Je suis un peu larguée là…

Enfant pleurantJe vous ai déjà parlé de Blaise (ICI) mon petit voisin de pallier qui est un éternel mécontent, et là je me sens totalement larguée par l’éducation tout court donnée aux enfants, malgré mes petits coups de gueule sur l’évolution de l’éducation des chiards.

Déjà qu’aujourd’hui j’ai lu dans le Parisien qu’une nounou avait « avoué » avoir couché sur le ventre un BB juste avant son décès. Moi quand Pulchérie est née, c’était LA REGLE. Donc on aurait extorqué des aveux à une nounou qui aurait couché un enfant sur le dos (ce qui désormais est LA REGLE).Quand Pulchérie est née, il était également clairement dit partout qu’il fallait faire participer l’enfant à son éducation. Lui demander son avis sur tout :

  • Que veux-tu manger ? (réponse : du jambon et des nouilles)
  • Que veux-tu mettre comme chaussure ?
  • Veux-tu aller prendre ton bain ?
  • Etc…

Un matin d’hiver, alors que j’étais en cloque de Delphine depuis peu, Pulchérie a piqué une crise terrible à son père parce qu’elle voulait mettre ses chaussures vernies noires alors qu’il était tombé 10 cm de neige dans la nuit. Il lui a mis d’office ses bottes fourrées, après l’avoir fait taire, et en prétendant que cette histoire de faire participer l’enfant à son éducation était de la pure connerie, et que d’ailleurs il l’avait toujours dit.

En fait il n’avait rien dit du tout, car nous restions sur nos gardes concernant cette étrange consigne.

Blaise ne s’est pas particulièrement arrangé depuis son emménagement. En septembre il a dû rentrer à la maternelle, mais avant la maman avait changé 8 fois de nounous. Blaise doit désormais être fiché à la crèche familiale…

Blaise hurle et tape dans la porte d’entrée pendant une heure, la mère hurle aussi « j’en ai marre, tu me fous la honte partout, je n’en peux plus », mais Blaise hurle toujours… Seul le père arrive à le faire taire après avoir poussé une gueulante aussi, et encore ce n’est pas toujours réellement suivi d’effet…

En juillet il avait piqué une crise particulièrement gratinée, et quand je suis partie, la voisine partait aussi avec ses deux enfants. Elle aime bien le vert pistache sur ses paupières, elle avait visiblement pleuré et ressemblait à un poulet faisandé au bord du suicide.

Dans le hall, comme j’ouvrais ma boîte aux lettres, elle s’est remise à pleurer « je n’en peux plus de cet enfant, je ne sais pas quoi faire.Même mes parents qui devaient me les garder tout ce mois ci, nousles  ont rendu au bout de 8 jours, à cause de Blaise » (ceci devant les enfants écoutant religieusement).

J’ai suggéré gentiment une petite tape sur les fesses, une mise au coin éventuelle, l’enfermer dans sa chambre, une punition quoi, et elle m’a regardée comme si elle voyait un ayatollah en état d’ébriété avancé.

  • « Violence et toute forme de punition sont bannis de chez nous, qu’est-ce que tout le monde a avec ces histoires là, mes beaux parents, les voisins… même une caissière l’autre jour… Il n’y a que le dialogue, d’ailleurs mon mari va lui parler ce soir ».

Et le père lui a parlé en effet. Pendant 6 jours, on n’entendait plus Blaise, à croire qu’il était malade, ou reparti chez ses grands-parents. Et puis un soir où je fignolait la peinture de mon balcon de cuisine, donc, sans faire de bruit, j’ai entendu Blaise venir discuter avec son père, d’une voix angoissée.

  • « Dis papa, si maman et toi vous ne pouvez pas me garder, j’irai chez papy et mamie ?
  • « Ah non mon garçon, personne dans la famille ne veut d’un enfant aussi méchant que toi. Si nous ne te gardons pas, la cigogne viendra te reprendre.
  • « Et j’irai où ?
  • « Ca je n’en sais rien. Certainement dans une famille où les méchants garçons sont battus, comme tu ne l’es jamais, cela te fera tout drôle…
  • « Alors je serai adopté ?
  • « Je n’en sais rien. Ne commence pas à pleurer sinon j’appelle la cigogne ce soir »

J’étais pétrifiée. Quelque chose m’échappait totalement. C’est cela le dialogue avec le gosse ?

