Le coup de téléphone de la mort qui tue…

femme-au-telephone-3-copierLes filles me considèrent parfois comme une encyclopédie vivante et ambulante, joignable à toutes les heures. Enfin, me considéraient comme telle, même si le syndrôme n’est pas totalement éteint (j’ai beaucoup baissé dans leur estime avec mes problèmes ordi et navigateurs/hébergeurs, et le fait que je ne connaisse que très peu les nouveaux acteurs en vogue, et cinéastes, et chanteurs).

C’est un fait. Je ne mets plus les pieds au cinéma, je ne suis surtout pas la nouvelle star (Pulchérie ne m’aura plus), je suis en train de me fossiliser sur certains points…

Travaillant chez Truchon (encore lui), en plein stress (comme toujours), j’ai eu un jour l’appel qui tue (au hasard parmi d’autres). Je précise que les appels arrivaient directement sur mon poste, et sur les autres uniquement quand j’étais en ligne, donc, je faisais office de standard (en plus du reste), étant la plus au fait de toute l’entreprise et la plus à même de répondre à n’importe qui. Même à mes filles dites donc…

Evidemment ce jour là, suivant la loi de l’emmerdement maximum que tout le monde connait, Truchon était devant moi, à m’expliquer un truc achement balèze que j’avais à faire et qu’il comptait sur moi à fond la caisse, on se demande comment il a pu décider un jour de se passer de moi… Là, je reconnais le n° qui s’affiche tout de suite : c’est Delphine. Et ce n’est pas le moment !

  • « Mouth, nous sommes dans un magasin, et on sait que tu sais quelle est la musique qui passe, car tu nous l’as déjà fait écouter trèèès souvent« . (Limite, elles ont été martyrisées…)

Portable de Delphine devant le haut parleur du magasin. J’entends la musique, je la reconnais tout de suite. Il faut dire qu’on ne peut pas la louper si on a un minimum de culture musique classique.

Truchon me regarde. Je suis impassible, mais je me dois théoriquement de répondre « la symphonie du nouveau monde », et il va me demander quel était le con de client qui m’appelait. Pire il va croire que je perds la boule. Au pire du pire il va se dire que je viens d’avoir une de mes filles au téléphone et que je gaspille SON argent en futilités (il ne pensera pas que je réponds à « qui veut gagner des millions », faut pas rêver)…

Et là je réponds très calmement « désolée, nous ne sommes pas la compagnie des eaux, nous ne pouvons pas effectuer votre branchement ». Et je raccroche. Régulièrement des personnes nous confondent avec la compagnie des eaux et s’indignent que je ne puisse pas faire déplacer un technicien pour ouvrir la vanne…

Ont-elles compris ? Généralement elles demandent si elles dérangent, là pas, c’est bien dommage…

Non elles n’ont pas compris, le n° de portable de Delphine s’affiche à nouveau 1 minute 60 secondes après.

  • « Qu’est-ce que c’est que cette histoire de compagnie des eaux, tu vas bien maman ?« 

Truchon est toujours là. Me voyant décrocher il a une envie pressante et file vers les wawas. J’en profite pour cracher dans le téléphone : « c’est la symphonie du nouveau monde ! », avant de raccrocher sans préavis, sous l’oeil éberlué de dame Venezia qui comprendra plus tard.

Truchon revient et continue son exposé en vérifiant que je prends bien des notes. Le numéro de portable de Pulchérie s’affiche à son tour (tiens, elle a pensé à le recharger ? Il va pleuvoir (toujours valable)).

  • « La symphonie du nouveau monde on veut bien, mais quel mouvement ? » (quelle importance ?). Là j’ai carrément raccroché en prétextant une erreur. Il a fallu des explications j’attends par téléphone le soir pour compréhension ENFIN. Mais ça URGEAIT : le temps qu’elles rentrent chez elles, elles auraient oublié la musique…

La dernière fois, j’étais en voiture, en train de me garer, allant tondre la pelouse de Mrs Bibelot et c’est le dring fatal (parce qu’au mauvais moment) : Delphine qui prend de mes nouvelles.

Pas du tout.

  • « Dis ma petite mouth, quel est l’auteur du film Potemkine ? »
  • Heu, j’ai comme un blanc là : « je te rappelle ma chérie ».
  • 5 minutes après, devant le thé pré-tonte de la pelouse, je rappelle effectivement : « c’est Eisenstein » (après vérification auprès de Mrs Bibelot, il me faut être honnête)
  • « Merci ma petite mouth, je n’aurais jamais trouvé toute seule ».
  • Shlark ! (et ta déprime ça va mieux ? et les prunes sont bonnes ?)

Si vous voulez savoir qui a écrit « les mémoires de Zeus », vous vous démerdez, merci beaucoup. Quant à la musique lalalalalère chantée faux, cherchez tout seul…

D’un autre côté on peut trouver tout un tas de trucs sur Internet, mais on ne peut pas encore chanter faux un air que tout le monde connaît.

D’où l’utilité d’une mère, surtout quand elle n’est pas disponible. Car ce n’est jamais quand je cafarde en me demandant si le téléphone va sonner qu’elles ont besoin de mes lumières.

Quand j’ai besoin des leurs (lumières), souvent je dérange. C’est mon manque de bol chronique…

La vie n’est qu’un long calvaire…

EDIT : PERSONNE n’a pris le temps de lire l’illustration, puisque c’est comme ça je vais m’ouvrir les veines. Où sont les post-its ?