Comment changer radicalement d’avis… (part 3)

Elodie 1ère année maternellePulchérie continuait à faire partie de la bande à Zoël, et pour plus de commodités morales pour les mâles, elle était même devenue son amoureuse complètement folle. La femme du chef : ça se respecte et ça peut tirer au fusil, leur moral(e) l’exigeait…

Pendant ce temps là, son cousin faisait partie d’une seconde bande, mais celle à Baader (qui faisait tristement parler d’elle à l’époque, enfin, la vraie), dans son école. Lui, il fabriquait des bombes, sa bande et lui méprisant la guerre. Après la naissance de Delphine et une visite chez mes beaux-parents, le cousin expliqua à Pulchérie qu’il n’y a pas que les tireurs, il y a aussi les poseurs ou lanceurs de bombes, les terroristes, ou bien des poseurs de mines, entre les tranchées, à la rigueur, si elle y tenait… Continuer la lecture de « Comment changer radicalement d’avis… (part 3) »

Retournement d’opinion… (4)

Elodie 1ère année maternelleAlbert continuait à jouer à la guerre avec sa fille, pendant que Delphine tétait avec application. Mais Albert en avait marre de la guerre, et Pulchérie se retrouva bientôt seule à la maison pour faire « PAN ! PAN ! » avec son index et son majeur.

Elle décida donc de fabriquer des raquettes collantes. L’appartement s’y prêtait, et l’ameublement aussi.

La distraction légendaire de son père ne pouvait que la servir, je n’étais en tant que mère, qu’une fouteuse de merde dans ses plans bien agencés.

J’en avais un peu marre de la guerre aussi, et d’avoir emmené un beau jour pour l’école une enfant paraît-il normale, pour revenir le midi même avec une terroriste en puissance, une djihadiste en herbe (encore qu’à l’époque on parlait moins de « guerre sainte »). Ce serait aujourd’hui, je rayerais le mot « Syrie » d’un Atlas et je ne commenterais pas les infos avec elle à proximité…Pulchérie poursuivait sa recherche de la raquette collante idéale.

  • Zut alors, le chiffon sur lequel je n’avais pas dérapé n’avait pas marché…
  • Zut alors, les chaussures de papa dans le milieu du couloir n’avaient pas marché (elle avait de la suite dans les idées).
  • Zut alors.

Un soir où Delphine était dans les bras de son père, en train d’attendre son dîner (l’un ou l’autre, vous avez le choix) j’entendis distinctement de la cuisine Pulchérie déclarer « ça y’est, je l’ai posée ma raquette collante ». Chose étrange elle partit vers sa chambre, ce qui était rare, car elle détestait toujours être seule.

Inquiète, j’avertis Albert :

  • Tu poses Delphine dans son transat, j’arrive pour la tétée !
  • Vas donc voir ce qu’a fait TA fille aînée, car :
  • Je l’ai entendue parler de raquette collante…
  • Pire, elle est partie TOUTE SEULE dans sa chambre.

Albert avait bien entendu posé Delphine dans son transat, mais avait dû hausser les épaules. Depuis qu’il entendait parler de « raquettes collantes », il me demandait régulièrement « qu’est-ce qu’elle a imaginé ENCORE ? ». Sans s’inquiéter plus que ça… On reconnait bien là l’homme qui lui, a de vrais soucis et une vie qui n’est pas facile, alors que sa femme elle…

J’imagine le cheminement de ses pensées dans les circonvolutions du cerveau d’Albert, après mon avertissement…

  • Raquette collante…
  • N’importe quoi…
  • J’ai posé du papier peint avant-hier…
  • Papier peint = colle
  • TOUTE SEULE dans sa chambre…
  • Raquette + colle à papier…
  • NOM DE DIEU : MA RAQUETTE !

Albert avait une raquette de tennis à laquelle il tenait beaucoup. C’était l’époque des raquettes en bois et boyaux, avec un truc pour les empêcher de se tordre, c’était la préhistoire. Il venait justement de la faire retendre et entretenir, cela lui avait coûté au moins un rein. La raquette était rangée dans notre chambre, sous le lit, chambre dans laquelle Pulchérie avait formellement interdiction de rentrer, mais comme « causes toujours » était toujours et pour des années encore, d’actualité, il voyait déjà sa raquette couverte de colle à papier (dont il avait laissé traîner un pot que j’avais rangé hors de portée de la petite, mais cela il l’ignorait).