Nous n’entendons plus Blaise. Mais je sens le début de crise quand j’entends sa soeur crier dans l’entrée « tu vas arrêter, sinon, on ne te gardera pas, là là là ! » ou la mère hurler « Blaise attention à ce que t’a dit ton père ! »

Une petite tape c’est violent, mettre un gosse au coin aussi, etc… Mais lui dire qu’on ne pourra pas le garder, c’est certainement anodin c’est du moderne pur jus… Jamais le gamin ne souffrira d’une peur de l’abandon, cela va certainement l’aider à être heureux de vivre, et l’empêcher d’être mécontent de tout…

Si je deviens grand-mère un jour, je vais avoir du mal avec le modernisme. C’est à cela que l’on comprend que l’on vieillit…

26 réponses sur “Je suis un peu larguée là…”

  1. Argh! le rendre a la cigogne, franchement??? Ca me parait 20 fois plus violent qu’une mise au coin…
    Quant au choix, ici on evite mais parfois comme hier soir, on est fatigue et on oubli, s’en suis un dialogue de sourd avec E, 3 ans.
    E – je veux un yaourt stp
    Moi – tu veux un yaourt ou des framboises (qui lui ont ete offertes par une amie)
    E – euh… des framboises, non un yaourt
    Moi – il faut choisir
    E – des framboises et un yaourt
    Moi – non tu ne peux pas avoir les deux
    E – des framboises
    E apres avoir fini ses framboises – je veux un yaourt stp
    et c’est comme ca a chaque fois il veut toujours les deux…

  2. Incroyable mais pourtant vrai de nos jours… et on en voit partout des parents de ce nouveau genre, à laisser hurler l’enfant en public (voire les insulter, si, si) au nom du sacro-saint « dialogue »…

    Une punition ou une fessée ne traumatiseront pas ma fille plus que je ne l’ai été moi 🙂

  3. J’emmène L., mon petit-fils de 4 ans 1/2, au port manger une glace. Sur le chemin du retour:
    L: on rentre à la maison.
    Moi : D’abord, on passe chez Doudou où j’ai une bricole à acheter.
    L: non, on rentre à la maison.
    Moi: Non, d’abord la course.
    L: ben sinon, je vais dire à ma Maman que tu m’as forcée à boire du café !
    En effet, je lui ai fait goûté une petite cuillère de ma glace au café.
    J’ai ri tout ce que je savais et l’ai traité de maître-chanteur. Je lui aussi dit que j’étais assez grande pour le dire moi-même à sa maman.
    J’ai donc fait mon achat tranquille.

  4. Menacer son enfant de le « rendre  » ! Ces parents là ne savent sans doute même pas qu’une telle violence relève de la maltraitance. Sans vouloir jeter la pierre aux parents dont il est politiquement correct de dire qu’ils font « ce qu’ils peuvent » , j’en vois tous les jours céder aux caprices de leurs chéris, en partie parce qu’ils ont honte de leurs comportements en public, sentiment que l’enfant sait parfaitement exploiter pour parvenir à ses fins…… hurlements chez les commerçants pour obtenir ce qu’ils veulent : Jules finit par avoir le dernier mot et engloutit ses bonbons ou sa viennoiserie à 18H30 : pas grave s’il ne mange rien au dîner et exige de manger juste au moment du coucher…. ce qui déclenchera un nouveau conflit .
    mais depuis quelques temps on assiste à un phénomène de plus en plus fréquent : le tout petit qui exige de payer lui-même : une fois hissé à la bonne hauteur, Juju (2 ans) veut donner la monnaie ou le billet à la commerçante (dont le sourire crispé en dit long sur son agacement) et récupérer la monnaie ce qui prend en gros 10 fois plus de temps, rien à f***** des gens qui patientent…..Le pire, étant aux distributeurs automatiques où Juju se roule par terre en hurlant : il exige d’ introduire lui-même la carte dans l’appareil , puis de retirer lui même les billets, ce que la mère où le père lui accordent bien volontiers, pendant que la file entière attend que l’enfant roi agisse selon son bon plaisir. La personne qui ose protester est traitée d’emm…… ou se voit gratifiée du sempiternel « mais enfin Madââme c’est un enfant, peu d’indulgence SVP » (!)
    Bon j’arrête ^^ je sens que je vais me faire des ennemi(e)s 🙂 🙂
    On a plusieurs enfants ados et jeunes adultes (23 ans) je préfère vous dire que JAMAIS on aurait supporté pareils comportements .

