Les filles ça cause !

Fille_faisant_chut_53272481Albert était plutôt bavard pour un homme, sauf quand il s’agissait d’aborder les problèmes graves qui le rendaient autiste (donc on ne parlait pas de sa famille qui a farpaitement réussi à nous séparer, on tire son chapeau à la famille d’Albert qui est hélas aussi la moitié de la famille des filles).

Pulchérie avec son hérédité (vu que je cause aussi, il me faut être honnête je suis une vraie pie) ne pouvait que parler bien et tôt, ce qu’elle fit, son premier aheuu aheu aheu émouvant ayant eu lieu alors qu’elle avait juste 1 mois et venait de faire sa première nuit. En fait elle saluait sa grand mère à qui elle avait fait un beau sourire en plus, avec 5 mois d’avance vu que les enfants ne sourient soit-disant pas vraiment avant 6 mois (…).

Alors qu’elle avait 9 mois, la pédiatre indiqua en gras et souligné dans le carnet de santé « charabia développé » ce qui était exact et apparement rare. C’était structuré même si on ne comprenait rien, et en plus elle mettait le ton : donc on était informés qu’elle n’était pas d’accord, elle contestait déjà.

A 12 mois elle se faisait comprendre (de la famille, ne pas compter sur un inconnu ne la pratiquant pas, pour tout saisir à part « non » et « aplou » avec coup dans la cuillère pour moucheter le méchant gaveur). A 18 mois elle tenait des conversations et pouvait se perdre, encore que je pense que la police aurait eu du mal à comprendre ce que voulais dire « pussérieabewon ». Mais à la manière dont elle disait « pipiiiiii » un chinois l’eut comprise.

Je travaillais à mi temps et Jean Poirotte et Mrs Bibelot se faisaient une joie de la faire parler le matin, son père et moi également, le soir. L’après midi elle dormait et ingurgitait le français pendant que je faisais avec joie ménage et repassage. Le robinet était ouvert : impossible de le refermer un jour l’illustration étant 100 % mensongère.

Delphine débuta également avec un certain charabia, mais elle était plus sérieuse que sa soeur, moins expansive petite et moins turbulente (ouf !). Elle ingurgita bien les mots nécessaires à sa survie « a faim » « a foif » « encore » « a plou » « bisous » et pour le reste charabiata très longtemps étant comprise par sa soeur qui faisait la traductrice même pas indulgente.

« Ayaoutouateau » répété 3 fois et Pulchérie s’indignait « mais maman elle te demande un gâteau ! ». Delphine était en admiration devant sa soeur et répétait… toutes les fins de phrase. J’ai encore un enregistrement de Pulchérie chantant avec sa soeur chantant à ses côtés et ne prononçant que la fin, mais avec conviction.

Puis Delphine sut enfin parler et là tout fut perdu fort l’honneur car elles causaient à longueur de temps Pulchérie n’étant plus dans l’obligation de faire la conversation pour deux, et même la nuit parfois dans leur sommeil. Le soir c’était à qui se glisserait dans la chambre de l’autre. Même pas discret. Un bourdonnement effréné me parvenait de l’étage après le départ d’Albert. Quand je m’indignais on me répondait « on parlotte ! » parlotter étant moins grave que bavarder pour elles.

Bien évidemment quand elles jouaient c’était les « je t’aurais dit » « tu m’aurais répondu » et « d’accord » en avant la parlotte infernale répétée donc deux fois (préliminaires du jeu, jeu en action).

Puis vinrent les blablabla blablabli dans le téléphone et toujours les parlottes du soir. Ma chambre étant devenue contigüe à la leur suite à des déménagements intempestifs, j’avais parfois l’impression d’entendre des tchou tchou tchou à longueur de temps et j’étais obligée de me gendarmer quand je voulais dormir, ne souhaitant pas rêver particulièrement aux locomotives à vapeur de mon enfance.

Fort heureusement quand elles viennent, que leur cousine est là, ou d’autres femmes de la famille, dans toutes les réunions de famille, nous savons toutes, suivre plusieurs conversations à la fois. Je ne sais pas comment font les hommes ces autistes du langage pour supporter nos bavardages intempestifs (ils s’isolent dans leur coin, et l’on peut constater des glissements de mâles vers l’autre bout de la pièce)… Même moi parfois, j’ai du mal quand elles sont là toutes les deux (j’ai perdu l’habitude) à rattraper le temps perdu avec leur vieille maman. C’est qu’on ne se voit pas si souvent (vive le téléphone, mais faut voir la trombine de la douloureuse et l’air mécontent du banquier qui pointe France Télécom).

