Le genou de Jean-Poirotte (chapitre 8) : s'y retrouver dans Montpellier au retour…

genou2Ce n’était pas le tout d’être arrivées saines et sauves en prenant des points de repère, il fallait bien repartir de l’hôpital, en laissant un époux/père dans le gaz, souffrant encore plus, et nous inquiétant encore plus qu’avant (si c’était possible).

Cela avait bien mis maman sur les nerfs, quant à moi mon incursion aux urgences m’avait rendue d’humeur géniale.

Nous avons donc repris le chemin de la morgue sans trop nous perdre, retrouvé la bonne sortie, le parking et la voiture.

Le tout sous un cagnard pas possible.

En sortant du parking, bêtement, j’ai pris la direction « sortie ». On n’a pas idée d’être aussi con. Je l’ai su le surlendemain, mais j’aurais dû prendre LE SENS INTERDIT pour regagner le parking visiteur. TOUT LE MONDE LE FAIT.

Moi quand je vois un sens interdit, j’évite… Que voulez-vous, on ne se refait pas.

Traversée après la sortie, d’une résidence, pour regagner une voie roulante et là, un feu rouge.

  • Maman : on vient d’en face, va en face
  • Non maman, on ne vient pas d’en face, je vais plutôt prendre à droite
  • Je te dis qu’on vient d’en face, je reconnais la route
  • Et moi je te dis qu’on vient de la droite puisqu’on a tourné à gauche, et que moi aussi je reconnais la route.

Nous étions toutes les deux énervées, le feu est passé au vert (le salaud !) et je n’ai eu d’autre choix que d’aller en face, car maman s’énervait encore plus :

  • A DROITE C’EST BARCELONE, MALHEUREUSE NE VA PAS PAR LA !

Je vous informe donc que, d’après Mrs Bibelot (alors que moi, la direction Barcelone ne me dérangeait pas, car forcément il y aura la direction inverse à un moment donné), si vous prenez, où que ce soit, la direction Barcelone :

  • Vous allez vous retrouver à un moment ou un autre, embringué sur l’autoroute qui mène à Barcelone, sans espoir d’y échapper.
  • Après, une fois sur l’autoroute, c’est Barcelone ou rien, et vous n’aurez aucun moyen de quitter l’autoroute. Je ne sais pas s’il y a des stations service pour vous approvisionner en essence, vous demanderez à ma mère.

Moralité la première direction correcte a été un vrai plaisir pour moi « centre ville, centre touristique« . Et là, pas moyen d’en réchapper (comme pour Barcelone en fait), puisque la vision d’un autre panneau « Barcelone » avait fait pousser à ma mère des cris de putois « pas par là malheureuse !« . J’avais assez de mon père à l’hôpital…

Et puis les autres routes étaient en sens interdit… Vous l’aurez compris, je n’emprunte stupidement pas les sens interdits… Je ne vous raconte même pas dans quel état maman se serait retrouvée si j’avais pris un sens interdit en direction théorique de Barcelone (j’ai trouvé extraordinaire de voir dans Montpellier des directions bien en évidence à l’entrée des sens interdits).

Bref, nous voici au centre ville, piégées, obligées de suivre un sens giratoire, pour nous retrouver derrière une voiture de flics, dans une rue qui à mon avis était piétonne, vu la manière dont les piétons la fréquentaient…

  • Ma chérie, j’ai l’impression que TU ES dans une rue piétonne
  • Maman, tais-toi !
  • Je t’assure, il n’y a que les flics devant, et personne derrière
  • Maman, tais-toi JE COLLE AU CUL DES FLICS CONDUIS !
  • Ils s’arrêtent, tu vas voir qu’il y en a un qui va descendre pour te dire que c’est une rue piétonne.
  • VRSOELZN !

