« V » comme « vlabadaboum » (2)

Mal de têteLe dimanche matin, le téléphone sonne sur les coups de 10 H 45, et mon petit doigt me dit que c’est maman.

Gagné, sans passer par la case départ et sans empocher 20 000 Euros…

« Ma chérie me dit-elle d’une voix mourante, je ne peux marcher qu’avec le déambulateur, j’ai cru que je ne pourrais jamais me lever, je n’ai même pas pu aller faire mes petites courses ».

Là, c’est grave. Maman va toujours faire ses petites courses, quel que soit le temps, sa santé, ou celle de papa. Au moins, elle va acheter son journal, et la demie baguette du jour…

J’y cours, j’y vole, avec d’autant plus de célérité que Tibère me traîne littéralement.

J’ai juste une petite liste pour passer chez le boulanger (trucs retenus la veille), le tabac/journaux, la supérette du coin. On me donne la carte bleue en me rappelant le code (régulièrement ON me la confie, et il y a toujours un truc qui fait que j’oublie le code. Exemple (n’imaginez pas que je vais vous donner le code de la CB de mes parents) :

  • Le code tu t’en souviens ?
  • Non
  • Ton père te l’a donnée quand tu l’as emmené passer son échographie de l’aorte (il y a environ UN AN ! et comme je n’ai pas l’intention d’escroquer mes parents, je dois ranger le code dans ma mémoire temporaire)
  • C’est 4011
  • Oui, facile, comme la débâcle et le mois anniversaire de l’armistice 14/18 (mes repères sont toujours branchés histoire)
  • Oui ou 1911 comme l’année de naissance de papa (Mrs Bibelot)
  • Maman, tu vas m’embrouiller !
  • Bon et bien maintenant que je vous ai bien embrouillés vous-mêmes, j’ai une fois de plus oublié le code…

Je reviens chargée des petites courses, telle un bourricot arabe. Le repas se passe bien, je m’occupe de tout, et avant de partir, maman ayant été en déambulateur se coucher pour sa petite sieste, j’intime l’ordre à mon père d’appeler le médecin non légiste le lendemain matin si elle ne va pas mieux… Il opine, perturbé. D’ordinaire, c’est lui le malade… En cas de problème avant le lendemain, il sait où je suis (à 200 mètres).

Curieusement, de voir sa femme dans le 36ème dessous, lui se sent beaucoup mieux. Quand je suis revenue des petites courses, il mettait la table (du rarement vu…)

Le lundi matin au téléphone, Mrs Bibelot va beaucoup mieux. Comme elle emmerde les médecins, elle a retrouvé 6 anti-inflammatoires qui lui ont été prescrits pour son épaule il y a 4 mois + les trucs pour l’estomac qui vont avec. Elle en a pris un la veille au soir, en respectant scrupuleusement l’ordonnance, et elle marche normalement, ne sent quasiment plus son épaule. D’ailleurs, elle va faire ses courses toute seule, et elle emmerde les spots publicitaires contre l’auto-médication, à pied, à cheval et en voiture (surtout en voiture).

De toutes manières le kiné vient pour papa comme tous les lundis (mercredis et vendredis) et elle compte bien lui faire voir son épaule et sa hanche. Si lui, en qui elle a une grande confiance, lui dit qu’elle doit consulter elle le fera…

Je dépose Tibère chez mes parents vers 13 H et je file chez moi, pour réaliser mes bonnes résolutions. En deux heures (pourquoi s’en faire une montagne à l’avance ?) je torche la cuisine, frigo et congélo compris, et je prépare le terrain pour le lendemain, m’attaquer à la salle de bain. Beaucoup de tri à y faire, je prépare même un sac poubelle.

Mais il ne faut pas que je fasse de projet. Jamais…

Je récupère Tibère, maman galope à nouveau (comme moi derrière le chien),  (à mon avis dans la nuit du samedi au dimanche elle avait pris une mauvaise position en dormant), elle me dit qu’elle a surtout eu très peur, et je lui précise que le lendemain, je pars chez moi avec Tibère à 12 H 30 (quitte à me rétamer dans l’escalier qui mène au hall d’entrée) et que je viendrai prendre le thé (et surveiller mes parents mine de rien) vers 15 H 30.