Bon les filles ça cause et ce n’est pas un calvaire : faut s’exprimer dans la vie…

Les filles malades : à 2 c'est mieux (dernier épisode)

Infirmi_re_53272638Quelle femme n’a pas rêvé secrètement d’être une Florence Nightingale, ou bien une infirmière héroïne d’un livre de Slaughter (ben oui j’ai lu Slaughter dans ma jeunesse, ce qui me permet de savoir ce qu’est la « dure mère » et où est situé le pancréas, entre autres, ça vous évitera de ricaner bêtement), que le chirurgien aime en secret et qu’il épouse à la fin ? On peut aussi faire dans le Robin Cook spécialiste de l’horreur médicale (l’infirmière administrant l’anesthésique mortel étant du genre vieille givrée/moche peau et ayant dû normalement alerter le héros avec sa trombine de tueur psychopathe rescapé des photomatons) (faut vraiment suivre) (mais vous remarquerez que parfois les héros manquent cruellement de discernement, et oui, ça fait beaucoup de parenthèses).

Si vous êtes mère de famille vous aurez l’occasion de vous transformer en infirmière, mais je vous préviens que votre look sera nettement moins classe que celui de la photo ou alors vous avez du mérite et du métier.

Pour les maladies infantiles, temps d’incubation oblige, les filles étaient malades en rafale. Pulchérie rapportait les oreillons de l’école maternelle, se transformait en Louis Philippe pour un temps, et dès qu’elle avait repris le collier, c’était Delphine qui succombait à son tour à la maladie, ne résistant pas plus aux virus que sa soeur. Elles m’ont fait successivement les oreillons, la scarlatine, la roséole et la rubéole (passant théoriquement inaperçue mais pas chez Pulchérie) en 3 mois de temps, je me sentais un peu lasse…

Les angines (blanches ou rouges on a le choix), les otites, grippes vraies, anthrax, peste, petite vérole, choléra et rhumes divers par contre les attaquaient généralement ensemble, et je me retrouvais avec deux enfants malades mais pas de la même manière.

Pulchérie avec son bon 40,5° voulait jouer aux 7 familles alors que sa soeur avec son petit 38° était répandue au fond de son lit en prenant Bambi pour un monstre (j’ai toujours eu une passion perverse remontant à mon enfance pour les 7 familles de Disney, et nous nous battions toutes les trois pour avoir la famille Bambi et la famille Blanche Neige (heu… oui… même moi…)). Impossible donc de transformer une chambre en infirmerie avec les deux sous le regard à pioncer et moi à lire tranquillement un livre d’horreur médicale avec un look divin. L’une gênait l’autre, la cadette ne pouvant rester seule pour cause de délire, alors que l’aînée gambadait dans les escaliers avec tout de même une petite mine, pour aller se mettre Dorothée à la télévision à l’étage inférieur (faut toujours suivre) ou jouer avec le chat ravi.

Delphine malgré sa température avait toujours de l’appétit et encore plus faim qu’à l’ordinaire, Pulchérie profitant du moindre microbe pour entamer une ènième grève de la faim, surtout devant un litron de soupe et un oeuf coque avec mouillettes beurrées. Toutes les deux détestaient que je leur prenne la température et je passais mon temps à chercher le thermomètre que la plus valide (donc Pulchérie) planquait dans une poubelle quelconque. Je n’étais pas une acharnée du thermomètre, mais on m’avait dit tout de même « d’éviter » (j’aime le terme) que Pulchérie ne dépasse 40° (le ,5 étant obligatoire pour elle, sinon c’était une fausse maladie). « Chère madame, évitez qu’elle ne dépasse 40° » : je fais quoi : je la mets au congélateur ? Pendant que je pistais le thermomètre, Delphine en délire prenait sa soeur pour Dracula et lui flanquait une baffe monstrueuse, ce qui engendrait des hurlements à faire baver d’envie un loup de film d’horreur.

