Du fer dans les épinards ????

SombreuilDelphine m’a offert ce livre pour la fête des mères 2009 (je viens de vérifier, tout ce qui m’est offert par les filles porte une date, un prénom, et une occasion) (bon, maintenant, elles le savent).

J’ai adoré ce livre, qui nous explique en prologue ce qui fait qu’une chose ou une autre n’est pas discutable pour nous. On part d’un postulat, largement utilisé par qui en a l’utilité, on ne vérifie rien, et on tient pour acquis, par exemple, qu’il est nocif d’avoir une plante verte dans sa chambre ou que les épinards contiennent beaucoup de fer…

Sauf que certains ont la curiosité scientifique de se pencher à nouveau sur ce qui était acquis, et que l’on tombe parfois de haut (il vaut mieux avoir une plante verte dans sa chambre, qu’un mari qui dort à vos côtés et consomme beaucoup plus d’oxygène PAR EXEMPLE).Le fer en grande quantité dans les épinards est resté longtemps, a donné d’ailleurs naissance au dessin animé Popeye (qui était une pub au départ), avant que l’on ne découvre qu’en fait, une faute de frappe était responsable du taux anormal de fer contenu dans les épinards. (Ce qui n’empêche pas que certains en consomment par raison, à cause du fer…)

Aliment dont je n’ai jamais avalé une bouchée au cours des 58 années qui font désormais ma vie.

Quand je dis que je n’en ai jamais avalé une bouchée, je n’exagère pas : cela n’a jamais pu aller jusqu’à mon estomac. JAMAIS.

Cela aurait dû alerter maman, qui me donnait des épinards hachés quand j’étais sevrée, aliment que je rejetais systématiquement, sans même essayer de l’avaler. Il paraît que des les épinards en bouche, pfuit, c’était recraché direct avec le sourire car j’étais plutôt souriante (tare qui m’est restée). Pulchérie faisait le coup à son père avec les arêtes de poisson, c’est plus compréhensible.

Mes parents adoraient les épinards, c’est resté mon cauchemar de gamine. Toutes les 6 semaines environ, je voyais la chose sur la table de la cuisine, les oeufs, prêts à être pochés, la crème fraiche, et j’avais tout à coup mal au ventre.

Je savais que la soirée se passerait de la même manière que la dernière fois et que la prochaine serait identique. Nous n’étions pas des enfants tyrannisés pour l’époque, mais papa voulais absolument que je « goûte » aux épinards. Lui n’aimait pas les carottes, mais il était assez grand pour décider qu’il n’aimait définitivement pas les carottes. Alors la cérémonie, immuable, débutait après l’entrée après la mise en mon assiette d’une petite cuillerée à soupe d’épinard, avec un toast, de la crème fraîche, et l’oeuf poché sur le toast.

La table était rectangulaire. Papa était en bout de table, moi en face de lui, maman seule sur la partie large à gauche de papa, et mon frère et ma  soeur sur l’autre partie. Après la naissance de l’arlésienne, maman se poussait vers moi pour laisser à « la petite soeur » de la place dans sa chaise haute, même si elle avait diné avant nous.

Etant en face de papa, inutile d’essayer de le gruger en lui faisant croire que j’avais mangé mes épinards. Personne à qui les refiler, pas même un chien (comme ma malinoise qui bouffait n’importe quoi, même de la harissa). J’obtempérais à l’ordre « je ne te demande pas de les manger, je te demande d’y goûter ! » (on sent tout de même une certaine tolérance), et je mettais en bouche une cuillère de cet aliment pour moi infect.

Mademoiselle de Sombreuil sommée lors des massacres de septembre de boire un verre de sang pour sauver la vie de son père, devait avoir l’air plus décontracté que moi…

Enfin, je ne sais pas si c’était vraiment infect, je sais depuis peu… Je mâchais, je remâchais, j’ajoutais de la crème fraiche, je remâchais, et tout à coup un haut le coeur me prenait au moment d’avaler. Pas un haut le coeur diplomatique, un vrai, qui me faisait vomir l’entrée également. Obligée de cracher tout par terre pour ne pas gâcher l’oeuf poché et son toast, et cela s’arrêtait là, une fois tout épongé par maman, qui me précisait, comme papa, qu’elle n’avait aimé les épinards que vers 20 ans.

S’ils avaient 20 ans quand ils avaient aimé (alors que mon frère et ma soeur adoraient cela) , pourquoi m’emmerdaient-ils avec ces épinards, moi qui en avait 6, 7, 8,9, 10 ? Parce qu’à mes 11 ans, j’ai dis « NON » d’un ton tellement vrai que l’on ne m’a servi que l’oeuf toasté…

Mais bon j’avais retenu que la grâce me viendrait peut-être vers 20 ans…

Alors dès 15 ans, volontairement, j’ai demandé à goûter. Cela évitait le conflit, mais rien à faire : impossible d’avaler ce truc, en purée, en branche, même avec des lardons. Impossible.

Mes 20 ans passés, j’ai décidé de manquer définitivement de fer, en me gavant de boudin, mais régulièrement, j’ai essayé les épinards.

RIEN A FAIRE.

IMPOSSIBLE DE LES AVALER.