Le soir, je regarde la TV avec attention, je lis un peu, et je décide d’aller me coucher.

Sauf que je ne couche jamais sans me laver d’abord. Comme tout le monde allez-vous me dire, ceux se lavant peu se manifestant rarement…

Le seul problème de cette magnifique maison, c’est pour moi la salle de bain qui est très sombre. Je n’y ai pas pris vraiment mes marques, ayant profité de la salle de douche à l’étage où j’avais passé ma première nuit, tous les soirs et matins depuis le jeudi soir. Là je me promets de prendre un bain demain (le mardi) et j’ai descendu toutes mes affaires de toilettes.

Et c’est en me douchant debout dans la baignoire que je médite, non sans rancune, contre maman qui se promène dans le noir. Je coupe la flotte et je m’éponge…

  • Putain, ce n’est tout de même pas compliqué de regarder où l’on met les PIIIIIIEEEEDSSSS ! Vlabadaboum !

Je viens de me rétamer à côté de la baignoire !

Ne me demandez pas comment j’ai fait mon compte, car si je le savais, je ne l’aurais pas fait… Mais le fait est là, je gis à côté de la baignoire en me disant que fort heureusement pour Tibère, je ne me suis pas tuée… Il vient me renifler, conclut tranquillement que je dois avoir l’habitude de me reposer par terre à côté de la baignoire après m’être lavée, et repart se coucher dans son lit (il a son lit).

Je me relève sans problème…

Ouf, je n’ai mal nul part…

A tel point que je vais me refaire la scène, pour comprendre que l’habitude est une chose abominable. Chez moi pour sortir de la baignoire, je dois me lever, sortir une jambe et la poser par terre, puis lever l’autre jambe d’environ ça. Là, la baignoire étant moins profonde, je me suis emmêlée les jambes, d’où la chute que je me suis mangée…

Je vais me coucher, propre et la conscience nette.

C’est le lendemain matin que je vais me réveiller dans un état pas possible. Je m’étais recroquevillée dans le lit fort confortable, et là, j’ai l’impression de sortir d’une longue hibernation, un 15 tonnes en ayant profité pour me passer dessus…

  • J’ai une bosse énorme à l’arrière du crâne. Ma barrette y est certainement pour quelque chose… Qui a dû heurter le rebord de la baignoire et préféré me rentrer dans le crâne (barrette solide : je l’avais achetée pour les 4 ans de Delphine ce qui fait que je la porte tous les soirs pour éviter de semer mes cheveux partout, l’unique barrette venant de Pulchérie ayant rendu l’âme il y a deux ans (on reconnaitra là mon côté mère nostalgique, j’ai au moins une barrette pour penser à mes filles (sinon, je n’y pense jamais bien entendu)).
  • J’ai la hanche gauche en vrac (devoir filial oblige : je me dois de compenser avec maman qui elle, s’est ruiné le côté DROIT) et je boîte.
  • L’épaule gauche je ne vous en parle même pas.

Je noircis plus vite que ma mère. L’épaule et la hanche sont NOIRES, et de plus mon épaule est pleine de croûtes : j’ai dû me râper quelque part. La bosse est énorme. Et je vais devoir me farcir des réflexions désagréables de maman qui ne va pas manquer de me demander comment j’ai fait mon compte, qu’il me faut aller voir le médecin illico, passer des radios, etc…

Elle s’abstiendra, fort heureusement, parce que sinon, concernant un pépin urgent, je lui aurais rétorqué que le taxi n’est pas fait que pour celle qui n’est pas comme tout le monde… (curieusement, personne ne se propose jamais dans la famille, pour me véhiculer …)

Impossible d’envisager aller BOSSER chez moi. J’ai du mal à me faire traîner par Tibère jusque chez les parents, pour découvrir en m’asseyant chez eux, qu’en plus, je me suis ruiné le bas de la colonne vertébrale et le coccyx, ce dernier s’étant fort mal remis d’une chute de toboggan que j’avais faite lorsque j’avais 7 ans. Les deux dernières fois où il s’était manifesté, c’était lors de mes deux accouchements (le coccyx se relevant légèrement lors du passage de l’enfant).