(En effet la petite avait donc une imagination débordante, et s’inquiétait fort de voir sa soeur quasi chauve. Un pot de colle à papier, une chute de moquette, et elle était capable de donner enfin une chevelure à sa soeur (2 mois) !  )

Il est à noter que Delphine resta chauve comme une genou jusqu’à environ 9 mois, mais que depuis, tout s’est bien arrangé (si l’on fait fi des couleurs violines, rouges, noires, etc… qui furent les siennes à une certaine époque, mais c’est une autre histoire…)

  • Albert avait fait la relation « colle à papier » et « raquette » = raquette collante.
  • Il se leva du canapé d’un bond
  • Se précipita vers notre chambre alors que je venais de mettre Delphine au sein.
  • Et là j’entendis un bruit horrible, suivi de jurons abominables car :

Albert venait de se prendre les pieds dans une ficelle tendue entre le bidet de la salle de bain, et un montant du placard qui faisait face à la dite salle.

Pour l’anecdote : les appartements 4 ou 5 pièces étaient dotés d’une salle de bain, et juste en face, d’un renfoncement avec un lavabo. TOUS les locataires retiraient le lavabo, mettaient en place un placard, puis en repartant, démontaient le placard pour remettre le lavabo en place.

Nous avions donc retiré le lavabo fraichement remis, et papa s’était fait une joie de nous monter deux ou trois beaux placards (il est menuisier de métier) là où il y avait des renfoncements inutiles (mais qu’il fallait rendre en renfoncements inutiles).

Pulchérie avait vicieusement noué une ficelle à un montant du placard, presque réussi à refermer la porte, et avait noué le reste, bien tendu, au bidet que nous avions fait installer (qu’il fallait retirer en partant, blablabla…).

La chute d’Albert ne fut pas trop grave, vu qu’il fit un dérapage totalement incontrôlé sur le carrelage certes, mais que la porte de la chambre de Delphine était ouverte, ce qui lui épargna de se cogner la tête dedans. Il termina sa course devant la table à langer…

La bordée d’injures fut aussi terrible que lors de la chute de Gargomel. Et Pulchérie arrivant sur ces entrefaites, ravie de voir que sa raquette collante avait super bien marché n’arrangea pas les choses concernant l’humeur de son géniteur.

  • C’était de ma faute, j’étais trop laxiste !
  • On n’a pas idée de laisser une gamine de cet âge jouer à la guerre et poser des mines à longueur de temps !
  • On voyait bien que j’avais trois arrières grands pères qui avaient fait les tranchées, l’hérédité de SES filles en était certainement plombée jusqu’à la 13ème génération ! (et les siens d’arrières grands pères, ils étaient planqués où ?)
  • Et qui lui a appris à faire des noeuds hein ?
  • Elle a appris à l’école ?
  • Encore un coup de l’éducation nationale ça (tous des cons), rien d’autre à foutre en maternelle que d’apprendre aux enfants à faire leurs noeuds de chaussures tous seuls ? Les parents (la mère) peuvent bien les faire, les noeuds de chaussures, jusqu’à leur majorité !
  • La majorité des enfants, tu m’écoutes ou quoi ?
  • Je t’écoute mon trésor : je t’ai dis il y a deux semaines que Pulchérie savait faire les noeuds toute seule, et tu ne l’as même pas complimentée…
  • Ce n’est pas maintenant que je vais le faire. ET c’est la maîtresse qui lui a appris à faire des demies clefs ?

….Non ça c’était mon père. Qui avait encore du temps devant lui pour regretter certaines leçons données à ses petits enfants, y compris celle au cours de laquelle il avait appris à Pulchérie à dessiner des escargots…

  • Je t’avais demandé d’aller voir ce qu’avait fait Pulchérie, tu n’avais qu’à regarder où tu mettais les pieds…
  • « J’ai faim papa » : Pulchérie noyant le poisson, car elle  n’avait jamais faim et savait donc que l’on allait sauter sur l’occasion.

Albert se fit donc une joie de la faire dîner en lui faisant la morale :

  • La guerre à la maison, c’est terminé. Tu m’entends ?
  • VI causes toujours
  • Et si c’était maman qui était tombée avec la petite soeur tu te rends compte ?
  • VI NON
  • Et la guerre à l’école c’est terminé aussi tu m’entends ?
  • VI… (je t’entends, mais je ferai ce que je veux d’abord…)

Albert cessa dès ce soir là, de considérer le fait que sa fille soit une amazone pure souche et pur sang, capable de s’imposer aux mâles de son école, comme un fait à relater à tout le monde. Une femme soumise devenait soudain son rêve et sa fille aînée ne le serait jamais…

Mais une fois Pulchérie couchée, lors de la dernière tétée de Delphine, celle de 23 H, alors qu’il contemplait sa deuxième née, il eut cette remarque surprenante de naïveté :

  • « Bon, la deuxième mange avec appétit ELLE. Espérons qu’elle n’aura pas la même imagination débridée que celle de sa soeur »…

Causes toujours : l’homme ne vit que de ses rêves…

Car la vie n’est qu’un long calvaire…

Sa toute dernière raquette collante ôta à Pulchérie toute envie d’en refaire jamais une. Albert avait en effet sa fille à l’oeil, (et le mien ?), mais elle avait réussi à répandre de la super glu sur un des fauteuils en simili cuir de la salle à manger, sur lequel Albert s’affala avec grâce après avoir fini de réparer une étagère du buffet.

Quand il se releva, son jean neuf était foutu, le dessus du fauteuil aussi, et là, il sû se montrer persuasif… pendant plusieurs jours… le temps en fait que le morceau de jean + simili cuir qui s’était collé à sa peau se décolle de lui même après beaucoup de bains très chauds…

La guerre devant fatalement se terminer, Pulchérie attaqua les décorations, murales de préférence…

Mais je vous l’ai déjà raconté…

Retournement d’opinion… (3)

Elodie 1ère année maternellePulchérie continuait à faire partie de la bande à Zoël, et pour plus de commodités morale pour les mâles, elle était même devenue son amoureuse. La femme du chef : ça se respecte, leur moral l’exigeait…

Pendant ce temps là, son cousin faisait partie d’une seconde bande à Baader (qui faisait tristement parler d’elle à l’époque, enfin, la vraie), dans son école. Lui, il fabriquait des bombes sa bande et lui méprisant la guerre. Après la naissance de Delphine et une visite chez mes beaux-parents, le cousin, expliqua à Pulchérie qu’il n’y a pas que les tireurs, il y a aussi les poseurs ou lanceurs de bombes, les terroristes, ou bien des poseurs de mines, entre les tranchées, à la rigueur, si elle y tenait…

Ma fille manquait cruellement d’instruction concernant l’art de la guerre : son cousin (Nanaud) lui donna les informations manquantes. Y compris comment faire exploser une bombe en gonflant un sac en papier et en le faisant péter en tapant fort dessus. Le père du cousin était en admiration devant son fils, et rigolait bien quand Pulchérie et lui parlaient de bombes. Tous les soirs, il savait que son fils allait arriver derrière lui pour faire exploser sa bombe, et faisait semblant de mourir. Sauf qu’un beau jour : encore un retournement d’opinion…

Le terroriste en herbe, pour qui l’on laissait trainer innocemment des sacs en papier, eut l’idée un beau soir de mettre un peu beaucoup de farine dans sa bombe, car il avait un vrai gros sac en papier énorme. Le père se retrouva non pas mort, mais entièrement enfariné (ce qui lui allait parfaitement, hé hé…) ainsi que le canapé et le tapis persan en soie véritable.

Nanaud eut donc l’interdiction formelle de faire partie d’un groupe de terroristes, mais reçu l’ordre de monter plutôt une association humanitaire. Cet ordre ne fut suivi d’aucun effet, mais Nanaud monta sa bande et sa propre tranchée… Chez lui on lui supprima les sacs en papier… (et après les psy cherchent vainement un trauma existentiel…)

Pendant ce temps là, Pulchérie avait donné des cours à Zoël et le reste de sa bande. Les sacs en papiers étaient rares à l’école, mais il fallait mettre des mines entre le bac à sable n°1 et le bac à sable n° 2.

Ils eurent tous des idées géniales, mais là, les institutrices intervinrent : pas de pièges faits avec des pierres (et pourquoi y a-t-il de grosses pierres dans une cour de récréation ? je vous le demande), ni de branches coupées dans le petit jardin arrière où l’on emmenait les trésors une fois par semaine s’il faisait beau, pour faire trébucher un combattant.

ZUT ALORS !

Pour une raison que nous ignorerons toujours, Pulchérie avait surnommé les pièges, mines et autres joyeusetés, des « raquettes collantes ».

A la maison elle s’exerçait à poser des pièges.

Me promenant beaucoup avec Delphine dans les bras, je regardais où je mettais les pieds, et je tenais ma fille aînée à l’oeil, mine de rien.

Mais pas Albert…

La vie n’est qu’un long calvaire (d’autant que vu mes tags, je vais bientôt voir débarquer l’anti terrorisme sur mon ordinateur…)