  5. Théotiste : ATTENTION la fessée c’est VIOLENT ! Je ne suis pas spécialement traumatisée mais bon… J’ai vu une fois Blaise à U, il se roule par terre, hurle, refuse de marcher, il faut le TRAINER, et sa mère affiche un sourire niais style « ça lui passera… »

  6. Angele2b : que les gosses tentent le coup du chantage passe encore, mais pour certains, il y a vraiment un problème, et Blaise en a un. Lequel ? Apparement les parents finissent toujours par céder, peut-être a-t-il juste besoin de limites. J’ai presque envie de leur mettre une pub anonyme dans leur boîte aux lettres concernant les super nounous à la TV…

  7. Cathy : ton commentaire reflète exactement ma pensée. Il y a là une violence morale intolérable sous le prétexte de ne pas punir ou aller un peu plus loin.
    Le règne de l’enfant roi va devoir cesser un jour, le « c’est un enfant il ne sait pas ce qu’il fait » je l’ai entendu un jour aux infos, d’un père parlant de son fils de 19 ans qui avait violé une jeune fille. Alors cela ira jusqu’où ?

  8. Aujourd’hui les jeunes parents veulent être des « copains » pour leurs enfants et confondent autorité et sévérité.
    En tout cas dire à un enfant qu’on ne va pas le « garder » me semble bien plus violent qu’une punition !
    Je viens de découvrir ton blog et j’aime beaucoup. Y’a t-il un moyen de s’y abonner ?

  9. Me suis mal exprimée : par fessée je voulais dire petite tape sur les fesses, pas question de faire « valser » ma fille (comme on disait dans ma famille…) 🙂

  10. Elisabeth : une de mes lectrices m’avait inscrite sur Hellocoton, et j’y ai environ 90 personnes qui m’y suivent.
    Sinon, je trouve effectivement cette histoire de « rendre » l’enfant plus violente qu’une fessée, si mal vue de nos jours…

  11. Théotiste : je me souviens de certaines grosses conneries des filles, dangereuses pour elles. Ce qui les a marquées c’est la fessée qui s’était ensuivie… Elles n’étaient pas rouées de coups, mais comme la gifle qui part toute seule face à une insolence insupportable (« tu es con ou quoi »), la fessée ou la claque sur les fesses marquaient beaucoup plus qu’une semonce (« cause toujours… »)

  12. @ Calpurnia: et oui, il faut savoir doser justement sa réaction: nombre d’adultes se souviennent de « LA » paire de baffe qu’ils se sont prises, enfant ou ado, un jour où ils
    avaient passé les bornes 🙂
    On sait que les parents violents ( on ne parle pas de la petite tape sur les fesses ou de la baffe exceptionnelle !) sont majoritairement les mêmes qui « laissent tout faire à leurs enfants »: à un moment forcément les parents « craquent » donc hurlements , punitions corporelles répétées … ce qui est très déstabilisant pour l’enfant puisqu’après n’avoir pas posé de limites, on lui tombe dessus ! Quand ce procédé se répète constamment, l’enfant devient alors très anxieux et de plus en en plus « agressif » par manque de repères affectifs et éducatifs . C’est alors l’escalade : totalement épuisés, désespérés et dépassés, les parents répondent à la violence par la violence, et l’enfant fait de même. C’est dramatique car on voit de plus en plus d’enfants et de parents dépressifs , de plus en plus de jeunes couples qui explosent « à cause » des enfants ( en réalité à cause de la relation éducative faussée qu’ils ont mis en place ). Certains ont le courage de demander de l’aide mais ça n’est jamais simple de se savoir en  » échec » éducatif et de se remettre en question.