Au premier endroit que j’ai vu, semblant civilisé (un embouteillage), je me suis précipitée, ravie de trouver un feu rouge, et des bagnoles qui me klaxonnaient. Car j’avais repéré « Barcelone », et que je laissais entendre que j’allais par là et point final. Du coup j’ai klaxonné aussi… Cela n’a choqué personne…

Au bout du compte, avant Barcelone, très avant, j’ai trouvé la direction de l’aéroport, donc de la Grande Motte, et j’ai senti mes nerfs se relâcher…

La vie n’est qu’un long calvaire.

Nous n’avions jamais perdu que 3/4 d’heure, et je reste persuadée que j’ai fait 3 km en zone piétonne, en pistant les flics certes, mais bon…

Le genou de Jean-Poirotte (chapitre 6) Dans Montpellier c'est tout simple !

genouLe mardi, il était évidemment prévu d’aller voir Jean-Poirotte à l’hôpital, quand il était encore entier, maman étant persuadée que devant l’état de sa chambre, la Faculté allait décider de carrément la lui couper pour qu’on n’en parle plus.

  • Ma chérie, et si on allait l’amputer ?
  • Maman, on ne coupe pas une jambe comme ça !
  • Qu’est-ce que tu en sais ?
  • Oui on se demande vraiment ce que j’en sais ! (que j’en sais que s’il y avait eu un risque de ce genre, c’est dès le samedi qu’il aurait filé avec les pompiers à l’hôpital, mais bon, on ne rassure pas toujours comme il le faut)

Donc, je gambergeais à mon tour sur une amputation faite à l’arrache, en ayant expédié maman qui dormait vraiment très mal depuis quelques jours, faire une petite sieste.

Téléphone : 14 H.

Papa un peu dans le coma, me précisant que nous ne devions pas venir, car il allait descendre en salle d’op dans l’après midi.

  • Seulement cet après midi ? (plutôt rassurant par rapport à un degré d’urgence)
  • Oui… Ils vont me faire un truc dans la colonne, je ne me souviens plus du terme.
  • Mise au point de mes neurones : il a un problème au genou.
  • Ah on va te faire une péridurale ou un rachis ?
  • Une péridurale, c’est ça. Mais je ne sais pas ce qu’il m’ont fait, je suis dans le gaz
  • C’est mieux papa. Reste dans le gaz, cela va se passer comme sur des roulettes… (un peu comme pire que celles des dentistes, mais je n’allais pas le lui dire…)

Maman était vraiment décontenancée de ne pas revoir son petit mari tout de suite, mais j’ai pu la rassurer : on n’ampute pas sous péridurale dans un pays soi-disant civilisé (enfin je crois qu’on est soi-disant civilisés, en tous cas j’étais persuasive).

Le soir, il a téléphoné, toujours dans le gaz, que tout s’était bien passé, sauf qu’il souffrait toujours autant, voire plus (évidement, on lui avait encore tripatifouillé* l’articulation, cela doit être jouissif comme pas possible).

Le mercredi donc : départ pour Montpellier, avec moi au volant évidemment.

C’est tout simple, il n’y a qu’à suivre le fléchage, même à l’entrée de la ville où il ne faut pas louper le « hôpitaux, facultés » qui est fléché au dernier moment, sortie donc qu’il faut repérer avec anticipation en évitant de doubler le connard improbable sous ces latitudes civilisées qui roulerait à 40 …

  • Après il ne faut pas louper le « hôpitaux, facultés » à la première jonction
  • Après il ne faut pas louper le « hôpitaux, facultés » à la seconde jonction
  • Puis au prochain rondpoint il ne faut pas louper le « hôpitaux, facultés »
  • Après la déviation suite aux travaux du tram, il faut récupérer le « hôpitaux, facultés »
  • Puis à la jonction suivante il faut rester concentré sur « hôpitaux, facultés »
  • Le tout, sous fond de vociférations klaxon des autochtones d’une ville soi-disant civilisée, qui à la vue de votre plaque « 78 » ne pensent pas une seule minute que vous cherchez votre chemin.

