Les filles dorment dans une chambre (enfin on appelle cela comme ça)

Chambre_en_fouillisEt oui je sais, ce titre est trop long…

Quand elles étaient petites, Pulchérie et Delphine avaient chacune leur chambre. Elles passaient d’ailleurs leur temps à s’installer l’une chez l’autre, passé 20 H 30, discrètement qu’elles croyaient (la charge de la brigade légère sur ma tête tous les soirs). Puis vint l’époque des vaches maigres et un retour chez mes parents, où nous partagions une immense chambre, coupée en deux par deux placards. Leur méthode de rangement s’opposait farouchement à la mienne, encore que je suis loin d’être maniaque (heureusement), et il y eut des frictions, après la nuit où me levant sans bruit, je posais le pied sur une chaussure de barbie renversée (ça fait mal les talons aiguilles !), et une autre fois sur une ceinture dont la pointe me perça carrément le talon (bon elles étaient réveillées malgré mes précautions, mais se percer le talon ça fait très mal (j’en entend qui rigolent… Il en faut pour percer le talon et ça se sent très nettement))

Arriva le moment espéré où j’eus mon chez moi, et les filles emménagèrent dans une grande chambre pour deux (pas les moyens de prendre plus grands, et la même surface avec trois chambres c’était moche). La chambre est vraiment grande et je l’avais joliment arrangée et coupée en deux par l’ameublement (je n’allais pas monter une cloison non plus, Jean Poirotte était contre, il faisait déjà les travaux de papier peint et montage de meubles en kit).

En bonne mère pas encore indigne, je rangeais régulièrement la chambre, n’y rentrant que munie de chaussures de sécurité (punaise dans le talon au début de l’histoire des posters, suivez bon sang !) et d’un casque pour me protéger d’objets tombant du plafond, Delphine adorant accrocher des objets au plafond (qui attend un peintre, maintenant qu’elle a retiré ses voilages de la dernière heure, merci de votre aide).

Je rangeais donc. Tiens des épluchures de Kiwi, tiens une chaussette (on ne trouve jamais la seconde pour faire la paire, c’est pour moi et d’autres femmes un mystère non élucidé : qu’est devenu la deuxième chaussette ?), tiens un slip, tiens un journal intime, tiens ma pince à épiler, tiens une tomate cerise, tiens sa dernière compo de maths (quoi ???? 3/20 ?????), tiens mon coupe ongle…

Le surlendemain tout était à refaire et je désespérais, quand une journaliste psychologue eut l’excellente idée d’écrire un article sur la chambre de l’adolescent. Je la cite en gros « passé un certain âge, délaissez sa chambre même si c’est un fouillis infâme (ça l’est). Si vous ne supportez pas cette vision, contentez vous de fermer la porte. C’est son territoire, il le gère comme il veut, il doit apprendre à le gérer »… Je n’écoute pas toujours ce qui est dit dans les journaux féminins loin s’en faut, mais là elle tombait bien cette psychologue et je ne demandais qu’à la croire.

Bénissant cette femme, j’appris donc aux deux filles que je ne mettrais plus les pieds dans leur chambre (youpee !) sauf pour récupérer ma pince à épiler (beeerk). Elles s’enguirlandèrent donc joyeusement, n’ayant pas du tout la même manière d’envisager la chambre de rêve. Pour Pulchérie c’était tout bien rangé, pour Delphine rien de rangé et « vive l’anarchie ! ». Pulchérie détermina donc une ligne idéale coupant la chambre en deux, et aucune épluchure de kiwi n’était autorisée à dépasser cette ligne.

D’où le choc en entrant dans la chambre (devinez pour quoi faire ?) avec deux chambres en une (même le plafond était coupé en deux). Le placard c’était idem : une étagère bonne pour l’armée la plus stricte du dictateur le plus infâme, l’autre en désordre avec le chat couché dessus, bien emmitouflé dans un pull douillet (et en vrac).

Une fois par mois elles décidaient de tout ranger et y passaient une journée, me laissant 2 sacs poubelles à descendre aux ordures (deux ? oui !) et le panier de linge sale débordant. En fait les crises de rangement débutaient par un « je n’ai plus rien à me mettre, que fait Mouth avec ses lessives ? tout est par terre dans la chambre faut qu’on range un peu ». J’avais en plus 4 machines à faire au minimum, ayant en bonne mère indigne décidé de ne pas laver ce qui n’était pas dûment mis dans le panier de linge sale.

Pulchérie partie, Delphine s’occupat de la chambre seule. Une fois par mois elle en changeait toute la disposition, et rangeait à fond, ce qui lui donnait des courbatures pour 4 jours. Le lit eut 27 places, dont une au milieu de la chambre, le dit lit transformé en canapé (relever un sommier pour faire dossier ne lui posant aucun problème, le tout étant de le fixer mais elle était d’une ingéniosité diabolique (j’en ai déjà parlé)).

Maintenant que Delphine est partie, j’aimerais beaucoup faire de cette chambre une chambre d’amis, où elles pourraient dormir lors de leurs visites… Manque de bol il y a tous leurs cours qu’elles ne peuvent se résoudre à jeter après tri (elles peuvent garder leurs rédactions qui nous font toujours mourir de rire), un canapé rescapé du premier appart de Delphine, 3 coffres pleins à craquer, et tout un tas de bardas qu’un de ces jours je m’en vas descendre aux poubelles, ou brocanter.

Et depuis le temps que je le dis, un beau jour je vais le faire !!!!

PS : C’est fait : Delphine et Pulchérie ont pris le taureau par les cornes et c’est une vraie chambre ! (sauf pour le papier et les peintures, et que du coup j’y mets mon propre bordel) SNIF car ce n’est plus la chambre « des filles« . (Jamais contente !)

La vie n’est qu’une gigantesque pitrerie (je vous ai bien eus sur ce coup là !)

Comment aimer les bandes d’ados…

Fille_et_bricolageJ’ai loupé cela avec les filles, et je l’ai regretté longtemps. Car j’ai connu au moins trois mères vachement fortiches pour faire trimer leur marmaille. Je ne sais pas comment elles faisaient, mais le fait était là.

Moi je n’avais pas le truc. Sinon vous pensez bien que j’aurais fait refaire papiers, peintures, moquettes, etc, en ayant juste à acheter le nécessaire et en montrant comment procéder.

Déjà, les faire participer aux bêtes tâches ménagères me pompait mon énergie, alors pour le reste… Jugez plutôt…

En premier lieu ces trois femmes étaient migraineuses de nature. Pas la vraie migraine. Le mal de tête qui permet de vivre, mais allongée sur le canapé sans trop de bruit autour sauf celui de la TV. Celle qui nécessite que les enfants restent à proximité pour apporter le verre d’eau, le paquet de gâteaux. Cela m’a toujours scotchée le « je ne peux pas sortir, maman a mal à la tête, il faut qu’on reste ». J’ai fait deux migraines dans ma vie : couchée dans le noir, et foutez moi tous la paix en me laissant mourir tranquille.

Donc un bon coup de migraine qui ne les empêchait pas de faire une liste pour les deux ou trois adolescentes. Du genre :

  • Faire la salle de bain à fond avant de la repeindre, les pots sont dans la salle de bain
  • Faire la cuisine à fond avant d’y mettre un coup de peinture, les pots sont dans la remise et les pinceaux également
  • Lessiver les toilettes et y mettre un coup de peinture, gnagnagna
  • Passer l’escalier au papier de verre et vernir une marche sur deux deux jours de suite, faut tout de même pouvoir monter se coucher
  • Repeindre les étagères de l’entrée en mauve
  • Tondre la pelouse
  • Ranger la remise

Ca, ça occupe les vacances à l’époque de Pâques, ou je ne m’y connais pas.

Mais les mères indignes avaient bien raison. Les filles, résignées (ça existe), obtempéraient sans moufter, ça laisse rêveuse. Je pense que si j’avais accroché une liste dans le même genre, j’aurais retrouvé Pulchérie et Delphine réfugiées chez leurs grands parents avec un quart de pomme et un croûton de pain (faut suivre).

C’est là que « la bande de jeunes » entre en scène. La mère n’a plus mal à la tête pour signifier à la bande qui vient chercher ses filles « pour sortir » officiellement, « pour traîner un coup » officieusement, que non, Maria, Mélusine et Stéphanie ne peuvent pas sortir tant qu’elles n’auront pas terminé de peindre la salle de bain.

Et là, qu’est-ce qu’elle fait la bande de jeune, à elle toute seule ? Elle ne va pas se fendre la gueule. Les garçons retroussent leurs manches : à eux 6 ils vont torcher la salle de bain correctement en deux temps et trois mouvements. Donc les filles peuvent sortir. Aujourd’hui tout au moins.

Ils se farciront tout le reste, en piétinant parce qu’il n’y a qu’une tondeuse.

Les grandes vacances étaient l’occasion d’avoir mal à la tête tous les jours, parce que la chaleur c’est pervers, mais également et c’est un must, de faire entièrement refaire la maison du grenier à la cave.

Moi je dis « chapeau ». Si quelqu’un réussit cet exploit de nos jours, mais les migraineux tyranniques doivent bien toujours exister, qu’il me donne son truc, même s’il est trop tard pour moi…

Car la vie n’est qu’un long calvaire…

Les filles en visite : Delphine

Filles_en_visite

Les filles ayant quitté le domicile maternel, chacune pour une chambre de bonne à Paris, restaient désormais les visites (elles me reprochaient d’ailleurs mon manque de visites à moi, mais Paris n’est qu’une jungle, j’ai la phobie des transports en commun et j’étouffais dans une chambre de bonne : je suis une mère indigne).

Maintenant il y a belle lurette qu’elles n’ont plus de chambre de bonne…

Plusieurs types de visites étaient à décliner :

La visite programmée, j’étais dûment prévenue 8 jours à l’avance… (je cherche quand c’est arrivé… Ah oui c’était pour l’anniversaire de Delphine…). Impec, rien à redire, j’avais même fait son dîner préféré.

Delphine me téléphone au boulot le vendredi soir « je peux venir demain ? je resterai jusqu’à dimanche ». Coup de bol je n’ai rien de prévu, sinon reste à planquer l’amant sous le lit (ma mère un amant !!!!). Je dis OK. En rentrant du boulot j’achète de quoi la nourrir convenablement, prévoyant même le cas où elle ne repartirait que le lundi matin.

Le samedi quand je n’ai rien de prévu j’ai une sale tendance à zoner à mort tout en rangeant un peu, dans une tenue que je ne vous décrirai pas sous peine de vous voir quitter illico ce blog. Coup de fil à 15 heures « maman, j’arrive à la gare hyper chargée, est-ce que tu peux venir me chercher en voiture, j’arrive dans 3 minutes ? (la gare est à 5 minutes à pied). Bien obligée de dire oui. Me voilà donc enfilant un pantalon correct, un pull correct, des chaussures sans rien (c’est l’hiver) et de me précipiter à la gare avec ma vieille caisse (je persiste et je signe).

Que vois-je sortir de la gare ? Un énorme sac, monstrueux et, tenant le sac dans ses bras comme un très très très gros bébé, ma fille que je reconnais à ses chaussures et un oeil qui dépasse. Elle monte dans la voiture avec son sac : pas besoin de boucler la ceinture, elle a l’air bag.

Bisous maman, « j’ai apporté quelques lessives à faire » (utile précision). Sitôt arrivée à la maison, recherche du chat qui est toujours ravi de la voir après avoir flanqué par terre dans l’entrée : l’air bag + 3 petits sacs qu’elle portait en bandoulière. Direction la cuisine, où elle ouvre avec violence le lave linge et commence à y entasser le linge foncé. La machine se remplit doucement. Coup de téléphone, elle cherche son portable partout, parlotte avec je ne sais qui, raccroche. « Maman je peux aller voir tonton et tatie ? » (ma soeur habitait à 100 mètres, le coup de fil c’était elle).

A peine a-t-elle raccroché, qu’elle est déjà dans l’escalier. La machine à laver fait « couac » : elle l’a trop chargée et la sécurité s’est mise en route. A moi de récupérer la moitié du linge et de remettre le cycle en route. Puis le cycle achevé, je remets à laver l’autre moitié de linge en étendant la première. Vu la quantité à laver, il ne faut pas perdre de temps.

Troisième lessive à mettre en route. Les radiateurs sont déjà saturés, je cherche un deuxième tancarville pour étendre les lessives futures. Coup de fil à 19 H « dis ma metite mamaannnn, je peux rester dîner chez tonton et tatie ? » « mais oui ma chérie, amuse toi bien ».

Hop une pizza au congélateur : celle prévue pour le samedi soir. Quand je vais me coucher aux alentours de minuit, il y a du linge qui sèche partout. J’ai passé mon temps à détendre le déjà sec (chez moi l’hiver il fait chaud et les radiateurs sont bouillants) pour étendre le toujours trop mouillé, tout en remettant une lessive en route. L’ambiance est moite : on se croirait sous les tropiques.

Le dimanche je reprends le cycle des lessives infernales, je plie le linge sec, je fais un gros tas, décoratif sur ma table de salle à manger. Réveil de la petite vers 14 H 30 : elle s’est couchée à 4 heures du matin, ayant fait la folle avec ma soeur et mon beau frère. Elle s’installe dans la salle de bain, se fait couler un bain, et va se faire successivement les 35 masques que je possède, moi assise dans le couloir pour parlotter avec elle. Vers 17 heures, j’ai mal aux fesses, une créature divine (mais en caleçon) débarque dans le salon. Il y a toujours du linge partout « merci ma petite mouth ». On va pouvoir continuer à parlotter un peu. D’ailleurs finalement elle ne repart que lundi (gagné !).

Manque de bol, le dimanche soir je suis toujours hantée par l’idée de commencer ma semaine en étant crevée dès le lundi matin. Je me couche donc assez tôt avec un livre humoristique et un demi comprimé de somnifère. Il faut ce qu’il faut, pas ma faute si je n’ai plus 20 ans, et puis comme je me suis levée à midi, impossible de dormir sans un coup de pouce. Delphine squatte l’ordinateur dès que je suis partie me coucher et les cliquetis du clavier m’empêchent de me concentrer. Puis c’est son téléphone qui sonne, puis c’est la télé qu’elle allume toujours un peu fort. A minuit je me lève pour lui demander de faire moins de bruit, ceci pour le 3ème fois.

Le lendemain matin, je m’efforce de faire le moins de bruit possible, vu qu’elle s’est installée avec couette et tout le barda, dans le salon (vu les DVD répandus, elle a dû regarder la TV tard).

Le soir quand je rentre j’ai une inquiétude : Delphine a été enlevée ! Sûr et certain qu’elle n’a pu quitter l’appartement que sous la menace d’un commando terroriste. Il y en a partout (du linge qui ne devait pas être sec qu’elle reprendra la prochaine fois). La salle de bain ressemble à une piscine et tout est resté en vrac sur le canapé. Je l’appelle mais non ça va, elle est juste partie un peu vite, mais pas sous la menace, ce qui ne l’a pas empêché d’oublier un truc important genre chargeur de portable. Au passage d’ailleurs elle a échangé l’air bag pour ma petite valise noire beaucoup plus pratique et à roulettes qu’elle oubliera de me ramener 3 fois. A moi de faire l’Egypte avec l’air bag.

J’ai comme une vague idée de ce que doit être le passage d’un cyclone…

La vie n’est qu’un long calvaire…

Le restau sur les champs… (2)

Nous n’avions particulièrement pas prévu que Pulchérie, munie de son CD de Ace of Base et ayant digéré sa glace, n’avait qu’une hâte : rentrer. Exit le restaurant, notre vrai plaisir du jour avec ma mère. Elle s’en foutait complètement du restaurant. Delphine moins, qui n’avait pas décidé de faire limite anorexique.

Elle a commencé (Pulchérie bien sûr) à chipoter devant les menus que nous contemplions avec toujours l’idée d’aller chez Lééééonnn. Là elle a carrément crisé car :

  • Ces salauds cuisinent le lapin avec de la bièèèèère

  • J’aime paaaaaas les moules

  • Et j’aime paaaaaaas les frites

  • Le reste Beuuuuurk… Etc…

Elle nous a fait un caca nerveux sur le trottoir. Tentation de la baffe à lui dévisser la tête, mais devant le public qu’il peut y avoir sur les Champs, ça la fout mal (de quoi se mêlent les autres, je vous le demande, une claque n’a jamais tué personne). Elle le sentait parfaitement et en a rajouté une couche pour nous trouver LE restaurant idéal (pour elle)…

Nous y sommes rentrées non convaincues. Un restau sur les Champs qui n’a pas un péquin à table à 19 H 30, c’est forcément louche. Nous ignorions débuter une grande aventure culinaire et que les aventuriers n’ont que ce qu’ils méritent : des merdes en général et seulement, parfois la gloire (je vous rappelle que Christophe Colomb cherchait les Indes et ne les a pas trouvées, et que du coup on ne lui a accordé que la Colombie, ce qui est consternavrant). (Comme toujours je m’égare)

Une superbe blonde à l’entrée, trônant derrière son téléphone et sa caisse, nous a demandé si nous venions dîner. Bonne question vu l’heure. Elle faisait très distinguée, jusqu’à ce que nous l’entendions décrocher son téléphone.

  • Ouais, l’Elysée Marrant j’écoute

  • Ouais, c’est pour dîner ?

  • OK je note, s’lut ! M’ouais, c’est noté.

Dommage, je ne peux pas vous retransmettre le ton. Sachez toutefois qu’Arletty avec son atmosphère, à côté d’elle, faisait très distinguée…

Nous commandons, Pulchérie ayant l’ordre de se décider rapidement vu qu’elle nous a entraînées dans un piège. Ma mère et moi commençons à nous demander pourquoi on ne lui a pas flanqué une baffe à lui dévisser la tête devant tout le monde, pour aller chez Lééééonnnn ! (Pulchérie on va chez Léon, c’est comme ça et pas autrement, ah mais !)

  • Première arrivée de plat : premier loupé, ce n’est pas ce que Mrs Bibelot a commandé. Le serveur l’air aigre, vérifie et confirme : ils se sont trompés de table (quelle autre table a du monde ?). Elle ne veut pas manger son plat quand même (aucune excuse) ? Non ? Quelle emmerdeuse (il l’a pensé tellement fort qu’on l’a entendu)

  • Arrive mon plat alors que les filles ont pris le menu enfant (je vous rappelle qu’elles détestaient le steack haché et les frites, et ont donc pris jambon grillé/purée c’est top à payer au restaurant). Moi j’ai pris des coquilles Saint Jacques. J’adore, normalement. Mais là, elles baignent dans une sorte de gelée suspecte. Pendant que Mrs Bibelot attend sa langue sauce piquante en lieu et place de la cervelle aux épinards précédemment apportée, nous testons mon plat. Elle trouve : c’est du riz qui a cuit dans la sauce et pris cette consistance gélatineuse. Ma mère est le Dr House de la cuisine.

  • Aimable, comme toujours, mais toujours prête à déraper dans le style emmerdeuse qui tue, j’appelle le serveur qui me confirme : c’est bien du riz qui, au lieu d’être présenté à part, est cuit directement dans la sauce avec le reste. Il me précise fièrement « c’est une spécialité du chef »

  • Et moi toujours aimable, je lui rétorque « et bien le chef ferait bien de changer de spécialité » (je sais que les filles s’en souviennent…).

  • J’ai commandé des coquilles St Jacques, j’ai eu des coquilles St Jaques, de quoi puis-je me plaindre ? On se le demande car :
  • Mrs Bibelot renonce à faire changer les rognons apportés en lieu et place de sa langue sauce piquante (ça tombe bien, elle aime les rognons) depuis le temps qu’elle attend. Mais on ne va pas faire tous les plats non plus…

  • Delphine pas du tout difficile, renâcle devant son jambon grillé/purée, ce qui est un comble car c’est son plat préféré. Pulchérie la boucle. On en profite, c’est tellement rare. Elle doit sentir venir le coup de Sirroccccco qui l’attend dans la voiture… Du coup elle avale le jambon et la purée et se dévoue pour terminer celui de sa soeur (quelle abnégation !)

  • Pour le dessert, elles n’ont plus faim. Elles veulent bien une glace, mais alors une boule seulement alors que 3 sont prévues par coupe. Je demande si l’on peut servir une boule à chacune et compter juste un dessert. On me répond sèchement « ouiiiiiii »

  • Mrs Bibelot et moi ne prenons rien, non merci, j’ai le riz gélatineux qui me plombe l’estomac et elle, commence à se débattre avec ses rognons. Il y a des luttes de ce genre qui peuvent perdurer plusieurs jours. Le garçon insiste, du coup nos précisions ne le satisfont pas.

  • La jolie blonde répond toujours au téléphone, de plus en plus mal aimable et de plus en plus mal embouchée. Le restaurant est complet, elle ne peut prendre personne (????)

  • L’addition arrive. Moment historique. J’arrive à faire rayer pour Mrs Bibelot « langue sauce piquante + rognons » et je rouspète pour les desserts. Pour chaque fille on a compté un dessert complet (donc 6 boules au lieu de 2). On m’a rajouté des cafés non bus (car jamais commandés) et pour moi un supplément pour le riz.

  • J’arrive à faire descendre l’addition en menaçant de faire un scandale. Delphine est toute pâle (pas de scandale, pas de scandale… petite mère)

  • De guerre lasse, je paye, et nous quittons cet endroit maudit où nous avons si mal mangé, pour si cher.

  • Et Pulchérie se prend le coup de Sirrrroccco dans la voiture.

  • Son grand père nous demandera le lendemain pourquoi nous ne lui avons pas flanqué une claque à lui dévisser la tête avant de rentrer chez Léééonnnnn (2 fois moins cher en prenant la totale et nous savons que nous nous serions régalée, enfin moi la fois où je suis allée chez Léon, je me suis régalée)

Bonne question…

On ne flanque pas une claque à une emmerdeuse sur les champs Elysées…

Car la vie n’est qu’un long calvaire…

Le restau sur les champs… (1)

Un beau jour de décembre, avec Mrs Bibelot, nous avons décidé d’aller « traîner » à Paris, avec les filles.

Au mot « traîner » qu’il s’agisse de moi ou de ma plus jeune soeur, ou pire, d’un trio infernal, Jean-Poirotte demandait avec philosophie à sa femme de lui acheter des tripes pour son déjeuner et/ou son dîner. Ne sait quand  reviendra, ne peut à sa tour monter, et il fallait qu’il se sustente le pauvre… (comme il adorait les tripes il se les réservait pour quand sa femme n’était pas là, car elle, bof…) (tout le monde s’en fout, j’adore écrire ce genre de trucs !)

Les filles étaient encore petites, en CM2 et CE1 et étaient ravies de cette ballade à Paris.

Le programme était plutôt sympa : voir les illumination de Noël sur les Champs, aller prendre une glace chez Haaaagen Dazzzz, faire une visite chez Virginnnnne et Séfffora, et dîner sur place dans un bon restaurant.

Nous voici donc parties. Les filles ne pensaient qu’à une chose : la glace, ou les glaces chez le renommé marchand, et éventuellement Virginnnne dès fois que je leur achète une cassette ou un CD.

Pour contempler les illuminations, il fallait attendre la nuit, donc nous avons fait Séfffora avec Mrs Bibelot (« berk » des filles, surtout de Pulchérie qui avait juré craché alors que je l’enregistrais qu’elle ne se maquillerait, épilerait, etc, jamais…). Devant leur hâte et leur hyper-salivation évidente, nous nous sommes rendues chez le marchand de glaces pour leur offrir le goûter qui, nous l’espérions, marque un enfant, en buvant nous, un thé (Mrs Bibelot et moi n’etions pas fans des glaces, oui ça existe, comme moi qui ne suis plus fan de chocolats…). Après, Virginnnne où je me suis faite escroquer d’un CD de « Ace of Base », enfin la nuit, et du temps pour contempler les illuminations.

Et Mrs Bibelot et moi, non rassasiées par un thé au lait, même avec 2 toasts, de chercher un restaurant. Sur les Champs, ça ne manque pas, et nous avions prévu d’aller chez Lééééon de Bruuuuxelles que nous n’avions jamais testé.

Nous n’avions pas tout prévu, fort hélas…

Les filles en promenade

Promenade_200396161_001Quand on habite à la campagne, forcément la forêt est un endroit que l’on va visiter souvent, via la promenade.

Les chiens à sortir, les enfants à aérer, et se détendre un peu, voilà le but de la promenade. A certaines périodes on ramasse des mûres, des champignons, des chataîgnes. Bref, tout le monde est content, sauf les enfants au départ, pour qui la promenade en forêt est une corvée (avant la promenade, après c’est la complainte « pourquoi on est rentrééééées »).

La promenade en forêt c’est pourtant chouette. Il y a l’arbre abattu sur le tronc duquel on marche en s’imaginant être un grand aventurier (maman tenant tout de même la main). Il y a la cabane à construire en mettant pile poil la main sur un nid de fourmis rouges pour récupérer de la mousse destinée à garnir le toît. De zolis marrons à ramasser à la pelle pour qu’ils se déssèchent sur une commode où ils avaient été posés pour faire beau. Il y a une vieille grotte où l’on joue à l’homme préhistorique, et le parcours du combattant où l’on s’imagine être un super grand aventurier (avec maman derrière, c’est bon, on peut y aller). Il y a les mûres avec lesquelles on fait une super tarte en rentrant, voire même des confitures, et qui n’a jamais vu mes filles racler une vieille bassine à confiture, noires de partout et rigolant, ne sait pas ce que c’est que d’être bêtement heureux. Il y a les chataignes que l’on fait griller, les champignons à éplucher, bref, que du bonheur.

Il y a aussi des bestioles et là les choses se gâtent. C’est Pulchérie ramassant du muguet (y’en a de trop j’aime bien chercher – y’en a pas assez j’aime pas chercher), découvrant une petite araignée se faufilant entre les feuilles de muguet et se mettant à sautiller en criant au secours « Au secours, à moi ! Papy au secours !, y’a des araignées ! » (Papy n’étant pas venu, pas si fou…). Dans la mesure où nous étions bien loin du chemin, elle a sautillé comme ça pendant un quart d’heure, horrifiée de la précision : on peut compter 1 million d’araignées à l’hectare (+ 1 tonne de vers de terre).

Il y a les limaces (c’est rigolo), les bousiers (berk, qu’est-ce qu’ils font maman ?), parfois un lapin, mais jamais, jamais de grands animaux. J’en voyais quand j’allais me promener toute seule et elles le savaient pertinemment. « Pourquoi on n’en voit jamais nous des cerfs et des biches, et des chevreuils, et des sangliers ? ».

Vu le bruit qu’elles faisaient dans la forêt leur seul espoir était la vieille bête sourde et quasi aveugle, rhumatisante qui plus est pour ne pas pouvoir se carapater en les percevant aux vibrations…

Il est à noter, et c’est important, que malgré 10 000 hectares de forêt aux alentours, il y aura fatalement un moment où les enfants viendront vous marcher sur les pieds…

Car la vie n’est qu’un long calvaire…

Le super retour de Crête…

BalaisJ’ai déjà évoqué les retours de voyage… Le retour de Crête fut épique naturellement. Il ne pouvait pas en être autrement, nous traversions une période de chance intense

Après 3 jours de calme que je savoure un maximum,  assez bien remise (vous allez voir à quel point) car rassurée sur le sort de Pulchérie et pouvant dormir enfin, départ le 4ème jour. Mrs Bibelot a pris RV avec un chirurgien orthopédiste pour le 5ème jour (il était précisé que ce n’était pas à 24 heures près), dans la mesure où nous devions atterir à Roissy vers 18 H…

Tout a été prévu par Europe Assistance, la compagnie aérienne a été prévenue qu’il y avait une blessée mutilée à prévoir (et donc 3 sièges pour elle toute seule parce qu’elle devait avoir la jambe toujours à l’équerre, la chaise roulante que je dus louer comportait d’ailleurs une gouttière pour qu’elle ait toujours la jambe en l’air (déjà que la tête ce n’était pas ça…). A l’arrivé re-chaise roulante avec gouttière et un ambulancier me ramenant à la maison (enfin chez mes parents chez qui je vivais, mais à la maison…). Tout bien prévu donc…

Voyage en car correct, Pulchérie se prélassant en prenant toute la place sur les sièges arrières avec sa jambe à l’équerre et sa résine avec laquelle elle peut assommer n’importe qui, en rigolant avec son copain Nicolas et sa soeur qui reste crispée (elle le resta longtemps, cet accident l’avait réellement traumatisée et j’ai sû après qu’elle avait essayé elle aussi de tout faire pour dégager sa soeur, et cru mourir de l’entendre hurler comme ça quand l’ascenseur est reparti vers la descente et de voir du sang partout…). Arrivée à l’aéroport : prise en charge immédiate : on m’attend avec une chaise roulante avec gouttière pour Pulchérie, on me fait passer devant tout le monde pour enregistrer nos 3 valises (ben voui…) et nous montons dans l’avion les premières, Pulchérie dans les bras d’un steward très beau gosse qui l’installe sur les sièges qui lui sont réservés. Sa soeur et moi sommes derrière elle.

L’avion se remplit. A l’époque il y avait encore une zone fumeurs et je suis donc allée retrouver régulièrement mes amis du club à l’arrière (mère indigne !).

Consignes de sécurité habituelles et où sont les gilets de sauvetage. Dans un silence relatif (tout le monde pense vaguement à ce qu’il peut se passer dans un avion, surtout s’il tombe) s’élève la voix cruellement forte de Pulchérie : « ah mais si l’avion tombe dans l’eau c’est pas possible, je n’ai pas le droit de mouiller ma résine… ». Silence de mort quelques secondes. Je lui signale que ce n’est pas le problème à cette emmerdeuse et désobéïssante en plus « ah mais je ne me suis pas fait greffer le pied pour tomber avec un avion dans l’eau ! » Re-silence de mort… Il y a la poisse à bord. Non une méchante pesteuse tout simplement (pardonne moi ma chérie, mais là je l’ai vraiment pensé…)

Tout se passe bien (l’avion ne tombe pas dans l’eau), sauf que dans l’avion nous faisons connaissance avec les gens de l’autre club (celui que je n’avais pas pris à cause du parachute qu’il n’offrait pas) qui eux sont ra-vis… Ils ont mangé des grillades tous les soirs et midi, crétois à mort, des langoustes à plusieurs reprises, le club enfant était super, les activités aussi, et les excursions aux prix indiqués. Il y avait un ascenseur certes, mais à 2 pas d’Héraklion… Les lettres sont en place dans toutes les têtes de mon club. Nous, nous avons passé des vacances plutôt merdiques (même sans l’accident de Pulchérie) et « les autres » en tombent par terre d’entendre ce que nous avons mangé, et tout ce qui n’allait pas (et dieu sait tout ce qui n’allait pas !).

Atterrissage à 18 H :

  • 18 H : Madame on vous garde dans l’avion, nous avons commandé une chaise roulante pour la sale gosse et désobéïssante en plus petite mais elle n’est pas là (la chaise)

  • 18 H 30 : Madame désirez-vous une petite collation pour vous et vos filles dont une emmerdeuse de première ? la chaise roulante tarde (Delphine veut bien de la collation et nous aussi du coup)

  • 19 H : on annonce la chaise roulante pour la reine des emmerdeuses la malheureuse greffée du pied

  • 19 H 15 : voici la chaise roulante

  • 19 H 30 : nous arrivons avec l’homme de peine qui pousse la chieuse Pulchérie qui doit faire à tout casser à cette époque 20 kg (elle faisait limite anorexique en plus !), à l’endroit ad hoc pour récupérer nos valises

  • 19 H 35 : inutile d’attendre, plus de valises sur le tapis roulant qui devrait donc arrêter de rouler. La faute à qui ? Je ne vous le demande pas : la faute à une cascadeuse dans les ascnseurs.

  • 19 H 45 : voici l’endroit où je vais pouvoir récupérer mes valises en théorie, quand l’emmerdeuse de première Pulchérie aura fait pipi grâce à toute une gymnastique dans les toilettes avec l’aide de Delphine et de maman dont la sciatique se précise parce qu’il faut lui tenir la jambe en l’air (déjà que la tête, bis repetita…)

  • 20 H : les voici (les valises) (« maman j’ai faim » (Delphine, dite « bouffe tout » par l’emmerdeuse de première et mal embouchée en plus sa soeur aînée qui ferait bien de se faire oublier, (jambe en l’air ou pas))

  • 20 H 05 : pas d’ambulancier comme prévu, il est reparti (maman j’ai toujours faim, et c’est un scancale qu’un ambulancier ait abandonné de pauvres petits enfants (bouffe tout désobéïssante également et l’emmerdeuse de première à qui je m’en vas bientôt, si elle continue, flanquer une claque, pied ou pas…)

  • 20 H 15 : madame, j’ai réussi à joindre l’ambulancier, il revient (maman j’ai encore faim !) (Non politiquement correct)

  • 20 H 45 : l’ambulancier arrive. Marre d’attendre me précise-t-il (moi pas, j’adore attendre…). Il a pensé qu’il y avait eu un loupé. « J’avais terminé ma journée, mais je suis revenu quand on m’a dit que c’était une jeune femme et moi qui suis dans un état ! avec deux jeunes enfants bien entendu innocents » (merci Monsieur) (et Delphine a toujours faim et lui, rien à lui donner à manger)

  • 22 H 15 : arrivée chez mes parents, Chloée (la chienne, pour ceux qui n’auraient pas suivi)  nous ayant senties arriver attendant ses petites soeurs et surtout sa maman, et ma maman à moi qui commençait à s’inquiéter (pas de portable à l’époque) sur le balcon (Jean Poirotte ne trouvant pas obligatoire d’attendre sur le balcon, plutôt que devant la TV, avachi répandu avec grâce dans son canapé).

  • « Mamie j’ai faim » (les deux !)

  • « Papy a fait sauter plein de crèpes mes chéries. Il va vous les faire manger, et après, au lit et maman me racontera tout… »

  • 23 H Coucher final des chieuses trésors » Bisous maman, on t’aime tu sais » (les zamouuuurs) « t’es la meilleure super des mamans !!!! et mamie la super meilleure des mamies, et papy le super meilleur aussi » (petits trésoooors à moi) (je sais : … c’est ça les gosses…)

Comme vous avez pu le constater, maman avait beaucoup à raconter, mais la sienne aussi (Mrs Bibelot).

  • Elle apprend l’accident via Jean Poirotte qui a reçu l’appel capital et piétine en attendant qu’elle rentre de ses sacro-saintes courses du jour (Mrs Bibelot est perverse, elle adooooore aller visiter ses commerçants chaque jour que dieu fait, elle adooore faire les courses).

  • Elle contacte ma première belle soeur qui travaille dans l’import/export et se charge, de son boulot de faire sauter tous les standards pour avoir Europe Assistance qui ne sait pas, après 32 appels, combien de temps d’hospitalisation est prévu

  • Elle ne peut pas me laisser toute seule comme ça (très réel) en Crête, elle arrive (ma mère. Ca me rassure réellement).

  • Elle se renseigne (via ma première belle soeur toujours mobilisée, france télécommm aurait pu griller sur cette histoire là) trouve même un hôtel proche de l’hôpital où séjourner avec moi et Delphine que bien entendu Mrs Bibelot ira récupérer au club. Que ce soit écrit partout en grec ne la dérange pas : elle a fait grec ancien, mais il paraît qu’on s’y retrouve en grec moderne… (confirmé par une copine de « philo » qu’elle a appelée)

  • Mrs Bibelot décide de partir en se demandant si elle pourra faire un tour au musée d’Héraklion pour le moins, quand elle apprend que Pulchérie quitte l’hôpital (même sans portables, nous arrivions à communiquer juste à temps, via Nicky et mon ex-belle soeur assiégeant tous les n° de téléphone possibles et utiles).

  • Elle cherche un chirurgien qui pourra prendre en charge Pulchérie dès son arrivée… Elle trouve, après 12 coups de fil au cours desquels je lis la lettre écrite en anglais pour que l’on transmette bien au chirurgien ce qu’il se passe… (finalement le poseur de résine a bien fait de se faire attendre pendant 3 heures…)

  • Elle s’est fait un sang d’encre… Limite pire que moi… Je sens d’ailleurs qu’elle m’en veut de tous ces tourments…

PS : quand je le dis que la vie n’est qu’un long calvaire…
PPS : ce sont les pires, mais il y a d’autres vacances…
PPPS : il y a la suite : le pied de Pulchérie jusqu’à la guérison..

Z’avez rien signé, mais c’est pour en chier, la vie n’étant qu’un long calvaire…

Les supers vacances en Crête (part 3)

Les_supers_vacances_en_cr_teLa journée passe après l’opération et la première nuit déjà bien entamée quand j’ai retrouvé ma fille  (77200 heures, j’ai tout bien compté).

Un animateur du club est venu apporter des livres à Pulchérie et le bisou de tout le monde le premier matin (envoyé par le chef de club : pouvait pas se déplacer lui-même ?). Je lui donne le numéro de téléphone de mes parents afin que Colette (la maman du petit garçon copain) les prévienne. Je ne sais pas pour combien de temps je suis coincée là avec juste mon sac à main et un peigne + une brosse à cheveux. Il repart m’acheter de quoi me sustenter un peu car je n’ai pas eu de petit déjeuner et pas voulu ôter le pain de la bouche de l’opérée.

Pas de soins particuliers pour Pulchérie, je suis surprise. Elle a un pansement curieux sur la cuisse gauche mais nous n’osons pas le soulever pour regarder de quoi il s’agit. Sauf changement de perf, et je vois bien qu’elle a des antibiotiques (même écrit en grec, avec la traduction anglaise ça se repère à 2 km) j’ai l’impression de ne voir personne (donnez moi un médecin qui m’explique tout) depuis tout ce temps. Et toujours, je me ronge en me demandant « pourquoi un plâtre ? » sur une blessure ouverte comme elle l’avait…

Deuxième nuit. Pulchérie qui n’est plus sous l’effet de l’anesthésie générale n’arrête pas de pleurer « mais pourquoi j’ai fait ça ». Ca ? Parce qu’il fallait que je sache, donc elle a avoué… LES AMES SENSIBLES PASSEZ LES PROCHAINS PARAGRAPHES !

Elles ont pris l’ascenseur pour descendre (Delphine encouragée par sa soeur car n’aimant pas désobéir à maman), et l’ont pris pour remonter me retrouver pile poil au bon moment, vu que je terminais de me démêler, quand Pulchérie s’est aperçue qu’elle avait oublié je ne sais quoi en bas. Et là elle a fait ce qu’elle avait vu ses grand-parents faire dans leur ascenseur quand elle était toute petite : déclencher du pied la sécurité pour le bloquer et repartir en sens inverse. Sauf qu’il n’y avait pas de sécurité. Son pied s’est coincé entre le sol de la cabine et la parois défilante jusqu’à l’arrivée alors qu’elle commençait à hurler.

Et là, un imbécile en bas, entendant hurler à appelé l’ascenseur pour « savoir ce qu’il se passait » (dixit le crétin doublé d’une andouille (un belge, désolée pour mes lecteurs belges fidèles, il y a des crétins dans tous les pays)) qui avouera son forfait plus tard  en toute innocence car je devais avoir l’air vachement aimable en l’écoutant, au risque donc que je le trucide avec un pied de parasol (non mais vous entendez hurler dans un ascenseur, vous l’appelez ou vous montez à pied voir ce qu’il se passe en bloquant tout ?)).

Les deux soeurs n’avaient pas pensé à ouvrir la porte pour arrêter le trafic, pendant que Pulchérie essayait de se dégager en espérant que je n’en saurais rien, ce qui fait qu’elle a fait la redescente (l’ascenseur appelé du bas), ensanglantant toutes les portes au passage en s’arrachant le dessus du pied… JE VOUS AVAIS PREVENUS !

Nuit d’enfer, je n’en peux plus, j’ai l’impression d’être là depuis des siècles. J’essaye de me coucher à côté de Pulchérie qui rouspète, alors que les grands-mères présentes ont leur super fauteuil de jardin dans lesquels elles ronflent en plus, pour me narguer… Et le lendemain matin, arrivée vers 11 heures d’un fort bel homme (et moi qui suis dans un état… Je me suis lavée comme j’ai pu dans les toilettes, mais bon, j’ai la mine que l’on imagine après deux nuits quasi blanches, et les cheveux comme pas possible (j’ai oublié ma barette salvatrice)…)

  • « Bonjour madame ! » (aucun accent)

  • « Bonjour ! Dieu soit loué : vous parlez français ! » (j’en pleure)

  • « Oui madame, j’ai fait toutes mes études en France, quel beau pays… Calmez-vous, tout va bien » (ah bon ?) (toujours aucun accent)

J’ai préparé mon laïus (mensonge 100 % digne de Mrs Bibelot) pour sortir de là et rentrer en France : je suis secrétaire médicale à l’hôpital truc, du chirurgien machin, je reprends le travail dans trois jours (non finalement deux), ma fille serait très bien dans mon service, etc… Inutile. Mais je me voyais coincée là pour des jours. Mrs Bibelot prévoyait de me rejoindre, c’était la révolution en France et au Club… Et ma petite Delphine, la laisser rentrer en France toute seule même avec Europe Assistance ? Que d’angoisses depuis l’accident, si proche pourtant, alors que j’ai l’impression d’avoir passé des jours dans cet hôpital… Je me prépare à plaider le rapatriement sanitaire… Difficile dans certains pays où l’on est très susceptible … (on sait faire aussi…)

Le médecin m’explique. Pulchérie avait le tendon du pouce sectionné net et le pouce donc, mal barré qui pendouillait (me semblait bien aussi…). Elle a eu de la chance d’ailleurs de ne pas le perdre, cela aurait compliqué l’opération (brr ! et qui serait allé à la recherche du pouce ?). Elle avait une grande partie de la chair du dessus du pied arrachée (ça j’avais vu : ça pendouillait également) d’où nécessité de faire une greffe de peau (et explication du pansement qu’elle a sur la cuisse gauche sur laquelle on a fait le prélèvement), l’ongle du pouce partiellement et celui du deuxième orteil également (arrachés). Elle a été opérée par le spécialiste mondial (le premier à faire) des membres sectionnés ou arrachés (je ne savais pas qu’il oeuvrait à Héraklion) qui arrive d’ailleurs…

Avec toute son équipe, comme tout professeur qui se respecte et me salue vaguement, comme si je n’étais pas la maman morte d’inquiétude (c’est l’autre qui traduit). Il découpe le plâtre et le retire, Pulchérie tétanisée et pour une fois muette. Je jette un oeil et je ne vois qu’une bouillie immonde qui a l’air de satisfaire tout le monde, car tout le monde regarde. L’autre médecin me précise (traduisant les commentaires aux internes) qu’il est satisfait du résultat, que Pulchérie peut sortir aujourd’hui, mais qu’auparavant il va lui faire mettre une résine, plus confortable et plus légère qu’un plâtre… Parce que le tendon a été remis en place avec un « cup buttom » (un genre de bouton pression) et qu’elle ne doit pas bouger le pied pendant au moins 6 semaines, moment où le tendon sera de nouveau rattaché à l’os (d’où l’immobilisation obligatoire et l’explication du plâtre et le fait qu’elle ait perdu de la souplesse dans le pouce (et ceci pour toujours) car il manque un morceau de tendon..). Je précise pour les âmes sensibles : quand le tendon est rattaché le cup buttom tombe de lui-même…. Et parce qu’il ne va pas laisser repartir une patiente en France avec un plâtre. La résine c’est mieux, c’est plus moderne et plus confortable et les médecins français ne penseront aucun mal de lui, il tient à sa réputation… (les français tous des cons avec leur plâtre !)

Il me précise qu’il a laissé 2 ou 3 morceaux de matrices d’ongles en place pour que plus tard elle puisse s’en coller des faux sur les morceaux qui repoussent. On va me donner une lettre à remettre au chirurgien orthopédiste qui doit la voir dans 4 jours, 5 maximum (je rentre le 4ème jour…) et décidera lui-même de la fréquence des soins. Exit le rapatriement sanitaire ouf !

(sauf qu’il y aura un raté dans la lettre qui précisera « left foot » au lieu de « right foot »… mais bon le chirurgien qui allait s’occuper d’elle le verrait bien…)

Je préviens le club que je reviens, avec la complicité de Nickie qui normalement ne doit pas me confier le téléphone (j’ai plutôt une mémoire auditive, mais je la revois très bien…). Le gars d’Europe Assistance arrive : c’est lui qui doit affrêter le taxi qui va nous ramener au club, et acheter les antibiotiques prescrits… Nous attendrons 3 heures le poseur de résine avec ce qu’il faut en dessous sur la blessure (un martyre pour Pulchérie, car il y a un moment où il appuyait sur le vif pour la mise en place), et enfin nous sortons.

Je le constaterai une autre fois, les chauffeurs de taxi grecs c’est l’enfer sur terre, même Pulchérie a peur et j’ai beau avoir sommeil à en tomber, je ne risque pas de m’endormir… Il se fait d’ailleurs arrêter par les flics cet imbécile doublé d’un chauffard, et c’est la mine de ma fille et sans doute la mienne qui font qu’ils le relâchent après moultes palabres. Arrivée au club : personne pour nous accueillir. Je saurais après que Delphine s’était mise à nous attendre dès mon coup de fil. 4 H 30 se sont écoulées (1 H 30 de bagnole tout de même). Pulchérie et moi nous écroulons dans nos lits respectifs après toilette et Delphine arrive. Petite mère… J’ai l’impression de l’avoir abandonnée depuis la nuit des temps, alors qu’il ne s’est passé que deux nuits et une journée complète, même si finalement nous rentrons en fin de la deuxième journée (il devait être aux environs de 17 H 30, puisque nous avons pu dormir un peu avant le dîner, j’ai un peu perdu la notion du temps ce jour là)… Elle est à la fois heureuse de nous voir (câlins) et triste. Mais tout le monde avait tellement pitié de la voir attendre en fixant la route, toute silencieuse, grave et concentrée, qu’on avait réussi à la décider à aller faire un petit tour sur la plage ramasser des coquillages et du coup, elle a loupé notre arrivée… Elle s’en veut…

3 jours encore au club. Pulchérie vedette. Elle doit toujours avoir la jambe surélevée donc on lui trouve les meilleurs fauteuils + un coussin et idem pour moi. Toujours quelqu’un pour la porter (on voit bien que je fatigue). Un repas spécial crétois est prévu en son honneur le lendemain de notre retour + une fête spéciale le soir. Une vedette de la chanson de l’époque qui séjournait avec nous (eh oui, déjà qu’avec Albert j’avais eu Stallone au Maroc…), pose avec elle pour une photo souvenir en s’étant proposée… Une fois reposée par une bonne et longue nuit (avec Delphine blottie contre moi, sa soeur occupant l’autre lit avec tous les oreillers prêtés par l’hôtel pour qu’elle ait bien le pied surélevé), et rassurée pour ma fille, je profite de la piscine, de l’amitié qui s’est formée encore plus autour de moi, des 3 derniers jours (malgré la bouffe toujours aussi nulle), avec Delphine mal remise de l’accident constamment sur mes genoux ou avec moi me racontant « votre absence maman, j’avais tellement peur… »

Delphine jouait et mangeait avec Nicolas (sous la surveillance aigüe des parents…), elle faisait pause toilette et beauté avec une jeune fille en séjour avec son copain, qui l’avait prise en amitié et lui avait d’ailleurs fait les ongles et une jolie coiffure, et elle dormait avec Malika, qui était seule dans une chambre à deux lits (et était journaliste à France Presse, je sais cela n’a rien à voir) (et désespérée d’avoir pris 3 semaines dans ce club de merde, nous allions tous l’abandonner pour une semaine de trop). Tout le monde s’était occupé d’elle, d’ailleurs Europe assistance était venu vérifier et enquêter sur le sort de Delphine.

Et Colette de me confier son premier coup de fil à mes parents (suivi de beaucoups d’autres). Elle était tombée sur Jean Poirotte et lui avait expliqué le problème. Puis tout à coup « je ne vous ai pas dit de quelle fille il s’agissait » « Oh répondit Jean Poirotte, c’est Pulchérie évidemment, ça coule de source« .

« Et nous qui pensions que tu avais un peu exagéré l’autre soir… » « Ma pauvre, bon courage pour la suite« .

Voilà, vous savez tout. Reste le retour de Crête qui fut épique aussi…

Car la vie n’est qu’un long calvaire…

Les supers vacances en Crête (part 2/3)

Les_supers_vacances_en_cr_te_2Retour au club en rentrant d’Héraklion (le car n’était plus looong vu que j’avais fait la séance « claques » (une chacune, et pas bien forte, je n’étais pas une brute)) Douche des filles.

  • Maman on peut aller dans la salle de jeux pendant que tu te lave ?

  • Oui mes chéries, voici des sous, et ne prenez pas l’ascenseur (3 étages, nous sommes au second et la salle de jeux au premier sous sol)

  • Ouiiiii on sait, tu nous l’as répétéééé 136 fois (et nous on t’as désobéi 136 fois mais motus, elle n’en saura rien cette pauvre Mouth débile…)

C’était en effet un ascenseur sans porte, avec parois déroulante. Mes parents avaient le même, mais muni d’une sécurité… Celui là, non. Elles avaient donc interdiction formelle de l’emprunter sans moi.

Départ de l’équipe de fer. Je sors de la douche et je termine la séance démêlage de tignasse quand Delphine déboule, en larmes, bouleversifiée : « maman ! Pulchérie s’est blessé le pied dans l’ascenseur, ce n’est pas grave, mais elle crie très fort, pauvre Pulchérie ! Pauvre Pulchérie ! »

Elle s’écroule sur mon lit, au bord de la crise de nerfs, en criant toujours « Pauvre Pulchérie ! » pendant que j’enfile à la  hâte un caleçon et un T shirt et me précipite dehors. Dès l’attaque de la descente de l’escalier, hurlements horribles : c’est ma fille, je reconnais le krikitu, elle est vivante, mais j’ai les jambes qui tremblent, et encore plus quand j’arrive au niveau de l’accueil ou je bifurque vers le krikitu : la porte de l’ascenseur est pleine de sang, cela fait une traînée du haut en bas et la réceptionniste est livide qui m’indique d’un doigt tremblant le niveau inférieur. J’arrive au niveau salle de jeux en suivant une trace sanglante,  où un homme plutôt verdâtre porte ma fille qui hurle. Il va tomber dans les pommes c’est sûr et me la faire tomber, en plus !

Je regarde le pied de Pulchérie que ma vue fait taire un instant et mon coeur manque un battement. Je hurle « hôpital ! » à l’homme qui va s’évanouir et je récupère ma puce pour m’écrouler sur un canapé en la portant comme je peux (pendant qu’il s’affale sur le sol, ne pas compter sur les hommes quand ça saigne en pendouillant). Elle hurle à nouveau (pas de claque pour avoir pris l’ascenseur, c’est bon, je peux crier). Cela a l’air grave mais c’est tellement sanglant que tout le monde se détourne en pâlissant (jamais vu autant de personnes blèmes en même temps depuis…). Moi je sais que c’est grave (je peux tout regarder sauf si cela concerne les yeux), j’ai peur, j’ai mal pour elle.

Le chef de l’établissement arrive à la hâte, très pâle également (il est responsable de la sécurité et dans l’ascenseur il n’est pas précisé que les enfants doivent être accompagnés : normes grecques). Il me kidnappe ma fille et part avec deux interprètes à l’hôpital le plus proche, Rethymnon. Je pars récupérer Delphine toujours au bord de la crise de nerfs pour la confier au couple d’amis qui ont un fils « ne t’inquiète pas on s’occupe d’elle », et je pars à mon tour avec le chef des sports. Arrivée à l’hôpital où l’on trouve la bonne salle au son du krikitu Un médecin est en train de répandre du liquide sur le pied de Pulchérie (probablement un anesthésiant) et elle se calme rapidement, en précisant « ça va beaucoup mieux ». Examen attentif de la blessure, grimaces du médecin. Echanges. Le médecin parle en grec au premier interprète qui traduit en anglais au deuxième, qui traduit en français.

« Ils ne peuvent rien faire ici, elle part en ambulance pour Héraklion immédiatement » (j’en viens, ils se moquent de moi ?). Moi il me faut retourner au club ou tout le monde m’attend, anxieux et où  surtout j’ai Delphine que j’ai laissée en larmes, et aussi pour prendre de quoi m’habiller, (je ne suis vêtue que d’un T shirt et d’un caleçon et uniquement de ça). Le chef d’établissement précise que j’ai 3/4 d’heure au club pour régler mes problèmes (et lui, faire nettoyer son ascenseur je présume) En mangeant un morceau je confie Delphine aux amis. Celle-ci est silencieuse et visiblement traumatisée. Tout le monde me rassure : on va recoudre Pulchérie, ce n’est rien. Non… La recoudre ils pouvaient le faire ailleurs. Je ne dis rien, on prétend toujours que je suis pessimiste. Je prends mon sac à main avec le nécessaire, j’enfile une culotte et un soutif (oubliés lors du premier habillage à la hâte) + un peigne et une brosse à cheveux dans mon sac.

Au moment où nous partons avec le chef d’établissement (et 1/2 heure de retard), téléphone : Pulchérie est entrée au bloc de l’hôpital d’Héraklion, inutile de rouler comme des cinglés (car les grecs roulent comme des cinglés) , il y en a pour trois heures au moins. Et moi je ne sais rien. Je ne sais pas ce qu’on va lui faire, ce qu’elle a exactement…. Arrivée à l’hôpital où on me laisse dans la salle d’attente. Le chef d’établissement a prévenu Europe Assistance auprès de qui j’ai souscrit… et il est désolé de devoir me laisser là… Il a de la paperasse à faire rapport à l’accident de ma fille « madame excusez-moi »… Je sens qu’il me hait et ma fille 10 fois plus…

J’attends, des heures me semble-t-il. Pulchérie apparaît enfin, sur un brancard mais bon. Elle est bien réveillée. Elle regarde son pied sous le drap « maman j’ai un plâtre ! ». Allons bon ! Pourquoi diantre un plâtre sur une blessure de ce style ? Je vérifie : elle ne délire pas. Bisous maman… Le médecin ne parle qu’anglais, je n’y comprends rien. Il confie la petite à une infirmière adorable : Nickie qui a l’air d’aimer beaucoup les français. Mais elle n’en parle pas un mot, et pas plus d’anglais. Nous parlerons par signes (ça marche très bien quand on sait que quand on fait non de la tête, pour les grecs ça veut dire oui, et inversement, mais dur dur de supprimer une habitude remontant à toujours… (d’ailleurs pour dire oui ils disent « na », et moi je comprenais toujours « non »)

Nous voici dans une petite chambre où il y a déjà deux enfants. Les parents rouspètent à l’arrivée du lit de Pulchérie (aucun enfant crétois ne séjourne à l’hôpital sans quelqu’un de sa parentèle à ses côtés). On me donne un fauteuil. Pulchérie s’endort suite à l’anesthésie générale, et moi je me sens d’une solitude absolue, perdue dans un cauchemar.

3 heures du matin : Nickie arrive « téléphone ! ». Je suis surprise mais j’y cours. C’est Europe Assistance. J’en pleure de joie d’être épaulée, soutenue, réconfortée, en français… Le représentant passe me voir le lendemain, et on avise (rapatriement ou pas…). Je dors un peu dans mon fauteuil après cet appel miraculeux. Je note ici qu’il est absolument fabuleux de voir la capacité de réaction de ces gens qui vous savent seuls et perdus… C’est un réconfort absolu.

Le lendemain, on nourrit bien ma fille, mais pas moi, ce n’est pas prévu. Les familles des enfants voisins (une jambe brisée avec des broches dépassant de partout, et un bassin fracturé pauvres petits pères) me donnent gentiment à manger. Il y a des barbecues sur les balcons, c’est très spécial. Pour les soins aussi : on s’occupe bien de Pulchérie, mais ratage de bassin et pipi dans le lit : c’est à moi de changer les draps en allant me servir dans la buanderie (et je suis vachement douée pour changer les draps de quelqu’un qui ne peut pas bouger et doit garder la jambe surélevée sur 5 oreillers). C’est écrit en grec dans la buanderie, c’est pratique (mais bon là-bas l’hôpital c’est gratuit). Pas de médecin, juste des infirmières pour les soins classiques et changement de perf. J’insiste auprès du représentant d’Europe Assistance qui est arrivé vers 10 heures : je veux rentrer en France. Je ne peux pas laisser Delphine seule comme cela et puis, j’ai peur médicalement parlant. Qu’a-t-on fait à Pulchérie ? A-t-elle été bien soignée ?

Finalement il y aura une part 3…

Parce que la vie n’est qu’un long calvaire…

Les super vacances en Crête

Je vous ai déjà parlé des départs en vacances il me semble, maintenant, telle la Comtesse de Ségur voici les vacances, pas toutes bien sûr parce que…

Il y a dans ma vie les supers vacances en Crête dont les filles et moi gardons un souvenir ému… J’ai l’autorisation de Pulchérie de parler de cette histoire mémorable.

Divorce réglé, argent de la communauté touché, je décide d’emmener les filles en juillet passer deux semaines dans un club de vacances en Crête. Surprise…

J’avais choisi un club avec un club enfants, pour pouvoir me détendre sans avoir constamment les filles sur le dos, et surtout excursionner sans elles, gardant des souvenirs émus des excusions imposées par Mrs Bibelot quand j’étais petite (je détestais). Et ce club très précisément pour faire du parachute ascensionnel au dessus de la méditérannée…

Arrivée au club après un voyage éprouvant (et surtout très long, comme tous les voyages), chambre super, dîner super, gens sympas, tout va bien. Les filles sympatisent avec un garçon dans leurs âges, du coup les parents et moi avec… Un groupe se forme déjà qui le restera jusqu’à la fin, c’est comme cela l’humain…

Premier matin où tout le monde débarque en pensant « premier jour de vacances »  : démission du responsable du club enfants. Pas de club enfants donc. Le zodiac destiné aux parachustistes tombe en panne à 11 H 30 alors que je vais m’inscrire : il ne sera jamais remplacé (comme le responsable du club enfants). Arrivée d’un nouveau cuisinier : le buffet crétois typique se comporte de vagues tzatzikis et tomates fêta + du porc à toutes les sauces (nous nous sommes beaucoup balladés dans l’île sans jamais voir un seul de ces animaux), avec de la purée, des pâtes et quelques tomates… Desserts à l’anglaise : de vagues gelées et mousses diverses… Déception de beaucoup : on se croiraît au Saufitelle.

Le prix des excursions n’est pas celui annoncé par l’agence (tout le monde s’insurge mais les prix ne baissent pas), et il me faut payer en plus (ce qui n’était pas prévu au départ, pour tous les parents idem) pour les filles (qui n’ont pas de club enfant…)  qui du coup sont toute la journée avec moi. Elles préfèrent la piscine à la mer ces enquiquineuses, j’aurais du mal à de temps à autre aller me tremper dans la grande bleue… (avec deux martyres de la mer à mes côtés, préférant faire splatch dans la piscine sous prétexte qu’elles détestent le sable et que la mer c’est salé…(le chlore ne les dérangeant pas))

3 jours après l’arrivée tout le monde tire la tronche : rien de ce qui était annoncé de bien ne fonctionne. Les groupes se soudent (les français contre les belges en règle générale, allez savoir pourquoi eux on leur fait des frites alors que nous voulons manger crétois ! et qui eux s’amusent bien). Je suis la seule femme seule avec des enfants, mais il y a d’autres célibataires toutes féminines. Nous nous organisons des promenades et excursions nous-mêmes. Certains attendent la fin des deux semaines avec hâte (c’est un comble) et tout le monde mitonne la lettre qui va être envoyée par tout le monde à l’agence, au retour… Nous découvrons que les belges pour le même prix ont droit à 3 semaines (bien fait pour eux, mais c’est d’une injustice flagrante). Puis je décide de faire l’excursion du siècle à Héraklion où nous passons la journée.

Les filles rouspètent parce qu’il faut se lever tôt. Le car c’est loooong… La visite des ruines du palais du Minautore les gaaaave profondément, les histoires mythiques crétoises elles s’en taaaapent. Déjeuner au restaurant où nous mangeons enfin crétois (« maman je préfèèèèère le porc ! »). Puis visite du musée d’Héraklion où va avoir lieu la séance « claques » que je retiens depuis le matin (j’avais tort, il valait toujours mieux débuter par elle, après j’avais la paix). Sur quelques photographies prises dans le musée, le visage des filles est un peu crispé, puis enfin, elles admirent un peu, et sont bien sages… Le retour en car se passe bien. Reste la soirée…

La veille au soir, nous avions longuement discuté entre parents des bêtises de nos enfants, pendant que les trésors jouaient dans la salle de jeux (importante pour la suite) où c’était donné et où ils dépensaient toute notre petite monnaie (quasi rien en Francs, car c’était bien avant l’idée même de l’Euro). Pulchérie avait remporté la palme des bêtises dans un éclat de rires général, mais j’avais bien senti que l’on pensait que j’exagérais (même pas…) sur ce coup là, les célibataires ne regrettant plus de ne pas avoir d’enfant…

La suite allait le leur prouver… Que je n’exagérais même pas…