Le mail que je regrette de ne pas avoir envoyé…

Voyage PulchérieQuand j’entends les conseils dont ma mère m’abreuve régulièrement (style, « les oeufs coque c’est 3 minutes »…), et particulièrement quand je suis avec elle à plein temps à la Grande Motte (papa n’étant pas exempt de conseils également, mais d’un autre genre « ne fais pas trainer le fauteuil tu vas rayer le parquet », ou « n’oublies pas de passer le balai dans tous les coins… »), je regrette de m’être retenue d’envoyer à Pulchérie quelques petits conseils avant son départ en vacances aux USA le 29 octobre dernier.

En plus elle partait en même temps qu’un cyclone arrivait sur la côte est, ce qui m’a rendue encore plus joyeuse (je hais quand mes filles voyagent) car rien ne me disait que le cyclone n’allait pas changer de direction… J’ai donc le mail suivant sur le coeur…

« Ma chérie,

Je suis vraiment contente que tu te sois enfin et au dernier moment décidée à m’envoyer un mail me rappelant tes dates de départs, d’arrivées, et les détails du voyage que tu te fais une joie de faire, avec décollages et atterrissages multiples, ce qui fait que je vais me faire du mauvais sang.

J’espère que tu es bien consciente que la côte ouest des USA présente certains quelques défauts, et est particulièrement un lieu à haut risque de tremblements de terre.

J’espère que tu as donc bien lu quelque part les plus élémentaires précautions à prendre au cas où tu sentirais la terre trembler, et que tu n’as pas oublié de t’acheter un casque ! Evite de sortir sans une petite mallette de survie, contenant tout particulièrement de l’eau, les gens coincés sous les décombres souffrant généralement de la soif. Une lampe de poche me semble adaptée également, pour ne pas paniquer dans le noir.

De même, à chaque fois que tu prendras l’avion, même si tu en as l’habitude, suis bien religieusement les consignes de sécurité, on ne sait jamais, un jour il y aura peut-être un parachute sous ton siège et tu ne le sauras même pas puisque tu t’endors sitôt installée dans l’avion.

J’ai vu que tu devais aller à Las Vegas, il faut éviter d’aller dans un casino, l’addiction au jeu étant bien réelle. Je te suggère éventuellement d’y aller (si tu y tiens vraiment), avec juste 10 dollars sur toi, pour éviter toute tentation. Si tu as gagné beaucoup d’argent, il vaut mieux louer un garde du corps pour retourner à ton hôtel si tu n’es pas armée.

Tu as prévu du « road trip », ce seul mot me glaçant d’horreur. J’espère que tu feras très attention aux bandes de motards qui violent et assassinent les malheureuses jeunes femmes innocentes et sans défense, et qu’au cazoù, tu te seras munie d’une ceinture de chasteté et d’un gilet pare balle (c’est toujours ça de pris).

Pour Tokyo, j’espère que tu es bien munie d’une combinaison de sécurité totale, parce que si l’on ne parle plus du drame de Fukushima, il y a encore des radiations qui traînent un peu partout. Naturellement tu n’as pas pris de compteur Geiger, vous les jeunes êtes totalement inconscients.

Evidemment cette combinaison de sécurité devra être équipée de flotteurs et de repérage GPS, parce que les tsunamis, là-bas, cela existe (fort hélas, c’est un peu à cause de cela que ton séjour au Japon me consternavre grave contrarie légèrement).

Fais attention aux poissons crus, surtout à celui qui peut tuer, au saké chaud, et si tu croises un membre des Yakuzas fais comme si tu ne l’avais pas vu.

Inutile de te rappeler de n’accepter de colis de personne à mettre dans ta valise, de vérifier celle-ci 3 fois avant de la fermer, et de signaler à toute autorité compétente un colis suspect ou un bagage abandonné.

Aux USA comme au Japon, n’accepte de bonbon ou de chewing-gum de personne, ni d’ailleurs rien qui se mange sans avoir dûment vérifié que personne n’a pu en trafiquer le contenu.

Je suis sinon bien contente pour toi qui aime tant les voyages, mais étant un peu nerveuse ces temps-ci, je te remercie de m’envoyer au moins un mail par jour pour me rassurer sur ta bonne santé et tout ce que tu as fait de beau dans la journée.

Et ne pas essayer de me faire croire qu’il n’y a pas internet aux USA et au Japon, ça ne prendra pas.

Ne pas oublier, dès que tu seras sortie de l’avion, en France, de m’envoyer illico un texto me précisant que tu es bien arrivée.

Et de retour en France, fais attention en traversant ! Les français conduisent comme des cinglés !

Ta maman qui t’aime*. »

La vie n’est qu’un long calvaire.

Je ne suis pas superstitieuse, ça porte malheur, mais j’ai tout de même attendu de savoir qu’elle était bien rentrée en bonne santé, pour éditer ce post… En plus elle m’avait annoncé son retour pour le 25 et non pas le 26, ce qui fait que je me suis fais du mouron quand même…

PS : *en signature « la folle dingo » serait plus réaliste, mais on a sa fierté…

Illustration envoyée par Emilie de Singapour, que mon article a fait craquer…

24 réponses sur “Le mail que je regrette de ne pas avoir envoyé…”

  1. Oui, quel que soit leur âge, nous tremblons de les savoir sur les routes, en avion, en bateau, en déplacement, quoi… Et maintenant qu’il y a les petits-enfants, je vais recommencer le cycle peur des drogues, sectes, enlèvements, etc. Cela n’a de fin qu’avec notre mort. Enfin, je crois.
    Mais j’admire toujours autant la façon que tu as d’exprimer tes sentiments. Ton projet de livre n’était-il que vague ou tient-il toujours la route ?
    Merci, bon courage pour le sevrage et bien amicalement,

    1. Mon projet tient la route, le tout étant que je puisse faire un package acceptable pour un éditeur…
      Je crois que cela va tourner pas mal autour de mes bichettes…

    1. Toutes les mères en fait, le sont. Curieusement je n’ai jamais eu l’impression que mes parents s’inquiétaient, à part leur habituel « téléphonez en arrivant ». De Mombasa par exemple, c’est top…

  2. « Ecris-nous dès que tu seras arrivée ». Voilà ce que me disaient mes parents qui n’avaient pas encore le téléphone (ouf !!! il aurait fallu que je les appelle chaque jour).
    Mais curieusement, s’ils étaient inquiets ( ?…j’en doute) lorsque je les quittais, jamais ils n’ont manifesté leur joie de me voir revenir telle que j’étais 8 jours auparavant….. Peut-être espéraient-ils secrètement que je leur serai renvoyée en pièces détachées ? (je suis méchante, mais jamais un sourire ni un mot gentil à mon retour, cela stoppe les meilleures intentions de leur « envoyer de mes nouvelles » la fois suivante……).
    J’espère que j’étais une « exception » et que les autres mamans (en général, ce sont surtout les mamans qui s’inquiètent) expriment leur bonheur de retrouver leurs rejetons

    1. Là je ne l’ai pas vue puisque nous n’habitons plus ensemble depuis longtemps, mais bon, je me sens soulagée de la savoir revenue saine et sauve.
      Comme d’habitude…
      On est contents de savoir les gens bien rentrés, dans la famille cela ne donne pas de motifs de grandes explosions de joie (sauf quand il y a un tout petit…) non plus 🙂

  3. Moi, pour l’ainée qui crapahute avec son mari, je ne m’inquiète jamais.
    Mais ses deux soeurs qui « routardent » en solo, (et il faut voir dans quels pays ! Là, je les crois quand elles disent qu’il n’y a pas internet …), c’est une autre affaire …

    Allez les filles, en couple pour la santé mentale de Môman !

