J’étais au mauvais stop, le mauvais jour, au mauvais moment…

GendarmeJ’ai été élevée dans une famille qui m’a inculqué le respect des forces de l’ordre (et le fait que le droit de vote était aussi un devoir :-))

Petite, je savais qu’en cas de « vilain monsieur » me faisant peur, il me fallait aller voir la personne en uniforme (une fois : le facteur, mais il a fait son boulot), et que je ne devais avoir peur en aucun cas de gendarme ou policier. Petite je ne savais pas faire la différence entre les deux et maintenant qu’ils ont changé de couvre chef, je regarde leur voiture pour me faire une idée.

Bref, en plus, j’ai toujours été une conductrice méritante, respectueuse des stops, des feux rouges et des limitations de vitesse. M’en suis-je pris des coups de klaxon de gens exaspéré par ma « lenteur » ou mon arrêt mal venu… N’empêche que j’ai tous mes points sur mon permis, 50 % de bonus, et que tout le monde ne peut pas en dire autant…

J’étais encore jeune (et quelque peu tentante) à l’époque. J’avais 35 ans approximativement, j’habitais chez mes parents pendant la glorieuse période où ils m’ont hébergée pour cause de coups du sort (déjà). Les filles étaient chez leur père, je m’occupais donc de mes deux neveux venus passer quelques jours chez mes parents, et les avais emmenés à la piscine (tatie indigne !).

Au départ j’appréhendais cette lourde responsabilité, mais il s’avéra que les chiards charmants bambins nageaient comme des requins mangeurs d’hommes tritons, que les maîtres nageurs les avaient à l’oeil vu qu’il n’y avait pas trop de monde, et que j’ai donc passé un délicieux moment à nager quelque peu tranquille et à lire à l’ombre d’un tilleul qui n’a pas survécu à la tempête de 1999.

Je sais, ça vous gave, d’ailleurs ça me gave aussi, mais j’ai déjà précisé que vous n’étiez pas là que pour rigoler et moi de même.

Tout ça pour vous dire qu’en quittant la piscine après les consignes habituelles qui font chier les enfants : « William, va te laver les cheveux, Benji arrête de chouiner, rincez mieux la mousse, où sont vos slips, peignez vous un coup, les garçons si vous n’êtes pas dehors dans 10 minutes je pars sans vous (même pas cap) », je me suis forcément arrêtée à un stop qu’il y a après la sortie de la piscine, enfin environ 500 mètres plus loin.

Même pas vu les flics, car le stop je l’ai fortement marqué pour flanquer une baffe à William qui s’obstinait à détacher sa ceinture  (il était à l’avant, car il avait 10 ans et en était assez fier) et la lui reboucler (la ceinture).

J’ai regardé à droite et à gauche tout de même vu mon moment de distraction, et j’ai redémarré pour me faire siffler et donc m’arrêter net 10 mètres plus loin.

Je me demandais ce qui merdait dans ma voiture : la tronche des morveux neveux  peut-être ? A aucun moment je ne pouvais imaginer que l’on puisse m’accuser d’avoir grillé le stop. Impossible : baffe + bouclage de ceinture + regardage à droite et à gauche j’avais dépassé le temps obligatoire. C’était peut-être ça ? Il y a une vitesse minima à respecter sur les autoroutes, et peut-être un temps d’arrêt idem aux stops (non, non, on ne change pas de chaussures… !)

Toujours souriante et aimable (c’est là ma plus grande qualité), je demande au flic m’ayant arrêté ce qu’il se passe, d’un ton enjoué et confiant.

  • Ce qu’il se passe c’est qu’à un stop, on s’arrête mademoiselle
  • … (nonobstant le mademoiselle)
  • Vos papiers !
  • Je sors le rouleau de PQ que j’emmène toujours à la piscine. Je joue peut-être avec ma vie, mais ils sont sensés me demander « les documents afférents à la conduite du véhicule + permis de conduire », avec grâce… Je suis peut-être aimable et souriante, mais j’ai mes limites comme tout le monde…
  • Il rectifie : « les document afférents…. » l’oeil mauvais.
  • Je lui demande où est le problème, car ce stop je l’ai largement marqué, vu que j’ai profité de cet arrêt pour flanquer une claque à mon neveu et attacher sa ceinture de sécurité définitivement.
  • Il me répond que j’ai dû faire cela en grillant le stop (et non pas en me demandant si j’ai l’habitude de martyriser les enfants).
  • Je lui rétorque qu’il n’y a pas 150 mètres entre le stop et lui. La moutarde commence à me monter au nez devant sa mauvaise foi évidente.
  • Son collègue l’air visiblement gêné, contemple l’herbe à ses pieds et s’écarte un peu, les fourmis sont passionnantes ce jour là…
  • Mon neveu précise avec un culot inhabituel que j’étais bien arrêtée au stop quand je lui ai flanqué une claque en lui rattachant sa ceinture et que d’ailleurs il est privé de tarte pour le goûter et qu’il n’aura que des tartines au chocolat en poudre (le comble de la rhorreur extrême).
  • Tout à coup le flic change de ton. Il reluque mes jambes depuis le début. Je suis en mini, et mes parents ne m’ont pas loupé les jambes (pour TOUT le reste j’ai des réclamations à déposer)
  • Et sans complexe il me sort, devant les deux mômes : « avec un dîner, ça peut s’arranger »
  • Et moi, chieuse de première comme toujours et totalement estomaquée, je lui rétorque « plutôt mourir ». Cela n’a pas eu l’air de lui plaire, allez savoir pourquoi, et pourquoi  je n’avais pas envie d’aller dîner avec un mec capable de faire avorter une guenon (je regrette de devoir confesser (restons justes) que si cela avait été Brad Pitt, j’aurais dit oui sans hésitation, je suis inqualifiable)

Il rédige son PV, devant son collègue de plus en plus gêné, qui croise mon regard accusateur et devient tout rouge. L’autre me tend son calepin à contredanses en me demandant de signer. Je refuse de reconnaître les faits

  • Cela vous coûtera deux fois plus cher !
  • C’est faux ! Vous mentez ! J’ai tout à fait le droit de ne pas reconnaître les faits !