Je comptabilisais les cachets, suppositoires, gélules adroitement diluées dans de la confiture, cuillères de sirop répandues et recrachées par Delphine, doses multiples fatalement différentes vu leurs 3 années d’écart. Je passais mon temps à leur chevet (surtout celui de Delphine à lui assurer que tout allait bien) ou à courir derrière l’aînée en pestant, et testais « la journée pyjama » avec application et hâte que cela se termine en terminant la soupe froide de Pulchérie et un oeuf coque figé avec mouillette molle.

Elles adoraient toutes les deux par contre, se faire masser avec du vicks « vaporub » comme elles disaient et la maison toute entière empestait le camphre et moi avec, même quand il n’était d’aucune utilité : ça les rassurait et me rendait « gentille maman qui s’occupe bien de nous ».

Cette odeur d’ailleurs avait un effet curieux sur Albert. Il demandait en premier lieu « qu’est-ce qu’on mange ce soir ? », devant ma tête aimable enchaînait sur un « qu’est-ce que ça sent ici ? ». L’odeur du camphre finissait par le terrasser et la mauvaise nouvelle arrivait bien assez tôt.

« Chérie, je ne me sens pas bien ! Je crois que j’ai de la fièvre, où est le thermomètre ? » (bonne question).

Pour Albert prévoir deux infirmières… + un prêtre, tout ceci sous fond de filles gambadant, enfin guéries. Car la vie n’est qu’un long calvaire. D’ailleurs je reviendrai sur mon post d’Albert malade, car il me revient que j’en ai oublié…

En exclusivité pour vous ce week end…

dodieclownut

En exclusivité pour vous donc, ce week end (vu que je fais grève le dimanche), je vous présente
l’équipe de fer :

Voici Pulchérie (la méchante)  à gauche et Delphine (qui aura son blog un jour je pense) à droite.
Elles ont été photographiées au même endroit à 3 ans de distance, par une mère un peu gâteuse (moi donc), avec le même appareil, et le même éclairage (le scan de gauche n’est pas de moi et ne rend pas pareil, et j’en profite pour rappeler à Pulchérie qu’elle doit me ramener les photos qu’elle m’a empruntées pour les scanner, on passe rapidement à autre chose).

On leur donnerait le bon dieu sans confession non ?
Qu’y l’eut cru ?

Leurs aventures (et les miennes), méritaient bien une petite présentation de mes petites chéries… Et je les aiiiiiiimmmeuuu ! (la suite de leurs aventures aux prochains épisodes, z’avez pas fini de souffrir)

C’est moi qui les ai faites (les photos et les filles, bon pour les filles j’ai eu l’aide d’Albert au départ, aide totalement désintéressée, mais j’ai fait tout le boulot après, comme toutes les mères).

Pour me punir de ma fierté, je m’en vais faire 4 heures de repassage  !!!!!
(vous noterez au (re) passage mon sens du devoir et du péché mortel)

Les filles ça bricole (ça en fait des choses)

Fille_et_bricolageA ceux qui croyaient tout savoir après avoir lu mon billet « conseils utiles aux ignorants qui ont mis au monde des filles », je précise qu’ils ne savent pas encore tout (oh combien !). Exemple : les filles c’est comme les garçons, ça bricole en plus du reste, confondant au passage d’ailleurs le ciseaux à bois de leur grand père avec un tourne vis. L’un et l’autre ne s’en sont jamais remis (les menuisiers comprendront).

Le père des filles, Albert, était bricoleur, et c’est un vrai bonheur que d’avoir un mari qui bricole quand il ne décide pas de s’immoler un pouce avec le marteau ou de se planter la perceuse dans le pied, au son de « appelle le SAMU chérie merde ! je vais crever sinon ! ».

Pulchérie adorait « picoler » avec son papa (de quoi lui faire une réputation), d’autant que le WE, Albert étant plus matinal que moi, s’occupait d’elle jusqu’à ce que j’émerge. A savoir qu’ayant pris un biberon (mal) réchauffé par lui, elle recevait l’ordre absolu de ne pas le quitter d’une semelle. Un enfant ça ne se quitte pas d’un regard (surtout elle qui faisait de l’escalade dans les plantes vertes et sur le piano, et adorait répandre le liquide vaisselle sur la moquette ou même le boire, ce trésor chéri).

Pour l’occuper, tout en vaquant à ses occupations bricolesques, Albert refilait à sa fille des gros clous et une planche dans laquelle les planter avec un petit marteau (coup de bol elle ne mangea ni clou, ni planche, ni marteau et ne se planta rien dans le pied, ce qui est tout à fait admirable vu ses dons multiples). Les barbies et les poneys multicolores avaient donc leurs planches à clous pour le coup du fakir, et les voisins que du bonheur le samedi à 9 heures, Pulchérie ne pouvant pas planter des clous sans jacter en plus, comme de coutume (elle tient de moi, j’aime bien parlotter). Delphine montra moins d’empressement quand vint son tour car elle suçait son pouce droit en étant droitière, ce qui est ennuyeux pour planter des clous. Mais elle regardait quand même en attendant que je me réveille pour lui faire un second biberon vu qu’elle avait toujours jamais pas faim : un papa qui bricole c’est beau, surtout quand il y a du sang et que du coup maman va se lever plus tôt et faire à manger en appelant le SAMU.

Lorsqu’elles sont arrivées à l’adolescence, Albert parti depuis un moment, j’ai senti à un moment donné que les filles tenaient de leur père et peut-être du mien pour le côté « bricolage », et là on peut admirer ce qu’est l’atavisme.

Un beau vendredi soir de vacances scolaires, je suis rentrée de chez mon avocat tordu de l’époque (je ferai un post un jour rien que pour lui, promis), pour trouver leur chambre entièrement réorganisée (surprise maman chérie !) et tous mes outils par terre dans la chambre (où sont mes chaussures de sécurité ?).

Oui j’avais des outils, la vie d’une femme seule n’étant qu’un long calvaire, il me fallait bien planter mes clous toute seule et tuer les araignées moi-même. En plus quand j’ai un petit copain, il est toujours du style à se planter un clou dans la main, sans être le messie (pas de bol, je pourrais faire la Marie Madeleine sinon) (revieeeennnnnns Albert – non je plaisante, mais si tu veux on peut en causer…).

L’étagère basse que j’avais mise entre leurs deux lits sous la grande fenêtre pour délimiter le territoire et supporter leurs réveils, chaine stéréo et « autres », que j’avais montée à grand renfort de jurons contre le kit, avait été « réaménagée ». Comprendre que comme, prudente, je n’avais pas de scie circulaire, elles avaient pété deux ou trois lattes de pin pour dégager de l’espace vers le haut (ne cherchez pas à comprendre pourquoi ni comment, mais un marteau ne s’en est jamais remis non plus : les étagères étaient cuites).

Les bureaux à cylindres montés par Jean Poirotte et moi-même, toujours à grands renforts de jurons, avaient été débarrassés de leurs cylindres transformés en stores les empêchant de se voir (c’était la période : « je ne peux pas t’encadrer t’es trop con, et moche en plus, tu t’es vue, et gnagnagna »), montés habilement avec les planches cassées de l’étagère. C’était divin. Elles avaient plantés des clous dans les murs pour dissimuler les posters et accrocher de jolies étoffes (mes paréos dont je faisais collection), et également dans le plafond pour la même raison. Régulièrement elles se mettaient en grand bricolage, transformant les étagères en commode, les lits en pouf, et les bureaux en table de salon dès fois qu’elles reçoivent sans que je le sache.

Les tiroirs des bureaux ont connu 22 places (dans les étagères transformées), y compris la leur dans les bureaux. Quand ils dégageaient pour une étagère modifiée, leurs emplacement d’origine se transformaient en étagères prêtes à s’écrouler (grâce à une habile réutilisation des stores, car finalement elles s’adoraient et étaient « plus que belle, mais non c’est toi la plus belle, non j’insiste c’est toi, et gnagnagna »).

Pulchérie partie pour Paris avec l’intégralité de mes tourne-vis, ma pince coupante, + ma pince à épiler, Delphine se retrouva diaboliquement seule pour :

  • Transformer leurs deux lits en un canapé lit qui fit le tour de la chambre (montage des sommiers en angle droit : deux heures et 3 kg de fil de fer), (mise en place du dossier avec un angle confortable finalement : 4 heures et 3 kg de fil de fer : je ne sais pas où elle s’était procuré le dit fil, n’en ayant pas l’usage personnellement, mais ça tenait)

  • Démonter une grande étagère qu’elle m’avait fait acheter et monter 6 mois avant pour faire des « transformations », mes paréos étant devenus des rideaux masques bordels sur étagères avec plein de trous car elle ne savait que planter des clous (ou enrouler du fil de fer).

  • Récupérer les cylindres pour en faire des étagères décoratives mais qui penchaient légèrement sur la droite et ne semblaient pas bien solides (elle avait renoncé à dormir en dessous, j’ai bien reconnu là son tempérament non téméraire)

  • Monter une cabane pour le chat avec le bois perdu, où il ne mit jamais les pattes, préférant dormir en rond sur ses vêtements qui jonchaient le sol (manquant s’ouvrir la jugulaire sur un coupe ongles aussi facétieux qu’une pince à épiler, qui traînait par terre, on se demande pourquoi).

Quand Delphine est partie à son tour pour Paris avec mon ôte agrafes + ma pince à épiler, je n’ai pu rescaper qu’une seule étagère qui penche un peu, et est toujours couverte de son bordel qu’un de ces jours je vas mettre à la benne…

PS : je garde le post tel qu’il était au départ (j’écris autant que je parlotte) mais l’autre WE, Delphine a enfin benné elle-même son b… Bricolage. Mais je persiste : la boîte à outils est toujours vide et l’étagère ressemble à la tour de Pise. Je ferai bien payer pour qu’on la regarde…

La vie n’est qu’un long calvaire et la pince à épiler facétieuse…

Les sales gosses

Sales_m_mes_50672514Etant pourvue de deux filles adorables, juste un peu vivantes et imaginatives, me restait à affronter les enfants des autres qui sont généralement infernaux, comme chacun sait, et mal élevés.

Au moins, les miennes, je pouvais les confier à n’importe qui et les récupérer avec des compliments (même du Furoncle, ma belle mère n° 1° (suivez), car elles me réservaient leur vivacité et leur imaginatif débordant (surtout celui de Pulchérie, Delphine suivant avec plaisir, sauf pour les fugues) (suivez toujours).

Avec Albert après notre séparation, elles ont fait bon nombre de bêtises avec un dénommé Grégory (le fils de la pét…. copine de leur père) qui les entrainait volontier, étant plus vieux qu’elles. Albert n’en a jamais rien su mais quand elles me racontaient à leur retour leurs exploits j’en frémissais d’horreur. Nuits passées au Père Lachaise après être sorties par la fenêtre, sur un toit d’hôtel, dans une piscine d’hôtel la nuit… A moi les sermons interminables (elles s’en sont sorties) et les engueulades avec le père pour défaut de surveillance.

Dans la série sales mômes, j’avais une nièce du côté d’Albert (que j’ai donc perdue de vue) qui par exemple ne pleurait jamais. Elle meuglait carrément avec une force insoutenable pour des oreilles normales. Même un taureau serait parti en galopant sans vérifier si oui ou non… Elle vrillait les oreilles de tout le monde, sauf celles de sa mère qui ne semblait pas l’entendre. J’ai vu cette charmante enfant se rouler par terre après avoir y avoir fait pipi, et mon ex belle soeur, touiller sa crème anglaise sans moufter autre chose qu’un « tu vas voir ». Comme l’enfant ne voyait jamais rien, elle meuglait à qui mieux mieux environ 25 heures par jour en plus.

Je me suis toujours demandé si sa première claque sur les fesses n’avait pas été du ressort d’Albert. Nous l’avions pris pour une semaine entre Noël et le jour de l’an, sa mère n’allant guère bien à cette période de l’année, le père s’étant suicidé un 25 décembre de l’année précédente. Pulchérie n’arrêtait pas de tyraniser sa cousine (elle avait 2 ans, l’autre 5), en retirant la bonde de la baignoire pendant qu’elles prenaient leur bain ensemble, lui faisait répandre du talc ou du shampoing dans tout l’appartement et la sommait de lui raconter Blanche Neige en mettant le ton. D’où meuglements répétés qui nous ont rapidement lassés car Pulchérie était peut-être à surveiller mais ne meuglait jamais. La claque (martyriser un enfant quelle horreur) fut le remède miracle et interrompit instantanément le cri qui tue le taureau. La charmante enfant en perdit ses cordes vocales et tout se passat bien jusqu’à l’arrivée de sa mère où elle recommençat à se rouler par terre en hurlant, mais ce n’était plus notre problème, vu qu’elle n’avait pas fait pipi avant sur notre moquette.

Le record du sale gosse revient au cousin de Pulchérie avec qui elle avait un mois d’écart. Celui là, non seulement on ne lui disait jamais rien (car il ne faut pas croire, mais Pulchérie « on lui causait souvent »), mais il faisait ce qu’il voulait. S’il décidait de faire sa sieste à 19 H on le laissait dormir religieusement jusqu’à 21 H et on passait la nuit à essayer de l’endormir. Par contre s’il avait décidé de se réveiller à 5 heures du matin (quelle horreur !), on le laissait réveiller toute la famille au son de cet ignoble adage qui dit que la vie appartient à ceux qui se lèvent tôt (Pulchérie émergeant très vaguement à 9 H et pouvant pioncer jusqu’à 11 H).

En pension chez moi, c’était « non il n’est pas l’heure de se lever ». Moralité le pauvret se rendormait jusqu’à 9 H ce qui manquait à chaque fois flanquer de l’urticaire à son père qui prenait ironiquement des nouvelles, heureux à l’idée que je lui annonce que je m’étais levée à 5 heures pour donner un biberon à ce gamin insupportable (moi me faire lever à 5 heures, il faut une guerre et encore, à cette heure là un gosse ça dort et ça fiche la paix, même en exode).

Ce pauvre chiard était sujet aux crises d’asthme, et un beau jour ma belle soeur qui me détestait (sauf quand je pouvais lui rendre service) me demandat de le garder alors qu’il faisait une crise. OK pour le prendre, ça occuperait Pulchérie, mais à condition que le plus gros de la crise soit passée, sinon niet, qu’elle se trouve une autre poire. Comme on m’avait reproché d’avoir une fille avec une luxation des hanches, j’avais le droit de critiquer l’asthme et l’exéma n’est-ce pas ? et de refuser d’avoir le n° des pompiers scotché sur ma table de nuit en surveillant avec angoisse une respiration chancelante…

Voilà le guéri à la maison en train de ranger la chambre avec sa cousine (un jour je mettrais une photo authentique). Tout à coup, râles atroces. Je me précipite et retrouve un mourant couché par terre la bave aux lèvres, étouffant, Pulchérie pas très fière. Je me demande tout haut si les pompiers arriveront rapidement et tout à coup le mourant se redresse.

« HA HA Tatie, je voulais voir si tu courais vite ! »

Je ne sais pas si je courais vite, mais je sais que c’est la première claque à lui dévisser la tête qu’il s’est prise de sa vie… (oui je sais, je suis une méchante sorcière…)

La vie n’est qu’un long calvaire.

L'adulte piégé

Enfant_innocent_tlp524959Outre « les filles » et leur « cousiiiine », j’ai également 3 neveux et 2 autres nièces de mon côté (du côté des filles j’ai été perdue de recherche).

L’aîné des garçons (qu’on appelera Bertrand pour respecter son anonymat) nous a un jour feintées Mrs Bibelot et moi même.

Venu passer quelques jours chez mes parents, il squattait pas mal la cuisine, étant comme Delphine terriblement intéressé par tout ce qui touchait à son estomac toujours vide.

Pendant que sa soeur et ses cousiiiines construisaient une cabane dans le jardin, et la meublaient, à grand renfort de tapis persans 100 % authentiques et de bibelots de valeur (un oeil très sûr pour ne pas prendre le moche que l’on peut casser) après avoir recouvert le toit du gazon religieusement entretenu par leur grand mère, Bertrand venait donc tailler une bavette avec sa tante et sa grand mère dans la cuisine et récurait les casseroles avec ou sans bout de pain.

C’était un enfant assez silencieux, donc quand il se mettait à parler, on l’écoutait religieusement.

C’est ainsi qu’un après midi de mousse au chocolat en préparation, il nous a fait part de ses passions.

  • « Moi j’aime Michaël Angelo, Raphaëlo, Léonardo, et Donatello ».

  • « Tu te rends compte ! me dit Mrs Bibelot enthousiasmée, la maternelle maintenant c’est quelque chose, il connaît les peintres italiens de la renaissance ! Et tu préfère lequel mon chéri ? »

  • « Moi c’est Michaël Angelo… »

Léchage du chocolat dans la casserole + le saladier…

  • « Moi tu sais mamie, les tortues Ninja, je les connais toutes« .

Je sais qu’elles sont passées de mode, mais ce mot d’enfant valait un petit post… Dommage qu’il n’y ait pas de photographie de nos têtes au moment de la suprême révélation.

La cousine débarque !

Filles_chahutantJe vous avais caché jusqu’à présent l’existence d’une cousine germaine aux filles (entre autres, mais celle-ci est la cousine). Il faut absolument que vous connaissiez son existence, sinon des posts à venir vous échapperont totalement…

Cosette, la fille aînée de mon frère, s’intercalait pile poil entre les deux filles : c’était la cousine rêvée. D’ailleurs elles s’entendaient comme larrons en foire et les avoir toutes les trois en même temps dans la même pièce, relève toujours de la haute voltige à leur âge (je ne sais pas comment gendres n° 1 et 2 font).

Donc une cousine. Que je prenais régulièrement pour les vacances scolaires (à charge de revanche, voui mais on n’en prend qu’une, pourquoi diable ?), dans la mesure où j’avais cessé toute activité salariée pour me consacrer aux filles.

Le premier jour c’était chahut et compagnie, disputes également, trois étant un mauvais chiffre. Soit les deux grandes se liguaient contre Delphine, soit les deux plus jeune tyranisaient Pulchérie, soit les deux soeurs snobaient la cousine. Généralement je transformais une des deux chambres de fille en dortoir, pour éviter les disputes destinées à savoir avec qui Cosette dormirait. L’autre chambre était pompeusement rebaptisée « salle de jeux »…

Les vacances de la Toussaint étaient toujours grandioses, le temps étant rarement souriant à cette période de l’année. Et moi en mère indigne, je ne voyais pas la nécessité de sortir les enfants sous une pluie battante (d’autant qu’il me fallait les accompagner, et même la chienne se refusait parfois à mettre le museau dehors) sous prétexte qu’il faut les aérer tous les jours. Ca jouait dans tous les coins, à nous les parties de 7 familles devant la cheminée crépitante et la confection de crêpes. La « salle de jeux » était jonchée de jouets multiples et Chantal Goya persécutait les oreilles de la chienne et de la chatte qui se réfugiaient dans les pattes l’une de l’autre. Seul le retour d’Albert calmait un peu le jeu après le bain du soir (trouble fête !). Là, elles s’installaient dans l’escalier, Pulchérie coiffant Cosette qui coiffait Delphine qui coiffait la tête à coiffer…

Cosette me faisait fatalement un coup de drame un soir ou un autre, consécutif généralement à une réflexion méritée de son oncle (ça marquait plus que moi qui pourtant ne la ménageait pas). A pâques une belle année, après une belle journée passée à Thoiry, elle nous a fait le coup, assise sur le siège des toilettes (relevée pour la 4ème fois en 15 minutes) d’un « j’en peux plus, c’est plus possible, je veux mon père ma mère et mon petit frèèèèère, ils m’ont mêêême emmenée au zoo, et j’ai mangé des crêêpes ! » (en larmes c’est mieux) (d’où le surnom). Comme les vacances duraient deux semaines, ses parents sont venus la récupérer le vendredi soir pour me la ramener le samedi au lieu du dimanche. Ils avaient craqué face au « je veux mes cousiiiiiines ! » et la mine défaite et boudeuse de leur ainée (très forte également pour l’air pas aimable).

Le dernier jour était un grand jour, l’arrivée des parents de Cosette la précipitant sous un lit (dès fois qu’on ne pense pas à la chercher), ses cousines camouflant la cache. Puis les trois cousines en larmes, dans les bras les unes des autres « on a pas eu le temps de joueeeeeer ! », Cosette précisant « je veux resteeerrrr avec mes cousiiiines ! ». Généralement après son départ un silence de mort régnait dans la maison, les filles allant bouder vainement pour le retour de leur chère copine de jeux.

Je précise que ces pauvres enfants n’avaient effectivement pas eu le temps de jouer du tout. Je leur avait fait récurer la maison du grenier à la cave et les malheureuses n’avaient pu souffler qu’en se couchant le soir (et en chahutant jusqu’à pas d’heure, ce qui me permettait de dormir un peu le matin). La salle de jeux disait le contraire, l’intégralité des jouets jonchant le sol, mais bon. Ouf le lendemain c’était la rentrée, j’allais pouvoir me reposer (après avoir rangé les chambres).

D’un autre côté je le voulais bien aussi…  D’ailleurs, Cosette venait souvent en vacances pour occuper ses cousiiiiines (une autre histoire). Il y a eu aussi cette équipe de fer qui commençait à draguer… Ce n’était pas triste non plus, chacune ayant sa technique, et trois jolies filles ensemble attirant autre chose qu’une mamy en panne d’affection…

Trucs de filles

56715772ATTENTION, planquez vous TOUTES quand elles disent :

  • Je peux te coiffer ? (la réponse est oui, j’adore qu’on me tripote les cheveux), tu vas voir je ne vais pas te rater (effectivement vu le résultat on peut dire qu’elle ne m’a pas ratée, Dracula lui même serait parti en courant et sans besoin d’ail) : en fait on se retrouve avec 4 couettes débiles

  • J’peux m’épiler ? C’est quand que la température de la cire est bonne ? l’épilacire fonctionne plein tube et elle a déjà une brulure 3ème degré

  • C’est vrai que l’huile d’olive c’est bon pour les cheveux ? je peux prendre ton huile de chez fanchon à la truffe ? Non ? Trop tard

  • Comment ça je parle mal ? Précises que je cause pas comme il faut, que j’cause pas beau cé koi ce dikat tu bien koser ?

  • Bouges pas, je vais te mettre de la crème sur les jambes (un pot de Nivéa foutu). Et on ne bouge pas vu que l’autre est en train de ne pas nous rater. On se retrouve avec les jambes grasses à mort ce qui nous rappelle qu’il faudrait que l’on perde un peu de gras

  • Cette chambre manque de décoration (je vais y remédier j’ai trois posters de Titanic et de la colle à papier)

  • Ce papier peint est immonde ! tu es certaine que c’est nous qui l’avons choisi ? On va le recouvrir de posters

  • Ce jaune dans la cuisine c’est immonde, tu n’aimes pas le vert ? On te prépare une surprise pour ton anniversaire

  • Tu crois en la magie blanche ? ELLE y croit

  • Tu peux m’expliquer comment tu as vu la mort de Senna dans les cartes ? Elle va me piquer mon tarot (et elle l’a fait, je ne l’ai jamais retrouvé, et un tarot CA NE SE TOUCHE PAS PAR D’AUTRES, et la mort de SENNA a été mon grand moment de voyance)

  • J’ai un poilt sur le menton c’est normal ? (adieu ma pince à épiler)

  • Je n’ai pas de vagin tu m’as loupée (elle a essayé le tampax au mieux, ou bien son copan et elle… au pire)

  • J’ai fais des plantations, surprise !!!! (ne touche pas c’est un sort magie blanche  pour rencontrer l’amour et tes plantes de bourges peuvent crever)

  • Je t’aime ma petite maman chérie, ma mouth adorée (tu peux venir me chercher chez Marine demain à 4 heures du matin ?)

  • Il va sortir par où le bébé ? (vous expliquez longuement, vous faites lire le livre et Pulchérie se pointe à la maternité, admire la petite soeur, et pose votre main sur votre ventre en posant LA question « ben il est où le bébé ? Echec total d’une éducation réfléchie)

  • Tu n’as pas des jumelles (non, elle piquera celles de son grand père pour admirer le voisin du fond en prétextant s’être éprise des martins pêcheurs)

  • C’est quoi un martin pêcheur ? (elle me prend pour une conne)

  • Tu en as des affaires ! (adieu mes T shirts préférés)

  • Tu te sers de cette poudre ? (non, je l’avais achetée comme collector pour la revendre, mais comme tu l’as ouverte…)

  • Je suis désolée mais… (je vais t’annoncer que j’ai définitivement ruiné le lave linge et l’épilacire ma maman adorée que j’aime tant…)