Je suis donc ruinée de la tête au sacrum inclus, mais pas de quoi aller consulter, car moi vivante, je n’irai pas voir le médecin pour une connerie pareille.

J’ai vécu pire et survécu. L’appartement attendra que  j’y rentre, car là, vu la liste que j’ai affichée sur ma porte d’entrée, psychologiquement je ne peux plus y couper…

Le seul problème, c’était Tibère que je n’ai pas pu emmener avec moi dès le jeudi (matin où je me suis levée avec l’impression que des médecins nazis avaient fait des expériences sur le bas de ma colonne verticale).

Parce que dans l’état où j’étais, il allait me faire tomber, je le sentais bien…

Le jeudi, je l’ai laissé seul 2 H (youyouyou !!!), le vendredi il y avait la femme de ménage qui restait jusqu’à 15 H et il n’a été seul qu’un petit quart d’heure. Le samedi je me suis absentée 1 H maxi en attendant le retour de ses maîtres.

L’autre problème ce sont les bains chauds que j’ai pris pour me détendre la colonne, et jamais je n’avais été aussi précautionneuse pour sortir d’une baignoire… J’ai peur pour le note de chauffage d’eau de ceux dont je gardais la maison (mais bon, seul le bain bouillant me faisait du bien, dans la mesure où prendre un antalgique je le fais à la dernière extrémité, depuis qu’Acromion a fait la grimace devant le nom « ibuprofène » « qui n’est pas un bonbon madame, préférez autre chose si vous tenez à vos reins (facile, vu que je suis interdite d’aspirine depuis 1998))

Aujourd’hui dimanche, je suis rentrée chez moi, je me suis décidée à prendre 2 x 500 mg de paracétamol, et je me sens beaucoup mieux en position assise.

Ne me demandez pas pourquoi je n’ai rien pris entre lundi soir et aujourd’hui : je n’en sais rien moi-même. Demandez à ma mère…

La vie n’est qu’un long calvaire…

8 réponses sur “« V » comme « vlabadaboum » (2)”

  1. Eh ben dis donc…. il faudrait toujours avoir pas trop loin ( comment ça c’est facile à dire?) 🙂 des granules homéopathiques « arnica montana » en 7 ou en 9 CH.
    En cas de chute, le plus rapidement possible une dose de 8 granules sous la langue + une autre dose 6 heures après + une dose encore chacun des jours suivants.
    ça « amorti » le choc physique et ça évite superbement les gonflements ainsi que les hématomes qui, du coup, n’apparaissent quasiment pas, oui, MÊME en cas de grosse chute, foulure, entorse etc….. enfin ça évite de ne pas être complètement « bloquée » le lendemain: la fameuse sensation d’être passée sous un 15 T…
    …..et ça marche tout aussi bien sur les animaux 😉

  2. On dit que la pomme ne tombe jamais loin du pommier… 😉 ne pas hésiter à le montrer au kiné. Je dis ça je dis rien, hein. Remettez-vous bien toutes les deux, quand même!

  3. Me revoilà… j’avais beaucoup de lecture en retard, aussi je ne commente pas tout, mais j’espère que tu vas mieux et que la chute ne t’a pas incitée à trop tirer sur la cigarette…
    Je confirme pour Arnica Montana, toujours avoir des granules dans la pharmacie.
    ça me fait penser qu’il faudrait que j’envisage de me réapprovisionner car je n’y ai pas pensé il y a 15 jours quand je me suis payé deux belles chutes… pas en sortant de la baignoire mais sur des plaques de verglas cachées par la neige… (à ma décharge je m’en servais pour mes gosses mais n’en ai jamais eu besoin pour moi).
    En tout cas je t’ai retrouvée avec plaisir après deux bons mois de lâchage… je me partage entre la Suisse et les Hautes-Alpes et ça commence à devenir fatiguant… 🙂

  4. Gisèle : bon retour ici. Cela va nettement mieux, mais comme j’ai le dos déglingué à la base, c’est lui qui ne me lâche pas depuis ce jour là…

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