  13. Je suis une « jeune » maman de 35 ans, et je suis vraiment choquée par l’explication du papa ! En effet, c’est plus violent qu’une petite fessée ! Ils doivent vraiment se sentir désarmés pour en arriver là ! C’est fou cette histoire de cigogne quand même !!
    Au fait, non, tous les parents d’aujourd’hui ne laissent pas tout passer à leurs enfants !! Bien sûr, éduquer ses enfants, ce n’est pas facile tous les jours, et c’est certainement plus facile de laisser couler !! Mais, on les arme pour la vie, il ne faut donc pas culpabiliser, et assumer notre rôle de parents !!

  14. Je suis atterée aussi ! Du coup si ce pauvre gosse est sage, c’est qu’il vit dans la terreur d’être « rendu » ! Quelle horreur !
    Moi aussi je leur enverrais bien super Nanny, j’ai regardé parfois l’émission (toi aussi je suppose) et il a de quoi s’arracher les cheveux quand on voit ce que les parents acceptent de leurs enfants rois !

  15. Cathy : avec les enfants rien n’est simple, nous ne serons jamais des parents parfaits… Je ne savais pas que certains parents violents étaient souvent par ailleurs trop laxistes d’un autre côté.
    Vaste sujet !

  16. Lilyba : Blaise venant d’entrer à la maternelle va vite apprendre que le coup de la cigogne c’est du pipeau…
    Laisser couler c’est peut-être plus facile, mais quand au bout du compte l’enfant vous pourrit la vie et cherche ses repères, on doit quand même se poser des questions ! Pas la peine de culpabiliser évidemment, les parents parfaits n’existant pas…

  17. Louisianne : il faudrait déjà savoir pourquoi il n’était pas « sage » (colères continuelles, caprices, exigences), et je me demande comment la maîtresse va réagir quand Blaise va lui dire pourquoi il faut qu’il soit sage.
    Je regarde de temps à autres super Nanny, au départ je croyais que c’était bidonné, mais plus depuis que j’ai mes nouveaux voisins !

  18. Waouh! Comment traumatiser un gosse en moins de 5 minutes! L’éducation est un débat houleux dans ma belle fammile, j’ai d’un côté BS1 et BF1, 3 enfants et qui sont trop laxistes et qui donnent des fessées , par exemple: mon neveu se relève la nuit pour jouer à la console, je précise qu’il a 9 ans, il a eu une fessée mais la console n’a pas été confisquer pour autant! et d’un autre côté, BS2 et BF2, 2 enfants dont une petite fille élevée façon maternage proximal+ education Isabelle Filiozat, les vacances avec eux ont été un cauchemar 1 heure pour habiller la gamine à base de « tu veux mettre une robe ou un short? »
    Avec mon mari, on est pas parfait mais on a décider d’éduquer notre fils comme nous l’avons été, à l’ancienne, on en est pas mort, on n’a pas été traumatiser plus que ça!

  19. Dieu sait que je ne raffole pas des enfants et qu’un petit comme celui-là dans l’appart d’à-côté me rendrait folle, mais sérieux… Je suis EFFAREE par ce que je viens de lire.

    Quelle est ce couple d’ABRUTIS qui trouvent qu’une petite tape sur les fesses, c’est de la maltraitance, mais qui peuvent sérieusement dire à leur enfant qu’ils vont l’abandonner s’il n’est pas sage. Comme si ça n’allait pas lui faire du mal.
    Il est parti pour DES ANNEES DE THERAPIE, ce môme !!!

    Aucun enfant, aussi turbulent soit-il, ne mérite de pareils mauvais traitements psychologiques.
    Les parents, eux, mériteraient un signalement à la DDASS.
    Bande de cons.

    On devrait faire passer aux gens un permis de procréer…

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