  4. Imagine ce que tu aurais ressenti si une de tes filles t’avait fait ce que m’a fait mon fils adolescent, parti à Londres (pas au bout du monde quand même) avec un de ses copains d’école ‘tête en l’air’ dont la maman était tout à fait rassurée que le voyage se fasse avec mon fils très débrouillard (merci les Scouts !).
    Départ sans problème, nouvelles téléphoniques pendant le séjour… jusque là tout allait bien.
    Le jour du retour arrive, mon mari part à l’aéroport avec un autre copain d’école ravi d’aller les chercher. J’attends patiemment à la maison et je vois arriver mon mari sans le fiston : ils n’étaient pas dans l’avion… là, je te dis pas l’angoisse !
    Je me précipite sur le téléphone pour appeler l’hôtel (après avoir préparé à l’avance des phrases en anglais car je pratiquais très moyennement…) où on m’a répondu qu’ils ne partaient que le lendemain… rassurée donc, tout allait toujours bien… mais quand même étonnée de l’erreur de date !
    Quelques heures après le téléphone sonne, mon fils appelait de Paris (?)…
    La maman du copain ne savait pas une chose importante concernant mon fils : impossible de lui apprendre à être à l’heure… ils avaient donc raté l’avion malgré l’impatience grandissante du copain qui, bien que tête en l’air, se rendait compte qu’ils allaient le rater et qui a vraiment paniqué… mais mon scout de fils s’est débrouillé pour trouver un autre avion pour Paris et ne m’a appelée que sûr de pouvoir rejoindre Marseille sans autre problème…
    En tout cas j’ai béni l’erreur de l’employée de l’hôtel qui m’a affirmé qu’ils ne partaient que le lendemain : je te laisse imaginer sinon l’angoisse jusqu’à ce qu’il m’appelle de Paris !

    1. Et bien là, tout bêtement, Pulchérie m’avait envoyé un mail avec tous les détails, en m’annonçant son retour pour le 25 à 13 H 55.
      Alors qu’elle rentrait le 26 (faute de frappe sans doute). Donc 24 H à me faire un sang d’encre, et en plus son avion avait du retard, donc le SMS a forcément tardé.
      Donc j’imagine TOUT très bien 🙂

  5. Mes grand-parents aussi, bien que baroudeurs ( ils ont parcourus l’Europe du nord au Sud en camping-car ainsi que le Maroc et l’Algérie ), n’aimaient pas trop quand ma mère décidait de partir sans guide à l’étranger en voyageant dans une camionnette aménagée ( j’y étais aussi et ai fini par chopper une allergie aux voyages soi-disant ludiques ). Eux aussi aimaient bien qu’on les appelle régulièrement ( ce que l’on faisait, évidemment, même de Chine ! ) et étaient toujours très soulagés lorsque nous revenions entières.

    1. Je confirme que ce n’est pas parce qu’on a voyagé soi-même, que l’on ne s’inquiète pas…
      Surtout que les temps ne sont plus ce qu’ils étaient ma brave dame 🙂

  6. J’étais déjà stressée en mai quand mon fils a fait sa première sortie scolaire (je n’ai pas pu l’accompagner venant d’accoucher du second) alors je préfère ne pas imaginer l’état dans lequel je serai quand il m’annoncera qu’il part faire le tour du monde en stop.

    1. Ou Pékin epress en moon walk…
      Tu es mal barrée ma pauvre…
      Moi je manquais d’imagination, et il m’a fallu du temps avant de réaliser qu’un jours elles feraient ce qu’elles voudraient, sans me demander mon avis…

  7. Le problème, c’est que quand nos chères t^tes blondes volent de leurs propres ailes sans nous demander notre avis, tout d’un coup, notre imagination et nos souvenirs de catastrophes( réelles) se réveillent à toute allure…Et comme des catastrophes, il y en a eu -beaucoup- et que notre mémoire est tout d’un coup super sélective, on ne pense qu’à ça.
    Etonnez vous qu’on ait des cheveux blancs après!

    1. C’est tout à fait ça. On repense à tous les avions tombés, les tremblements de terre, les inondations, les tsunamis…
      Comme on ne nous épargne rien, on a de quoi laisser notre imagination vagabonder, dans le mauvais sens bien sûr !
      🙂

  8. Pourquoi s’inquiéter tout le temps. On ne peut quand même pas les mettre dans un placard avec de la naphtaline pour en plus qu’ils ne se fassent pas bouffer par les mites. Jeunes, nous avons aussi voyagé, et rien ne nous énervais plus que d’appeler papa maman de l’autre bout de l’Europe, il fallait trouver un téléphone, perdre du temps pour tenir compte de la sieste, de l’heure du repas et autres choses durant lesquelles il ne fallait pas appeler.

    Je fous la paix aux miens, et je l’ai toujours fait. Ados, ils savaient qu’en cas de problèmes, ils appelaient et nous arrivions au secours.

    1. Oui mais maintenant c’est aisé : ils ne se déplacent plus sans avoir Internet, alors un mail ne fait de mal à personne…
      Et puis de toutes manières, on peut me dire ce qu’on veut : je m’inquiète…

Répondre à Calpurnia Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *