Les facéties de Delphine…

Estelle 1 retouchéeNotre mémoire nous joue régulièrement des tours, même si nous pensons que  la nôtre  est excellente.

En ce qui me concerne (MOI JE), je n’ai pour l’instant pas à me plaindre, même si, comme par hasard, j’ai une certaine amnésie concernant les derniers mois passés avec Albert, et de ceux qui ont suivis son départ. A une centaine époque ayant été beaucoup mise à contribution, je servais de mémoire vive concernant les antécédents médicaux de papa, et parfois même d’autres personne de la famille  (souvenirs dont je me passerais bien…).

BREF. Pulchérie mon aînée, a été un bébé relativement facile même si elle a pleuré la nuit pendant 30 jours (aujourd’hui cela semble dérisoire) était difficile à nourrir, mais qui a marché tôt (10 mois) et est devenue rapidement du genre à ne pas perdre de vue une seconde. Elle a fait un nombre incalculables de conneries plus ou moins grosses, et, étant l’aînée des petits enfants de mon côté, tyrannisait très volontiers sa soeur et ses cousins/cousines : c’était le chef de bande !

Delphine a été un bébé encore plus facile (petit trésor…),  tétant avec application dès la montée de lait, première nuit faite à 12 jours, se passant elle-même d’office à 5 repas par jour à un mois et demi. C’était de plus une enfant très tendre et câline, alors que les câlins donnaient toujours trop chaud à sa soeur (qui en cela me ressemblait, je n’ai jamais été câline qu’avec mes deux filles, en traumatisant l’aînée).

Elle n’était pas turbulente, se contentant d’admirer sa soeur grimpant dans les plantes vertes, et était très prudente. Il suffisait de lui dire qu’elle risquait de s’estropier, de se brûler, de se faire mal, et généralement nous pouvions être tranquilles. Premiers pas à 14 mois le 25 décembre, chute, et attention, la marche c’est dangereux, et tant qu’elle n’est pas maîtrisée, je vais plus vite à 4 pattes.

C’est là que son caractère espiègle est apparu mais fugitivement. Régulièrement je l’entendais marcher dans notre appartement, dont le couloir formait un U entre la porte d’entrée et la chambre de Pulchérie au fond du couloir à gauche. De la cuisine ou du salon, j’entendais ma petiote marcher, mais dès qu’elle m’entendait arriver, j’entendais un petit boum, et je la retrouvais à 4 pattes. Un jour, début mars tout de même, je suis allée à pas de loup regarder dans l’angle du couloir, pour voir Delphine trotter très à son aise. J’ai éclaté de rire devant sa mine : « merde, elle m’a vue », et je lui ai signifié que je ne voulais plus la voir à 4 pattes. Ce qui a été exécuté immédiatement. Non seulement elle savait marcher, mais également courir.

Enfant c’était un petit clown, mais ce n’est pas venu tout de suite. J’ai plus le souvenir d’un bébé adorable mais assez grave et sérieux, que d’une rigolote comme l’était sa soeur. Il a fallu que je la surprenne un jour en train de se faire d’affreuses grimaces dans la glace, en rigolant bien, pour me dire qu’elle allait nous réserver bien des surprises.

Ce qui fut le cas, Delphine était une farceuse, une marrante. Quand nous habitions chez mes parents, elle descendait régulièrement l’escalier, ayant piqué la robe de chambre de ma mère, un oreiller sur le ventre, et nous faisait un show « madame Sarfati ». Elle y excellait particulièrement. D’ailleurs tout ce qui était sketch, grimaces horribles, et idées lumineuses venaient finalement souvent d’elle…

Mais j’avais oublié une chose, une chose importante et c’est en terminant de trier le courrier accumulé par maman au cours des siècles précédents, années (et on s’écrivait beaucoup dans la famille), que je suis tombée sur mes propres courriers, envoyés pendant les vacances, à mes parents ou Mrs Morgan (dont maman avait récupéré tous les courriers), et particulièrement en 1988, année où mes parents n’avaient pas pu partir avec nous, comme par le passé. A l’époque nous prenions chaque mois de juillet une maison en location aux Saintes Maries de la Mer, maison pouvant contenir 10 personnes, mais en assez piteux état niveau cuisine et salle de bain, et dont le prix était vraiment donné. La propriétaire appelait chaque année début mars pour savoir si elle nous retenait la maison ou non. Cette année là, c’est Albert et moi qui avions pris la location, ma grand-mère était venue comme chaque année, et outre mes deux filles, j’avais pris Cosette, la cousiiiiiine, qui était revenue nous rejoindre en avion, et était repartie de même, la veille de notre départ à nous.

