La dernière ligne droite…

fouillis-copierJe persiste et signe avec mon illustration : c’est pire.

La dernière ligne droite s’annonce trèèèèès mal, avec déménagement lundi, et maman changeant toujours d’avis sur ce qui est à déménager ou non, sans tenir compte du devis fait par le déménageur qui sait très bien LUI, ce qui le concerne OU NON.

Le OU NON c’est nous, l’arlésienne, tatie chérie, la cohorte qui vient nous aider de neveux et nièces, etc… , qui devons l’assumer.

Pour arranger les choses, maman a dérapé hier sur un tapis plissé devant la rotissoire à super U et s’est fêlé l’humérus droit (et elle est droitière sinon ce ne serait pas drôle). La journée a été formidable, le soir j’étais au bord de m’ouvrir les veines. (Belle lurette que j’ai entamé ds poursuites contres super U,  ne pas m’écrire à ce sujet merci, sauf avec HUMOUR)

Elle ne peut donc , en aucun cas, vivre seule pendant les 3 semaines à venir, son bras droit étant totalement immobilisé (nous avons échappé à l’opération et au notaire venant lui faire signer l’acte de vente sur un lit d’hôpital). Et QUI est disponible pour s’occuper de maman dans les 3 semaines à venir ? DEVINEZ !

Je n’en veux à personne c’est comme cela, mais je dois dire que mon chômage prolongé en aura arrangé beaucoup…

  • Mes parent, mais mon père en était conscient, maman m’ayant déclaré hier qu’elle s’était bien occupé de moi quand j’étais petite, alors que papa me disait toujours « ma poule, (il m’appelait toujours comme cela quand nous étions seuls), c’est encore sur toi que cela va retomber ».
  • Les autres, en panne de voiture ou quand il faut aller récupérer les gamins malades soudain, au collège.
  • Bien sûr que je suis là, c’est normal quand on aime  les autres, mais le temps passant j’ai peur parfois. Qui sera  vraiment là pour moi ? On s’habitue tellement à ce que je sois là que j’ai peur vraiment que l’on n’imagine pas que je puisse avoir besoin des autres éventuellement. Vraiment besoin, sans que l’on me sorte des solutions de merde qui arrangeront tout le monde sauf moi.

Donc me voici coincée avec maman. J’adore ma mère, mais comme malade elle est infernale, et j’admire à posteriori papa qui faisait chier le moins possible et ne se plaignait jamais vraiment, sauf trop tard, sa  mort l’ayant démontré.

De plus quand il faut faire quelque chose, c’est tout de suite. Le « je termine cela d’abord », elle ne connait pas. Quand je passais tous les jours, même si je restais longtemps pour trier et jeter, je pouvais comprendre qu’elle ait peut que je reparte sans avoir fait un truc essentiel (pour elle). Mais là, la demande est à tel point qu’hier au soir, le chat ayant besoin d’une recharge de croquettes, (il lui en faut toujours de trop), comme je ne m’étais pas exécutée dans les 3 minutes, elle s’est levée en manquant se péter l’autre épaule, en soupirant « il faut vraiment tout faire soi-même, à quoi bon avoir de l’aide ».

Et j’ai explosé : tu m’emmerde maman, tu me fais chier. Je me mets en quatre pour toi et papa depuis des années, tu n’as qu’à te prendre une aide à domicile, et je rentre chez moi.

Vous imaginez bien que j’allais le faire : rentrer dans mon appartement de merde mais où je suis CHEZ MOI, en la plantant là. Mais cela l’a calmée.

Le chat a survécu…

Les inconvénients et avantages de la situation (à vous de démêler les avantages des inconvénients) :

  • Elle ne peut plus nous pister partout pour voir ce que l’on jette, ou qui se casse malencontreusement (elle n’a toujours pas compris qu’elle quittait un 200 m2 plein à craquer pour un futur 4 pièces (au mieux, donc, il faudra trier à nouveau pour le 31 juillet prochain au plus tard, mais cela ne la dérange pas vu que c’est NOUS qui   nous en chargerons)
  • Elle  m’appelle toutes les 5 minutes pour une broutille ou l’autre. A tel point que Tatie chérie qui est un modèle de tolérance, m’a dit aujourd’hui « qu’elle emmerdeuse ! » et que l’arlésienne m’a suggéré de l’envoyer péter  régulièrement (c’est déjà fait mais il va falloir que je recommence, car comme je suis une crème, il faut que les gens s’habituent à ce que je ne le sois plus, et cela va prendre du temps)
  • Elle ne peut plus mettre ses appareils à oreilles. Donc du coup on parle trop fort « pas la peine de crier comme cela  ma chérie’ (mais là elle fait semblant, vu qu’elle répond à côté), ou elle n’entend rien.
  • Du coup on peut à 2 mètres d’elle dire « c’est pour la déchèterie ».
  • Elle est tellement perturbée, et on peut la comprendre que nous pouvons jeter des trucs, dont elle ne se souvient même pas qu’ils existaient (vu la couche de poussière).
  • Tellement perturbée d’ailleurs que  nous découvrons que ce dont elle se débarrasse via monnaie, elle n’y tenait pas tant que ça… Ce à quoi elle tient, est toujours relié à son père, à sa mère, à papa, et cela nous semble être des bricoles…
  • Par contre, souvenirs, souvenirs, il faut garder un maximum. Un jour, dans 2 ans, il va lui manquer une douille, et, je la connais comme si elle m’avait faite, elle va ME dire « c’est ta soeur et toi qui qui me l’avez jetée »

