Delphine et son bac option arts dramatiques

Mes deux filles ont fait du théâtre, avec un certain talent, je dois le reconnaître en toute objectivité. J’ai malheureusement loupé la dernière représentation de Pulchérie au lycée, suite à une dispute stupide, car c’était l’époque où nous nous prenions le chou deux fois par jour. Si que je serais un homme, je m’en boufferais toujours les couilles… Mère/Fille, la mère n’est pas forcément la plus intelligente…

Delphine avait choisi l’option « arts dramatiques » et cela pesait lourd en coefficient pour son bac. Elle y a eu 18 si mes souvenirs sont bons, c’était plutôt correct…

C’est sympa d’avoir un enfant qui fait art-dra. Si si. Je vous le souhaite. D’un autre côté, je ne le regrette pas, je regrette juste qu’elle n’ait pas continué après, car elle avait du talent (et sa soeur aussi d’ailleurs), mais on emmerde sa mère comme on peut, et les compagnies de théâtre amateur manquaient cruellement à Paris…

Delphine avait donc un prof à l’ancienne. Normal. Depuis les grecs et bien avant, il faut travailler sa diction. Très important la diction… Michèle Morgan le raconte dans ses mémoires en parlant du très renommé « cours Simon ».

Et voici donc ma Delphine, un crayon coincé entre les dents, en train de déclamer une tirade du Cid dans l’appartement. Le but : être compréhensible malgré le crayon, même du bout de la salle. Hors le bout de la salle c’était au delà de l’appartement et les informations devenaient inécoutables. Si c’était maintenant où je ne regarde plus les infos si déprimantes, cela m’empêcherait tout de même de me concentrer sur ce que j’écris. Et puis « le Cid », j’ai toujours dit « bof » désolée pour les puristes…

La tirade le crayon entre les dents : c’est tous les jours… Viennent des bribes que l’on ne comprend pas trop : c’est normal : c’est pour le pestacle qui va être donné pour les parents avant le bac, et Delphine tient de son père l’art de la surprise.

Pour sa soeur, il s’agissait d’une pièce assez drôle, et Pulchérie avait un peu transformé son rôle pour faire une chipie (farpaitement réussie). Delphine devait faire une tirade d’Hernanie, et jouer quelques scènes de Hedda Gabler d’Ibsen.

Elle a commencé par extorquer à Jean Poirotte un de ses révolvers pour Hedda Gabler. Mon père avait une belle collection d’armes (non chargées évidemment) et c’est tout juste si nous avions le droit de les regarder. J’ai donc été sciée quand Delphine est rentrée avec le colt de son grand père dans son sac pour l’emmener au théâtre.

La représentation a été très bien, et ma fille était la meilleure bien entendu, particulièrement pendant sa tirade que deux cons m’ont un peu gâchée car ils n’arrêtaient pas de se demander quand aurait lieu la fameuse bataille (d’Hernanie)… Elle vous tirait des larmes et de la haine dans sa réplique. Puis J’ai découvert Hedda Gabler au travers des quelques scènes qui en étaient extraites, avec Delphine en amoureux transit, que j’ai trouvée parfaite (mais pas que moi, na na na…)

Pour le révolver elle avait bien fait de l’emprunter à mon père. Bien entendu le bruit des détonations était enregistré, mais la vision de l’arme a permis à la moitié de la salle de se demander si c’était un vrai.

-« Mais non tu es folle ! »
-« Je te dis que c’est un vrai ! »
-« N’importe quoi… » et gnagnagna

Et pendant ce temps là, les acteurs donnent leurs tripes, le trac au ventre, et le personnage bien ancré en eux…

PITIE ! juste un conseil. Si vous vous posez des questions, que ce soit au CINEMA, AU THEATRE, ou AUTRE. gardez-les pour la sortie.

Parce que pour les autres, les commentaires stupides « c’est quand la bataille d’Hernanie » « comment ils vont jouer la scène ? », ou savoir si l’arme est authentique, chimique atomique ou non, C’EST GAVANT.

Surtout quand votre enfant si doué, est sur scène…

Mais la vie n’est qu’un long calvaire…