J’ai été stupéfaite de me relire car il était surtout question des INVENTIONS et bêtises de Delphine, dignes de Gaston Lagaffe. JAMAIS de celles de sa soeur et de la cousiiiiiine qui avaient tendance à faire bloc contre la petite qui n’aurait 4 ans qu’en octobre.

  • Le voyage avait été assez long, et Delphine avait décrété qu’il fallait inventer une « voiture qui s’envole dans les embouteillages »
  • Delphine avait déchiré ce qu’il restait des moustiquaires. Ce n’était pas très grave vu que la propriétaire avait commandité l’homme qu’il fallait pour les remettre en état, mais rien ne l’obligeait à passer au travers à pied quand c’était possible (portes d’entrée avant et arrière, et porte fenêtre donnant de leur chambre sur une terrasse), ou avec son bras quand il s’agissait d’une fenêtre. Le tout avec un air innocent comme pas possible…
  • Delphine renâclait à donner un coup de main avec sa soeur et Cosette : à savoir mettre la table et la débarrasser. Elle avait donc suggéré avec le plus grand sérieux de tout mettre à la poubelle après chaque repas.
  • Comme nous lui avions expliqué que ce n’était pas possible, elle avait inventé la machine qui débarrasse la table, ET qui lave la vaisselle. Pour le lave vaisselle cela existait déjà, et elle s’était promis de mettre au point celui qui débarrasserait AUSSI (j’attends toujours).
  • N’arrivant pas à aller aussi vite dans l’eau que sa soeur et sa cousiiiiine, elle exigea une « bouée à moteur ».
  • Un jour où je l’avais perdue de vue, elle avait inventé le maquillage permanent avec des feutres. C’était saisissant, surtout pour les moustaches… Je vous épargne le reste.
  • Comme elle n’avait pas le même shampoing que sa soeur, et partageait la bouteille de « camomille reflets dorés » avec Cosette et sa maman, elle avait mis du Paic citron à la place du shampoing de sa soeur (reflets auburn). Si je ne l’avais pas prise en flagrant délit, la dernière semaine, je n’y aurais vu que du feu dans la mesure où la bouteille n’était pas transparente (cherchez l’erreur).
  • Pour avoir un peu la paix sur la plage, nous avions acheté 3 épuisettes, et les trois filles cherchaient des crabes. Delphine s’est lassée rapidement et a demandé une « épuisette sans trous pour attraper le vent ».
  • Elle avait demandé sans rire au pharmacien à qui je demandais de quoi retirer sans dommages le feutre sur les paupières et la peau du visage, s’il avait « des culottes qui essuient les fesses toutes seules, se lavent après, avec des piles comme celles que l’on met dans le mange cassettes, mais sans eau », et devant la dénégation de ce dernier, s’était promis d’en inventer une « un jour ».
  • Elle sucrait subrepticement les oeufs coque de sa soeur et de sa cousine…
  • Elle faisait la manche dans la rue (piétonne) à deux pas de la maison, à poil avec mes sandales, pour obtenir « des sous pour une pauvre petite fille qui n’a rien à se mettre »
  • Ayant reçu de l’argent de leur tante (ma soeur l’arlésienne, celle qu’on ne voit jamais), les trois filles étaient allées avec moi faire des achats. Delphine avait été la seule à demander au vendeur de finalement lui rendre son argent, en précisant qu’elle gardait sa bague tout de même, et les bonbons aussi. Le vendeur avait bien évidemment refusé, non sans sourire, et elle s’était promis d’inventer plus tard « l’achat gratuit »
  • Elle avait demandé à ma grand-mère « est-ce que tu seras bientôt morte ? », et lui avait remonté le moral en précisant qu’à ma mort à moi, elle « s’achèterait une autre maman, une qui ne donne pas de claques sur les fesses ».
  • D’ailleurs son arrière grand-mère se plaignant tout le temps du ventre, elle lui avait proposé gentiment de l’opérer avec l’opinel de son père qui planqua l’engin immédiatement (il faut dire qu’elle avait été opérée de l’appendice quelques mois auparavant)
  • Et comme elle aimait dormir quand elle avait sommeil, et que les deux grandes papotaient jusqu’à pas d’heure, dans la chambre d’enfants comportant une paire de lits superposés, elle avait également inventé « la machine à flanquer des baffes ou à assommer, qu’on accrocherait au plafond »… (vu que les deux grandes dormaient à l’étage toutes les deux, pour mieux parlotter)
  • Ceci sans compter avec l’épingle qu’elle avait subtilisée à son arrière grand-mère, pour la piquer au bon endroit, dans le matelas de sa soeur qui dormait au dessus d’elle…

A cette époque elle n’avait pas les cheveux très longs, comme les aimait Albert pour sa femme et ses filles…

En janvier 1987 elle s’était tondue le dessus de la tête avec une paire de ciseaux, en moins de 5 minutes (alors que je la croyais aux toilettes) et le coiffeur n’avait eu aucune autre solution que de lui raser l’intégralité du crâne pour égaliser. J’en avais pleuré. L’année d’après elle avait fait de même pour toutes les barbies et les poneys si à la mode, et là, c’est sa soeur qui avait pleuré…

Fort heureusement elle avait les traits fins et cela ne la déparait pas, mais j’aurais dû me méfier le jour où je l’avais surprise à la caisse du Leclerc, alors qu’elle était restée dans la chaise du caddy et que j’étais repartie chercher de l’huile, en train d’extorquer à la caissière quelques bonbons parce que sa boule à zéro, c’était la faute de son cancer…

Je suis arrivée alors que la caissière presque en larmes était en train de lui refiler le paquet.

Et lâchement, je n’ai rien osé dire… J’ai évité le Leclerc jusqu’à ce qu’elle ait une coupe à peu près normale (comptez 6 mois + les réflexions des gens qui se demandent tout haut pourquoi vous coupez les cheveux de votre petite fille aussi court…).

Voici tous ces petits trucs si adorables que j’avais totalement oubliés et surtout son esprit très imaginatif pour réclamer des machines qui n’existaient pas. Il faut dire que c’était assez bénin vu l’énormité des idées de sa soeur pour les années à venir, mais Delphine méritait que justice lui soit rendue. Et c’est en relisant mes courriers de juillet 1981 qu’il m’est revenu qu’Albert et moi avions surnommé le bébé que j’attendais « Gudule » (à l’époque il fallait attendre les 6 mois pour connaître le sexe)…

Comme quoi, envoyer autre chose que des textos a quelque chose de magique.

La vie n’est qu’un long calvaire.

PS : le portrait de Delphine n’est pas de moi, mais de Photoshop…

6 réponses sur “Les facéties de Delphine…”

  1. Pour les cheveux rasés j’ai donné aussi .Mais mon garçon le lendemain du passage obligé chez la coiffeur était surpris que ses cheveux n’aient pas repoussé dans la nuit ( dis maman pourquoi les cheveux ils sont encore rasés ? !!!!
    Mais que de bons souvenirs 😉
    Merci en évoquant vos souvenirs de réactiver les miens

  2. Et qu’est devenue cette charmante enfant ? A-t-elle mis son imagination fertile à profit ? En tout cas elle m’a bien fait rire !
    J’ai aussi eu droit à la coupe de cheveux sauvage chez ma fille … avec aggravation de la catastrophe par le grand frère qui voulait rattraper les dégâts pour lui éviter de se faire punir (il était dans un bon jour !!) mais n’avait vraiment pas la fibre artistique … Heureusement il ne s’agissait que de deux grosses mèches, nous avons pu éviter la tonsure en planquant un peu le trou avec forces barrettes et cheveux rabattus …

  3. Aline : que de BONS souvenirs, effectivement… J’espère que ton fils n’est pas devenu coiffeur, je me suis toujours dit qu’en coiffeuse Delphine aurait été redoutable !!!

  4. CDLM : cette charmante enfant va être bien triste d’apprendre que le syndrôme coupe sauvage n’était pas son apanage… Elle est devenue une adulte qui a la tête sur les épaules et ne coupe plus que la chique de ceux qui l’emmerdent (et ça, elle le fait très bien !).
    Pour sa coupe à elle comme elle avait commencé par le dessus du crâne : c’était mort d’avance pour réparer !

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