Je précise que ma grand-mère maternelle tenait une boutique de luminaires et que maman a TOUT récupéré du magasin depuis longtemps fermé, qu’elle a retrouvé chez sa mère. Le temps que cela ne redevienne à la mode je serai morte. MAIS IL FAUT TOUT GARDER ! Comme si dans un futur 4 pièces idéal, elle pourrait tout accrocher au mur, aux plafond, sans parler des tableaux, etc…

Combien vont s’abimer, se casser, se déchirer ? Parce que sans sourciller elle dit « ON triera cela dans quelques mois ».

Sauf que ON en a marre d’être un con, alors il préfère jeter maintenant plutôt que dans 6 mois…

Internet va lui être coupé sous 48 H ainsi que le téléphone, je ne sais pas quand je pourrai m reconnecter, et si je le fais de chez moi ce sera vraiment la corvée,

La vie n’est qu’un long calvaire, parsemée, ça et là, mais rarement, de moments douillets de bonheurs vrais…

Et merci d’avance pour vos réponses nombreuses de soutien !!!

Signé : la garde malade contre son plein gré………………………..

 

 

13 réponses sur “La dernière ligne droite…”

  1. Moi je veux bien te soutenir, car je comprends à 100% vu que je suis dans la même galère que toi ! Avec mes sœurs on vide la maison de ma mère qui est vendue. Elle y était avec mon père depuis 1975 , n’a rien jeté et a récupéré les affaires de ma grand mère décédé en 1999, qui elle même avait celle de son père …
    Mon père est décédé en 2002 et ma mère a eu la chance de pouvoir garder sa maison. Aujourd’hui elle est trop âgée pour pouvoir l’assumer et entretenir le jardin. Elle est donc bien installée depuis 1 mois dans un petit appartement . Elle commence à prendre ses marques mais je sais que pendant encore longtemps elle va nous demander de lui ramener la petite bricole rangée dans le tiroir de gauche de la commode de la chambre bleue…..
    Te lire fait du bien, ton humour aide à faire passer le pathétique de ces épreuves de la vie qui arrivent à presque tous !
    On a un peu de chance quand même de ne pas être « fille unique »….
    Courage à toi.
    Cathie

  2. je sais que ça va te faire « une belle jambe » mais tu as tout mon soutien et mon admiration (pas forcément dans cet ordre!) Je comprends aisément ton exaspération et tes interrogations quant au « qui sera là pour moi « encazoù »
    Souvent la famille et les amis ne se rendent compte de la gentillesse et de la disponibilité quand ces vertus se sont taries pour x raisons que ce soit et c’est tellement ancré que le jour où on ne veut/peut plus au mieux il y a un regard d’étonnement au pire les réflexions fusent et on se retrouve encore plus isolé(e).
    Bon courage, essaye de te préserver et oui la vie est un long calvaire!

  3. Courage!!!
    Il faut voir le coté positif : tout ce qui a déjà été trié!
    La différence doit se voir!
    Dans tous les cas, bravo!!!

  4. Je compatis… mais hélas! c’est tout ce que je peux faire. Bon courage, car le déménagement, c’est aujourd’hui et là, après il y a l’installation, il y a l’emménagement… Je ne peux donc que te dire: BON COURAGE!

  5. Quelle galère ! Je compatis ! Je ne suis pas au chômage, mais la seule de la tribu à ne pas être en couple, et la gentille de service, donc ma mère compte sur moi aussi. Mais pas à ce point là !
    J’espère que tu auras quelques heures de liberté dans la journée pour aller chez toi !
    Idem : je n’ai jamais compris l’intérêt de ces tapis ! Pour absorber le gras sûrement !

  6. Aïe… Décidément les fardeaux s’accumulent sur tes épaules, depuis plusieurs mois. J’imagine que tu satures – la fatigue physique et morale, l’inquiétude, la tension nerveuse…

    Que dire pour te soutenir? Courage? Tu en as à revendre. Tiens bon? Tu le fais avec brio.

    Je te souhaite beaucoup d’affection de tes proches pour t’aider à faire le plein d’énergie, et peut-être, peut-être, un peu de repos rien que pour toi? Peut-être qu’une de tes filles, ou l’Arlésienne, ou une amie de ta mère… pourra prendre le relais un moment si tu le demandes… fermement?