Quand je travaillais chez Truchon, les deux dernières années, nous avions trouvé un restaurant d’entreprise. Truchon nous avait payé la carte, à nous de la  recharger (ce rat, dont l’entreprise prospérait mais qu’il sabordait volontairement, ne nous aurait pas payé UN repas). C’était très bon et très frais, bien cuisiné, et nous y allions dame Venesia et moi, quand nous le pouvions, et surtout, pour elle, quand il y avait des épinards, et pour moi, quand c’était du chou-fleur, en gratin, sauté…

Là j’ai goûté en la voyant se régaler avec ses épinards, pour la dernière fois, cet aliment. RIEN A FAIRE POUR L’AVALER. J’ai recraché discrètement dans ma serviette, et j’ai mangé mes légumes à moi.

Un dégoût pareil alors que finalement je n’avais jamais avalé la moindre bribe de ce légume ? Un dégoût non justifié, parce que je ne connaissais pas le goût de cette abomination…

C’est le premier médecin qui m’a suivie après Acromion, quand il a prit deux associés qui m’a donné la réponse.

« Vous devez être allergique à quelque chose contenu dans les épinards, c’est la raison pour laquelle beaucoup les détestent. Votre organisme le sent dès que vous l’avez dans la bouche. N’insistez pas, à votre âge (merci docteur) c’est vraiment incrusté en vous, et votre défense spontanée est excellente (MERCI DOCTEUR).

Pulchérie BB adorait les petits pots d’épinards, Delphine non. Par la suite, car je leur en faisait (l’erreur étant de ne pas donner à manger ce que nous n’aimons pas) elles détestaient cela, mais sans pour autant ne pas pouvoir en avaler une bouchée. Il faudra que je leur pose la question…

PRENNENT-ELLES DU FER DANS LES EPINARDS ?  Si j’y pense…

La vie n’est qu’un long calvaire (et je sais que maman va s’en faire dans la semaine qui vient…)

Parce que la vie n’est…

PS : j’ai une amie pour laquelle le long calvaire prend le nom de KIWI. Un tranche et elle a la chiasse + une crise d’allergie maxi dès que cela l’effleure…

 

 

 

12 réponses sur “Du fer dans les épinards ????”

  1. Et bien voilà, c’est ça en fait, je dois être allergique au melon … Même topo, la seule pensée me fait tordre l’estomac et l’odeur fuir à toutes jambes !
    Merci pour l’explication !

  2. Je crois assez au fait qu’un aliment potentiellement néfaste suscite un dégoût « instinctif » (mais j’adore les épinards, moi…).

    Sauf que ça ne marche pas tout le temps…

    Il y a deux mois, en visite chez mes parents avec mon cher et tendre, je propose d’aller chercher des huîtres chez le producteur voisin, pour mes parents et l’Homme, qui les adorent.

    Visite au conchélyculteur, achat de quelques superbes douzaines d’huîtres tout droit sorties du bassin de décantation.

    A l’heure de l’apéritif, chacun s’attable. Et moi qui n’aime pas du tout, mais alors DU TOUT les huîtres crues, allez savoir ce qui me prend… J’en attrape une pour la gober de bon coeur. Une envie soudaine.

    Cinq minutes plus tard, c’était plié… J’ai passé les sept heures suivantes dans les affres d’une crise d’allergie carabinée (le 112 ayant refusé de m’orienter vers la maison médicale sous prétexte que « c’est une gastro ça va passer »).

    La vie n’est qu’un…

  3. Mon mari et une de nos filles, c’est la coriandre (en feuilles, les grains ça passe à peu près). Et, comme toi, vomissements incontrôlables instantanés …

  4. Vous avez essayé en salade ? Les feuilles crues se présentent comme une salade normale. Je n’insiste pas concernant votre cas mais un copain qui avait décrété qu’il ne mangerait pas d’épinards et bien en salade, c’est passé tout seul… ni vu, ni connu…

  5. Princesse : merci le 112… Un cas contraire en ce qui me concerne : j’ai horreur du café dans tous ses états. Sauf qu’un de mes premiers symptômes précoces pour mes deux grossesse, a été une envie irrépressible de café au lait.
    J’en ai bu pendant mes deux grossesses. Une fois la pastèque chiée, le café me devenait à nouveau insupportable.
    Sauf que cela ne me rendait pas malade…

  6. Patricia : en salade cela passe, c’est la cuisson qui altérerait je ne sais quoi, et deviendrait pour moi nocif… D’un autre côté je me suis résignée 🙂

  7. Ah, attends… Une histoire d’acide oxalique? Lequel se développe dans les épinards après la cuisson, d’où l’importance de les manger rapidement – comme les artichauts, d’ailleurs…

  8. Princesse : je ne sais pas à quoi il faisait allusion, mais ce n’est certainement pas cela, car je supporte et j’adore, l’oseille, les artichauts et la rhubarbe par exemple, qui en contiennent beaucoup. Mais pour certaines personnes il s’agit d’un truc totalement anodin, qui justifient d’autres dégoûts mais auxquels on ne pense pas forcément…

  9. Zut, je pensais avoir la clé de l’énigme! 🙂

    Tant pis.

    Et tant pis pour les épinards, alors.

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