Un doute étreint Mrs Bibelot qui vient de constater avec amertume que je vois mieux de loin, sans lunettes, qu’elle avec lunettes. Je suis bien consciente que ma vision ne va pas aller en s’améliorant, et que,  à la tombée de la nuit j’y verrai plus clair je ne veux pas en rajouter une couche à déclarer que j’y vois moins qu’il y a 10 ans, donc je profite de ce qu’il me reste de mon oeil d’aigle d’antan…

  • C’est quoi déjà le nom de l’hôpital de ton père ? La Reynie ? (façon historienne)
  • Putain, le feu rouge (façon chauffard)…. Cela ressemble à cela, mais je ne vois pas ce que le lieutenant de police de Louis XIV pourrait avoir à faire avec un nom d’hôpital
  • Tu as raison… Labeyrie ? (façon dégustation)
  • Ca y ressemble aussi. Pas de soucis, quand on verra le nom, cela va nous revenir.

Ralentissement de MA voiture qui ne risquait pas de dépasser le 50 à l’heure prôné dans Montpellier, au grand dam des autres conducteurs façon le 50 j’m’entappe !

Sur la droite en effet, étaient régulièrement fléchés des tas de nom d’hôpitaux. Je ne pANsais pas qu’à Montpellier on était autant MALade.

A droite tout à coup « LA PEYRONIE MA CHERIE, TOURNE ! »

Après c’est tout droit pendant 500 mètres, on vous annonce que cela va être à gauche, sauf que c’est tout de suite à gauche, donc, j’enregistre que pour QUELQUES JOURS à venir, il me faudra rester sur la droite ou sur la gauche, et merder les conducteurs de Montpellier.

Nous sommes donc arrivées saines et sauves (sauf mes nerfs, maman s’étant cramponnée pendant tout le voyage à sa chère poignée), à l’hôpital Lapeyronie.

Nous avons négligé les parkings visiteurs pour prendre « entrée principale ».

Nous avions tort.

Car la vie n’est qu’un long calvaire…

* C’est de moi, c’est de la même veine qu’abominafeux…

Ma mère = l'arme fatale

jardinage-copierMrs Bibelot s’est décidée à prendre un jardinier depuis l’automne dernier. Tout le monde était ravi, et surtout moi qui tondait la pelouse.

Le jardinier est super efficace, il taille, il éradique les mauvaises herbes (en plus de tondre la pelouse) bref la corvée jardinage de Mrs Bibelot est réduite des 2/3.

Il lui reste bien sûr à veiller sur ses nombreux géraniums lierres, tailler le trop petit que le jardinier ne voit pas, arracher une fleur à horloge par ci par là (mon éradication drastique de l’an dernier ayant donné quelques résultats qui ne seront plus visibles l’année prochaine) à déclarer la guerre au lierre et j’en passe. Le jardin ? une corvée je vous dis… Sans parler de l’arrosage des plantes…

On pouvait penser que 3 semaines à la Grande Motte seraient pour elle l’occasion de faire une pause sécateur, mais ON se foutait le doigt dans l’oeil jusqu’au genou.

Ma mère ne peut pas vivre sans un sécateur à la main bien obligé de le constater. Elle avait appelée l’amie nous prêtant l’appartement, et son mari, pour leur demander si éventuellement elle pouvait jardiner un peu et tailler ce qui devait l’être.

Les autres, ravis, vous l’imaginez bien, lui ont dit de faire comme elle le sentait. C’est prendre un risque tout de même car quand ma mère taille, elle ne peut plus s’arrêter. Elle aurait fait une coiffeuse abominable à vous mettre la boule à zéro.

Donc Mrs Bibelot a sorti d’un tiroir un sécateur, avec une joie perverse, sauf qu’à son avis le sécateur est à changer car il coupe mal.

Bruitage de fond de lecture sur la terrasse/jardin : les clics, clics, clics, de ma mère en train de tailler, de re-tailler, et d’encore tailler.