    Affectueusement,

    Strudel

  7. Vraiment personne pour prendre le relais et vous soulager un peu? Je compatis mais malheureusement c’est bien la seule chose que je puisse faire. Je crains le pire pour l’emménagement.
    Amitiés
    Nathalie

  8. Marie-Do : je pense que tout le monde se rend compte de la situation. Coup de pas de bol : je suis la plus disponible. S’il m’arrivait la même chose, mes filles habitent à 50 km, elles ne pourraient pas me loger ou venir chez moi, elles travaillent et avec la meilleure volonté du monde ne pourraient pas s’occuper de moi.
    Je n’accuserai bientôt qu’une carence énorme des pouvoirs publics, car aucun gouvernement n’a anticipé le papy boom, c’est la patate chaude que tout le monde a laissé au prochain.
    On est en plein dedans, j’y reviendrai…

  9. De tout cœur avec toi… je suis aussi celle qui aide, je sais ce que c’est : pendant près de 6 mois, jusqu’à son décès, j’ai passé plus de temps au chevet de ma mère en hospitalisation à domicile que chez moi, pourtant je ne suis pas fille unique…
    Et depuis que je me suis installée à Embrun j’aide ma fille handicapée et mère célibataire qui ne conduit pas… et bien sûr ma petite-fille qui va avoir 18 ans et qui n’a toujours pas eu le déclic pour passer le permis… que je n’aurais de toute façon pas pu payer : j’aurais en plus dû m’y recoller une troisième fois en conduite accompagnée si elle avait été motivée… comme mon fils puis ma fille n’ont jamais voulu entendre parler de conduite accompagnée avec leur père, c’est moi qui m’y était collée déjà… mais pour tout ce que j’ai pensé laisser derrière moi après y avoir eu droit avec mes deux enfants… j’ai eu droit au revenez-y avec la petite, style la varicelle qu’elle a chopée pendant une hospitalisation de ma fille…
    Alors courage… heureusement la roue tourne.

  10. Cette phrase me touche beaucoup : « Bien sûr que je suis là, c’est normal quand on aime les autres, mais le temps passant j’ai peur parfois. Qui sera vraiment là pour moi ? On s’habitue tellement à ce que je sois là que j’ai peur vraiment que l’on n’imagine pas que je puisse avoir besoin des autres éventuellement. « .

    Ca peut sembler super égoïste d’y penser, mais je me suis déjà posé la question également, pour moi (alors que j’ai à peine l’âge de tes filles).
    Aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours essayé d’être là pour les autres, pour mes deux grands-mères (que j’ai été la seule de leurs petits-enfants à aller voir régulièrement jusqu’à la fin pour l’une, et jusqu’à aujourd’hui pour l’autre), pour ma mère lorsqu’elle a eu une grosse opération, pour mon amoureux pendant son cancer. Là, d’ailleurs, c’était l’apothéose : les amis ont déserté, pensant probablement que ça devait être contagieux, cette affaire. Alors, bien évidemment, un cancer, quand on n’a pas 30 ans, ce n’est pas forcément ce à quoi on s’attend, mais moi non plus je ne m’y attendais pas en fait, ni à ce que tout le monde autour de nous se barre en courant, ce dont j’avais évidemment bien besoin.

    Tout le monde a toujours été habitué à ce que je sois là. C’est « normal » après tout. Les autres ne se rendent pas compte je crois de l’énergie qu’il faut déployer pour juste « être là ». C’est tellement facile pour ceux qui sont loin (même s’ils n’y peuvent rien), ou pour ceux qui ont toujours une excuse pour ne pas s’impliquer là-dedans.
    Je pense que beaucoup sous-estiment la force que ça demande, de s’occuper de quelqu’un à presque plein temps, quand ce n’est pas notre métier. Quand il faut en plus composer avec ses états d’âme à soi (personnellement, ce n’est pas des périodes que j’ai traversé avec un moral d’acier, même si bien évidemment tout le monde a pensé que si), ça devient même franchement un parcours du combattant.

    Du coup, je compatis franchement, et je te souhaite bien du courage pour la suite, tu en auras bien besoin à mon avis !

  11. Lise : merci de ton commentaire, c’est EXACTEMENT de que je pense. Je ne jette la pierre à personne, c’est simplement que c’est comme cela, le hasard, les mauvais coups du sort. Si j’avais toujours mon boulot (important) chez Truchon, il aurait bien fallu trouver des solutions… Autres que MOI.
    Cela me rappelle ma grand-mère paternelle,Mrs Tricot, qui a sacrifié sa vie de couple pour s’occuper de ses vieux parents…
    En pensant que l’on ferait pareil pour elle. Sauf que personne ne pouvait le faire. Malgré tout notre amour, elle a passé sa dernière année à pleurer dans une maison de retraite, sans jamais se souvenir de qui que ce soit.
    La vie n’est pas qu’un long calvaire, elle est INJUSTE !

  12. PS à Lise : beaucoup sous-estiment en effet quel effort cela nous demande. Dans la famille, dans la série bras cassés-psychologie de comptoir, j’aurais avec maman une relation fusionnelle. J’ai renoncé à faire comprendre que cela ne venait pas de moi et que je voulais m’enfuir depuis longtemps de cette relation « fusio-je-t’emmerde ».
    Je ne veux pas raconter totalement ma vie ici, mais s’il y a une personne qui n’a pas coupé le cordon, ce n’est pas moi (quel bébé le fait ?) mais bien ma mère. Et comme je suis l’aînée….

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