Famille, pas toujours facile… (1)

grands-parents-3

Je n’ai pas eu le coeur de mettre une vraie photo de famille, c’est trop frais pour moi… (et puis il me faut être honnête, il faudrait que je cherche…) 🙂

Papa a pas mal de cousins/cousines, particulièrement du côté de Mrs Tricot (5 cousines, 1 cousin), ce qui avait beaucoup surpris Delphine, qui le jour de l’enterrement de son arrière grand-mère, n’arrêtait pas de dire « encore une cousine de Papyyyy ? ».

Du côté paternel, il n’avait qu’un cousin, fils du frère ainé du prisonnier, qui avait 6 ans de plus que lui (le cousin, il faut toujours tout préciser, sinon on est vite incompris, ce qui n’est pas étonnant vu que parfois on se trompe nous-mêmes).

Autant j’adorais mon grand-oncle qui ressemblait trop à mon grand-père adoré, autant j’ai toujours été un peu réticente concernant sa femme (comme tout le reste de la famille d’ailleurs, il y a des trucs qui ne s’expliquent pas). Elle avait je ne sais quoi de trop guindé, de trop m’as-tu vu et surtout une voix à souhaiter être sourd… Comme elle l’était (sourde) elle criait très fort, ce qui rajoutait au non confort…

Mon arrière grand-mère vivait avec son fils ainé et sa bru. J’aimais beaucoup mon arrière grand-mère que l’on appelait « mémé Dabra » (il a fallu sa mort et un certificat de décès pour découvrir son prénom), mais force est de devoir reconnaitre que dans la série « furoncle« , elle se posait là.

Un exemple très marquant : à la naissance de son premier petit fils, pour une raison que nous ignorons et ignorerons donc toujours, c’est elle qui est allé déclarer l’enfant à la mairie. Les parents voulaient l’appeler Marc, mais comme ce prénom ne lui convenait pas, elle en a choisi et imposé un autre.

C’est celui-là qui servira, comme une revanche, sur mon blog.

Ma belle-mère m’aurait fait un coup pareil, je vous écrirais du fond d’une geôle, ayant été condamnée à perpétuité pour meurtre aggravé… (préméditation, passage à l’acte pour donner la mort en ayant vraiment l’intention de la donner, avec barbarie, et j’en passe…). Pulchérie aurait été élevée par son père et Delphine ne serait jamais née…

Ou bien Pulchérie aurait atterri chez mes parents, parce que je ne pense pas qu’Albert m’aurait laissée commettre mon forfait toute seule dans ce cas précis…

Faut être con aussi, ils n’avaient qu’à appeler leur fils comme bon le leur semblait. Le prénom d’usage est autorisé en France… Mais la grand-mère en avait décidé autrement, et il fallait bien la boucler à ce sujet.

Le grand oncle François était un brave homme qui vivait donc entre sa mère et sa femme et leurs querelles de ménage fréquentes, en la bouclant.

J’ai toujours admiré les femmes qui arrivent à la faire boucler à leurs fils, pères, maris, et j’en passe encore. Finalement j’aurais peut-être dû prendre l’option « furoncle« , cela leur réussit souvent… Finalement, le surnom on s’en fout…

D’un autre côté la grand-tante Yéyette trouvait bien pratique d’avoir chez elle sa belle-mère qui faisait bonne d’enfant, cuisinière et femme de ménage, ce qui lui a permis de se faire une très bonne situation à ce qui s’appelait encore « la Sequanaise » (plus connue maintenant comme UAP)  (où le prisonnier a fait sa carrière lui aussi…) terminant sa carrière comme chef de service (comme le prisonnier).

L’accouchement s’était mal passé, terminé par un forceps qui avait amoché le môme, en ce qui concerne la mère on n’en parle même pas, elle ne pouvait plus avoir d’enfant, car vu le massacre, un chirurgien compatissant lui avait tout retiré, ce qui ne l’avait pas spécialement aigrie, car de toutes manières, elle ne voulait pas plus d’enfant que ça (précision importante sur le fait qu’elle soit aigrie), Marc étant un accident de 1932 où la contraception n’existait quasiment pas…

Là commence l’histoire qui s’appelle depuis longtemps « l’enfer est pavé de bonnes intentions ». Car un nouveau médecin, aux 3 ans de Marc, déclara qu’il était très possible avec une rééducation poussée, mais difficile, de lui donner un usage normal de sa jambe gauche et de son bras gauche, atrophiés car il ne pouvait pas s’en servir, la zone du cerveau touchée par le forceps commandant ces deux membres. Ou alors on nous aurait menti et il y avait autre chose, là encore on ne saura jamais.

Le médecin spécialiste déclara que l’on pouvait mobiliser d’autres zones du cerveau avec la rééducation. Le paterning n’était pas encore inventé, mais cela viendrait, cela débutait doucement…

Mais les deux femmes, pour une fois d’accord, décrétèrent que non, que ce serait trop dur pour ce pauvre petit, et la rééducation (trop difficile pour ce pauvre innocent)  fut rapidement arrêtée. On changea de médecin.