Avec Jean Poirotte nous échangions un regard de temps à autre : ben non, ça ne lui manquait pas du tout de ne pas avoir à s’occuper de son jardin, avoir un sécateur à la main, pour elle, c’est le bonheur.

Il y a juste eu la pierre qu’elle a voulu ramasser et qui s’est révélée être un crapaud. D’où le krikitu devant ce pauvre petit pépère de crapaud qui venait nous rendre visite tous les soirs, cherchant en vain son habitat d’ordinaire (sauvagement ratissé par ma mère, car outre le sécateur, elle s’occupe aussi avec un râteau et d’autres objets de jardinage d’ailleurs. A mon avis ça ne se soigne pas).

Ma seule participation non volontaire a été de descendre les sacs poubelles de déchets verts à l’endroit ad hoc au son de « puisque tu vas acheter le pain, pense à emmener MES sacs poubelles (et fais attention en traversant))

Car la vie n’est qu’un long calvaire…

D’un autre côté, quand on la voit oeuvrer, cela fait réfléchir sur le fait d’avoir ou non un jardin.

Pour moi c’est non. Ou alors j’aurais gagné au loto et le jardinier s’occupera de tout…

Retombage grave en enfance…

petite-fille-copierC’était sympa de partir avec mes parents, ils ne sont pas chiants, sauf avec les horaires, les menus, les courses à faire. En fait ils ne sont pas chiants, ils ont leurs habitudes.

A moi d’accepter ou non leur mode de vie, donc j’avais dit oui pour partir avec eux…

Ils ont malgré tout oublié une chose : que j’ai 51 ans (quelle vieille peau !), (mal ?) élevé deux filles et nourrit un certain nombre d’hommes et d’invités (plus mes filles), sans jamais empoisonner personne et sans avoir de plainte.

Que de plus je sais me servir d’un lave linge ou lave vaisselle, passer la serpillère ou l’aspirateur dans la joie et la bonne humeur, fermer les fenêtres quand il le faut, bref, que j’ai tout de même un petit poil d’expérience. Tout petit c’est vrai. J’aurais toujours 20 ans de moins qu’eux, c’est là que le bât blesse…

J’ai donc eu droit à une foule de conseils dont je tiens à vous faire profiter, au cas où votre éducation laisserait à désirer :

  • Une chasse d’eau ça se tire, et on ferme la porte des toilettes après avoir fait pshiiit (quelle drôle d’idée !) (ceci les deux premiers jours quand je me dirigeais vers les toilettes)
  • Les oeufs durs c’est 10 minutes après ébullition (je n’ai pas dit que j’allais faire des oeufs coques)
  • Pour la salade composée, il faut prendre des PDT qui se tiennent et non pas des PDT à purée (le père allant vérifier et la mère allant vérifier que le père avait bien vérifié)
  • D’ailleurs pour ne pas se brûler les mains en pelant les patates cuites, prendre un torchon (curieux conseil)
  • Il ne faut pas refermer le lave linge après avoir sorti le linge pour l’étendre (moi j’ai toujours refermé mon lave linge sans dommages, mais bon…)
  • D’ailleurs, pour l’étendre…
  • Quand on a pris des glaçons dans le congélateur, il faut en remettre d’autres à faire pour la fois suivante.
  • Avec des talons de 2 cm on risque de se casser la gueule (surtout mon père)
  • Bon bain ma chérie, mais ne vas pas où tu n’as pas pied ! (dis le que je nage comme un fer à cheval !) (et puisque tu sors fais attention en traversant !)
  • Ne pas oublier de reprendre le jeton du caddy en le remettant en place ma chérie (le caddy).
  • Ni de remettre le bouchon après avoir mis de l’essence (pourquoi croient-ils que j’ai perdu 36000 bouchons ?)
  • Pour passer le balais, commencer par le fond de la pièce, c’est plus pratique
  • Penser à recharger le portable avant la date limite (10 fois)
  • Ne pas oublier de raccrocher la douche quand il est si simple de la foutre par terre dans la cabine en bousillant le carrelage.
  • Fermer la fenêtre de la chambre où je couche pour éviter de me faire piquer mon sac à main par un sadique, en notre absence.
  • Fermer les volets le soir pour ne pas me faire violer par le même (il était où ???)
  • Tu ne vas pas te laver les dents ma chérie ? (et le cul, et le reste ?)
  • Bonne lecture, mais n’éteint pas trop tard.
  • Tu as bien changé de culotte ? (ben oui, je gardais mon linge sale pour le laver chez moi et épargner des lessives à ma mère, grave erreur, elle adore laver l’eau avant le linge, donc, faire des lessives…)
  • Tu as pensé à rincer ton maillot de bain ?
  • Tu te rappelleras qu’il faut : une baguette, un sacristain, et des olives pour l’apéritif, ou je te fais une liste ?
  • Fais attention à ce que le MARCHAND te rende bien la monnaie…
  • ET J’EN PASSE : SI SI, j’en ai oublié.

J’ai tout de même pu aller acheter la baguette du soir (espoir) (car Mrs Bibelot est incapable de prévoir le pain de la journée pour 5 personnes) sans m’entendre dire :

  • Qu’il me fallait refuser toute cigarette proposée par un homme forcément malhonnête. Ou PIRE : des bonbons !
  • D’éviter de traîner en route
  • Et que j’avais interdiction de manger un crouton.

Sur le coup de la baguette, j’ai eu du bol…

J’ai bien senti tout de même que j’avais pris un coup de vieux, car je ne suis jamais revenue de courses faites à pied, en gambadant d’un pied sur l’autre, en boulottant des fraises tagada frauduleusement achetées avec la monnaie.

Comme je le faisais quand j’étais petite. A bien regarder mes plus jeunes nièces et à me souvenir de Pulchérie et Delphine qui parfois se laissent encore aller, je me dois de constater que jusqu’à un certain âge on ne marche pas, on gambade. Même en allant faire des courses (ce que je déteste) et en en revenant…

Donc la vie n’est qu’un long calvaire…

Cet article est édité parce que j’ai le respect de mes lecteurs, mais mon écran merde toujours, le sauveur n’étant pas encore venu…

Et ce serait finalement la carte graphique, ou vidéo, vous avez le choix, bref, ça merde toujours…

Lou mistrau…

aigues-mortes-1Le mistral est un vent catabatique (des explications j’attends, et essayez de placer cela dans une conversation) de nord-ouest à nord, frais ou froid et souvent violent, qui concerne le nord du bassin de la Méditerranée occidentale. Généralement sec et accompagné d’un temps très ensoleillé, son caractère dominant lui confère un rôle important dans l’originalité du climat provençal.

Il peut souffler à plus de 100 km/h en plaine, notamment dans la basse vallée du Rhône. (source : Internet).

Sinon, en dehors de mes sources fort savantes, je connais bien le mistral pour avoir passé de nombreux mois de juillet en Camargue ainsi qu’un automne/hiver à l’époque de ma folle jeunesse où je faisais plein de conneries…

En Camargue, le mistral est infernal passé Arles où rien ne l’arrête plus jusqu’à la mer. La tradition dit qu’il souffle 3, 6 ou 9 jours, mais je n’ai jamais constaté de régularité 3/6/9 en ce qui concerne ce vent.

Le vent violent a une particularité : il énerve. Bêtes et hommes au bout d’une journée ne sont pas à prendre avec des pincettes, et je plains sincèrement ceux qui ailleurs, se coltinent des vents de sable par exemple, ou le blizzard : cela doit être à devenir fou. Rajoutez la pleine lune et il y a de quoi faire serial killer.

L’autre particularité du mistral est de refouler les nappes d’eau chaude vers le large. Après une mer à 26° quasi tout l’été, la Grande Motte nous avait accueillis avec un bon 24°. 2 jours de mistral et c’était du 18° dans lequel je n’arrive plus à m’immerger.

Bien naturellement pas de plage quand le sable balaye à 2 mètres, pas de baignade non plus, c’est dangereux car on peut très vite être emporté vers le large. Nous sommes donc restées à lire tranquillement dans le jardin Mrs Bibelot et moi, moi allant dès 16 H (heure d’ouverture) à la piscine de la résidence dont le peu de chaud n’avait pas été emporté au large, pour profiter encore et toujours de l’eau, encore de l’eau, que d’eau que d’eau…

Mais le vent avait raison de nos nerfs, à tourner les pages des livres, à faire s’envoler la moindre liste (de courses). Le deuxième jour de lou Mistrau, Mrs Bibelot et moi sommes allées à Aigues Mortes, ville que je ne louperais pour rien au monde quand je pars dans cette région là.

Hors de question de faire le tour des remparts de la ville sous peine de s’envoler, restaient les allées piétonnes, les magasins à faire, revoir l’église où Saint Louis avait reçu ses bénédictions avant de partir pour 2 croisades, et la tour de Constance.

C’est une promenade dans le passé que l’on fait malgré soi, malgré la boutique piège où l’on trouve toutes les confiseries possibles et imaginables ou celle qui vend de la fringue qui tue.

Non croyante, dans cette église je regarde les traces du temps, certains piliers n’ayant jamais été rénovés et jurant avec ceux qui devaient l’être. Je regarde ces dalles sur lesquelles tellement de personnes ont marché. Je me suis souvenue de Mrs Tricot disant avec émotion en parlant du saint « nous marchons où il a marché » et de mon grand père émettant des doutes sur la sainteté véritable du souverain. C’était hier, c’est tellement loin…

Aigues morte, j’y ai toujours 9 ans, ce sont nos premières vacances aux Saintes Maries de la mer, c’est en août exceptionnellement, c’est le raisin si bon, la barbe de faire les vieilles pierres parce qu’il y a du mistral, le ras le bol de Constance, c’est ma jeunesse, elle est là, sur les pierres usées par le temps, dans les caniveaux moyen-âgeux en plein milieu de la chaussée.

C’est la fin de mon enfance qui me remonte à la gorge et je sais depuis longtemps que c’est cette ville précisément qui m’a donné le goût du moyen âge, des croisades, des rois maudits.

Tout comme Arles la même première année, m’avait donné le goût des romains, des grecs, et de l’antiquité.

La jeune grand mère que je déplore ne pas être, a comme de coutume versé une petite larme devant l’orange pressée qu’avec maman nous prenons toujours traditionnellement au café des remparts, depuis la première fois. En cachette de ma mère bien sûr, toujours prompte à s’inquiéter des états d’âme de sa progéniture.

A Aigues Morte, on vend des calissons d’Aix, de multiples confiseries, du nougat, mais pas de madeleines…

Le départ…

valiseRien qu’en lisant cela, vous allez comprendre que je suis revenue. C’est logique…

Départ donc, programmé pour le dimanche 30 août à 8 H du matin de chez mes parents. J’ai dis 8 H, pas 8 H 01.

ON NE SAIT JAMAIS, dès fois que j’oublie de me réveiller (pour partir en vacances pour la première fois depuis si longtemps), et dès fois qu’on me vole ma voiture sur mon parking privé résidentiel pendant mes 3 semaines d’absence, mes parents préféraient que j’aille dormir chez eux le samedi soir plutôt que de passer me prendre le dimanche matin. Comme ça, ils m’auraient sous la main…

Le samedi fut épique, entre Diabolos à aller déposer chez ma soeur avec :

  • Sa petite couverture préférée
  • Son autre petite couverture préférée
  • Son bac à litière
  • Son saladier pour boire
  • Son petit panier adoré
  • Sa brosse
  • De quoi becqueter pendant 1 mois 1/2 3 semaines

+ le temps à passer à expliquer les habitudes de monsieur et comment qu’il ne faut pas se laisser faire (cause toujours…) ET de faire ma valise. Enfin une grosse valise + 1 cabas plein de je ne sais plus quoi d’ailleurs + un vanity, tiens, j’allais l’oublier…

Quand je dis grosse valise entendez par là que j’ai été dans l’incapacité de la monter dans le coffre de ma voiture. Oui d’accord, elle a des roulettes. Ca n’arrange personne dans les escaliers ou au moment de hisser la chose dans un coffre mal foutu comme le mien, c’est comme cela qu’on se fait avoir. Dans l’ascenseur tout allait bien, mais là… Plus qu’à faire comme je le pouvais pour mettre la valise infernale sur les sièges arrières en priant sainte Rita pour ne pas me coincer une vertèbre…

Arrivée chez mes parents : Jean Poirotte attendait ma valise (il me connait), pour commencer à charger son break. A savoir donc, que le dit break s’est rempli petit à petit et que j’ai eu un vague doute le lendemain matin à 7 H 45 (ils m’avaient tirée du lit à 6 H 30 ces sadiques) sur son exact encombrement, en me retrouvant coincée à l’arrière avec une glacière et mon cabas…

Nous sommes donc partis avec 1/4 d’heure d’avance. Mrs Bibelot n’est pas assurée sur l’autoroute, papa m’a donc demandé de faire le copilote ce que j’ai accepté, car quand je ne conduis pas j’ai peur je m’emmerde. Sauf que lui aussi, et qu’il ne m’a laissé le volant que pour que je me farcisse les moments du trajet les plus chiants dont la descente de l’Espelette, maman cramponnée à l’arrière en priant elle, saint Christophe, alors qu’elle avait dit « chic, je vais faire un somme ! ».

Ceci bien évidemment avec ses conseils avisés (de papa assis à côté de moi) « c’est limité à 50 », comme si je ne savais lire ni les panneaux, ni le tableau de bord.

Mes parents ont bien changé : jadis dès le départ il fallait être arrivés. Mon père aurait été physicien, il aurait inventé la téléportation. Il était menuisier, il a perpétré la tradition de l’écharde qui fait maaaal (et du conseil avisé).

Les arrêts jadis étaient brefs et papa parlaient de ses 3 filles en nous appelant « les pisseuses ». Maintenant c’est lui qui s’arrête tous les 150 km pour une pause vidange et maman qui a rempli la glacière pour faire un vrai déjeuner. A chaque arrêt je bouillonnais. J’avais hâte d’arriver, en me disant que dans 20 ans je serais peut-être comme eux, à boulotter pendant tout un voyage en m’arrêtant tout le temps (sans me plaindre car le premier oeuf dur se passait en conduisant, et le chocolat de maman aussi).

Bref, nous voici arrivés enfin, avec pour moi une bonne heure de retard, et les amis nous prêtant l’appartement alertés pour nous ouvrir le portail de la résidence.

Déballage de l’intégralité du coffre et du siège arrière (dont moi). Je peux vous affirmer que nous avions transporté l’équivalent de ce qu’une famille avec 3 enfants se trimballait en juin 1940 au moment de l’exode (sans les matelas, Mrs Bibelot ayant hésité à embarquer ses oreillers chéris, c’est à noter tout de même, et sans me compter, soyez charitable).

Le problème c’est qu’il fallait se farcir l’ensemble sur 50 mètres, monter un escalier avec, et que si j’avais été seule, j’aurais laissé ma valise sur le parking pour la décharger en plusieurs aller et retours…

Et l’autre problème, c’est que tout le monde comptait sur moi pour les photos, mais que mon appareil antique, argentique, avec ses objectifs 35/135 et 70/300 (3 kg), qui fait de si belles photos était resté chez moi, à sa place…

La vie n’est qu’un long calvaire…