Décontenancé il est (et énervée je suis). Mais trop tard, rédigé est son PV.

Admirez la façon dont j’ai refusé de reconnaître les faits :

« Refuse de reconnaître les faits, ayant profité du stop pour battre sauvagement gifler mon neveu qui venait pour la troisième fois de détacher sa ceinture de sécurité, et la lui reboucler, avant de vérifier si le passage était possible à droite comme à gauche, persiste et signe »

Le flic m’a regardée partir l’air haineux.

Il avait bien raison, 1/4 d’H après j’étais en ligne avec le commissariat dont il dépendait, pour apprendre qu’il y avait eu de nombreuses plaintes le concernant, émanant toujours de jeunes femmes ou jeunes filles, et toujours dans le même secteur, pour le même motif (le coup du stop non respecté). Je n’avais pas à m’inquiéter, ON l’avait à l’oeil… (sans doute le collègue à l’air gêné…)

Aucune nouvelle par la suite de ma soi-disant  infraction… Sauf qu’aujourd’hui je serais poursuivie pour voies de fait sur un enfant emmerdant innocent et risquerais peut-être la taule.

D’ailleurs aujourd’hui, aucun représentant des forces de l’ordre ne me suggérerait un dîner pour tout arranger… D’ailleurs je ne me promène plus en minijupe.

La vie n’est qu’un long calvaire…

PS : ce stop est grillé par environ 1/3 des conducteurs, quand la police nationale veut faire rentrer de l’argent dans les caisses, c’est là qu’elle vient s’installer…

12 réponses sur “J’étais au mauvais stop, le mauvais jour, au mauvais moment…”

  1. Tu as un sang-froid et un aplomb tout à fait remarquables (je ne me prononce pas pour tes jambes, je ne les ai jamais vues). 🙂

    Grâce à toi je sais désormais que je peux refuser de reconnaître les faits sur un PV: merci!

    Strudel

  2. ce n’est pas la 1ere fois que j’entends ce genre de choses (sans le harcelement ) à tel point que chaque fois que je passe -enfin que je m’arrête à- un stop, je reste un chouia trop longtemps au cas oú un flic voudrait me chercher des noises, tout en me disant à chaque fois, surtout si les lieux sont déserts, que c’est de toutes façons leur parole contre la mienne. Ils sont assermentés – tu parles! -, pas moi, même si le plus menteur des deux n’est pas celui que l’on pense. Pot de terre contre pot de fer, ça s’appelle. Tu as eu de la chance quand même qu’il y ait eu des précédents…

  3. Le plus sympathique, c’est que son (in)conduite était parfaitement connue et que personne ne l’avait encore arrêté alors que des personnes plus fragiles ou influençables pouvaient être ses victimes ! La protection des policiers fautifs ne date apparemment pas d’hier car la seule mesure prise par ses supérieurs consistait à le « baby-sitter » pour éviter qu’il ne viole sur la voie publique une automobiliste qui lui aurait particulièrement tapé dans l’œil ? Je trouve ça vraiment moyen…
    Pour ma part, je voue une méfiance instinctive à tout les uniformes ( sans traumatisme particulier, pourtant ), sauf en ce qui concerne …. les facteurs 😉

  4. Tu as eu le bon réflexe d’appeler le commissariat, je n’y aurais pas pensé !
    Et en effet c’est bien triste de voir que « ça se sait » mais on ne fait rien !
    Au lieu de le faire « baby sitter » par un collègue un peu gêné, il aurait fallu un collègue plus grande gueule et plus autoritaire qui ne le laisse tout simplement pas verbaliser, ou même parler aux dames !

  5. Enfin pour nous lecteurs, un peu pliés de rire en imaginant la scène, c’était plutôt le bon stop au bon moment … 😉

  6. vivi : je reconnais que tu as raison, mais heureusement, ce « monsieur » avait un peu trop abusé, et du coup j’ai eu de la chance car je ne l’avais pas grillé ce stop !!!

  7. Enthara : de ce qui est ressorti de ma conversation avec le commissariat, c’était effectivement connu mais non vérifié, et je pense que l’autre, très gêné, avait peut-être mission de rendre compte, car il tendait tout de même l’oreille et restait à distance suffisante pour tout entendre…

  8. Louisianne : dès mon arrivée à la maison, j’ai sauté sur le téléphone, car je m’étouffais d’indignation. Apparement on faisait quelque chose, il fallait bien avoir quelques preuves avant de sévir. L’autre n’avait certainement rien à dire… au coupable, mais je pense qu’il devait rendre compte…

  9. CDLM : merci. Heureusement que je n’ai jamais reçu la prune (preuve que l’on avait fait quelque chose) car je ne sais pas jusqu’où je serais allée !!!

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