pas compte.

Sauf qu’en fait certaines choses vont, elles,  très vite :

  • Comme je n’ai craqué que le soir, le lever et la suite de la journée se déroulent bien désormais. C’est à partir de 21/22 H que je suis nerveuse…
  • J’ai l’impression d’avoir retrouvé du souffle.
  • Moi qui avait gardé un très bon odorat, je trouve tout de même que cela s’est encore amélioré. Je ne sais pas ce que mes parents vont devoir faire pour que je ne sente pas qu’ils se sont fait des frites…

Aujourd’hui J + 11… Pas totalement une victoire. Je n’ai pas gagné la guerre, puisque depuis le jour J j’ai tout de même fumé (même si très très peu) mais j’ai remporté une bataille…

Deux : la plus importante c’est que je suis toujours aussi déterminée et que la motivation est toujours là, malgré une déprime « normale et consécutive à tout sevrage, sur le plan psychologique ».

Je vous retrouve dans une semaine.

La vie n’est qu’un long calvaire…

* Cela doit être parce que les stratégies des généraux de 14/18 étaient aussi bonnes que celles de ceux qui décident d’arrêter de fumer, que cela a été une véritable boucherie… (merde, j’aurais dû me la garder pour le 11 novembre qui avance à grands pas).

20 réponses sur “Mon troisième accouchement… (à mon âge est-ce bien raisonnable ?)”

  1. Bravo ! Tu vas y arriver, aucun doute là-dessus…
    Et tu vois déjà des améliorations, imagine le bénéfice quand tu auras gagné la bataille !
    Bisous

    1. Là, j’en enfin l’impression de tenir le bon bout.
      Et psy chérie a fait beaucoup plus en 1/2 heures que le tabacologue en 1 heure la semaine précédente…

  2. Courage, tu vas y arriver ! Je ne suis pas douée pour le dire avec esprit, mais je te soutiens par la pensée, et je ne suis certainement pas la seule.

    1. J’étais pourtant préparée, mais là ce que je supporte le moins c’est la déprime qui s’installe plus gravement. « Sevrage psychologique » d’après la psy et de savoir que j’en ai pour 3 à 6 semaines, la seconde n’étant pas encore terminée…
      Mais passer par tout cela peut aussi vous dégouter de rechuter pour ne plus repasser par cette horrible période !

    1. Je ne compte pas lâcher, mais j’ai retenu l’option de la cigarette unique en fin de soirée si vraiment je ne peux pas m’empêcher de la fumer.
      Gérer phase après phase, vu que cette cigarette ne me donne pas envie d’en prendre une autre et que je ne la trouve pas bonne…

  3. Il y a des décennies, Hugues Aufray chantait : « Va doucement, c’est tout bon…. » en hommage à Jean-Claude Killy…..
    J’ai envie de reprendre -non pas les paroles – mais ce qu’elles sous-entendaient : ne pas te décourager, et admirer tes progrès….. Surtout, t’admirer….!
    Finalement, cesser de fumer, c’est peut-être plus difficile qu’un accouchement, mais quelle victoire !!!
    Tu as déjà retrouvé un peu d’odorat….voilà déjà une satisfaction…… Allez, sorcière au grand coeur, tu vas lui tordre le cou, à cette fichue cigarette !

    1. Le pire c’est que j’avais encore un très bon odorat pour une fumeuse.
      S’il s’améliore encore, je vais un peu souffrir à la moindre mauvaise odeur « imperceptible » pour certains…
      Tenons…
      Et merci des encouragements !

    1. Je me le demande encore, donc, quand j’aurais la réponse, je te contacterai 🙂
      Je crois que tout à commencé quand je me suis rendue compte que j’étais dépendante…
      Et que du coup, ça ne me plaisait pas…

  4. J’ai arrêté de fumer il y a bien longtemps, mais j’étais très accro. À tel point que j’avais arrêté de fumer trois ans, j’ai repris « une seule » cigarette, et cinq jours plus tard, j’en étais revenue au paquet.
    La dernière fois que j’ai arrêté, il y a maintenant plus de 20 ans, j’ai arrêté d’un coup. Chaque fois que je mourais d’envie, plutôt que de fumer une clope, je prenais un des gros cigares cubains de mon beau-père et je le fumais. J’ai eu de moins en moins envie de fumer — essaye, tu verras pourquoi — et cela m’a permis d’arrêter définitivement. Oui, il m’arrive encore, rarement, d’en avoir envie. Et j’ai fumé ma dernière cigarette le 25 avril 1983. Tiens le coup, cela en vaut la peine. Et essaye le gros cigare — tu auras ta nicotine, mais elle est vraiment dégueulasse.

    1. J’ai bien pensé en cas de « craquage » à fumer un cigarillo de mon père pour bien me dégouter, mais j’aurais peur de rester accro tout de même.
      Là à deux semaines du début, ce n’est pas encore gagné…
      Mais je lutte.

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