Et pendant ce temps là à Caracas l’oncle la bouclait toujours… Avoir un fils handicapé ne devait pas particulièrement le déranger. Le prisonnier haussa les épaules et déménagea à Versailles, au cas sans doute où sa mère déciderait de venir s’installer chez lui un beau jour…

L’enfant pourri gâté et surprotégé  fut embauché un beau jour dans la société de sa mère et de son oncle, et y fit une belle carrière.

Comme il était handicapé, il vivait toujours chez ses parents, ne dépensant pas un radis, amassant ses salaires, sans jamais contribuer ne serait-ce qu’à son propre entretien.

La tante Yéyette jusqu’à sa mort, aimait décrire à son beau-frère et sa belle soeur, puis à sa seule belle-soeur le patrimoine de Marc qui ne faisait que s’arrondir, sans jamais voir que son fils était d’une radinerie anormale. Ni que le fait d’avoir toujours été adulé et couvé, ne lui avait pas forgé un caractère particulièrement agréable…

Il faut chercher l’origine du mot « aimable »  pour lui donner tout son sens…

Depuis que mon grand-oncle et ma grand-tante étaient à la retraite, ils s’étaient installés non loin d’Epernon dans leur maison de campagne, et nous allions régulièrement les voir, une fois par trimestre. Eux-même, le jour du marché de Rambouillet, passaient souvent nous faire un petit coucou le samedi à l’heure de l’apéro. C’était la famille et cela se passait plutôt bien. Nous étions invités chez eux et vice et versa.

Depuis que j’étais petite, j’adorais d’ailleurs, quand nous étions invités chez eux, à Saint Denis puis à Epernon, car même après la mort de l’arrière grand-mère, il y avait toujours au moins 7 desserts. C’était la première chose que l’on nous montrait à nous les gosses : la table cachée recouverte de desserts.

La tante Yéyette n’avait pas que des défauts : elle était fine cuisinière, savait recevoir et se montrer agréable de temps à autres.

Je jouais beaucoup avec une petite nièce de la tante Yéyette, surnommée Sissi.

La tante Yéyette avait en effet un neveu de sa soeur, et ne cachait d’ailleurs pas que si Marc venait à mourir sans héritier, ce serait son neveu qui aurait TOUT. Cela ne nous choquait pas particulièrement, car ils étaient tous trois beaucoup plus proches de la famille de Yéyette que de celle de François (le prisonnier allait voir sa mère, puis, après sa mort, son frère, en douce, c’est dire tout de même en quelle estime il tenait sa belle soeur, et son neveu…).

Puis le grand-oncle nous quitta. Ce fut la première fêlure. C’est par le cousin de l’autre côté, que papa appris que son oncle était mourant, et il en voulu à sa tante et son cousin de ne même pas lui avoir appris qu’il était gravement malade, et que cela avait galopé. Il vit donc son grand-oncle dans de pénibles circonstances, deux jours seulement avant son décès.

Un homme qui n’était que douleurs et souffrances (cancer des os) à qui on refusait de la morphine pour ne pas qu’il en devienne accroc (alors qu’il était en fin de vie…) . Papa rentra ce jour là en refusant de dîner et en nous faisant jurer qu’on ne lui ferait pas cela et je ne sais pas ce que nous avons signé (moi surtout, car j’avais le malheur d’être présente) : peut-être de l’achever avec un fusil de chasse, et en garda rancune à son cousin, pouvant encore excuser sa tante de ne pas avoir pensé à avertir tout le monde.

Le jour de l’enterrement, il était sombre, songeant à la dernière vision qu’il avait eue de son oncle : de la souffrance, de la souffrance, encore de la souffrance, et toujours de la souffrance. Comment était-ce possible ? Son oncle réclamait la mort et ne l’avait même pas reconnu.

Puis la grand-tante 15 ans plus tard, parti à son tour, dans des circonstances un peu douteuses (son neveu soupçonnant qu’il y avait maltraitance sur elle, mais ne faisant rien, et n’en parlant qu’après), et là, la fracture a eu lieu.

Jean-Poirotte qui ne s’était jamais entendu plus que ça avec ce cousin là, de 6 ans son aîné et peu aimable, avait tout de même à coeur de lui téléphoner deux fois par an, quand il en avait marre d’entendre Mrs Bibelot lui dire « tu pourrais prendre des nouvelles de ton cousin tout de même ». Inutile de préciser lequel, avec les cousins de l’autre côté, le lien ne s’était jamais rompu…

Puis à une période de vaches maigres pour lui, en plaisantant, il déclara à Marc « tu pourrais m’appeler toi aussi de temps à autres, ou passer nous voir », et l’autre, plein aux as, rétorqua que ce n’était pas possible, car le téléphone et l’essence, c’était la ruine…

Papa avait raccroché en disant des mots que la décence m’empêche de répéter, assortis d’un « et bien qu’il ne compte pas sur moi pour le rappeler un jour ! ». Personne ne moufta et jai expliqué aux filles, la généalogie de la famille pendant que leur grand-père fumait de la tête…

Dans l’épisode 2 vous comprendrez pourquoi je regrette de temps à autres, de ne pas avoir choisi l’option « furoncle ».

La vie n’est qu’un long calvaire…

0 réponse sur “Famille, pas toujours facile… (1)”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *