Les filles on part en vacances !!!!!

Echaudée par un départ en vacances annoncé trop tôt (c’est quand dans une semaine ? C’est quand après demain ? c’est quand demain ? aujourd’hui on est demain ?), je préparais les valises en douce pendant que les filles faisaient de la soupe dans le jardin avec de l’eau, de l’herbe et un sac de plâtre oublié par le plâtrier (un saladier de fichu entre autres) sous l’oeil intéressé de la chienne et du chat, qui adoraient les inventions des filles (ils étaient bien les seuls à l’époque).

Les filles en voiture (leur cousine devant nous rejoindre le lendemain par avion avec billet « enfant voyageant seul » façon de parler tout l’équipage s’occupant de l’innocente), Albert un mouchoir à la main, me voici partie sur le coup de 18 heures avec la chienne et mes deux gamines pour faire 800 km et rallier les Saintes Maries de la Mer où mes parents prenaient pension 1 mois par an (toujours juillet, août ils ne pouvaient pas), et nous attendaient de pied ferme.

Albert devant nous rejoindre pour la dernière semaine. Après nous devions rallier une autre villégiature en bord de mer pour y passer 3 semaines et continuer à y martyriser les filles (avec sadisme, on l’aura compris).

Je ne vous parle pas des bagages encombrant le coffre de la grande voiture dont le réservoir faisait très exactement 81 litres (j’ai évoqué le sujet de l’obsession d’Albert avec le contenu exact du réservoir) : « tu n’auras pas à refaire le plein ma chérie ». Et dont le quart seulement du contenu était utilisé au retour (je parle des bagages, le réservoir ayant ses limites)…

Au bout de 3 km « quand c’est qu’on arrive, c’est long ! ». Que celui qui n’a jamais entendu cette phrase fatidique alors qu’il y a 800 km à faire, me jette la première valise (excepté ceux qui n’ont pas d’enfants bien entendu). Que celui qui ne l’a jamais prononcé en fasse autant (sauf s’il n’a jamais fait plus de 3 bornes en train ou en voiture…)

Ne pas déprimer du tout. Je me disait qu’il était 18 heures 05, qu’elles étaient crevées et qu’elles allaient dormir, ayant mangé avant de partir (la salade de riz et le riz au lait, ça plombe l’estomac). Une mère c’est toujours un peu innoncent et ce, jusqu’à un âge avancé.

Venait le moment où elles se demandaient qui prenait le plus de place à l’arrière et décidaient que c’était dégoutant que l’autre prenne plus de la moitié du siège. Coups de pieds, crêpage de cheveux, hurlements dangereux pour la concentration du conducteur. Eh non à l’époque le réhausseur n’était pas obligatoires, on se contentait de leur boucler une ceinture qu’elles débouclaient immédiatement (pas obligatoire, on renonçait rapidement).

Premier arrêt « claques » (j’étais une mère indigne) à l’entrée de l’autoroute au bout d’une demie heure, sous l’oeil horrifé d’un routier à qui Pulchérie tirat la langue (ce trésor…) Il fut encore plus horrifié sans doute à mon départ, car le lendemain elles m’avouèrent lui avoir montré leurs fesses au démarrage, ces petits coeurs.

Après, un grand calme miraculeux… mais j’étais intriguée par le fait que tous les conducteurs de camion que je doublais, ricanaient TOUS… En fait les filles s’étaient déculottées , et donc montraient leur petit cul cul à tout le monde… Un gosse qui pleure après le deuxième arrêt « fessée » n’est pas long à s’endormir, et nous voici arrivées sur le coup de minuit trente, et Albert rassuré m’aboyant dans l’oreille « à combien tu as roulé ????? » « Ben 180 il n’y avait personne sur l’autoroute » (exact, c’était en milieu de semaine vers le 7 juillet). Lui en effet se traînait à 50 au volant de la Mercédès sans doute ? et les radars ne pullulaient pas comme de nos jours… Moi j’allais toujours trop vite (6 H 30 pour 800 bornes avec personne sur la route, c’était honnête) (et ce n’est pas moi qui se fit prendre à 250 au lieu de 90 et condamner à rouler à bicyclette pendant 3 mois, ceci après notre séparation, ce qui me fit bien ricaner, (je sais je suis une garce immonde)).

Albert m’ayant quitté et le divorce ayant été prononcé, un peu à l’aise rapport à ce que j’avais touché, le juge ayant trouvé mes exigences normales, je les emmenais en Crète pour deux semaines, dans un centre prévu pour les enfants (on notera qu’elles étaient réellement martyrisées). Silence sur ce voyage, bouclage des valises en grand secret et réveil des filles au son de « on part en voyage dans 1 h » (et ne protestant même pas d’être réveillées de bonne heure) et direction l’aéroport où pour une fois elles furent sages, assises avec leurs petites robes et chapeaux sur les deux trois valises, et un peu angoissées de la disparition de leur môman, alors que j’allais me renseigner sur le retard de l’avion, les ayant confiées à un vigile attendri (pauvre naïf).

Dans l’avion elles furent un peu impressionnées le temps du décollage. Après elles eurent soif, faim, et envie de faire pipi toutes les 15 minutes (c’est rigolo les toilettes dans l’avion, et l’hôtesse qui donne du chocolat chaud et un croissant dès qu’on meurt de faim). Elles boudèrent les crayons de couleur et le papier offerts par une hôtesse aguerrie, et repérèrent tout de suite les copains qu’elles pourraient se faire à grand renfort de courses dans l’allée centrale. Pas de bol ils étaient dans un autre club, celui que j’eusse dû choisir, le mien se révélant pourri…

Mais cela c’est une autre histoire… Un enfant en avion ne risque pas de faire une phlébite lui, c’est moi qui vous le dit.

Je m’égare. Le « quand c’est qu’on arrive » est la phrase clef du départ en vacances, à renoncer d’y aller…

(Non mais sinon c’était des anges. Elles étaient juste vivantes mes petites puces que j’adore… Mais la vie n’est qu’un long calvaire)

Pulssérie va ranzer ta SSambre !

Pulch_rie_va_ranger_ta_chambreEn fait en photo, c’est ma petite maman à moi, qui n’arrivait pas à poser avec le soleil dans l’oeil (du coup elle fait la grimace sur 90 % des photos). La ressemblance avec Pulchérie petite a été frappante tout à coup (c’est simple, on dirait totalement 100 % Pulchérie à qui on propose des frites et du steak haché (c’est trop horrirrifiant !)), et elle illustrera donc ce post (je ne retrouve diaboliquement pas la photographie du fouillis de la chambre de la délicieuse enfant, avec juste deux jambes sortant du coffre à jouets et le petit cul en l’air…)

Pulchérie a commencé à faire des comédies assez petite. C’était, et c’est toujours une actrice née, et le théâtre et le cinéma ont perdu une grande artiste quand elle a décidé de se dédier au design. D’ailleurs Delphine a fait perdre également une grande actrice au 7ème art en décidant de se consacrer à la psychologie, car je me souviens d’une pièce (mais laquelle ???) dans laquelle elle m’a fait frissonner en récitant un monologue totalement PAR-FAIT. Cela commençait par « oui moi ! » et elle jouait le rôle d’un homme (Hernanie ou un truc de ce genre… je pense que c’était cela mais on me refuse l’orthographe…).

Pulchérie reconnaît maintenant qu’elle aimait à nous faire rire et à se rendre intéressante (on avait loupé cette dimension de sa personnalité…). Une chose est sûre : même les morts se souviennent sans doute des comédies qu’elle pouvait nous faire.

La première fut gratinée !

Elle a parlé très bien et très tôt. J’étais en cloque de Delphine, ressemblait le soir très vaguement à une baleine échouée sur la banquise (je ne veux pas insulter ces dignes cétacés, mais bon, il y avait de ça) et elle venait de rentrer à l’école maternelle où elle émerveillait par son langage si complet pour son âge. Elle nous émerveillait nettement moins Albert et moi, avec sa capacité toute fraîche à mettre un fouillis pas possible dans sa chambre (de qui pouvait-elle bien tenir !!!??? De moi petite ? certainement PAS. De son père alors, quoiqu’il puisse le nier ? (heu si peut-être…))

C’est simple, elle avait toujours besoin du truc tout au fond de son coffre à jouets. Un vieux coffre retapé par son grand père maternel, donc grand et évidemment bien plein parce qu’on la martyrisait en lui achetant pleins de jouets. Une horreur quand elle le vidait par terre pour retrouver le poney bleu tout au fond, détestant subitement le rose bien en vue sur son oreiller. Remettre dans le coffre était au dessus de ses forces et inutiles à ses yeux : elle avait tout sous la main.

Un beau soir de tout début octobre (j’ai eu Delphine le 12), Albert piqua une crise après s’être ruiné le pied en marchant sur je ne sais quoi dans la chambre de son héritière. Bien fait, l’avait qu’à mettre des chaussons… Il revint me faire part de son indignation et devant ma mine d’endive médusée cloquée devant une émission idiote, appela sa fille pour lui intimer l’ordre formel d’aller ranger sa chambre. Un petit coup d’autorité paternelle ça ne fait jamais de mal nom de d’là !!!

Là va suivre la conversation que se fit Pulchérie toute seule. Je la revois encore, l’air horrirrifiée par le « Pulchérie va ranger ta chambre » énoncé d’une voix ferme et mâle. Elle avait sa robe de chambre qui la faisait ressembler à une frite géante (elle a toujours été menue) et deux pouettes (des couettes) qui lui donnaient un air de chipie qui lui allaient trèèèès bien.

  • Ranzer ma ssambre ze peux pas c’est trop dur (départ indigné dans le couloir, couettes ballottant en rythme, robe de chambre raidie d’indignation horrirrifiée)

  • C’est moi qui fait tout dans cette maison !

  • Maman a Clémentine dans son ventre, et elle ne va bientôt plus pouvoir faire le ménaze et laver le linze !!!

  • Ze vais passer l’aspirateur c’est rigolo l’aspirateur, mais zais pas le droit de le bransser pour ne pas prendre un coup de zu. Ca fait mal un coup de zu !!! (oui elle avait constaté ce qu’étais le coup de jus après 150 avertissements « Pulchérie arrête de jouer avec les prises de courant ! »)

  • Ze vais être obligée de me laver toute seule quand maman sera coussée, ze sais paaassss me laver toute seule !!!!!

  • Ze vais être oblizée de laver le linze ! Quelle rorrheur !

  • Ze suis trop petiiiiiiite pour me servir de la massine à laver (oui elle zozottait, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, je précise que mon ortographe est théoriquement intacte)

  • Ze vais être oblizée de laver le linze dans la baignoire

  • Ze vais être obligée de laver le linze avec de l’eau glacée (3°) parce que maman veut pas que ze tourne le robinet d’eau ssaude (80° qui sortaient direct, cela devrait être interdit par la loi, Ze le sais, Ze me suis brûlée en vérifiant la température!)

  • Ze vais être oblizée de laver les ssaussettes de papa qui sentent mauvais dans de l’eau glacée avec mes pitiiiiites mains qui z’auront froid… (après Albert s’est mis de la crème sur les pieds, ça l’a miraculé tant qu’il a vécu avec moi, après, d’après ce que les filles ont pu me raconter il avait renoncé à se ruiner en parapharmacie)

Retour de l’héritière en larmes (qui n’avait pas ranzzzzé sa chambre, zzzzuste emprunté le couloir en soliloquant).

  • ZE VEUX PAS LAVER LES SSAUSSETTES DE MON PEEEERRRE ! (larmes coulant d’abondance et sanglots dans la voix)

Entre « Pulchérie va ranger ta chambre », et la ssuuuute finaaaale, heureusement que nous avions entendu l’intermédiaire, sinon Ze pense que nous aurions été pétrifiés de surprise sur place…. Du coup elle n’a pas ranzé sa ssambre et zuste été faire dodo. C’est la baleine (moi, le père pas si bête) qui s’est collée au coffre à zouets, le lendemain.

Ce n’était qu’un début (continuons le combat…)

La vie n’est qu’un long calvaire…

L’escargot Léo

L_escargot_L_o_57210837Cette photo illustre parfaitement Pulchérie en train de dessiner. Sauf qu’elle avait des pouettes (couettes) et ne dessinait pas tranquillement assise à une table, ça se saurait… Reste l’air concentré en somme…

(Ceci parce qu’elle m’a adressé il y a peu de temps une vidéo de mon petit fils chéri 🥰 qui écoutait la même chanson que sa mère jadis, et était en extase)

Elle était très en avance pour tout. Je mets ici en garde les parents d’enfants comme elle : arrêtez de l’admirer et de le pousser dans le droit chemin du « doué pour tout », vu qu’il va comprendre « je fais ce que je veux d’abord, puisque que suis cap… » avant le « je t’emmerde t’es nul ».

Parce qu’après ce sont des années à pister le trésor et ses géniales inventions… ou à l’écouter nous faire la morale…

Donc, très en avance sur son âge, Pulchérie savait très bien tenir un crayon de couleur ou juste bêtement HB, ou stylo, ou feutre. Une fois le coup pris, rien ne lui échappait (y compris un stylo plume très cher qui ne s’est jamais remis qu’elle s’en serve 5 minutes, un plume à moi bien sûr, celui d’Albert ayant rejoint sa carte bleue dans la planque du trésor adoré : les après skis d’Albert)

Donc elle dessinait. C’est incroyable le papier qu’elle a pu user. Maintenant qu’elle est militante écologiste je pourrais lui rappeler le nombre d’arbres qui sont DCD par sa faute.

A l’époque elle écoutait donc Anne Sylvestre et ses fabulettes (c’était avant Dorothée !!!) dont une chanson sur l’escargot Léo qui aime l’eau. Elle la chantait très bien, mais un jour Jean Poirotte cet inconscient lui a montré comment dessiner un escargot Léo tout simple. Elle a maîtrisé en 3 secondes l’enroulement diabolique de la coquille d’escargot le reste ne l’intéressait pas, elle faisait juste la coquille…

Moi j’étais en cloque de Delphine, transformée en serpillère moyenne et j’étais ravie qu’elle dessine pendant que je médusais sur le canapé en attendant la mort de chier ma pastèque qui menaçait de faire 300 g de plus que la première (pari tenu, on admire l’accoucheur)

Otite du trésor adoré et chéri, bien entendu. Appel au secours au médecin. Un nouveau à l’époque, qui la sciait parce qu’elle le trouvait BEAU (Delphine d’ailleurs également par la suite, je dois reconnaître que mes filles ont du goût). Du coup elle ne lui gerbait pas dessus, ne hurlait pas pendant qu’il lui examinait les tympans (forcément ensanglantés), se cachait ses futurs seins pendant qu’il stétoscopait et roucoulait quand il lui palpait d’éventuels ganglions, bien présents, (il lui fallait tout de même, beau ou pas,  savoir qu’elle était une emmerdeuse de première pour les ganglions, via sa mère (comme il me l’a dit un jour dans un moment d’odieuse distraction « vous faites des ganglions comme un pommier fait des pommes »)).

A l’époque nous avions avec Albert un grand séjour double. Nous l’avions coupé en deux avec petit coin salle à manger (on mangeait dans la cuisine ou via plateau TV), et grand coin salon.

Le médecin doit rédiger son ordonnance (vu les ganglions et l’état du tympan), je lui avance une chaise dans le coin salle à manger peu utilisé, pour qu’il soit à l’aise sur la table et m’en remplir 3 pages d’une écriture illisible (je ne sais pas si vous avez remarqué mais les médecins écrivent tous très mal, les pharmaciens doivent prendre des leçons spéciales de décryptage sans doute). Sur la chaise de monstrueux escargots dessinés au feutre indélébile (acheté par Albert pour identifier ses boîtes de bricolage et perdu/rangé dans ses après skis qui était la cache à trésor de Pulchérie). Brève stupéfaction de ma part, sourire du médecin quand Pulchérie très souriante et tranquille a déclaré : « c’est papa, je l’ai vu hier… il décore tout ! ».

Il y avait des escargots dessinés sur toutes les chaises… + environ 56 sur la moquette sous le lit de l’héritière en titre… Toujours au feutre indélébile bien sur sinon ce n’est pas drôle du tout. D’ailleurs il était sec quand on la retrouvé…

INTERDICTION FORMELLE DE DESSINER DES ESCARGOTS AILLEURS QUE SUR DU PAPIER ! TU M’ENTENDS PULCHERIE ?

« Vi« . (Cause toujours…)

Déménagement 3 mois plus tard…

On retire le canapé… Une frise d’escargots Léo tout le long du dossier, bien planquée derrière, mais bien là car non lavable… Dans notre chambre idem, quand on a retiré le lit… Dans la sienne pareil (nous avions bien regardé SOUS le lit mais pas derrière). Partout où sa petite main avait pu se glisser (avec le feutre indélébile ou mon crayon khol), il y avait des escargots Léo….

Albert qui était tout fier de notre papier qu’il croyait intact, et des talents de sa fille, s’est collé au papier peint en maudissant Anne Sylvestre et le proprio qui voulait récupérer son appart en l’état. Quant aux talents de sa fille, il n’avait plus qu’à se… Bref, à arrêter d’en être fier.

Je ne sais pas comment il a fait son autoritaire, mais après elle a renoncé aux escargots léo. Elle préférait les éléphants qui trompent énormément… (Jean Poirotte s’en souvenait avec émotion 30 année plus tard, il avait une trompe de gravée sur sa télécommande, l’avait qu’à ne pas laisser traîner sa lime à ongle en métal qui dessine super bien sur la télécommande et chanter n’importe quoi à sa petite fille…)… d’abord…

C’est beau les enfants en avance sur leur âge… (oui, elle n’était pas encore rentrée à l’école, donc elle avait moins de 3 ans, largement…)

Le pire restait à venir… Mais ça vous le savez déjà… Encore que je puisse encore avoir quelques réserves…

la vie n’est qu’un long calvaire…

Les filles ça drague et ça récolte

R_colte_57634080Il arrive un moment où la fille récolte ce qu’elle a semé. Soyez heureux si elle a conservé toutes ses petites culottes au passage (je parlais de semer), signe que vous n’avez pas tout raté (l’honneur de la famille est sauf).

Un beau jour la grande ne marche plus, elle est en lévitation perpétuelle. Elle chantonne « nananère » en gambadant dans l’appartement, embrasse la glace de l’entrée, de préférence avec du gloss, et sautille jusqu’à la gare en chemisier léger en plein mois de janvier, style « Bambi au printemps qui rencontre Faline (NAN ce n’était pas line quand j’étais petite) sans attraper de bronchite… Elle sourit béatement à tout (voire même : niaisement), dit oui pour vider le lave vaisselle et s’exécute toujours en chantonnant, l’air ailleurs. C’est louche… Même pour une mère sans intuition (que vous êtes) encore qu’avoir loupé les épisodes précédents est signe d’une certaine distraction.

La cadette couve sa soeur d’un regard maternel et heureux. Se dérobe à toutes questions « ma soeur ne lévite pas elle marche » « pour un mois de janvier il fait doux » (ah bon et pourquoi prend-elle une doudoune ?), « c’est moi qui ai vidé le lave vaisselle et embrassé la glace de l’entrée » « ah bon elle chante ? je n’avais pas remarqué ».

Bon, on sait qu’il y a eu soirée le samedi précédent (boum c’est naze). D’ailleurs manque le plat à flan que je n’ai jamais retrouvé. Et puis un beau soir, surprise ! Maman voici la photo de classe. Devine qui c’est mon amoureux ?

Je teste le style précédent espionné à la jumelle, j’en désigne 3 à la file, et je loupe gendre n° 1. J’avais tort, il s’est incrusté plus de 10 ans pour le plus grand plaisir de tout le monde.

Ces mères : rien dans la tête… et aucune intuition…

Pour Delphine ce fut plus long passé le coup du « cours après moi et attrape moi ». Exit pour elle en effet les garçons s’intéressant : aux voitures, aux motos, aux journaux de cul, au foot et aux jeux vidéo (les rangs se creusaient donc, je ne vous raconte même pas, vous imaginez, restait un naze boutonneux à QI 50 qui ne connaissait rien de tout cela).

Et un jour : « je ne viendrai pas ce WE avec mon air bag de linge sale je vais voir Joséphine à Nantes » « Non je ne peux pas venir à l’anniversaire de tonton, Joséphine déprime à Nantes » « Je vais voir Jo à Nantes »…

Je me suis demandée si Joséphine n’avait pas des moustaches. Et bien si… Elle l’a avouée alors que je l’ai prise en traitre (hou la vilaine) « t’as un copain à Nantes ? ». Sourire figé, mais trop tard j’avais lu la réponse dans ses yeux.

Gendre n° 2… Qui a demandé à me rencontrer ayant déjà fait la connaissance d’Albert. Pauvre garçon, il ne savait pas ce qui l’attendait…. Même s’il a déjà vu les deux soeurs ensemble + la cousine. Rajoutez la mère un peu déjantée (une sorcière en plus) par là dessus, c’est l’épreuve dont on ne sort indemne que si l’on est bon à rentrer dans la famille.

La vie n’est qu’un long calvaire…

Les filles ça drague : épisode 2

Drague_4Ayant intégré une bande de jeunes, à elles toute seule et se fendant la gueule (c’est quelle chanson divine ça ?), les filles continuaient la drague, avec quelques variantes et méthodes éprouvées et éprouvantes pour les proches.

Généralement cela n’allait pas sans frictions surtout un certain été, la bande de Delphine étant bien présente alors que celle de Pulchérie avait émigré vers le Touquet (les vaches !). D’où engueulades des soeurs (une raison de plus, ça manquait), Delphine refusant d’intégrer sa soeur dans sa bande à elle (ben je pouvais comprendre…)

Pulchérie était toute seeeeuuuule dans l’appartement, et ne supportait pas d’être seeeeuuuuule (il lui a fallu du temps pour refermer la porte des toilettes et s’isoler). Sa soeur n’avait pas envie de l’emmener avec elle, d’où échange de courriers diaboliques qui les font mourir de rire maintenant (grosse truie boutonneuse et ses petits cons – M’en fous connasse même pas capable d’écrire correctement – et blabli blabla tu fais des fautes d’orthographe conne que tu es… et gnagnagnia et gnagnagnia)

Pulchérie me piquait mon camescope sans agrément de ma part, pour filmer sa journée (lever 12 H 30 dans la douleur – SUPER ! (moi je pointais à 8 H 30)), toasts qui sautent du grille pain dans une absolue mélancolie, passage aux petits coins (porte fermée), et air abandonné de la minette devant la TV (tous des nazes) après le bain filmé dans son intégralité (le film du siècle Cameron n’a toujours pas osé). Tout ceci pendant que Delphine testait son potentiel de séduction sur Alphonse faisant partie de la bande de jeunes.

Elle était d’une ruse diabolique. Pour voir si elle lui plaisait, dès qu’il se rapprochait d’elle pendant la promenade, elle fichait le camp pour vérifier s’il allait la suivre. Ben non hein ! A force de la faire fuir il en a fait autant, mais c’était tant mieux « maman c’était un gros con » (ne pas oublier les trémolos dans la voix c’est important). Ce plan fuite ne donne aucun résultat, à moins de tomber sur un mâle têtu et déterminé (ça existe et ça s’appelle un satyre).

« Bien fait pour toi ! » glapissait l’esseulée, en ricanant et visionnant le film du siècle tout en cherchant une cassette pour filmer le lendemain morne… Ambiance du soir, espoir… Et confessions de filles, je m’esquive…

Elles reprenaient leurs activités de drague à la rentrée : on n’est jamais mieux servies qu’au collège ou au lycée, où la matière première est très présente et très repérable. L’éducation nationale devenait très attractive subitement.

A moi les sanglots longs des violons de l’automne, blessant leur coeur d’une langueur monotone le WE où l’élu était cruellement au loin (leur restait à faire les devoirs pour l’épater par autant de brio, lundi en maths dès la première heure). Elles n’avaient plus qu’à chuchoter dans le téléphone avec les amies de coeur pour mettre au point la tactique infaillible (qui n’existe pas) en faisant les pieds au mur (z’avez qu’à suivre).

Les vacances scolaires n’étaient plus pour elles qu’un long désert avant la rentrée espérée… A moi les airs tristes à mourir, la mélancolie, la langueur débutante insensible aux crèpes, l’attente devant le coup de fil impossible et surtout de la rentrée qui les voyait partir le matin, gambadant sous la bise glacée de février : c’est la rentréééééeee !

Les amoureux dans la même classe que la fille, sont un calvaire pour la mère… D’ailleurs ça laisse des traces (y’a qu’à me lire).

D’ailleurs la vie n’est qu’un long calvaire tout court

Les filles ça drague : épisode 1

Drague_5

Arrive le moment tant attendu (on espère ce jour depuis l’entrée en maternelle) où la fille décide de passer à l’action lasse qu’elle est de contempler des posters et ses copains de classe en soupirant.

Le tempérament intervient bien entendu : timide, rentre dedans, passif, mais elle va en passer par les étapes suivantes :

  • Repérage du mâle, accidentellement parfois (le répérage c’est la clef de tout, y compris et surtout en temps de guerre (où y a-t-il des patates ?), et là c’en est une)

  • Pistage du mâle pour savoir où il habite (important également le pistage pour bouffer en temps de guerre et d’occupation : trouver la planque à patates),

  • Se faire repérer du mâle sans pisser partout (ben quoi, c’est comme cela que cela se fait à 99 % des cas pour les mammifères : on laisse des traces, Monsieur suit la piste)

  • Créer plein d’occasion pour des rencontres « tout à fait par hasard »

Pulchérie était donc tombée sur une bombe, un petit con brun à l’oeil torve qui habitait le pavillon donnant sur la pelouse donnant sur nos fenêtres de chambres (suivez un peu, et visualisez, j’ai la flemme de faire un plan). Une fois le mâle repéré, il fallait qu’il repère qu’il y avait des filles (surtout elle) dans le troisième appartement à droite en partant de la façade de l’immeuble gauche (forcément a droite il y a un petit bois)

Plan A : espionnage intensif du pavillon occupé par une famille normale, sauf le petit con. Pour se faire comment je pique les jumelles de mon grand père et que je me planque dans la chambre de maman (premier hiver, voir « conseils utiles aux ignorants… ») pour repérer ses habitudes et les heures où il est dans sa chambre.

Plan B : se montrer à la fenêtre aux heures où il est dans sa chambre. Et que je te secoue les couettes, housses de couettes, taies d’oreillers, oreillers, par la fenêtre. Et que je mets des posters dans la chambre, bien debout sur mon lit en tenue séduisante, pour qu’il visualise bien. Ceci avec la complicité de sa soeur boulottant des kiwis debout sur son lit pour être également dans le champ de vision du petit con…

Filles repérées. A lui l’honneur. Il fait appel à un copain, le concept de la bande étant important pour les plans drague, et puis il y a deux filles… Difficile de faire de la mobylette cross sur la pelouse donnant sur la chambre des filles sans déclencher l’alerte rouge coté syndic. Donc, 40 passages par jour de la mobylette vrombissante et pétaradante, sous le balcon côté salon, brusquement investi par les filles volontaires pour arroser les géraniums (une corvée de moins, des emmerdes en vue). 40 passages par jour à risquer leur vie à regarder surtout le balcon et pas où ils allaient, pour vérifier qu’ils était bien repérés (pauvres innocents, se prenant pour des prédateurs alors qu’ils n’étaient que les proies). Combien de fois avons nous craint de les voir se rétamer sur le bitume (enfin surtout les filles, moi je n’attendais que cela, j’étais morte de rire, d’autant qu’elles n’étaient même pas discrètes, comptant sur mon  soutien).

Débarque la cousiiiiine pour 8 jours (heures exquises) qui elle, ne se contente pas de ruses, mais attaque direct. Déjà secouer les cousines, ça dure depuis trop longtemps, sortir, et se montrer dans la rue le plus possible. A l’époque j’avais l’épaule en Louis XV (je vous raconterai, c’était à mourir de rire surtout 10 ans après) et du mal à les faire sortir pour acheter une baguette. Les envoyer à Rampion était autrement fortiche « de quoi je vais avoir l’air avec des sacs plastiques pleins de courses ? ». Ne pas répondre « d’une gentille fille qui aide sa mère ». Faire des courses c’est ringard et point barre… Elles n’allaient donc faire des courses que munies d’un immense sac à dos pour dissimuler leurs turpitudes, et sous la menace de représailles sanglantes, ou de me voir vomir du vert fluo.

Tout à coup, miracle « on peut te faire les courses ? ». Exit 3 créatures éblouissantes pour feinter le gérant de chez Rampion sans doute. Compter une heure pour l’aller et retour, avec le bruit de la mobylette diabolique s’estompant comme par hasard avec le départ du trio et revenant avec lui. Zut on a oublié le pain, on y retourne, mais c’est pas grave maman chériiiie !. Et puis comme disait la cousine, par un si beau temps, pourquoi rester dans la chambre, alors qu’on serait si bien dehors, sur la pelouse donnant sur le pavillon du petit con qui aura une vue plongeante sur nous ?

Piques niques sur la pelouse et ras le bol des voisins à les entendre glousser, mais les garçons n’étaient pas entreprenants et se contentaient de les contempler par la fenêtre qu’elles regardaient discrètement 15 fois la minute.

Hivers n° 2 et chute de neige. Et qui vient donc se battre à coup de boules de neige, sur la pelouse recouverte et juste sous les fenêtres des filles ? Le petit con et son copain. Pas de bol : une boule de neige malencontreuse dans la vitre des filles. Ouverture de la fenêtre avant le bris de glace définitif, discussion. Et voilà mes mignonnes qui quittent l’appartement habillées en inuits et en urgence « on va faire un bonhomme de neige, on n’est pas pressées de dîner »….

La glace était rompue… Moi aussi…

Les premières rentrées, part 2 : Delphine

estelle-sainte-marieLe cadet est toujours forcément différent du premier. Dès son plus jeune âge il sait que l’amour des parents n’est pas destiné qu’à lui, même si l’amour ne se divise pas mais se multiplie.

Delphine restait secrète, c’était sa nature, sur son envie d’aller à l’école ou de rester avec maman. J’ai su très tard que Pulchérie faisait un petit compte rendu à sa soeur, sur tout, le plus faux possible évidemment, sinon cela n’aurait pas été drôle. Je l’ai compris quand avant sa rentrée au CP, Delphine très angoissée m’a demandé : « c’est vrai qu’on nous fouette en CP ? », sa soeur devenant écarlate, car cela se passait pendant le dîner… Mais bon, c’était à venir… Continuer la lecture de « Les premières rentrées, part 2 : Delphine »

Les premières rentrées… Part 1 : Pulchérie

Elodie 1ère année maternelle

La première héritière s’emmerdait grave toute seule à la maison. Elle s’était inventé d’ailleurs, deux copains imaginaires qui s’appelaient tateuf et rieuse. Elle circulait avec son tricycle dans l’appartement heureusement pratique pour cela, en me précisant « ze vais voir tateuf et rieuse, t’inquiète maman ». (Je n’étais pas inquiète, la porte était dûment close, on n’est jamais trop prudent).

Depuis le mois de mai, elle claironnait à qui voulait l’entendre (pas le choix de toutes manières, elle étais pipelette comme pas permis) « z’vais à l’école l’année prossaine ! »

Première rentrée. Mrs Bibelot qui habitait l’escalier d’à côté, m’accompagna pour s’assurer que tout se passerait bien (pour moi). Il faut dire que j’étais grosse jusqu’au menton de Delphine, avec une légère tendance à pleurer pour un oui ou pour un non (entre autre, le poulet manquait de seeeeeel !). Continuer la lecture de « Les premières rentrées… Part 1 : Pulchérie »

Les idées lumineuses des enfants…

baguette9Les enfants sont bourrés d’imagination, je ne le répèterai jamais assez. Le temps passant, on passe de la connerie de gosse faite sur un coup de tête, à la connerie de gosse murement réfléchie et préparée, pour en déduire plus de 20 ans après que les enfants restaient DES HEURES sans surveillance dans la mesure où l’ampleur de la bêtise semble proportionnelle au temps passé à la faire.

Bien sûr il sera beaucoup question de mes filles, mais elles n’ont pas l’exclusivité de la connerie faite en 5 minutes ou DES HEURES de non surveillance. Continuer la lecture de « Les idées lumineuses des enfants… »

Comment changer radicalement d’avis… (part 4)

Elodie 1ère année maternelleAlbert continuait à jouer à la guerre avec sa fille en se lassant un peu, pendant que Delphine tétait avec application en se foutant bien pas mal du boucan que pouvaient faire son père et sa soeur. Mais Albert en avait marre de la guerre, et Pulchérie se retrouva bientôt seule à la maison pour faire « PAN ! PAN ! » avec son index et son majeur.

Elle décida donc de fabriquer des raquettes collantes (elle-même ne sait plus pourquoi elle appelait les pièges comme cela). L’appartement s’y prêtait, et l’ameublement aussi. Comme son père d’ailleurs, mais c’est un autre débat.

La distraction légendaire de son père en ce qui concernait le fait de la surveiller réellement, ne pouvait que la servir, je n’étais en tant que mère, qu’une fouteuse de merde dans ses plans bien agencés.

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